— 29 décembre 2020
Syndrome prémenstruel : un tabou en fin de cycle
Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
Par Fanny Guyomard, Photo Amandine Kuhlmann — 29 décembre 2020
Syndrome prémenstruel : un tabou en fin de cycle
L’ensemble de photographies d’un fétichiste anonyme présenté par la galerie jusqu’au 24 janvier en dialogue avec une série d’œuvres ayant pour thème le visage témoigne de cette logique de mise à l’épreuve des contours de l’art brut. De cette série de 70 tirages extraite d’une collection de plusieurs centaines de photographies produites anonymement entre 1996 et 2016, on ne connait de leur auteur que cette indication lapidaire qu’il vivait en région parisienne, et qu’il se suicida à la mort de sa mère avec laquelle il vivait seul. En quoi cette répétition insistante de photographies de jambes gantées de collants, prises indifféremment dans la rue ou à la télévision peut-elle intégrer le champ de l’art ?
À quelle condition une pratique fétichiste de la photographie faite pour un usage privé et sans volonté esthétique, peut-elle rejoindre la définition de l’art brut ? Cette dernière a longtemps proscrit la pratique photographique exempt de procédures manuelles, et associée à un art réduit à une simple reproduction mécanique de la réalité. Les tenants de la pureté de l’art brut ne manqueront pas de reprendre les rengaines habituellement suscitées par l’émergence des œuvres de la modernité ou de l’art contemporain. Est-ce de l’art ? Une curiosité esthétique ou clinique ? Revient alors l’interrogation essentielle de Marcel Duchamp : « peut-on faire une œuvre qui ne soit pas d’art ? »
Et n’est-ce pas un mouvement encore plus ancien qui reconfigure sans cesse le partage entre ce qui est jugé licite en art et de ce qui est rejeté hors de son cadre ? Le philosophe Jacques Rancière a montré que la porosité entre l’art et le non-art n’a cessé de travailler l’esthétique depuis le 19ème siècle en intégrant dans son domaine des sujets et des thèmes auparavant jugées indignes. Comme Stendhal dans La vie de Henry Brulard, où, à travers, l’évocation de bruits insignifiants, les cloches d’une église, une pompe à eau, etc., brouille la distinction entre les choses qui appartiennent à l’art et celles qui appartiennent à la vie ordinaire. La pénétration du non-art dans l’art est un processus consubstantiel à l’art de l’âge esthétique. Michel Foucault étudia de son côté cette capacité de la littérature à transgresser par effractions les cadres du langage en déclinant quatre interdits de l’écriture que sont la faute, le blasphème, l’insupportable et l’ésotérisme, et dont les écrits de Sade, Bataille, ou Roussel furent les saillies les plus connues.
Par Laura Comito, Aude Rouyr, Jean Rouyr et Julie Soulier, psychologues
A
Tout d’abord, loin de nous l’idée de nier la réalité de la présence du coronavirus SARS cov-2. Loin de nous également l’idée de vouloir stigmatiser telle ou telle réaction face à l’inconnu dans lequel cette pandémie nous a projetés.
Par contre, nous sommes inquiets, d’une part, du manque de prise en compte des deux tiers de la définition de la santé que fait l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et, d’autre part, de ce qui se passe en ce moment dans notre société.
Publié le 30/12/2020
Inquiétude pour les personnels des soins psychiatriques extra-hospitaliers de Montauban (Tarn-et-Garonne). Ils estiment être privés d'une partie de leurs effectifs, la direction leur demandant d'aller renforcer d'autres services intra-hospitaliers pendant la crise sanitaire.
© FTV
Les personnels de l'unité de soins psychiatriques de l'hôpital de Montauban dans le Tarn-et-Garonne sont inquiets, et le font savoir. 70 d'entre eux viennent de signer une lettre ouverte à leur direction. En cause, la réorganisation que celle-ci leur impose en temps de crise sanitaire.
On a peur que la direction utilise ce contexte de la crise Covid pour dépouiller nos effectifs. Il manque 18 postes en intra-hospitalier, énormément de lits ont fermé en psychiatrie. Qui va s'occuper des personnes soignées à l'extérieur de l'hôpital ? Je pense par exemple à cette patiente qui souffre de schizophrénie. Elle ne voit personne en dehors de moi, elle me rencontre toutes les semaines, si on me demande d'aller travailler en intra-hospitalier, elle ne verra pas âme qui vive pendant 15 jours ? On ne peut pas abandonner ces personnes-là.
Anne Sutter, infirmière psychiatrique au centre médico-psychiatrique de Caussade (82)
Soutenu par trois organisations syndicales, le personnel psychiatrique redoute que sous couvert de la crise sanitaire en cours, la direction de l'hôpital ne maquille par ce système de remplacement une politique de recrutement en berne depuis plusieurs années.
Publié le
Sur Facebook, cet adolescent fait tomber les murs et casse les nombreux clichés qui entourent les enfants placés.
Du haut de ses seize ans, Tony Quillardet mène un combat exemplaire. Pour déstigmatiser les enfants placés qui, comme lui, sont victimes de stéréotypes, il a créé une page Facebook forte de sens. Grâce à son engagement, l’adolescent fait aujourd’hui bouger les lignes. Lumière sur cette initiative bienveillante.
Depuis vingt ans, l’augmentation du nombre d’enfants placés a considérablement augmenté. En 2017, ils étaient 177 000 mineurs et jeunes majeurs à être accueillis à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Parmi eux, Tony, un adolescent qui a rejoint sa nouvelle famille à l’âge de sept ans.
Au fil des années, ce jeune côte-d’orien a dû faire face aux remarques blessantes de ses camarades de classe. Car malheureusement, les enfants placés sont souvent confrontés à de nombreux préjugés. Cancre, turbulent, impoli, sans avenir… voici, entre autres, les clichés qui leur sont associés. Pour dénoncer cette injustice, Tony a créé la page « Dé-stigmatiser les enfants placés« . Son objectif ? Mettre à mal les stéréotypes qui ont la vie dure.
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Vitaly Napadow, neuroscientifique à la Harvard Medical School et au Massachusetts General Hospital, étudie comment le cerveau perçoit la douleur. Pour ce faire, il utilise l'électroencéphalographie pour suivre les schémas d'ondes cérébrales des patients souffrant de lombalgie chronique.
Cet article a initialement paru dans le magazine National Geographic du mois de janvier 2020.
Voilà plus de trente ans, quand Tom Norris luttait contre le cancer, il a été traité par radiothérapie au niveau de l’aine et de la hanche gauches. Son cancer a disparu et n’est pas revenu. Mais Norris est resté avec une douleur, qui le brûle de la hanche jusqu’à la nuque.
Depuis, Norris, qui a maintenant 70 ans, n’a plus passé une seule journée sans souffrir. La douleur a mis un terme à sa carrière d’officier de maintenance des avions dans l’armée de l’air américaine. Les mauvais jours, il est cloué au lit. Même les meilleurs jours, sa capacité de déplacement est très limitée. Parfois, la douleur est si écrasante, raconte-t-il, que sa respiration devient laborieuse: «C’est comme si je me noyais. »
Grand et sympathique, il a appris à porter un masque de sérénité pour cacher ce qu’il endure. Je ne l’ai jamais vu grimacer. Il est en quête de soulagement depuis trois décennies – dont de nombreuses années à prendre du fentanyl, un puissant opioïde. Ce médicament, dit Norris, recouvrait sa douleur « comme une couverture épaisse », mais le maintenait «complètement horizontal et déconnecté». Tom Norris gère désormais sa douleur grâce à une kinésithérapie, qui améliore sa mobilité, et à des stéroïdes injectés dans la colonne vertébrale, qui calment l’inflammation des nerfs.
December 27, 2020
Ces avancées technologiques se révèlent particulièrement intéressantes, par exemple, pour offrir des nouveaux modes de communication à des individus atteints de paralysie sévère.
Mais si l’aide que promet cette technologie semble précieuse, elle suscite néanmoins un questionnement éthique qu’il est essentiel de saisir, alors même que la technologie se développe.
Comprendre le fonctionnement du cerveau et améliorer nos capacités d’intervention pour remédier à certains de ses dysfonctionnements font partie des défis majeurs relevés par les neurosciences de ces dix dernières années. Et deux approches différentes et de grande envergure se sont concrétisées.
Dans la première, avant tout théorique, il s’agit de modéliser de manière réaliste le fonctionnement du cerveau grâce à des réseaux de neurones artificiels (informatiques ou électroniques) : c’est l’objectif du projet européen Human Brain Project. Dans la seconde, pragmatique, on cherche à développer des implants cérébraux pour enregistrer et stimuler le plus grand nombre de neurones possibles : c’est le but du vaste projet américain Brain Initiative, ou encore du projet européen Braincom.
D’ici très peu de temps, arrivera donc logiquement le moment où l’on disposera d’une part de vastes réseaux artificiels neuromimétiques, et d’autre part d’interfaces à très haute résolution permettant un couplage bidirectionnel (enregistrement et stimulation) avec des millions de neurones du cerveau. Or la fusion de ces deux mondes technologiques, prévisible, conduirait à l’émergence de vastes réseaux hybrides couplant l’activité du cerveau avec celle de réseaux artificiels. Et ce n’est pas de la pure science-fiction : des preuves de concept ont déjà été fournies par des réseaux hybrides simples, à l’instar de la technique de « dynamic clamp ».
Née à la fin des années 1990, la technique de dynamic clamp permet de coupler un neurone artificiel à un neurone réel par le biais d’une électrode intracellulaire : l’activité de l’un modifie celle de l’autre de manière bidirectionnelle. Et à l’avenir, l’avènement d’implants intégrant un grand nombre de microélectrodes extracellulaires – et assurant chacune une liaison bidirectionnelle stable avec un neurone individuel – devrait permettre la construction de réseaux hybrides à grande échelle, y compris in vivo au niveau de vastes régions cérébrales.
LE 16/12/2020
À retrouver dans l'émission
AFFAIRE EN COURS
par Marie Sorbier
La culture n'est pas à l'arrêt en Autriche, où les musées sont accessibles au public, comme le Sigmund Freud Museum de Vienne qui vient de rouvrir ses portes. Sa directrice scientifique Daniela Finzi en détaille les particularités muséographiques au micro de Marie Sorbier.
Contrairement à l'affirmation récente de la ministre de la Culture selon laquelle l'Europe culturelle est à l'arrêt, en Autriche, à Vienne, les musées sont ouverts, et deux d'entre eux rouvrent au public après une longue période de rénovation. C'est le cas de la maison de Sigmund Freud, où il vécut pendant 47 ans avec sa famille. Daniela Finzi, la directrice scientifique du Sigmund Freud Museum, explique au micro de Marie Sorbier les choix d'une muséographie axée vers le vide et l'absence.
Un des enjeux principaux de la rénovation de ce musée, qui a ouvert en 1971 à Vienne à l'adresse où Freud a passé toute sa vie, était de travailler avec le vide. C'était une tâche cruciale, Freud a dû quitter l'Autriche après l'Anschluss, emmenant avec lui tous ses biens et son intérieur, sa bibliothèque, ses figurines antiques, et son divan qui est devenu le symbole de la psychanalyse.Daniela Finzi
C'est avec l'accord de sa fille, Anna Freud, que certaines des possessions du fondateur de la psychanalyse, alors rassemblées à Londres, sont envoyés au musée Sigmund Freud à Vienne lors de son ouverture en 1971. Si une documentation photographique très détaillée réalisée par le photographe Edmund Engelman en 1938 permet de savoir comment était meublé le cabinet de Freud, la direction du musée n'a pas voulu se livrer à une reconstitution exacte, mais plutôt représenter une vacuité tout aussi caractéristique de l'histoire du psychanalyste et de son pays.
On ne peut pas faire comme si l'Anschluss et la participation active de l'Autriche au IIIème Reich n'avaient pas eu lieu.Daniela Finzi
Ainsi, dans la salle du musée qui était le cabinet de Freud, on remarque avant tout les traces au mur d'un tapis qui se situait derrière le divan et les trous des clous qui le tenaient. Le divan lui-même est simplement évoqué au moyen d'une petite photo monochrome. Des détails propres à une muséographie de l'évocation plutôt que de la démonstration, qui invitent à la réflexion sur l'absence et la présence, à l'image de la psychanalyse elle-même.
LE 14/05/2020
À retrouver dans l'émission
LA QUESTION DU JOUR
par Guillaume Erner
La pandémie de covid 19 agit-elle sur notre sommeil et nos rêves ? Après la période de confinement, voici venue celle du déconfinement. Dormons-nous différemment, rêvons nous autrement face à ces bouleversements ?
Quelle incidence la pandémie de covid 19 a-t-elle sur nos rêves ? Entre anxiété, changement de rythme et modification de nos interactions sociales, nos esprits sont quelque peu bousculés. Du confinement au déconfinement, comment ces bouleversements se traduisent-ils dans notre sommeil et plus précisément dans nos rêves ? Dormons-nous différemment, rêvons nous autrement ? Le cerveau n’a pas livré tous ses mystères…
Guillaume Erner reçoit Perrine Ruby, chercheuse INSERM au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon.
Perrine Ruby a lancé une enquête pour évaluer l’impact du confinement sur le sommeil et les rêves.
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LE 27/12/2020
À retrouver dans l'émission
L'ART EST LA MATIÈRE
par Jean de Loisy
Nouvelle écoute de cette émission diffusée le 06/09/2020
Quel sujet curieux que ce livre de Nathalie Delbard, Le strabisme du tableau : essai sur les regards divergents du portrait, de l'incidence-éditeur. Il nous conduit à observer des œuvres qui, du XVe siècle à nos jours, retiennent notre attention par la nature particulière du regard que nous adressent ces personnages portraiturés.
Nous ne remarquons pas en observant leur visage au début de notre contemplation ce détail mais nous trouble et qui fait de celui qui est dépeint nous regarde et ne nous regarde pas dans un même mouvement.
Nicolas Santolaria
YouTube n’est plus seulement le pourvoyeur de vidéos qui scotchent les enfants devant les écrans, constate Nicolas Santolaria dans sa chronique. Désormais, les gamins aux millions de vues et de revenus sont l’étalon de la réussite sociale.
Publié le 27 décembre 2020
Le 18 décembre 2020
Révélé par la série télé Dix pour cent, Thibault de Montalembert joue le rôle d’un travesti dans Miss. Il est aussi la voix du livre audio Yoga d’Emmanuel Carrère. Conversation intime avec un comédien intello et sensible.
Rendez-vous avec Thibault de Montalembert dans un atelier d’artiste du quartier Saint-Georges, à Paris. Barbe et cheveux ébouriffés, habillé "cool", jean et pull-over, le comédien est l’antithèse du personnage qu’il joue dans la série Dix pour cent, Mathias Barneville, l’agent artistique "requin" engoncé dans un costume trois pièces. Simple, souriant, flexible. Thibault prend tout son temps pour répondre à nos questions à l’heure du thé.
Dans Miss, le film du réalisateur Ruben Alves, vous jouez le personnage de Lola, un travesti. Pourquoi avoir choisi ce rôle ?
[...] Vous avez fait une psychanalyse ?
J’ai fait une psychanalyse transgénérationnelle qui a duré six ans, selon l’approche du psychanalyste Didier Dumas. Il est l’auteur de nombreux livres dont L’Ange et le Fantôme qui m’ont fait avancer. Nous sommes le fruit de nos histoires familiales, de notre arbre généalogique. Nous portons en nous nos ancêtres. Ainsi, trois générations plus tard, un secret de famille peut déboucher sur la naissance d’un enfant avec des troubles psychologiques. C’est la surprise pour les parents !
Elizabeth Sutton Posted on
Psychanalyste, peintre, femme avant tout, moderne et croqueuse de vie, Martine Gercault s’exprime.
Après « Mon père au loin », une autofiction publiée en autoédition, l’auteure nous invite à faire avec elle un voyage extraordinaire dans « Une Psy parle aux esprits » (Mama Editions).
Audace, aventure, résilience, voici un cocktail complet pour redynamiser nos vies si malmenées en ce moment. Martine Gercault vous en dit plus dans cette interview.
« Une psy parle aux esprits » relate des expériences aux frontières de l’extraordinaire. « Ce témoignage est une voie d’accès à tous les possibles en soi » écrit un lecteur.
J’ai eu la chance incroyable de rencontrer aux USA des pionniers dans leur domaine et de me former à leur contact, ce qui me fit opérer ma révolution personnelle ! Mon livre est une quête, celle d’une psychanalyste-psychothérapeute intégrative qui, au-delà de la psychanalyse, crée des passerelles avec des approches holistiques prenant en compte la totalité de l’être, notamment les états d’expansion de conscience : la respiration holotropique, l’approche chamanique ancestrale, l’hypnose, aussi bien que des approches plus corporelles telles que la peinture, la danse, la musique et la méditation.
ENTRETIEN Les penseurs de l’intime (5/10) Philosophe des épreuves de la vie, Claire Marin explique dans un entretien au « Monde » comment la crise sanitaire accentue les ruptures sociales, professionnelles ou familiales et nous prépare « douloureusement à vivre autrement » en 2021.
Entretien. Née en 1974, Claire Marin est philosophe et enseigne dans les classes préparatoires aux grandes écoles à Paris. Membre associée de l’Ecole normale supérieure, elle dirige le Séminaire international d’études sur le soin. Autrice de Rupture(s) (L’Observatoire, 2019), un ouvrage remarqué sur la philosophie de la séparation, elle analyse la façon dont la crise sanitaire affecte notre intimité.
Pour traverser et supporter une épreuve, on a d’abord besoin de se dire qu’elle aura une fin, qu’elle ne durera pas indéfiniment et qu’elle a un sens : qu’elle permettra une clarification des lignes, une redéfinition plus satisfaisante de notre existence, un changement social, politique, économique… Bref, on a besoin de penser que les sacrifices qu’elle exige, la souffrance qu’elle impose, seront d’une certaine manière compensés par l’entrée dans une autre réalité où l’on trouvera des bénéfices, des améliorations.
Par Maria Malagardis — 25 décembre 2020
La sépulture du petit Yahya dans un village sur l'île de Samos, fin novembre. DR