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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 19 avril 2021

Lydia Flem : « une rue, dix maisons, cent romans » (Paris Fantasme)

 DIACRITIK

Christine Marcandier  

Lydia Flem : « une rue, dix maisons, cent romans » (Paris Fantasme)

Man Ray, Les Larmes, 1932, couverture de Paris Fantasme

Paris Fantasme est plus qu’un roman : cartographie intime de la rue Férou, tentative d’épuisement d’une rue parisienne, « autobiographie au pluriel », archives et déploiement d’un imaginaire des lieux et des êtres, le nouveau livre de Lydia Flem échappe à ce genre comme aux autres. À son origine, une question : comment « habiter tout à la fois son corps, sa maison et le monde ? », quel lieu à soi trouver quand on est hantée par le sentiment d’un exil ? Cet espèce d’espaces sera ce livre, qui tient de Balzac, de Woolf comme de Perec, tout en demeurant profondément singulier.

Paris est « la ville aux cent mille romans », écrivait Balzac dans Ferragus et sa Comédie humaine déploie en effet un nombre impressionnant de scènes parisiennes ou de trajectoires de personnages aimantés par la « tête du monde » ; pas un quartier qu’il n’ait mis en récit. Chez Perec, l’échelle est tout autre : un immeuble pour dire la vie moderne, une place pour épuiser un lieu. Son regard n’est plus celui du démiurge et Prométhée, créant une société fictive à l’image de l’existante, mais celui d’un « usager de l’espace », l’espace même de « notre vie » qui n’est donc « ni continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ? ». Pour Woolf enfin, citée en épigraphe de Paris Fantasme, c’est dans une rue que tout se rassemble, une rue qui nous hante parce qu’il est « là » possible d’« habiter » le corps et les pensées d’autres personnes ». Ce « là », note de musique comme topographie, sera la rue Férou pour Lydia Flem, une rue à la fois familière et étrange, un espace avec lequel « faire corps » pour qu’enfin s’apaise, sinon cesse, ce sentiment d’« exils et errances à travers l’Europe » et que soit trouvé « un lieu libre et solide, un port franc ».

Rue Férou © Christine Marcandier

« Le destin final de l’Univers dépend de l’énergie sombre »

Propos recueillis par   Publié le 12 avril 2021

Le cosmos disparaîtra un jour. Mais quand ? Et comment ? L’astrophysicien Jean-Pierre Luminet décrit les différents scénarios possibles.

Jean-Pierre Luminet, en 2009.

Directeur de recherche du CNRS au Laboratoire d’astrophysique de Marseille, Jean-Pierre Luminet a rédigé plusieurs ouvrages sur la cosmologie, comme Le Destin de l’Univers (Fayard, 2006) ou, plus récemment, L’Ecume de l’espace-temps (Odile Jacob, 2020).

A l’échelle des temps cosmologiques, la disparition de la vie sur Terre dans quelques centaines de millions d’années est une prédiction à très court terme et la mort du Soleil dans environ 5 milliards d’années, un scénario à brève échéance. A long terme, c’est l’Univers lui-même qui va « mourir ». Quelles hypothèses les théoriciens ont-ils élaborées à ce sujet ?

Avant toute chose, je tiens à signaler un fait intéressant : à peu près à la même époque où le Soleil se transformera en géante rouge, la Voie lactée et la galaxie d’Andromède, qui sont actuellement en phase de rapprochement, devraient fusionner. Or les collisions entre galaxies produisent des flambées de nouvelles étoiles. Au moment où le Soleil mourra, ailleurs, dans les zones de contact entre la Voie lactée et la galaxie d’Andromède, naîtront donc de nombreuses étoiles…

Pour en revenir aux scénarios d’évolution de l’Univers, il y en a trois. Le premier, c’est celui de l’« Univers fermé », le deuxième, celui de l’« Univers ouvert décéléré » et le troisième, celui de l’« Univers ouvert accéléré ». Chaque scénario dépend des paramètres fondamentaux de l’Univers, à savoir, essentiellement, la répartition de la matière et de l’énergie.

Paris cède aux câlins des « Nounours des Gobelins »

Par    Publié le 21 avril 2021

Paris, le 19 avril 2021. Philippe

RÉCIT

Entre performance et art naïf, la création de Philippe Labourel a dépassé les frontières du 13e arrondissement. Avec le confinement, ses peluches ont remplacé les humains aux terrasses des bistrots de la capitale.

Il a le cheveu gras en bataille et les poils de barbe qui dressent des lignes de fatigue sur son visage. Une centaine de kilos, 1,94 m. Les lunettes aux verres maculés posées sur le crâne, un jean qui bâille légèrement et un tee-shirt qui rebique. Il s’en moque.

D’un seul coup, parce qu’on lui a posé une question sur les « Nounours des Gobelins », sa création – marque déposée , le voilà qui nous entraîne dans l’arrière-boutique de son magasin de journaux-librairie, entre les invendus et les cartons de bouquins, et là, volubile, clair et joyeux, Philippe Labourel commence à raconter la grande invasion des ours en peluche géants.

Généalogies d'un crime

110 min







Disponible du 02/04/2021 au 31/08/2021

Le jeune René est accusé du meurtre de sa tante, Jeanne. Convaincue que son neveu était un meurtrier en puissance, cette psychanalyste a étudié pendant dix ans les penchants criminels du jeune homme… qui pour finir l’a assassinée ! Solange, son avocate, essaie de démonter les mécanismes de ce jeu pervers. Mais, peu à peu, René commence à voir dans Solange la réincarnation de sa tante morte. Et l’avocate voit dans le jeune homme son propre fils, mort dans un accident…

Réalisation :

Raoul Ruiz

Scénario :

Pascal Bonitzer

Avec :

Catherine Deneuve

Michel Piccoli

Melvil Poupaud

Andrzej Seweryn

Bernadette Lafont

Monique Mélinand

Mathieu Amalric

Camila Mora

Auteur :

Raoul Ruiz

Pays :

France

Année :

1996

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Bonjour,
 
L'outil Vite ma Dose de Vaccin a été mis en ligne début avril pour faciliter la recherche de rendez-vous de vaccination contre la Covid-19. Vous êtes plusieurs millions à avoir découvert cet outil. Un grand merci pour vos nombreux retours et messages que nous recevons ! Cela nous touche que Vite ma Dose soit utile à tant de personnes.
 
Sur le front de l'épidémie, sur les 7 derniers jours, il y a eu 33 826 cas positifs quotidiens. Le nombre de lits d'hôpitaux occupés s'élève à 30 789, en augmentation de 0,4%. Il y a 5 893 personnes en réanimation, soit une hausse de 0,9% sur 7 jours.
 
Bonne lecture et bonne semaine !
 
A-t-on atteint le pic de cette troisième vague ?
 
Cette semaine a été marquée par la fin de l'influence des 5 et 6 avril 2021 permettant une lecture plus aisée des données épidémiques. Celles-ci semblent indiquer que le pic de la 3ème vague serait derrière nous.
 
L'ensemble des indicateurs montrent des signes d'infléchissement au niveau national : baisse du nombre de cas quotidiens, baisse du nombre d'admissions en hospitalisation ou en réanimation depuis plusieurs jours. Les jours à venir permettront de confirmer ou non que le pic de la 3ème vague est bien derrière nous.


Villa Village, l'entraide à tous les étages

par Philippe Bardonnaud ,  Vanessa Descouraux ,  Géraldine Hallot  18 avril 2021

Le mal-logement est un problème endémique en France et les politiques publiques -sans doute sous financées-, n'arrivent pas à y remédier. D'après la Fondation Abbé Pierre, 4 millions de personnes sont mal logées, dont un million privées de logement personnel.

La résidence Villa Village à Lille
La résidence Villa Village à Lille © Radio France / Cécile Bidault

Aujourd'hui, nous allons vous parler d'une initiative privée, généreuse et désintéressée, le rêve devenu réalité d'une femme richissime.  
Anne De la Baume, c'est son nom, a racheté un hôtel particulier dans le centre de Lille.
Elle l'a entièrement rénové et transformé en résidence intergénérationnelle.
Des étudiants, des jeunes actifs, des anciens sans-abris, des personnes âgées, des étrangers, tout le monde trouve sa place dans les 11 logements entièrement équipés et aux loyers très très modérés.
Villa Village, pas besoin de garant pour signer le bail. Pas de chèque de caution. Et on ne vous demande pas un mois de loyer en avance. 

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Fertilité : le mythe de la «date de péremption» à 35 ans

par Léa Fournier publié le 17 avril 2021

Pour une grande majorité de femmes, cet âge est vu comme une bascule, après laquelle il est très difficile de concevoir. Pourtant, ce chiffre est tiré d’une étude vieille de trois cents ans.

«Il serait temps de penser à faire un bébé ! L’horloge biologique tourne.» Les femmes cisgenres qui n’ont pas eu d’enfant à l’aube de leurs 35 ans sont nombreuses à avoir entendu cette phrase. Pourtant, une étude, publiée début avril dans le Journal of the American Medical Association, relayée par le Guardian, établit que les années de fertilité des femmes ont augmenté, passant de 35 à 37,1 ans. Les femmes seraient donc en mesure d’avoir des enfants pendant deux ans de plus qu’auparavant.

dimanche 18 avril 2021

Le hoquet est-il utile ?

 SCIENCE&VIE

 17 AVR 2021

Le hoquet est-il utile ?

© GETTY IMAGES

Les scientifiques peinent à lui trouver un quelconque intérêt, en tout cas chez les adultes.

En revanche, chez les tout-petits, ce réflexe pourrait présenter un avantage ! Il s'avère très fréquent chez les fœtus, les nouveau-nés, et tout particulièrement les prématurés, qui passeraient 15 minutes par jour, soit 1 % de leur temps, à hoqueter. En enregistrant l'activité électrique du cerveau de 13 nouveau-nés (à terme et prématurés) en plein hoquet, des chercheurs de l'University College de Londres ont détecté trois types d'ondes cérébrales correspondant à "trois évènements liés à l'intégration par le cerveau des informations auditives et somatosensorielles générées par le hoquet.

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« Le Rire des femmes », de Sabine Melchior-Bonnet : la chronique « histoire » de Roger-Pol Droit

Publié le 16 avril 2021


CHRONIQUE

L’enquête passionnante de l’historienne éclaire la profondeur et l’évolution des multiples fantasmes, interdits et prescriptions qui entourent l’hilarité féminine.

Bronze de Simon Miedema (1860-1934).

« Le Rire des femmes. Une histoire de pouvoir », de Sabine Melchior-Bonnet, PUF, 416 p.

ATTENTION, DANGER, FEMMES QUI RIENT !

Rabelais n’a pas de sœur en littérature. Pas plus que Shakespeare, Swift, ou même Labiche. Longtemps, rire et faire rire semblaient avant tout l’affaire des hommes. Assez assurés de leur empire pour s’en moquer par intermittence. Suffisamment imbus de leurs prérogatives pour imposer la discrimination entre un « bon » rire masculin, supposé décent, et un « mauvais » rire, inconvenant, déplacé – celui des femmes. Considéré comme dangereux, indice d’effronterie, ce rire pourrait se transformer en vecteur de folie, d’hystérie, de subversion. Aux femmes était prescrit uniquement le sourire, signe de joie maternelle, de réserve bienveillante et de saine pudeur.

samedi 17 avril 2021

A l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard, les violeurs en thérapie


Pour l’atteindre, il faut d’abord longer les pavillons clairsemés et décrépis si emblématiques de ces asiles du siècle précédent, ces mêmes murs entre lesquels la sculptrice Camille Claudel ou l’écrivain Antonin Artaud ont été internés. A Ville-Evrard, l’un des plus grands hôpitaux psychiatriques de France, qui s’étend en lisière de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), elle se découvre au détour d’une travée : la chapelle de l’établissement, devenue le bâtiment de l’unité de psychiatrie et de psychologie légales, qui accueille une grosse centaine d’auteurs de violences de la région condamnés à des soins.

Depuis 2016, cette ancienne église de pierres grises est le terminus de la chaîne pénale du traitement de la violence intime. Après le jugement au tribunal et, dans un cas sur deux, une peine de prison, l’obligation de soins thérapeutiques est la dernière étape pour ces personnes reconnues coupables de viols, d’agressions sexuelles ou de violences conjugales.

Prévention du suicide: le service de clavardage maintenant disponible en tout temps

PATRICIA RAINVILLE

Le Quotidien numérique

QUEBEC

Le Service numérique québécois d’intervention en prévention du suicide sera dorénavant disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ce service de clavardage est assuré par trois organisations, dont le Centre de prévention du suicide 02, au Saguenay-Lac-Saint-Jean.


Le service d’intervention par clavardage et le site Web ont été lancés en octobre 2020. Une application mobile est également disponible depuis novembre dernier. 

C’est le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, ainsi que le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, qui en ont fait l’annonce. 

Cette initiative permettra aux personnes qui en ressentent le besoin de communiquer avec un intervenant en tout temps par clavardage. Ces interventions, disponibles pour tous les Québécois, en anglais et en français, sont assurées par trois partenaires cliniques de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), soit le Centre de prévention du suicide 02, le Centre de prévention du suicide de Québec et Suicide Action Montréal.

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Pourquoi l’insomnie nous rend fous, selon Levinas

Ariane Nicolas publié le  
© iStockphoto

Vous aussi, vous avez perdu le sommeil ? Depuis le début de la pandémie, les troubles du sommeil ont largement augmenté au sein de la société. Parmi ces difficultés à retrouver des nuits tranquilles, la plus terrible est sans doute l’insomnie. Sensation insupportable d’être éveillé sans aucune raison (et en dépit de la souffrance que cela va générer durant la journée), l’insomnie est un état de vigilance qui paraît inutile et absurde. Dans ses écrits, et notamment dans Le Temps et l’autre (1979), Emmanuel Levinas s’est intéressé à l’insomnie. Il y voit bien plus qu’un décalage par rapport aux cycles du sommeil permettant de régénérer le corps : l’insomnie est surtout un mal-être métaphysique, qui révèle la structure de notre identité profonde et le caractère tragique de l’existence. Explications. 

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Allemagne : les années passent mais les traumatismes restent pour les réfugiés syriens


 




Publié le : 15/04/2021

L’une des difficultés rencontrées est la situation de "parentification" lorsque les enfants prennent le rôle des adultes. Crédit : Picture alliance

L’une des difficultés rencontrées est la situation de "parentification" lorsque les enfants prennent le rôle des adultes. Crédit : Picture alliance

Selon la psychothérapeute Maria Prochazkova, "il est rare qu’une personne accède au sentiment de sécurité qu’elle attendait depuis si longtemps".

Des centaines de milliers de Syriens ont trouvé refuge en Allemagne depuis le début de la guerre il y a 10 ans. Mais pour beaucoup, il est impossible de tourner la page des horreurs vécues pendant le conflit et l’exil forcé. 

Maria Prochazkova est psychothérapeute à Berlin. Elle est spécialisée dans le travail avec les survivants de guerre et les personnes victimes de torture. Elle répond aux questions d’InfoMigrants. 

InfoMigrants : Quelle est la principale cause des problèmes de santé mentale rencontrés par les réfugiés syriens en Allemagne ?

Maria Prochazkova : Les gens réagissent de manière très individuelle aux situations et, une fois en Allemagne, leurs difficultés évoluent dans le temps. Par exemple, au début, ce sont le manque d'intimité et la lourdeur des obligations administratives qui représentent des obstacles majeurs pour les réfugiés. 

L’estime de soi en souffre et cela rend l'intégration plus difficile. Il est rare qu’une personne accède au sentiment de sécurité qu’elle attendait depuis si longtemps. Au contraire, le calme soudain qui règne après le départ de Syrie entraîne un flot de souvenirs horribles. Ce que certains réfugiés ont vécu est inimaginable.

Enfin, la confrontation au racisme dans la vie de tous les jours en Allemagne peut être un autre facteur de stress.

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Les tentatives de suicide prennent "une ampleur inhabituelle", alerte une pédopsychiatre

Christelle Rebière  PUBLIÉ LE 15/04/2021

INVITÉE RTL - Pauline Chaste, cheffe du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker à Paris, est revenue sur la dégradation du comportement chez de nombreux enfants et adolescents en raison de la crise sanitaire.









Face aux lourdes conséquences de la crise sanitaire sur le comportement des enfants et adolescents, Emmanuel Macron a annoncé, mercredi 14 avril, la mise en place d’un forfait de prise en charge de dix séances de psychologue prépayées, pour les 3-17 ans. 


Quelles limites fixer à l’amélioration génétique de l’être humain ?

9 avril 2021







Les premiers enfants génétiquement modifiés sont nés en Chine à la fin de l’année 2018. Le gène CCR5 des jumelles Lulu et Nana a été modifié au cours de leur développement embryonnaire. L’objectif de cette manipulation était de les rendre résistantes au VIH (ainsi que leurs descendants potentiels). Selon certaines définitions, il s’agit là d’une amélioration de l’être humain. 

Bien que la sûreté de cette technologie soit loin d’être acquise, cet exemple a démontré qu’il est possible d’éditer des gènes dont hériteront des générations d’individus. Toutefois, nous ne savons pas encore quels effets auront ces modifications génétiques sur la santé de ces jumelles au cours de leur existence. La crainte que des changements non intentionnels se soient produits dans d’autres gènes est sérieuse, ce qui limite l’utilisation des technologies d’édition du génome pour l’instant – mais cette limite ne durera pas toujours.

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Journal d'épidémie «Soignants, je ne sais pas comment vous remercier. Je suis en dette»

par Christian Lehmann, médecin et écrivain  publié le 16 avril 2021 

Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient depuis un an la chronique d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus. Aujourd’hui, le témoignage d’un rescapé du Covid, plus que reconnaissant envers les soignants qui l’ont entouré.

Nous venons de passer officiellement le cap des 100 000 morts. Et nous aurons droit, comme d’habitude, au fascinant ballet des rassuristes de plateau qui nous expliquent qu’il y a un «effet de moisson», que ce sont souvent des vieux, qui attendaient la mort en Ehpad (copyright Martin Blachier), qui seraient morts de toute façon (copyright Didier Raoult), pour qui il n’était pas raisonnable de plomber l’économie du pays (placez ici votre économiste européiste favori), que l’épidémie est en passe d’être maîtrisée et que franchement il faudrait se pencher sur la manière dont les réanimateurs remplissent les lits (copyright Gérald Kierzek).

Interview Pascale Jamoulle : «Sortir de l’emprise, c’est pouvoir imaginer une autre vie, alors que l’imaginaire est dévasté»

par Sonya Faure  publié le 16 avril 2021 

L’anthropologue belge a longuement enquêté auprès de personnes ayant vécu sous le joug d’un mari violent ou d’un gourou, d’une entreprise ou de petits trafiquants. Dans son livre, elle décrypte comment un système abuseur parvient à prendre le contrôle d’un individu. Mais aussi comment ses victimes en réchappent et retournent à la vie.

Elise dit : «J’étais un zombie.» Clara dit avoir vécu «décervelée». Les récits rapportés par l’anthropologue Pascale Jamoulle dans son livre d’enquête sur le phénomène d’emprise sont poignants, parfois très douloureux. Iris, Ada et Jody ont été battues et humiliées par un conjoint jusqu’à perdre la faculté d’en parler. La famille Drage s’est placée sous la coupe d’un gourou, pseudo-psy et vrai tyran, qui a, peu à peu, pris possession d’elle. Serge a été esclavagisé par son entreprise de chauffeur-livreur en Belgique. Enfin, dans la cité d’un quartier Nord de Marseille, le trafic de drogue s’est immiscé dans tous les interstices de la vie sociale, abîmant la vie psychique de ses habitants. «Dans ces différents mondes, écrit-elle, la machinerie de l’emprise est la même. Sans recours ni protections, ils ont renoncé à leur identité pour survivre à des face-à-face qui devenaient de plus en plus violents.» Mais l’ouvrage de l’anthropologue belge ne s’arrête pas au récit de ces chutes. Au contraire, Pascale Jamoulle analyse les trajectoires de déprise, le sursaut, le détail qui fait dérailler le système abuseur, la lente émancipation. Clara, Iris et Serge sont sortis de leur nuit. Parfois plus forts, en tout cas investis de ressources et de solidarités nouvelles, tirées de leur terrible expérience.