Selon cette journaliste et romancière espagnole, se découvrir et montrer son visage signifie, dans nos sociétés, la transparence, la modernité et la sociabilité. Mais l’arrivée de la pandémie de Covid-19 a tout bouleversé et aujourd’hui les masques nous uniformisent.
En 1766, le marquis d’Esquilache, Leopoldo de Gregorio, tombe en disgrâce après avoir voulu éradiquer le chapeau à larges bords et la longue cape derrière lesquels les malfaiteurs méditaient leurs noirs desseins. Charles III [dont le marquis était l’un des plus proches conseillers], en veine de modernisation, voulait rendre Madrid plus hygiénique et plus sûre, mais s’est heurté aux réticences de la population.
Dans les années 1950, aux États-Unis, plusieurs États ont interdit à leurs citoyens de circuler masqués en réaction au Ku Klux Klan, qui imposait sa terreur sous un vêtement préservant l’anonymat de celui qui le portait.
Depuis le 23 mars 2020, Santé publique France a lancé l'enquête CoviPrev en population générale afin de suivre l’évolution des comportements (gestes barrières, confinement, consommation d’alcool et de tabac, alimentation et activité physique) et de la santé mentale (bien-être, troubles).
Infirmières dans le centre hospitalier psychiatrique de Valvert à Marseille lors du déjeuner des patients le 16 avril.Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP
Ils sont schizophrènes, bipolaires, atteints de mélancolie sévère, voire d’idées suicidaires... La philosophe Cynthia Fleury, membre du Comité consultatif national d'éthique, s'est préoccupée de leur sort à l'heure du Covid, en interrogeant ceux qui les prennent en charge.
De manière évidente, les questions relatives au virus, à la prévention des infections et au traitement des formes sévères ont été au premier plan des préoccupations. Puis avec l’essor des contaminations, mais aussi sous l’effet du confinement, on a commencé à se soucier des problèmes de santé mentale, à se pencher sur les retombées du contexte épidémique, de la distanciation et de la quarantaine confinée en termes de souffrance psychologique, voire de risque de dépression.
Il existe peu de données quant à l’impact précis de cette crise sur la santé mentale des populations, que ce soit à court, moyen ou long terme.
Une revue systématique de la littérature, portant sur la comparaison avec d’autres coronavirus (SARS et MERS), a souligné durant les phases symptomatiques l’apparition de perturbations d’ordre psychiatrique (anxiété, dépression, insomnie) et neuropsychologique (troubles de la mémoire, confusion). En outre, certains symptômes maniaques ou psychotiques ont pu être reliés aux traitements (comme les stéroïdes ou l’hydroxychloroquine). Des troubles après la maladie ont aussi pu être retrouvés, de type insomnies, dépression, troubles mnésiques ou bien encore souvenirs traumatiques.
Soigner n’est pas produire à la chaîne ni rentabiliser une usine, relèvent, dans une tribune au « Monde », cinq chefs de services de l’hôpital Lariboisière, à Paris, appelant à une réforme ambitieuse qui leur rende pleinement le sens de leur engagement au service de la population.
Sous contrat avec la ville depuis 2014, le Dr Régis Airault quitte officiellement le centre médico-psycho-pédagogique ce dimanche. Ses patients s’en émeuvent, la mairie assume.
Par Lucile Métout
Le 31 mai 2020 à 12h03, modifié le 31 mai 2020 à 12h06
En ouvrant son recommandé ce lundi-là, il a senti le couperet tomber. Qu'il prépare les cartons : il ne lui reste que quelques jours pour libérer le bureau et prendre congé d'une patientèle de huit ans.
Psychiatre au centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) de Villejuif, le Dr Régis Airault quittera officiellement cette structure municipale ce dimanche soir. Son contrat n'a pas été renouvelé cette fois. Si la mairie « ne fait que mettre un terme à un CDD », l'homme de 62 ans s'estime injustement « remercié à six mois de la retraite ».
« Je n'ai plus de salaire à compter de ce lundi, et je suis contraint de lâcher des patients soutenus jour et nuit en cette période que l'on sait bouleversante, fulmine le psychiatre. C'est d'une violence totale ! »
Qu'entend-on exactement par "intelligences atypiques"? Comment faire pour que celles-ci soient suffisamment reconnues, détectées, valorisées en société, à l'école, en entreprise ?
Faut-il faire l’éloge des intelligences atypiques ?
Dans ce numéro d'Être et savoir nous nous intéressons à l’intelligence, ou plutôt aux intelligences, mais pour interroger la question de la norme en éducation.
Et si nous abordons ce sujet c’est parce que l’intérêt pour les autistes Asperger ainsi que pour ce qu’on appelle aujourd’hui la "neuro diversité" va croissant. Des recherches mais aussi les témoignages des intéressés tendent à montrer qu’il existe des manières totalement différentes, très singulières, d’aborder le savoir et les connaissances - ainsi les neuro-atypiques possèdent des capacités exceptionnelles pour apprendre mais se retrouvent aussi en butte à des difficultés que la plupart d’entre nous vont avoir du mal à se représenter.
franceinfo: Édité par Noémie Bonnin Matthieu Mondoloni publié le
Cette dame, qui vient d'avoir 100 ans, symbolise un nouveau combat en faveur de l’euthanasie.
Hélène Wuillemin a un visage aux mille rides, deux petits yeux rieurs qu’on distingue à peine et depuis le 6 mars dernier, un âge à trois chiffres : "Je viens d'avoir 100 ans. J'aurais bien souhaité ne pas les avoir, mais malheureusement je continue à vivre." Depuis une semaine, cette centenaire, qui habite seule chez elle à Laxou (Meurthe-et-Moselle), près de Nancy, a donc entamé une grève de la faim car on lui refuse, dit-elle, "le droit de mourir".
Hélène redresse son fauteuil électrique. Ses jambes, qui la font tant souffrir, sont allongées. C’est ici, dans cette petite pièce qui lui sert de salon et de chambre, qu’elle passe tout son temps.
Depuis quelque temps, je ne fais plus rien, plus grand-chose. Je regarde un peu la télé, puis je fais des jeux et voilà. Et puis après ça recommence.
Hélène
à franceinfo
Un jour sans fin, dit-elle. Et des douleurs de plus en plus difficiles à supporter. Elle a du mal à se déplacer du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et parfois même… du lit au lit. "J'espérais toujours m'endormir dans mon fauteuil mais non, je ne m'endors pas. Enfin maintenant, je m'endors de plus en plus, alors ce sera peut-être bientôt la fin. C'est ce que j'espère", explique Hélène.
Cette ancienne institutrice, qui a élevé seule ses enfants, dit qu'elle a cherché à se faire euthanasier en Suisse et en Belgique, sans succès. "Je souffre trop ! Quand on souffre comme ça, ce n'est pas la peine de rester."
On doit tous mourir un jour, alors pourquoi attendre 107 ans pour mourir ? À mon âge, à 100 ans, on peut mourir.
Publié le Pour ce docteur britannique, la crise actuelle ne doit pas être considérée comme un événement exceptionnel. Ce virus représente plutôt le dernier vecteur en date de notre finitude et doit nous pousser à réfléchir, en tant qu’individus et en tant que société, à notre façon de mourir.
Si le confinement nous prive de liens sociaux essentiels, il peut aussi nous permettre de nous replonger dans notre bibliothèque et, en s’appuyant sur ce qui s’est noué en corps dans le cabinet de l’analyste (2), formaliser un sentiment et conclure une réflexion.
Il y a quelques mois, j’avais envisagé relire les écrits de Didier Eribon pour comprendre un intérêt passé.
En sortant d’une séance d’analyse, sans vraiment en avoir parlé et en marchant vers le Thalys qui devait me ramener à Liège, j’avais considéré qu’il s’agissait d’une perte de temps. Mes notes de l’époque pouvaient suffire. L’essence du dire du philosophe est très redondante à travers ses textes, même si elle s’appuie sur la connaissance de nombreux auteurs à la pensée complexe. Si nécessaire, la règle analytique (3) fondamentale me ramènerait à l’essentiel.
Mais, dernièrement, j’ai remis la main sur son ouvrage intitulé « Echapper à la psychanalyse » (1). Après quelques jours, ce titre tranchant et la relecture de la quatrième de couverture ne me laissaient pas en paix. Le rédacteur y annonce « une réflexion sur les possibilités de s’inventer soi-même, et sur les moyens de fonder une éthique et une politique de la subjectivation, débarrassées de la conceptualité analytique et du rôle de frein à l’innovation que celle-ci ne cesse de jouer ». Plus encore, le texte devrait permettre de « réactiver… le mouvement de fuite à l’égard » de la psychanalyse.
Selon Didier Eribon, fuir et congédier la psychanalyse sont une nécessité car l’ingéniosité de Freud se donnerait « pour tâche d’assurer le bon fonctionnement de la norme et la perpétuation de la normalité psychique et sociale ». Sa finalité serait d’ « instituer et de légitimer la conformité du choix d’objet sexuel à la norme hétérosexuelle, et même à la pureté sans reste et sans déchet de la norme hétérosexuelle » (4).
LES NUITS DE FRANCE CULTURE par Philippe Garbit LE 31/05/2020
2002 |Entretien avec Jean Bertrand Pontalis, psychanalyste, auteur du livre "En marge des jours" édité en 2002 par Gallimard. Cet entretien de l'émission "Du jour au lendemain" a été diffusé la 1ère fois le 01/05/2002.
Dans cet entretien donné en 2002 dans l'émission "Du jour au lendemain", Jean-Bertrand Pontalis, qui publiait En margedesjours, expliquait sa démarche pour cet essai, dans lequel les rêves étaient très présents :
Je suis très attaché aux rêves (ou les rêves sont très attachés à moi). Dans notre vie nocturne, dans nos rêves, nous sommes près de ceux qui sont loin souvent. Nous pouvons même être près de ceux que nous avons aimés ou haïs, qui ont disparu soit qu'ils sont morts ou perdus de vue. Il se rapprochent de nous dans une présence plus intense, plus vive parfois que dans la vie quotidienne, dans ce que l'on appelle la réalité.
Le musée Maillol rouvre enfin et fait de nouveau tourner les tables avec l'exposition "Esprit, es-tu là ? Les peintres et l'Au-delà". Du 10 juin au 1er novembre 2020, venez admirer à nouveau les tableaux des peintres du XIXe et XXe siècle et défiez les fantômes et les esprits... si vous l'osez !
Le musée Maillolrouvre enfin après la crise dû au coronavirus et convoque les fantômes des peintres avec son exposition Esprit es-tu là ? Les peintres et l'au-delà. Une centaine d'œuvres sont rassemblées pour l'occasion, issues de collections publiques et privées. Du 10 juin au 1er novembre 2020, venez à la rencontre de ces artistes inspirés par des forces surnaturelles...
Trois grands peintres sont au cœur de cette exposition : Augustin Lesage, Victor Simon et Fleury-Josepph Crépin. Ces trois hommes se sont mis à la peinture, poussés par des voix étranges. Ces guides invisibles les ont conduits eux, et tous les artistes représentés dans cette collection, à chercher à établir un lien avec l'au-delà à travers leurs peintures.
Anna Feissel-Leibovici, psychanalyste, vient de sortir chez Librinova un passionnant écrit sur son rapport aux soeurs Brontë. Entre réalité et fiction, elle nous entraîne avec elle sur leurs traces, de Haworth au Japon, s’interrogeant au passage sur la place des soeurs dans son quotidien, et par effet miroir sur l’impact qu’elle, elle pourrait avoir sur leur vie.
questions de Claire Saim
Merci beaucoup à Anna Feissel-Leibovici d’avoir pris le temps de répondre à nos questions avec tant de patience et de minutie.
Son livre, Quel Brontë êtes-vous ?, vient de sortir aux éditions Librinova (en formats broché et numérique), et propose une approche très originale et totalement inédite sur la fratrie Brontë. On ne peut que saluer cette initiative, tant les écrits en français (traduits ou non) sur cette célèbre famille demeurent rares dans les bibliothèques et librairies hexagonales.
Onirik : Bonjour Anna, pouvez-vous en quelques mots, présenter votre parcours, qu’est-ce qui vous a amenée à écrire ce livre ?
Anna Feissel-Leibovici : Je suis devenue psychanalyste après avoir fait de longues études de lettres classiques. Ce sont deux disciplines qui s’accordent très bien et se nourrissent l’une de l’autre. Freud disait que les écrivains précèdent les psychanalystes dans l’art d’éclairer les énigmes de la psyché humaine, et que leurs œuvres ont pour eux valeur d’enseignement. J’étais déjà autrice de deux livres de psychanalyse, mais j’avais le désir d’écrire quelque chose de purement littéraire. Le temps passait, lorsque j’ai rencontré les Brontë. Je parle des personnes, plus encore que de leurs œuvres. Je n’ai plus pu les quitter.