La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, qui fut auparavant chroniqueuse judiciaire à Libération puis au Canard Enchaîné, s’inquiète d’une remontée des entrées en détention (1 000 par mois), a fortiori en pleine épidémie. Vendredi soir, on comptait 261 détenus et 261 personnels positifs au Covid-19, d’après les derniers chiffres de l’administration pénitentiaire communiqués à Libération. Depuis le début de la crise sanitaire, trois prisonniers et deux personnels sont décédés. Alors que les clusters se multiplient (Fleury-Mérogis, Tours, Muret…), Dominique Simonnot appelle au déploiement rapide d’une stratégie de déflation carcérale et de vaccination derrière les barreaux.
Dès votre prise de fonction il y a cinq mois, vous alertiez sur le risque sanitaire entre les murs. Encore mercredi, vous communiquiez sur un cluster de Covid-19 à la maison d’arrêt de Tours. Quelle est la situation actuelle dans les prisons ?
Je suis inquiète. Et n’importe qui devrait l’être. J’ai tout le temps des directeurs et des surveillants de prison qui me disent : «Ça ne peut plus durer comme ça, on ne sait plus quoi faire.» Nous recevons beaucoup de lettres de détenus, qui nous racontent des parloirs atroces parce que séparés de leurs proches par des vitres de plexiglas. Comme avant Robert Badinter (garde des Sceaux de 1981 à 1986, ndlr) ! Ils ne peuvent pas se toucher, les familles attendent alignées les unes à côté des autres…