- 12 JUIN 2020
- PAR ROYER BENJAMIN
- BLOG : LE BLOG DE ROYER BENJAMIN
Le récit de la correspondance entre un groupe d’étudiants en psycho et les membres du journal Et Tout et Tout d’un service de psychiatrie doté des outils de la psychothérapie institutionnelle et ses effets pédagogiques dès lors qu’il y a subversion des établissements universitaires et de soins par l’invention d’institutions émancipatrices.
Ce texte, rédigé dans l’entre deux tours de la compagne présidentielle de 2017, a été initialement publié dans le numéro d’avril 2018 la revue Institutions de la Fedération Inter-Association Culturelle. Il est reproduit ici avec l’aimable autorisation du comité de rédaction de la revue. J’en profite pour les remercier et invite le lecteur à s’abonner à cette précieuse revue.
Freud Et Tout et Tout © Benjamin Royer
Une offre politique de haine face à un évidemment de la démocratie.
En introduction, quelques propos visant à situer le contexte politique dans lequel il me parait important de situer ces pratiques. Election de D. Trump, Brexit, campagne présidentielle française, entrée de l’extrême droite au Bundestag,… autant de mini-séismes qui s’inscrivent dans le sillage direct d’une série d’évènements à l’échelle de la planète donnant le sentiment d’une accélération des transformations radicales que connait notre monde suite à la crise financière de 2008. Aux mutations économiques et sociales imposées par le mode de gouvernance néo-libéral depuis les années 90, répondent aujourd’hui des mouvements dits populistes qui paraissent pour beaucoup la réactualisation des émergences fascistes de l’entre-deux guerres. Le néo-libéralisme semble à l’origine de la montée des populismes lorsqu’il confisque la possibilité de création d’imaginaires alternatifs[2]. Depuis quelques années, l’expérience que nous faisons quotidiennement de la citoyenneté et du champ politique est en effet une expérience fondamentale d’extériorité, d’impuissance et de dépossession si bien que ce sentiment fonde actuellement notre rapport au politique : lorsque nous traversons un espace, nous ne le changeons pas. La tentation est alors grande d’« accéder à l’histoire, même au prix de l’autodestruction[3] » selon la formule de Hanna Arendt, de jouir d’un libéralisme sans liberté et d’un populisme sans peuple.