En suivant le quotidien des aidants, le documentaire de Bruno Timsit montre avec justesse les questionnements et les difficultés des familles et proches de personnes atteintes de troubles psychiques sévères, et parvient aussi à mettre en lumière des initiatives pour les soutenir.
En France, plus de deux millions de personnes vivent avec un trouble psychique sévère. Chaque jour, elles sont aidées par leurs familles et leurs proches, qui restent souvent dans l’ombre. Le documentaire de Bruno Timsit suit le quotidien de ces aidants, rythmé par la maladie.
Quand ils surgissent, les troubles psychiques sévères bouleversent la vie du malade et de son entourage : « J’ai pris un train de marchandises en pleine face »,confie Florence, dont le fils a été diagnostiqué bipolaire à 25 ans, alors qu’il n’avait aucun antécédent. Pour Sofian, 30 ans, les symptômes de la schizophrénie se sont précipités après son renvoi du collège, où il était victime de harcèlement. Les périodes de dépression et les crises s’enchaînent, sans que sa mère, Malika, ne comprenne la situation.
Quand je pense à mon père, je suis évidemment triste, mais j'ai compris que je n'y pouvais rien, et qu'il ne s'agit pas pour lui de se « reprendre en main ».
JULIA, SUR LA VOITURE DE SON PÈRE. IMAGE PUBLIÉE AVEC L'AUTORISATION DE L'AUTEUR
Cannettes de bières sur le siège passager et moi sur la banquette arrière ; pas de ceinture, pas de radio, juste le moteur de la Mustang qui vrombit. C'est parti pour une descente de huit heures en direction des Landes. « À nous la belle vie ! », qu'il disait mon père. Si on m'avait dit que la belle vie c'était de le voir embarqué par les flics sur la plage au mois d’aout car ce dernier avait trouvé drôle d'insulter les MNS (maitres-nageurs sauveteurs) de SS parce que « ça rime ! », je peux vous dire que j’aurais peut-être réfléchi à deux fois avant de m'assoir et de fermer la portière.Lire la suite ...
En 2008, Lawrence Côté-Collins fait la rencontre de Billy Poulin, un acteur et réalisateur à l’époque coqueluche du Mouvement Kino. En 2011, le jeune homme ne va pas très bien. Il quitte Montréal pour retourner aux études à Matane. Schizophrène non diagnostiqué, il commet un an plus tard un homicide involontaire et un meurtre au deuxième degré lors d’une crise psychotique qui tourne mal.
Dans le procès d'Alek Minassian, tueur de masse à Toronto (Canada), la défense plaide l'irresponsabilité du fait de son diagnostic d'autisme. La communauté autiste critique la vision de l'autisme présentée par les experts et dans les media.
washingtonpost.com Traduction de "A killer being tried on murder charges is blaming autism. The autism community is outraged." - Amanda Coletta - 2 décembre 2020
Mais Alek Minassian, 28 ans, a plaidé non coupable. Sa défense : il ne peut pas être déclaré pénalement responsable de 10 chefs d'accusation de meurtre au premier degré et de 16 chefs d'accusation de tentative de meurtre, car il a été diagnostiqué à l'âge de 5 ans comme souffrant de troubles du spectre autistique.
Cet argument, inhabituel dans un tribunal canadien, suscite l'indignation de la communauté autiste. Les militants l'ont dénoncé comme " scandaleux " ; ils avertissent qu'il pourrait susciter des craintes infondées au sujet d'une population déjà vulnérable et incomprise.
"Nous allons observer de près car nos enfants et même les adultes autistes sont stigmatisés", a déclaré Dermot Cleary, le président d'Autisme Canada. "Cela n'aide pas. ... C'est tout simplement horriblement mal."
Le procès, qui a débuté le mois dernier sur Zoom et qui est limité aux juges, dépend de l'état d'esprit de Minassian au moment de l'attaque du 23 avril 2018. Il a tué 10 personnes et en a blessé d'autres, laissant une traînée de carnage de plusieurs kilomètres dans le pire massacre de la ville.
En vertu du droit canadien, les accusés peuvent être déclarés non responsables pénalement s'ils prouvent qu'il est plus probable qu'improbable qu'ils souffraient d'un "trouble mental" au moment de leur action qui les rendait "incapables d'apprécier la nature et la qualité de l'acte ... ou de savoir qu'il était mauvais".
De telles constatations sont rares ici et ne constitueraient pas un acquittement, mais Minassian pourrait être envoyé dans un hôpital pour y être soigné plutôt qu'en prison.
Le 3 décembre 2020, des professionnels de la santé mentale lançaient un cri d'alarme. D'eux d'entre-eux, la psychiatre Rachel Bocher et la pédopsychiatre Marie-Rose Moro, expliquent les raisons de leur inquiétude et proposent des solutions.
Le 3 décembre dernier, c’est un cri d’alerte qu’ont lancé des professionnels de la santé mentale. Quatre psychiatres, Serge Hefez, Marie-Rose Moro, Rachel Bocher, Marion Leboyer et la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, demandent des mesures politiques concrètes pour éviter"la troisième vague psychiatrique" du coronavirus.
"Ce que nous disons, c’est qu’il n’y a pas de santé sans santé mentale", précise le Dr Rachel Bocher, chef de service en psychiatrie au CHU de Nantes. "Or, la santé mentale est l’oubliée de la crise du Covid. Il y a les patients qui vont moins bien à cause de la crise, mais l’isolement social, la peur de la maladie, de la mort, du chômage, de la solitude, ont aussi des conséquences sur des populations en détresse psychologique aggravée. Et ce n’est pas pris en compte. Ce qu’on demande aux pouvoirs publics, c’est d’agir vite et d’agir ensemble."
Un "Matignon" de la santé mentale
Il y a eu le "Ségur" de la santé. Les professionnels de la psychiatrie demandent un "Matignon" de la santé mentale.
"Nous attendons des actes, à court terme. Nous constatons une augmentation de 20 % des consultations pour anxiété et des problèmes d’addictologie accrus. Certaines personnes présentent des troubles qui s’apparentent à un syndrome post-traumatique. Plus pour ce deuxième confinement que pour le premier. C’est un effet de la répétition qui génère plus d’angoisse", indique Rachel Bocher.
"Les inégalités psychosociales s’accroissent et pèsent sur la souffrance morale de nombreuses personnes. Les précaires, les jeunes et les femmes étant en première ligne. Nous voyons à nos consultations des gens qu’on n’avait jamais vus. Qui ont un sentiment d’inutilité, des troubles du sommeil. Mon expérience me fait dire que plus ça va durer, plus les séquelles seront lourdes à gérer. Prescrire des psychotropes ne règle pas le problème. Et on voit des patients de plus en plus jeunes."
Déstigmatiser la maladie
Ce que ces lanceurs d’alerte demandent, c’est tout d’abord une campagne d’information pour déstigmatiser la maladie mentale et une plateforme pour le repérage et l’écoute des publics fragiles.
Puis des moyens pour des consultations dédiées à cette détresse due à l’environnement épidémique.
Enfin, dans les six mois, ils souhaitent une mission pluridisciplinaire avec un pilotage interministériel pour réorganiser la prise en charge psychiatrique avec tous les acteurs.
Certaines personnes présentent des troubles qui s’apparentent à un syndrome post-traumatique. Plus pour ce deuxième confinement
Rachel Bocher, chef de service en psychiatrie au CHU de Nantes lieu
"Avant le Covid, la psychiatrie était au bord de l’implosion. L’épidémie a servi de révélateur, poursuit Rachel Bocher. Nous voulons un projet de loi, avec financement par la Sécu, pour une meilleure visibilité du parcours de soins, un accès à des soins de proximité qui passeraient par les généralistes, un soutien à la prévention et à la recherche."
Réinventer la pyschiatrie
Parmi les pistes de réflexion : confier aux psychologues le suivi de psychothérapies pour libérer les psychiatres libéraux, organiser une prise en charge globale, avec les soignants, mais aussi l’école, les éducateurs, les travailleurs sociaux, les généralistes, les professions paramédicales…
Michel Bernouin (avec Fabien Binacchi) Publié le 13/12/20
EPIDEMIEL’hôpital Sainte-Marie propose des consultations psychiatriques gratuites dans ses locaux du boulevard Delfino
Une équipe de psychiatres niçois reçoit gratuitement et sur rendez-vous les personnes fragilisées par les confinements.
« Nous observons une vague d’hospitalisations et les urgences psychiatriques sont saturées », expliquent les docteures Anne-Laure Côte et Michela Giugiario-Gorla.
Face aux difficultés psychologiques liées à l’épidémie de Covid-19 et aux mesures de confinement, l’hôpital psychiatrique Sainte-Marie de Nice a ouvert un accueil « tout public » boulevard Delfino. Une équipe y reçoit gratuitement. Mis en place « lors du premier confinement », et alors que les responsables observaient « une vague d’hospitalisations » et la « saturation des urgences psychiatriques », « cette consultation de soutien psychologique a un rôle préventif », explique le Dr Michela Giugiario-Gorla, médecin chef du pôle de psychiatrie générale au CH Sainte-Marie.
Les signes de mal-être liés à la pandémie et à ses conséquences sont identifiés et peuvent concerner, a priori, tout le monde. « La souffrance peut se manifester par une aggravation de l’état de personnes déjà suivies en psychiatrie, mais aussi dans la population générale chez des gens qui d’un coup se retrouvent en détresse », avance Anne-Laure Côte, médecin psychiatre.
Au printemps, les déprogrammations d’opérations se sont multipliées et les délais se sont allongés pour faire face à l’urgence du Covid. En collaboration avec la Fédération hospitalière française, «Libération» révèle l’état des lieux de la baisse d'activité lors de la première vague, véritable bombe à retardement sanitaire.
Pendant que la première vague de Covid sévissait, jusqu’où se sont entassés les retards à l’hôpital ? Jamais le gouvernement n’a fait état de manière précise de la déprogrammation et de la baisse de l’activité engendrée par la crise sanitaire. En collaboration avec la Fédération hospitalière de France (FHF), Libération publie des données exclusives. Extraites de dizaines de millions d’enregistrements issus du Programme de médicalisation des systèmes d’information (le PMSI, qui permet de coder les activités médicales), elles recouvrent l’ensemble des établissements de santé - hôpitaux publics, hôpitaux privés non lucratifs et cliniques privées commerciales - jusqu’au 30 août. Il n’est pas encore possible d’avoir un panorama pour cet automne : «Il est trop tôt pour connaître la réalité de septembre et de la seconde vague car les données ne sont pas toutes remontées dans le PMSI»,explique Cécile Chevance, responsable du pôle finances et data de la FHF.
Alexandra Lamy dans Tout le monde debout. | Capture d'écran via YouTube
«Parce qu'être acteur c'est un métier.» Interpellé sur son choix d'engager des acteurs et actrices valides pour incarner des personnages handicapés dans son premier film derrière la caméra, Franck Dubosc essaie d'évacuer la polémique en un revers de tweet. Dans les cercles anti-validistes, l'argument avancé par le réalisateur de Tout le monde debout ne convainc pas.
Pour ces militants qui dénoncent un système de discrimination promouvant les valides comme la norme, cette réponse ne peut suffire dans une société où l'égalité des chances n'est pas acquise. «On pourrait peut-être envisager les choses ainsi le jour où des jeunes handicapés qui veulent devenir acteurs ou actrices ne trouveront pas d'obstacles, de toute sorte, pour y parvenir. Mais on n'en est pas là», souligne Elena Chamorro.
Cocréatrice du Collectif lutte et handicaps pour l'égalité et l'émancipation (CLHEE), elle estime que Tout le monde debout est l'illustration parfaite du cripping up, c'est-à-dire le fait de faire jouer un rôle de handicapé à un valide. Venu des États-Unis, ce terme peine à se propager en France, pays où le niveau d'inclusion est, pourtant, encore faible.
«On a vu le tollé déclenché par le fait que Bryan Cranston, acteur valide, joue le rôle d'un homme tétraplégique dans le remake américain d'Intouchables, cite en exemple Elena Chamorro. On ne peut pas comparer la France et les États-Unis quant à la conscientisation sur le validisme, mais nous essayons d'avancer.»
Le site américain Quartz veut le croire : “2020 pourrait marquer un tournant dans notre définition de ce qui caractérise un bon dirigeant – qu’il s’agisse de politique ou d’entreprise.”
L’une de ses reporters, Lila MacLellan, part du constat que le président américain élu Joe Biden a donné durant sa campagne l’image d’un leader prêt à s’effacer pour mettre en avant son équipe et ses soutiens : un positionnement qu’un commentateur du New York Times a qualifié, après l’annonce de la victoire du démocrate, d’“humilité radicale”. Et qui pourrait selon MacLellan trouver un écho dans le monde de l’entreprise.
Un chiffre suffit à prendre la mesure du péril. Chaque minute, l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de déchets plastiques se déverse dans les océans. Ce chiffre et bien d’autres, tout aussi impressionnants, sont compilés dans un volumineux rapport publié, lundi 14 décembre, par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst). « Pollutions plastiques : une bombe à retardement ? », s’interrogent les auteurs, la sénatrice (PS) du Lot Angèle Préville et le député (MoDem) du Maine-et-Loire Philippe Bolo.
L’Opecst avait été saisi, en avril 2019, par le Sénat, afin de « dresser un état des lieux des risques que cette pollution fait peser sur l’environnement et la santé humaine et animal », et des solutions pour la réduire. Près de 140 auditions (chercheurs, associations, agences sanitaires, industriels…) et dix-huit visites sur le terrain plus tard, l’Opecst dresse un tableau très sombre et pointe les résultats « médiocres » et les nombreuses « limites » d’un modèle en échec reposant essentiellement sur le recyclage.
Le mot «laïcité» écrit avec des dessins de Charb, à Montreuil (Seine-Saint-Denis) le 20 octobre.Photo AFP
Dans «France laïque», court essai qu’il dédicace à son ami Bernard Maris, le philosophe fait une mise au point sur les «contre-vérités» qu’il a entendues au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty. La laïcité est anticléricale, rappelle-t-il, elle n’a jamais été un athéisme.
Mexique – Plusieurs études ont montré que la thérapie en ligne est efficace et à travers elle D’excellents résultats peuvent être obtenus en cas d’anxiété, de dépression, de faible estime de soi, de problèmes de troubles de l’alimentation, entre autres, a déclaré José Alfredo Contreras, universitaire à la Faculté de psychologie.
Cependant, a-t-il averti, avant de choisir cette option, il faut prendre en compte que ce n’est pas pour tout le monde, car elle est plus recommandée pour les cas qui ne sont pas graves et ont des exigences différentes pour effectuer une psychothérapie à distance.
En tant que psychologue, j’ai le devoir d’aider au mieux mon patient, sans jugement et dans le respect de son intégrité et de sa liberté de choix.
Le thérapeute est un être humain, un être sensible, traversé par des sensations, des émotions, des pensées, et il ne choisit ni ne commande ce qu’il éprouve lorsqu’il est en contact avec le patient.
Comment faire face et intervenir lorsque des vécus comme la colère, le dégoût ou encore la peur surgissent chez le thérapeute ?
Je me suis longtemps interdite de ressentir des contre-attitudes face aux patients, me disant que ce n’était pas empathique, pas professionnel. En les refoulant et en faisant comme si cela n’existait pas, je m’enlisais et la thérapie tournait en rond.
[...] La résonance
Le concept de résonance de Mony Elkaïm me guide dans cette analyse.
Il définit la résonance comme une « configuration particulière où des personnes appartenant au même système se mettent à vibrer sur le même thème ».
La mort du romancier britannique John le Carré, survenue samedi dernier, est le dernier événement d’une série noire qui a endeuillé cette fin d’année: Diego Maradona, Valéry Giscard d’Estaing, Christophe Dominici, Judith Jarvis Thomson… Un peu partout dans le monde, des communautés anonymes, réunies par le deuil, pleurent ces célébrités qui, chacune à leur manière, ont marqué leur époque. Ces innombrables témoignages d’affection, parfois raillés, posent une question : pourquoi nous attristons-nous de la mort de gens que nous ne connaissions pas personnellement, et qui ne nous connaissaient pas non plus ? Difficile à comprendre, si l’on cantonne nos attachements à la sphère des proches, aux relations conscientes, réciproques, égalitaires. Mais en réalité, explique la philosophe Vinciane Despret, auteur d’Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent(Les Empêcheurs de Penser en Rond/La Découverte, 2015), nos attachements sont beaucoup plus flexibles et extensibles que nous ne le croyons spontanément. Nous sommes capables de nous lier à des idoles, mais aussi à des animaux, et, lorsque ce lien se défait, nous pleurons leur disparition.