Élizabeth Roudinesco est historienne, psychanalyste et auteure. Elle a écrit une vingtaine d'ouvrages, dont les thèmes principaux portent sur l'histoire, le féminisme et le judaïsme.
Elle publie aujourd'hui "Soi-même comme un roi" aux éditions du Seuil. Dans cet essai, elle apporte sa réflexion sur les questions de genre et de race qui animent notre société
Un essai clinique visant à ralentir l'évolution de la maladie de Parkinson a été lancé, après l'opération «réussie» d'une première patiente qui s'est fait poser un implant cérébral diffusant de la lumière proche de l'infrarouge, ont annoncé vendredi le CHU de Grenoble et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Dans une vidéo, l’entreprise fondée par Elon Musk, montre un singe macaque de neuf ans utiliser son interface cerveau-machine pour contrôler un jeu vidéo à l’aide de ses seules ondes cérébrales.
Début février, Elon Musk révélait que Neuralink, sa start-up destinée à créer un implant cérébral permettant de contrôler un ordinateur uniquement via l’activité électrique du cerveau, testait son interface cerveau-machine N1 Link sur un singe. Selon le milliardaire, le primate est capable de jouer au jeu vidéo Pong en se servant uniquement de son cerveau. Neuralink vient de publier une vidéo montrant Pager, le singe macaque dont il est question, en train d’utiliser le fameux implant cérébral.
Le vaccin AstraZeneca anti-Covid-19 est l’objet d’une défiance croissante en France et en Europe, défiance qui a pu conduire, ces derniers jours, de très nombreux candidats à la vaccination à annuler (ou à ne pas honorer) leurs rendez-vous et des centres de vaccination à ne pas utiliser des centaines de dose. Celle-ci est en rapport, notamment, avec la survenue de thromboses veineuses de localisation très inhabituelle (en particulier cérébrales) dans les suites de l’injection vaccinale. L’EMA devrait publier ses nouvelles conclusions dans les prochaines heures sur l’imputabilité du vaccin dans ces manifestations cliniques graves, sur leurs mécanismes possibles, sur l’actualisation éventuelle du rapport bénéfice risque et, on l’espère, sur ses possibles contre-indications. Le Pr François Chast, Président honoraire de l’Académie de Pharmacie, nous donne ici son point de vue éclairé sur cette question essentielle pour la suite de la campagne de vaccination en Europe.
Consentir par amour et par désir, c’est faire confiance à l’autre, s’en remettre à lui en se dessaisissant d’une part de soi-même. Un saut dans le vide. Mais céder n’est pas non plus consentir, rappelle la psychanalyste. Si on ne reconnaît pas cette frontière-là, on nie le traumatisme psychique et sexuel.
C’est ce moment où le corps chavire, las d’une ultime résistance, cet instant où il cède alors que la tête dit non. Laisser faire pour de mauvaises raisons. «Céder n’est pas consentir», claquent en noir et blanc les collages féministes sur les murs de la ville. C’est de cette interpellation qu’est partie la psychanalyste Clotilde Leguil pour explorer la frontière dangereuse et sensible entre laisser faire et dire oui, vraiment. Telle une baguette magique, le consentement est souvent invoqué pour rééquilibrer les relations entre les hommes et les femmes, entrevoir un futur plus apaisé entre les sexes. Mais, prévient Clotilde Leguil dans son essai Céder n’est pas consentir (PUF 2021), le consentement en matière amoureuse et sexuelle est loin de fonctionner comme un contrat signé au coin du lit.
Une proposition de loi sur l’euthanasie est examinée ce jeudi par l’Assemblée nationale. Le sujet, très sensible, resurgit périodiquement dans les débats en France, sans qu’une réponse satisfaisante ne soit jamais apportée.
Jean Leonetti à l'Assemblée, le 24 mai 2011. (Vincent Nguyen/Riva-Press pour Libération)
Le débat sur la fin de vie médicalisée en France court, s’enlise, rebondit avec la médiatisation de certaines histoires, puis retombe, repart avec des sondages pointant un plébiscite des Français pour le droit à l’euthanasie. Et voilà que surgit un nouvel épisode, avec la proposition de loiqui sera débattue,, ce jeudi, à l’Assemblée nationale, autorisant sous condition une aide active à mourir.
Pour parvenir à davantage de parité, l’étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques préconise une « réforme plus ambitieuse », qui passerait par « une indemnisation calculée en proportion du salaire passé ».
C’est un constat d’échec. Moins de 1 % des pères prennent un congé parental à temps plein après la naissance de leur enfant, alors qu’une réforme en vigueur depuis 2015 ambitionnait de porter ce taux à 25 %, rapporte une étude publiée, mercredi 7 avril, par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE, dépendant de Sciences Po Paris).
La pandémie, qui s’est accompagnée d’une explosion des dépenses publiques, a fait évoluer le débat sur l’État providence et remis au goût du jour l’idée d’une allocation de base. Si les divers dispositifs expérimentés ont donné des résultats intéressants, le principal obstacle à leur mise en œuvre à grande échelle reste celui du financement, estime cet hebdomadaire libéral.
Quand Andrew Yang a annoncé qu’il briguait la nomination du Parti démocrate pour la présidentielle américaine de 2020, il s’est démarqué grâce à sa proposition, peu orthodoxe, de Freedom Dividend [dividende de la liberté] – une mensualité de 1 000 dollars versée à tous les Américains. Près de deux ans plus tard, Andrew Yang est le favori dans la course à la municipalité de New York. Sa promesse de donner de l’argent à 500 000 New-Yorkais ne paraît plus si radicale, et pas seulement parce que son ampleur est beaucoup plus modeste que celle du revenu universel de base national qu’il prônait.
Si le revenu universel suscite encore un grand scepticisme, la pandémie et l’explosion des dépenses sociales ont fait évoluer le débat sur la refonte des prestations dans les États providence. Les aides monétaires – notamment celles mises en œuvre pendant la pandémie – se révèlent un moyen simple et efficace de répondre à de nombreux besoins sociaux. Certes, depuis un an, il n’y a eu quasiment aucun versement récurrent sans critère de sélection. Mais si l’heure du revenu universel n’est pas encore arrivée, l’épreuve du Covid-19 a peut-être accéléré les choses.
Entrer dans cet espace singulier par notre rapport au silence, c’est évoquer pour tout sujet humain le plus intime de lui-même. C’est choisir de vivre une aventure et d’accepter avec respect ceux qui la vivent autrement.
Le taux de suicide au Québec a amorcé une diminution importante au début du siècle, notamment grâce à l’instauration de différentes mesures de prévention. Le Plan d’action en santé mentale 2015-2020 du gouvernement du Québec recommande toutefois de poursuivre les efforts de sensibilisation et de prévention du suicide, particulièrement auprès des populations vulnérables. Les personnes atteintes d’un premier épisode psychotique font partie de celles-ci. Une meilleure compréhension des caractéristiques mêmes des troubles psychotiques qui augmentent le risque suicidaire pourrait permettre, d’abord, de mieux cibler, parmi toutes celles atteintes d’un premier épisode psychotique, les personnes qui sont à risque de suicide et, ensuite, d’intervenir rapidement auprès de ces dernières.
Le psychiatre en prison Cyril Canetti dénonce l'oubli de la "dimension protectrice" de l'asile psychiatrique. Après 25 ans de carrière dans les prisons de Fresnes, Fleury-Mérogis et de la Santé, il vient de démissionner alors que l'hôpital Saint-Anne ne voulait pas le renouveler.
"La dimension protectrice" de l'asile psychiatrique "a été perdue au fil des années", dénonce ce mercredi 7 avril sur France Inter, le docteur Canetti. Constatant une "appréhension" grandissante des détenus malades psychiatriques, et alors que la direction de l'hôpital Saint-Anne ne souhaitait pas le renouveler, le chef du service médico-psychologique régional à la prison de la Santé (Paris, 14e) a démissionné. Professionnel reconnu, psychiatre en prison, depuis 25 ans, à Fresnes, Fleury-Mérogis, à la Santé depuis 2009, cinq ans contrôleur des prisons, il alerte sur un "recours parfois systématique à l'isolement, à la contention, aux soins sous contrainte" et fait le point sur les effets psychologiques de la crise sanitaire en prison.
Qui était Frantz Fanon, guérisseur, militant, essayiste ? Pourquoi son œuvre est-elle indissociable de son engagement psychiatrique, politique et théorique ? Comment a-t-il conjugué ces trois dimensions ? Comment a-t-il justifié la nécessité de la décolonisation ?
Frantz Fanon naît le 20 juillet 1925 à Fort de France et meurt en 1961 à New York.
En 36 brèves années d’existence, Fanon a vécu sur trois continents (Amérique, Europe, Afrique) et inscrit sa postérité dans trois domaines : psychiatrie, écriture et action politique - dont aucun ne peut se comprendre sans les deux autres...
Portrait d'un penseur de l'anti-différence.
L'invité du jour :
Achille Mbembe, professeur d’histoire et de sciences politiques à l’université de Witwatersrand à Johannesburg, et chercheur au Wits Institute for Social and Economic Research (WISER), lauréat du prix Ernst-Bloch en 2018
Le racisme, un virus en mutation permanente
Il y a une dimension virale du racisme qui se répand, mais davantage encore, qui passe par des mutations permanentes. L’autre caractéristique du racisme c’est qu’il a une dimension -Fanon utilisait ce terme- "atmosphérique". Ici en Afrique du Sud, pendant longtemps le droit exigeait que l’on fut raciste. En 1994 l'apartheid, le système du racisme, a été aboli constitutionnellement, mais ce qu’on observe c’est que le racisme est capable de survivre à son abolition juridique.
D'abord regardée avec méfiance en occident, la transe chamanique est désormais étudiée par des scientifiques. Corine Sombrun, écrivaine et ethno-musicienne, y a été initiée en Mongolie. Elle raconte lundi sur Europe 1 comment l'étude de la transe pourrait aider la science.
INTERVIEW
"Il aura fallu dix ans pour reconnaître que ce n'était pas du tout un état psychopathologique", a observé lundi sur Europe 1 Corine Sombrun, écrivaine, ethno-musicienne et spécialiste de la transe chamanique, une pratique qu'elle découvre en Mongolie et qui est devenue l’objet d’études scientifiques. Au début des années 2000, elle se rend en Mongolie dans le cadre d'un reportage pour la BBC et assiste à une séance de transe chamanique, "au son d'un gros tambour qui fait à peu près un mètre de diamètre. Le chamane commence à jouer du tambour et ça fait un effet auquel je ne m'attendais pas du tout, c'est à dire que je me vois en train de sauter, bouger. Et puis surtout, il y a des sons qui sortent de ma gorge", raconte l'écrivaine.
Comment expliquer que les plus jeunes soient plutôt épargnés par le CoVid-19 ? Quelle évolution récente connaît l’épidémie chez les jeunes en France et existe-t-il des effets de l'apparition de variants sur ces chiffres de contamination ? Quelle stratégie vaccinale est envisagée chez les jeunes ?
S’il y a bien un front sur lequel la situation est particulièrement difficile à suivre quant à l’évolution du COVID, c’est certainement le front pédiatrique. Il faut dire que depuis un an, on entend à peu près tout et son contraire : les enfants ont d’abord été suspectés d’être d’importants foyers infectieux, avant que l’on nous dise qu’ils n’étaient pas contaminants, puis quand même peut-être un peu, même si le gouvernement a maintenu le plus longtemps possible les écoles ouvertes, malgré la multiplication des alertes, jusqu’à finir par les fermer devant l’augmentation constante de l’incidence des contaminations… Alors : les enfants, contagieux, pas contagieux, malades, pas malades ? Et faut-il finir par les vacciner ?
Demain un projet de loi visant à légaliser l’euthanasie active sera discutée à l’Assemblée nationale ouvrant à nouveau le débat sur la définition de l’euthanasie et son application. Quelle différence entre euthanasie active et passive ? Quelle est la législation actuelle en France ?
Le 8 avril 2021, les députés de l’Assemblée nationale débattront de la proposition de loi « visant à garantir et renforcer les droits des personnes en fin de vie » qui souhaite légaliser l'euthanasie active, c’est à dire réalisée par une injection létale délivrée par un médecin.
Aujourd’hui en France, et depuis la loi Claeys-Leonetti de 2016, l’euthanasie passive est autorisée, c’est-à-dire la sédation profonde et continue d’un patient dont le pronostic vital est engagé à court terme.
Mal connue, mal appliquée et surtout mal financée, la loi Claeys-Leonetti serait alors substituée par ce nouveau projet de loi discuté à l’Assemblée nationale allant plus loin dans la législation sur l’euthanasie.
par Laurent Decloitre, correspondant à la Réunion publié le 6 avril 2021
Sur l’île, où les religions et les cultures se côtoient et s’entremêlent, certains psys ont choisi de soigner les troubles mentaux à travers le prisme des rites traditionnels. Une approche ethnopsychiatrique à rebours des pratiques occidentales.
Le pauvre hère a perdu son travail, sombré dans l’alcool et survécu à une tentative de suicide. La nuit, Calixte (1) hurle qu’il a «le mauvais œil» sur lui. «Si je lui avais diagnostiqué une névrose ou dit que les esprits n’existaient pas, je n’aurais pas pu le soigner», estime Jacques Brandibas, un des pionniers de l’ethnopsychiatrie à la Réunion. Au contraire, le psychologue accompagne son patient chez une guérisseuse à l’orée de la forêt de la roche écrite, sur les hauteurs de Saint-Denis. Il laisse «Madame Marie» affirmer que l’épouse et la maîtresse de l’homme lui ont chacune lancé un sort, l’une pour l’avoir trompée, l’autre pour ne pas avoir quitté sa femme… Calixte a pu reprendre une vie normale après cette séance, assure le praticien aujourd’hui à la retraite, «alors que les soins à l’établissement public de santé mentale n’avaient rien donné».
La plus grosse étude à ce jour sur le bilan mental d’anciens malades constate qu’anxiété (17 %) et troubles de l’humeur (14 %) sont les diagnostics les plus fréquents, dans les six mois après la guérison.
Une personne sur trois qui a surmonté le Covid-19 a eu un diagnostic de troubles neurologiques ou psychiatriques dans les six mois suivant l’infection, selon la plus grosse étude à ce jour sur le bilan mental d’anciens malades du Covid-19.
Au début du XIXe siècle, on faisait ses choux gras de rêves d'empailler, dépecer, ou découper des hommes et des femmes extraordinaires exhibés dans des spectacles très courus.
L’homme qui a vendu sa peau est le film de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, en lice pour l’Oscar du meilleur film étranger, le 26 avril prochain. Le pitch fait froid dans le dos : une œuvre d’un artiste flamand, tatouée sur le dos d’un migrant syrien, volontaire, reviendra au collectionneur qui l’a achetée. Après la mort de son porteur, certes. Mais en contrepartie d'une vie meilleure.
Improbable en plus d’être glaçant ? Sauf que le long métrage est inspiré d’une histoire vraie. Le plasticien néerlandais s’appelle Wim Delvoye et c’est lui qui avait ouvert un poste de tatouage, en 2006, à sa galerie de Zurich, Pury & Luxembourg. Il proposait un contrat à un cobaye : se faire tatouer le dos, et accepter d’être exhibé, en contrepartie d’un prix. Et accepter que, à sa mort, la peau de son dos soit dépecée, puis tannée, avant d’intégrer la collection privée de l’acquéreur. Au bout de deux ans, la galerie suisse avait trouvé un acheteur en la personne d’un collectionneur installé à Hambourg. Deux cabinets d’avocats seront mandatés pour ficeler la transaction, à hauteur de 150 000 euros.
S’emparant de cette histoire, c’est la réalisatrice tunisienne qui ajoutera la dimension Nord-Sud, le contexte de guerre civile syrienne, et l’urgence de l’exil pour des millions de Syriens depuis dix ans que la guerre dépèce leur pays. Mais l’intersection du tatouage et de ce marché ahurissant, sur fond de société du spectacle poussée à son comble, évoque toute une tradition d’exhibition. Ainsi, en octobre 1822, on pouvait lire dans la presse locale du Valenciennois, dans le Nord de la France : “Décès [...] Du 23 Joseph Kabris, ex-vice-roi.” La nouvelle avait mis sept jours à paraître, à la rubrique “Etat civil”, car dans les jours qui avaient immédiatement suivi le décès, le sort de ce mort-là avait fait l’objet d’un petit suspense : un riche industriel de Calais avait des vues sur sa dépouille. En “amateur de choses rares”, il envisageait d’en faire l’acquisition pour l’empailler. Car ce Joseph Kabris, qu'on menaçait de dépecer alors qu'il venait de mourir, était tatoué des pieds à la tête. La municipalité s’empressera de le faire inhumer dans la fosse commune pour l’éviter, rapporte l’historien Christophe Granger dans le magnifique Joseph Kabris, ou les possibilités d’une vie, paru chez Anamosa à l’automne 2020.
Selon l’Observatoire National du Suicide dans son 4ème rapport, datant de Juin 2020, 9000 personnes se suicident en France chaque année. La crise a-t-elle eu un impact sur des chiffres déjà alarmants?
Chaque année, en France, 9000 personnes se donnent la mort. De la pré-adolescence aux âges les plus avancés, le suicide concerne tout le monde même si deux catégories sont plus particulièrement représentées : le taux est doublé chez les plus de 75 ans et les hommes ont un taux de suicide 3,7 fois supérieur à celui de femmes (qui font pourtant plus de tentatives).
Plus de 250 000 tentatives de suicide (TS) par an
Plus inquiétant encore peut-être, plus de 250 000 tentatives de suicides sont prises en charge chaque année par les Urgences. Selon l’Observatoire national du suicide, là encore, certaines personnes sont plus particulièrement vulnérables. Parmi elles, essentiellement des jeunes filles entre 15 et 20 ans et dans une moindre mesure des femmes âgées de 40 à 50 ans. Chaque jour, ce sont au total 685 personnes qui font une tentative de suicide…
ENQUÊTE Dans cette ville de Seine-Saint-Denis parmi les plus pauvres de France, la pandémie de Covid-19 aura de graves répercussions, bien au-delà du seul bilan sanitaire.
Liliane Bienvenu aura 80 ans dans six mois. Cette femme pétille d’énergie, d’amour et d’humour, et on lui donnerait facilement dix années de moins. Quand on lui fait la remarque, elle mime des pas de danse devant ses copines, hilares. C’est une militante du quotidien, pilier de l’amicale des locataires de l’immeuble des Potagers, un bâtiment de neuf étages dressé le long d’une des autoroutes qui polluent la ville de Bondy, au cœur de la Seine-Saint-Denis. Habituellement, elle distribue des kilos de crêpes à qui veut. Aujourd’hui, on vient volontiers l’embrasser ou la serrer dans ses bras, tant pis pour le virus.
Les Potagers, ce sont environ 200 logements, 600 habitants officiellement, sans doute davantage si on en croit les noms ajoutés sur les boîtes à lettres. Les conséquences sociales de la crise ? « Terrible, terrible, terrible. » Liliane a beau être une optimiste indécrottable, elle secoue la tête. Il y a les impayés qui s’accumulent à l’office HLM. Il y a surtout les élèves qui décrochent des apprentissages, et rien ne l’inquiète plus. « Habituellement, on a une trentaine d’enfants tous les soirs pour le soutien scolaire. Avec le virus, on ne peut plus s’en occuper. On les tenait, on les aidait, on ne les tient plus. C’est un drame. »
A la mi-mars, une étude française menée sur dix ans tenait à montrer que cette médecine non-conventionnelle, chronique n’avait qu’un effet placebo contre le mal de dos. Et si les choses étaient plus compliquées que cela ?
«L’ostéopathie, ce n’est pas l’os. C’est l’artère. Nous, on s’intéresse aux raisons profondes des déséquilibres», dit un ostéophathe. (Highwaystarz/Picture Alliance)
D’ordinaire, lorsque l’on rend compte d’une étude scientifique mettant en cause une médecine alternative pleuvent aussitôt des réactions outrées, voire bien souvent agressives. Révélant une fois encore les tensions entre ces deux mondes thérapeutiques, l’allopathique et le parallèle. Mi-mars, la grande revue médicale Jama (The Journal of the American Medical Association) a fait état d’une étude française étalée sur près de dix ans étudiant les effets de l’ostéopathie dans le traitement des lombalgies chroniques : il apparaissait que «cette discipline, très prisée en France n’était pas plus efficace qu’un placebo.» Et l’on s’attendait donc à des courriers indignés.
Depuis un an, le Covid-19 a plongé la communauté médicale dans une tourmente interne, en raison des prises de parole contestées de professionnels remettant en cause la gravité de la maladie ou évoquant des remèdes miracles.
Des pilules d'hydroxychloroquine. (George Frey/AFP)
Noémie Zucman, réanimatrice à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine), aurait bien du mal à les hiérarchiser. Dans cette crise sanitaire, les fake news médicales n’ont fait que pulluler. Par où commencer ? «Je pense que l’affaire de l’hydroxychloroquine est le point de départ de tout. Cela a aussitôt créé une scission dans la communauté médicale, entre ceux qui voulaient tempérer et ceux qui ont plongé la tête dedans, retrace-t-elle. Toutes les autres désinformations ont reposé sur ce principe. Je ne sais pas laquelle est la plus nuisible. Mais ce dont je suis sûre, c’est que je me demande tous les jours comment on a pu en arriver là.»