Luxembourg, le samedi 23 mai 2020 - La bataille juridique qui oppose Sébastien Béguerie, inventeur d’une cigarette électronique au cannabidiol (CBD), aux autorités françaises pourrait bien aboutir à une victoire inattendue du premier.
En décembre 2014, l’entrepreneur marseillais annonçait la commercialisation prochaine de ce nouveau dispositif contenant du CBD, une molécule extraite de la plante de chanvre mais qui, à la différence du tétrahydrocannabinol (THC), également extrait du chanvre, serait (dans l’état des connaissances scientifiques) dépourvu d’effets psychotropes.
Dès l’annonce de la commercialisation du produit, Marisol Touraine, alors Ministre de la Santé, demandait l’interdiction du produit avant même sa mise sur le marché.
Des poursuites pénales engagées
Après une enquête diligentée, le concepteur de « Kanavape » ainsi que son associé furent condamnés par le Tribunal Correctionnel de Marseille à dix-huit et quinze mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende pour avoir enfreint la règlementation sur le commerce des plantes vénéneuse (infraction sanctionnée par l’article L. 5432-1-I du Code de la Santé Publique). Se reposant sur une interprétation stricte d’un arrêté du 22 août 1990, le Tribunal en est arrivé à la conclusion que l’immixtion dans la cigarette « du produit des feuilles, bractées, ou fleurs suffisait à rendre illicite l’utilisation de la plante de cannabis à des fins industrielles ou commerciales ».
Ce jugement a été rendu alors même que le produit vendu ne comportait pas un taux de THC supérieur au seuil légal de 0,20 %, après enquête menée par l’Agence nationale de sécurité et du médicament (ANSM).
Paris, le samedi 23 mai 2020 - Le dernier livre de Luc Perino « Patients zéro – Histoires inversées de la médecine » nous offre une pause qui nous fait prendre de la hauteur. A travers chaque récit, l’auteur, médecin diplômé d'épidémiologie et de médecine tropicale, fait une analyse sans concession des errements, des excès et des dérives de la médecine d’hier et d’aujourd’hui. Un livre éclairé à l’humour corrosif qui interroge nos convictions. Luc Perino revient pour le JIM sur cette autre histoire de la médecine à l’aune de la crise sanitaire d’aujourd’hui apportant un éclairage intéressant, même s'il sera parfois probablement discuté.
JIM.fr : Vous racontez l’histoire de Steevy, né avec un os pénien, mémoire génétique du baculum d’homo sapiens. Selon vous, le passé évolutif de l’espèce humaine devrait-il être pris en considération dans l’enseignement de la médecine ?
Luc Perino : Est-il possible d’apprendre l’architecture sans connaître la géométrie ? Si l’homme n’est pas un être biologique, il faudra qu’on me le dise. Avant les biologistes, les naturalistes regardaient la beauté des œuvres de Dieu qu’ils décrivaient. Puis, un jour c’est devenu une science avec la biologie de l’évolution. Et curieusement cette science n’est pas enseignée en médecine ce qui est tout à fait désolant car cela nous permettrait d’appréhender beaucoup mieux la sémiologie, la pathologie, la physiologie… et de les voir de beaucoup plus haut. Peut-être que cela nous éviterait quelques erreurs. C’est mon opinion confirmée par l’expérience.
JIM.fr : Vous dénoncez les ministères et industriels qui, dites-vous, ne se préoccupent pas de la génération suivante. Vous prenez l’exemple de Grégor, né sans oreilles suite à la prise d’un anti-nauséeux par sa mère. Selon vous, les médicaments proposés dans les indications de symptômes induits par l’évolution auraient-ils inévitablement un rapport bénéfices-risques négatif ?
Luc Perino : La thèse selon laquelle les nausées et vomissements gravidiques sont une mesure de protection mise en place chez de nombreuses espèces de mammifères existe depuis longtemps. Cela permet de protéger le fœtus des poisons et toxiques présents dans la nature particulièrement néfastes au premier trimestre de la grossesse. Mais pendant très longtemps, le placenta a été considéré comme une barrière infranchissable. Pourquoi ? Probablement qu’un jour un grand académicien ou un grand universitaire a décrété que c’était une barrière infranchissable ! Alors, on a donné des médicaments aux femmes enceintes, n’importe quel produit, de l’alcool aussi d’ailleurs ! Si vous regardez les livrets de santé datant d’avant les années 1940, il était déconseillé à la femme enceinte de boire plus d’un litre et demie de vin par jour ! Les idées sur le franchissement de la barrière placentaire sont très récentes et viennent de ce drame du thalidomide. Le grand mythe est alors tombé. C’est l’histoire de la médecine ! Depuis, nous réfléchissons un peu plus. D’abord avec les médicaments qui ne sont pratiquement plus donnés durant le premier trimestre de la grossesse et puis parfois, il faut se dire « non » car peut-être l’abstention du patient est la meilleure des solutions pour différentes raisons. D’une part pour protéger le fœtus et surtout, une bonne explication donnée à la mère, comme dans le cas des vomissements, a un effet thérapeutique d’apaisement et de baisse de l’anxiété puisqu’elle se sent protectrice de son enfant. C’est une valeur ajoutée à sa grossesse et le vomissement n’est plus une anomalie.
Dans le huis clos des foyers de l’Aide sociale à l’enfance, le confinement est une épreuve durement ressentie. Enfants placés et éducateurs racontent le poids du quotidien et les tensions intimes et collectives.
Nadia est haïtienne, et elle est venue avec sa famille en France après le tremblement de terre. Elle ne trouve pas sa place dans la fratrie et elle est recueillie par une maison d'enfance vers Paris. Elle n'a plus aucun contact avec ses parents.
On est plus susceptibles de faire des crises pendant ce confinement. Un jeune en a étranglé un autre, l'éducatrice a dû le taper à coups de balai pour qu'il ne le tue pas. Un autre éducateur s'est pris une chaise et s'est ouvert l'arcade. On a dû intervenir, nous, les adolescents.
On est pas dans un foyer pour vivre des situations pires que celles qu'on vivait à la maison.
Arthur est éducateur en Bourgogne-Franche-Comté. Il accompagne des jeunes placés en foyer mais aussi des jeunes qui restent chez leurs parents, ou encore des jeunes plus autonomes qui bénéficient d'un studio.
Les jeunes en studio, on passe les voir habituellement plusieurs fois par semaine. Là, ils se retrouvent seuls dans 15 m2 avec peu de ressources pour s'occuper. Souvent, ils n'ont ni télé, ni Wifi. Certains ont réussi à avoir un code Wifi grâce aux voisins.
L'enfermement peut aussi les ramener à des événements traumatiques qu'ils ont vécus dans leur enfance. Beaucoup ont perdu la notion du temps ; dormant le jour et vivant la nuit.
Marie, dix-sept ans, a été placée dans un studio en novembre 2017 sur Aras, suite à des violences familiales.
La première semaine je suis tombée malade. J'avais du mal à respirer et j'avais des montées de fièvre. C'était angoissant de rester seule.
Les plus petits le vivent très mal de ne plus pouvoir voir leur famille. Mon studio donne sur leur cour en bitume. Et je les vois souvent pleurer.
Les usages numériques en santé continuent de marquer des points. 80 % des Français considèrent que la télémédecine a désormais toute sa place en complément des consultations classiques, selon un sondage* OpinionWay pour la société Deuxième Avis, site spécialisé pour formaliser un second avis médical rapidement.
Selon cette étude, 11 % des Français interrogés ont utilisé un service de télémédecine pendant la crise du Covid-19. Interrogés sur le recours aux consultations à distance après l'épidémie, 19 % indiquent aujourd'hui qu'ils accepteraient une téléconsultation avec un généraliste pour des soins courants et 8 % l'utiliseraient pour consulter un médecin spécialiste plus rapidement ou pour être télésurveillés dans le cadre d'un suivi de pathologie chronique. En revanche, 68 % des sondés précisent qu'ils n'auront pas davantage recours à la télémédecine après la crise.
« Les conditions dans lesquelles certaines études menées sur l’hydroxychloroquine ont été présentées et utilisées, posent question d’un point de vue éthique ». Deux experts d'un cabinet d'avocats estiment que le contexte de crise sanitaire actuel ne dispense de prudence, ni les initiateurs d'études, ni les médecins qui pourraient être tentés par des prescriptions hors AMM. M e Alexandre Regniault et le Dr Alain Rimailho rappellent ici les risques d'une médiatisation excessive en la matière.
Crédit photo : Phanie
CONTRIBUTION - Sans entrer dans un débat scientifique ou méthodologique de fond, il est impératif pour l’initiateur d’une étude, au surplus si celui-ci fait le choix d’utiliser une grande visibilité médiatique pour en présenter les résultats en s’appuyant sur les réseaux sociaux et la presse, d’une part, de soumettre préalablement ses travaux à l’appréciation de ses pairs (qui pourraient faire une lecture en extrême urgence comme on l’observe chaque semaine avec les grandes revues médicales internationales) et, d’autre part, de faire preuve de prudence dans la communication de ses résultats.
La crise du Covid-19 va laisser des traces chez la jeune génération de médecins. Selon les premiers résultats d'une enquête* menée par l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), 47,1 % des internes présentent des symptômes d’anxiété.
18,4 % font état de symptômes dépressifs et 29,8 % de stress post-traumatique. Parmi les internes ayant déclaré des signes d'anxiété pendant la crise, on retrouve ceux en médecine générale (51 %), en spécialités chirurgicales (50 %), en spécialités médicales (47 %) ainsi que les internes en psychiatrie (44 %) et en médecine d'urgence, anesthésie et réanimation (38 %). Parmi les jeunes médecins ayant exprimé le plus de signes dépressifs pendant la crise, on retrouve là encore les internes des spécialités chirurgicales (23 %), ceux en médecine générale (22 %) et en médecine d'urgence ou anesthésie-réanimation (15 %).
Par Eric Favereau— Dans un centre hospitalier des Côtes-d'Armor. Photo Cyril Zannettacci. Vu pour Libératio
Une psychiatre de Moisselles, dans le Val-d’Oise, raconte comment face à des suspections de Covid, un administrateur de l’hôpital a décidé d’enfermer les patients de façon unilatérale et sans aucune justification médicale.
Dans un centre municipal de santé à Montreuil (Seine-Saint-Denis).Photo Stéphane Lagoutte. Myop pour Libération
Avec l'obligation de déclarer les cas positifs à la CPAM, la crise du Covid-19 abîme la relation de confiance entre médecin et patient. Il y a urgence à s'interroger sur la place et le rôle de la médecine dans notre société.
L’impulsion par champ magnétique est une méthode peu invasive pour le cerveau, qui consiste à envoyer des ondes de basse intensité afin de stimuler les connexions entre les neurones. C’est cette technique que des scientifiques des universités de Palo Alto et de Stanford (États-Unis) on testé sur 21 patients atteints de dépression sévère et sur qui les médicaments et les séances de thérapie avaient peu d’effet.
« La fatigue, les morts… En service de réanimation, on prend toujours quelques années à chaque garde, mais peut-être un peu plus en ce moment. » C’est avec des mots pudiques que Marie Saleten, interne en anesthésie-réanimation, décrit ce qu’elle a vécu ces derniers mois durant la crise due au Covid-19, en rejoignant l’unité montée en urgence à l’hôpital militaire de Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). La jeune femme de 27 ans souffle depuis une quinzaine de jours, alors que l’épidémie recule.
Dans ces deux textes, le gouvernement tire les conséquences de la crise du coronavirus, qui remet en lumière le besoin d'améliorer la prise en charge des personnes âgées. Reste que le financement d'une nouvelle branche au sein du système de protection sociale pourrait virer au casse-tête. Franceinfo fait le point sur ce projet.
Qu'est-ce que ça signifie, une cinquième branche ?
Le fonctionnement de la Sécurité sociale s’articule autour de dépenses et de recettes, réparties dans différentes branches. Du côté des recettes, la branche recouvrement est chargée de collecter l'ensemble des cotisations et contributions de Sécurité sociale auprès des entreprises, particuliers, etc.
La cinquième branche proposée par le gouvernement viendrait s'ajouter aux quatre déjà existantes pour gérer les dépenses liées à plusieurs risques. La branche maladie couvre ainsi les frais d'hospitalisations, de consultations médicales ou le remboursement des médicaments. Une deuxième branche gère le versement des pensions de retraite ou de veuvage ainsi que le minimum vieillesse. La troisième couvre les maladies professionnelles et les accidents du travail. Enfin, la branche famille aide les ménages dans leur vie quotidienne et épaule les personnes les plus vulnérables. C'est celle dont dépendent notamment les allocations pour le logement (APL) et le revenu de solidarité active (RSA).
Les autorités sanitaires conseillent désormais un dépistage virologique "au moindre doute" de contamination au nouveau coronavirus. Mais les tests sérologiques, eux, ne sont pas recommandés à grande échelle. Voici quels types de tests peuvent être effectués et pour quelles raisons.
Une employée d'un laboratoire de Levallois-Perret travaille sur des tests sérologiques, le 18 mai. (Reuters)
"Se faire tester au moindre doute." Mardi, dans son point régulier sur la crise sanitaire, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a précisé la stratégie française en matière de tests pour lutter contre le coronavirus. Le dépistage est l'outil privilégié par le gouvernement dans son plan de déconfinement, pour repérer et isoler les nouveaux malades. Mais entre les différents types de tests, il y a de quoi s'y perdre. Tout le monde doit-il se faire tester et comment? Le JDD fait le point.
Une équipe lilloise de chercheurs vient de lancer un outil qui permet de calculer un score de risque individuel de développer la maladie du Covid-19 et d’en décéder. L’idée est d’évaluer le risque pour soi-même mais aussi de comprendre les risques de nos proches et des publics fragiles pour mieux les protéger.