La communauté de soignants vit et affronte de plein fouet la situation exceptionnelle engendrée par l’épidémie de COVID-19. Cette période anxiogène expose certains au risque de dépressions sévères et de pensées ou crises suicidaires.
Décompresser et se détendre, calmer son stress, oublier les moments difficiles vécus dans la journée… Face à l’épisode épidémique d’ampleur du Covid-19, le risque d’augmenter sa consommation de tabac, alcool ou autre substance psychoactive et de développer une addiction augmente.
Le grand soir est-il arrivé pour l’écologie ? Pour en parler, nous recevons Jean-Marc Jancovici, ingénieur consultant en énergie / climat, enseignant à Mines ParisTech et président du think tank The Shift Project.
Le gouvernement en avait fait sa priorité pour l’acte II du quinquennat, mais c’était avant les difficultés que nous connaissons aujourd’hui. Faut-il y voir une opportunité pour les paroles se concrétisent ? Comment amorcer une transition sans effondrement social dans ce contexte ? Comment accompagner et guider les entreprises dans ce moment stratégique ?
Pour en parler, nous recevonsJean-Marc Jancovici, ingénieur consultant en énergie / climat, enseignant à Mines ParisTech et président du think tank The Shift Project
Par Thibaut Sardier— Bruno Latour, chez lui, en 2017.Photo Benjamin Girette
Pour le philosophe, la pandémie est une répétition générale des bouleversements climatiques à venir. Si l’expérience est plutôt ratée, il est encore temps d’agir, en «territorialisant» nos questionnements politiques.
Puisque le virus n’a pas disparu avec le confinement, il va falloir «vivre avec». Et donc réfléchir aux liens qui nous unissent à un microbe. Drôle d’idée pour des humains qui ont déjà du mal à s’organiser entre eux, surtout que les problèmes vertigineux ne manquent pas : la «guerre» sanitaire à peine entamée, il faut déjà affronter la crise économique, tandis que les avions cloués au sol rappellent l’imminence d’une crise écologique peut-être plus désastreuse que l’actuelle. Et si la clé de ces problèmes résidait dans notre capacité à les comprendre ensemble ? C’est la question que Libération a posée à Bruno Latour. Car tout au long de sa carrière, le sociologue et philosophe des sciences s’est attaqué à plusieurs d’entre eux.
L’Inserm lance, avec l’Insee et le ministère de la Santé, une grande enquête sur les effets sanitaires et sociaux de l’épidémie. La sociologue Nathalie Bajos en détaille les contours.
Face à une diminution dramatique du nombre de psychiatres et des financements insuffisants, le secteur doit bénéficier d'une réorganisation structurelle et budgétaire en s’appuyant sur le volontarisme et la solidarité déployés pendant la crise du Covid-19.
L’hécatombe n’a pas eu lieu en psychiatrie. Elle était largement redoutée au début de l’épidémie de Covid-19, dans les services hospitaliers concernés et les établissements spécialisés : « Nos patients ont souvent des facteurs de risques graves – surpoids, diabète –, et le respect des gestes barrières n’est pas très facile pour eux, alors on s’attendait à un désastre, explique Raphaël Gaillard, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, dans le 14e arrondissement de Paris. Mais ça n’a pas du tout été le cas. »
Le phénomène n’a pas été quantifié, mais la demi-douzaine de psychiatres hospitaliers interrogés par Le Monde l’ont constaté, comme le professeur Gaillard, qui a fait ses propres statistiques : « Dans un pôle comme le mien, qui reçoit 12 000 personnes par an, avec 150 hospitalisées en permanence, on a eu au pic de l’épidémie 3 % des patients qui avaient des symptômes [de Covid], contre 19 % des soignants. »
Le tabac – les patients en psychiatrie fument plus que la population générale – est une piste pour expliquer ce décalage (la nicotine pourrait avoir un effet protecteur contre le coronavirus).La chlorpromazine en est une autre. L’hôpital Sainte-Anne mène actuellement des essais cliniques sur ce vieux neuroleptique – utilisé dans le traitement des troubles bipolaires et de la schizophrénie – pour évaluer ses éventuels effets protecteurs face au Covid-19.
Le téléphone sonne et couvre le brouhaha léger d’un Paris qui s’apprête à se déconfiner. Un chat, perché sur un piano droit, remue une oreille. C’est de son salon qu’Emmanuelle Gontier décroche son téléphone. D’une voix posée elle se présente ; à l’autre bout du fil et à plusieurs centaines de kilomètres, une femme appelle au secours : « Je dirige un Ehpad » sont ses premiers mots. Depuis deux mois, ils sont des centaines de soignants (infirmiers, médecins, pharmaciens…) à avoir cherché une oreille attentive en composant la hotline des cellules d’urgence médico-psychologique (CUMP) internes aux grands établissements de santé, de l’AP-HP, ou d’associations extérieures à l’hôpital comme Soins aux professionnels en santé (SPS).
Eux sont en première ligne de la lutte contre le nouveau coronavirus. Ce sont les médecins qui affrontent le virus et qui vivent leur propre angoisse face à une possible contamination. Nous avons recueilli le témoignage de l’un d’eux. Son nom c’est Dr Brahima Sawadogo. Il est Burkinabè et s’est rendu à Paris en décembre dernier pour un stage de spécialisation en psychiatrie, à l'établissement public de santé de Ville Evrard à Neuilly Sur Marne.
Auteur de « Je travaille à l'asile d'aliénés », « La tisane et la camisole », André Roumieux, militant de l'humanisation en psychiatrie, était aussi compagnon d'Emmaüs...
Ce village, Mayrinhac-Lentour, pour lequel André Roumieux éprouvait un attachement très profond, est évoqué avec affection, poésie et humour dans un de ses derniers livres « Les Retournaïres ». En fait, il ne l’a jamais quitté en pensée ; il y revient avec sa famille pour les vacances, avec la complicité de son épouse Marcelle qui aime bien ce coin du Causse.
Né en 1932, André aurait aimé travailler avec son père dont il admire le métier de sabotier-marchand de bois. C’est le cœur déchiré, qu’il quitte son village, ses parents et ses sœurs, Jacqueline et Paulette, pour « monter à Paris » en septembre 1951. Il entre à l’école d’Infirmiers en psychiatrie de Maison Blanche à Neuilly/Marne ; il obtient son diplôme en 1954, est affecté dans un service de Ville-Evrard où il va rester 36 ans. Tour à tour surveillant, puis surveillant chef, il joue un rôle clé dans l’humanisation des soins en psychiatrie. André Roumieux est décédé le 18 avril 2020.
Claire Verstraete Publié le mardi 12 mai 2020 BELGIQUE
Le confinement est difficile à vivre. Suicides, idées morbides, consommations de drogue et d'alcool en hausse témoignent d'un malaise grandissant. Même des personnes saines qui ne présentaient aucun symptôme psychiatrique avant le confinement se retrouvent parfois forcées d'être hospitalisées.
Frédérique Van Leuven, psychiatre et responsable du service de crise de la région du centre, partage un constat inquiétant sur le plateau de Questions en Prime :" Nous avons une augmentation de plus de 50% des mises en observation, ce qui veut dire: une hospitalisation en psychiatrie sous contrainte. Par exemple, quand nous avons des personnes qui vont très mal, qui sont potentiellement dangereuses pour elles-mêmes voire pour d'autres et qui refusent les soins. C'est une mesure très violente et qui est en pleine augmentation."
Dans l’unité psychiatrique du centre médical Le Roggenberg, à Altkirch, les patients hospitalisés ne peuvent pas encore recevoir de visites, les nouveaux arrivants sont automatiquement placés en quarantaine dans leurs chambres et l’accueil de jour reste fermé.
Coronavirus, une conversation mondiale |Aujourd'hui, le philosophe indien Shaj Mohan explique la situation mondiale par le concept de stase. La stase, c'est l'immobilité absolue. Terme à la fois médical et politique, il aide à penser le moment mais aussi à trouver des solutions pour l'après.
Face à la pandémie de coronavirus, Le Temps du Débat avait prévu en mars une série d’émissions spéciales « Coronavirus : une conversation mondiale » pour réfléchir aux enjeux de cette épidémie, en convoquant les savoirs et les créations des intellectuels, artistes et écrivains du monde entier. Cette série a dû prendre fin malheureusementaprès le premier épisode : « Qu'est-ce-que nous fait l'enfermement ? ».
Nous avons donc décidé de continuer cette conversation mondiale en ligne en vous proposant chaque jour sur le site de France Culture le regard inédit d’un intellectuel étranger sur la crise que nous traversons.
Depuis le 24 avril,Le temps du débatest de retour à l'antenne, mais la conversation se poursuit, aussi, ici.
Shaj Mohanest un philosophe indien, ou plutôt du sous-continent, comme il aime se présenter. Il est le co-auteur avec Divya Dwivedi de Gandhi et la philosophie : On Theological Anti-Politics (Bloomsbury UK, 2019), préfacé par Jean-Luc Nancy. Dans ce texte, le concept de santé devient politique.Shaj Mohananalyse la situation d'un monde à l'arrêt, "couronnement de la stase" et fait le voeu d'une démocratie mondiale en devenir.