LE 20/03/2021
À retrouver dans l'émission
RÉPLIQUES
par Alain Finkielkraut
Répliques interroge la confrontation dans le débat public. Quelle est la place pour une argumentation élaborée et quel est le rôle dévolu à l'intellectuel ?
Dans une chronique publiée par Le Figaro le 1e décembre 2019, Jacques Julliard écrivait : "il y eut dans la dernière décennie du vingtième siècle, entre la chute du mur de Berlin -1989- et la destruction des tours du World Trade Center -2001-, une parenthèse enchantée où les idéologies s'étant tues, les bouches s'ouvrirent et où tout le monde se mit à parler à tout le monde ou presque. L'effondrement de la machine de guerre froide et du dogmatisme stalinien s'accompagna d'un brusque regain de confiance dans les vertus du dialogue". Jacques Julliard a raison ! Sa mémoire n'enjolive pas les choses. J'ai connu cette période d'ouverture et je garde la nostalgie des premières Rencontres de Pétrarque créées par Jean-Marie Borzeix où des intellectuels de droite et de gauche discutaient avec véhémence mais sans haine et sans anathème. Comme le proclamait Pierre Nora dans un article célébrant les dix ans de sa revue : l'esprit du débat était devenu l'esprit de l'époque. Les choses ont changées, selon Jacques Julliard : le débat, dit-il, est aujourd'hui impossible et tenu pour une forme de compromission avec l'ennemi. À mesure que les voies de l'intolérance se font à nouveau entendre, la parole cesse d'être, l'intimidation tient lieu d'argumentation.
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