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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 7 avril 2020

Coronavirus. « À nous tous de garder le lien » selon le pédopsychiatre havrais Alain Fuseau

  PUBLIÉ LE 

Membre de la cellule de crise du Covid-19 au Groupe hospitalier du Havre, Alain Fuseau, pédopsychiatre, revient sur le quotidien des hôpitaux havrais, sur l’attention à porter aux ados et à tous en cette période de confinement, sur le moral des soignants et la nécessité de maintenir des liens forts.


Rencontre avec Alain Fuseau, pédopsychiatre, directeur de Maison de l’adolescent, président de la Commission médicale du Groupe hospitalier du Havre et membre de la cellule de crise du Covid-19.
Comment fonctionne la cellule de crise du Groupe hospitalier du Havre ?
Dr Alain Fuseau « La cellule de crise se réunit quotidiennement, le matin à 9 h, et traite de tout ce qui a trait à la pandémie. Elle est restreinte – nous sommes une petite dizaine dans cette enceinte –, elle traite de l’actualité du Covid-19, de l’état de nos patients, du nombre de lits disponibles, de notre capacité à ouvrir des unités, car la question est de toujours pouvoir anticiper la cinétique de l’épidémie de façon à ce que nos actions soient les plus efficaces possible et surtout qu’il n’y ait pas de blocage. »

 

Coronavirus : les établissements psychiatriques du Puy-de-Dôme se sentent abandonnés

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Dans le Puy-de-Dôme, les hôpitaux psychiatriques se réorganisent pour accueillir leurs malades atteints du Covid-19. La clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche et l'hôpital Sainte-Marie à Clermont-Ferrand ont préparé des lits confinés mais manquent de matériels de protection.
La Clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche se tient prête
La Clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche se tient prête © Radio France - Dominique Manent
Pour l'instant, les patients en psychiatrie sont très peu touchés par le coronavirus (cinq malades selon le dernier bilan de l'ARS pour la région Auvergne-Rhône-Alpes). Pour autant, les établissements psychiatriques, comme l'hôpital Sainte-Marie à Clermont-Ferrand, et la clinique de l'Auzon à la Roche-Blanche, ont pris très tôt la mesure de la situation. Le problème, c'est le manque cruel de masques.

Ils et elles sont en première ligne et racontent leur quotidien, loin de la com’ gouvernementale


PAR SÉVAN MELKONIAN
Ils et elles sont soignants, infirmiers, sapeurs-pompiers, inspecteurs du travail, employés d’Amazon... En première ligne face à l’épidémie de coronavirus, ils racontent et alertent. Une nouvelle série vidéos de Basta !.

6e épisode - Un employé dans l’entrepôt d’Amazon de Brétigny-sur-Orge témoigne : « Nous n’avons aucune protection »

Le 3 avril, le ministère du Travail a mis en demeure l’entreprise Amazon de prendre les mesures nécessaires dans ses entrepôts pour que les normes sanitaires soient respectées et que les salariés puissent travailler en toute sécurité avec les protections adéquates. Parmi les entrepôts visés, celui de Brétigny-sur-Orge (Essonne), où on dénombre déjà quatre cas avérés de coronavirus, dont un dans le coma. Sylvain, employé dans cet entrepôt d’Amazon, nous raconte comment la direction met en danger les travailleurs en bafouant le droit du travail : « À Amazon Brétigny, lorsque nous venons sur le site avec nos propres protections personnelles, la direction nous dit que l’on va faire peur aux gens et qu’on ne peut pas venir travailler comme ça. Ils nous les font enlever. Nous n’avons aucune protection. La direction nous force à prendre des congés payés si on vient travailler avec masques et gants. Des gens risquent leur vie. »
Basta ! vous en parlait :
- Amazon : champion de l’emploi précaire, expert en évasion fiscale et gros pollueur, selon un rapport
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"Nous avons beaucoup d'appels de personnes sans antécédents" : face au coronavirus le Samu du Nord ouvre une cellule d'urgence psychologique

franceinfo:   Solenne Le Hen  publié le 

Depuis le début du confinement, les appels au Samu pour des crises d'angoisse et des suspicions d'infarctus se sont multipliés, ici à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon (Rhône), le 19 mars 2020.  (JEFF PACHOUD / AFP)

Des voix s'élèvent pour mettre en lumière les oubliés de la crise sanitaire

Publié le 06/04/20

Des tribunes pour les personnes polyhandicapées et les "héroïnes oubliées" des Ehpad et du domicile, des initiatives solidaires et inclusives... La rédaction d'Hospimedia a sélectionné des événements marquants de la semaine écoulée.
[Dans la presse] Fragiles, particulièrement vulnérables face au coronavirus mais oubliées. Marie-Christine Tezenas du Montcel et Monique Rongières, secrétaire générale et présidente du Groupe polyhandicap France, alertent sur la situation "tragique" des personnes polyhandicapées. Distanciation sociale impossible, manque de moyens de protection et de professionnels en établissements... "Il faut trouver des solutions, et vite", lancent les deux responsables, qui appellent les pouvoirs publics à agir. "[...] Il suffit d'une signature de votre part pour leur donner l'accès aux masques autant que de besoin, pour sauver sans attendre leur vie si fragile et si précieuse."
Lire la tribune dans La Croix

« L’épuisement, le stress, l’anxiété viendront plus tard » : une psychiatre pour soigner les soignants

Par Catherine Vincent  Publié le 7 avril 2020

RÉCIT Paroles de soignants (5/5). Frédérique Warembourg, 45 ans, psychiatre au CHU de Lille et responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique du Nord, raconte au « Monde » ce que le personnel médical lui dit de la crise sanitaire.

Mardi 24 mars. La semaine dernière, j’ai mis la psychiatrie ambulatoire entre parenthèses. J’ai fait annuler toutes les consultations programmées et je me suis concentrée sur la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP). Lors d’un événement grave ayant un impact collectif – un attentat, un accident du travail dans une entreprise, un suicide dans une institution –, les CUMP ont pour rôle d’apporter leur soutien. Dans la crise sanitaire actuelle, les soignants qui ont en charge des patients atteints par le Covid-19 vont en avoir besoin. La période est très anxiogène pour eux, surtout en réanimation. Leur service a été totalement réorganisé, ils vont voir des gens mourir et, le soir, lorsqu’ils rentrent chez eux, ils se demandent s’ils ne vont pas ramener le virus à la maison. Mon mari et mes deux adolescentes sont confinés et, tous les soirs, moi aussi, j’ai cette inquiétude.

En quelques jours, la plate-forme téléphonique d’écoute a été mise en place, avec un numéro unique. Nous reprenons également les appels « psy » du SAMU, pour le soulager un peu. Il y a dix postes, six pour les soignants, quatre pour la régulation SAMU. Les psychologues, les psychiatres, les infirmiers de psychiatrie du CHU qui se sont portés volontaires se relaient pour répondre aux appels. Les postes sont espacés de plus d’un mètre les uns des autres, il y a du gel hydroalcoolique et des lingettes pour les désinfecter. On s’attend à ce que le nombre des appels augmente progressivement. Mais encore faut-il que les soignants en prennent le temps ! On sait bien que dans le feu de l’action, on a du mal à se poser. A se préserver nous-mêmes, alors que c’est essentiel.

Saint-Lizier. "C’est une nouvelle psychiatrie" : les patients internés préservés

Publié le 
Le Dr Nicole Beydon et l’infirmier Corentin Basso font un point sur la situation à l’unité psy du Chac./Photo DR.
Le Dr Nicole Beydon et l’infirmier Corentin Basso font un point sur la situation à l’unité psy du Chac./Photo DR.
Le Centre Hospitalier Ariège Couserans (Chac) abrite en ses murs l’unité d’hospitalisation psychiatrique du département. Plus de 80 patients y sont soignés à l’abris du monde extérieur et désormais du Covid-19.
Mesures sanitaires et de confinement obligent, les 80 patients du pôle psychiatrique du Chac sont confinés dans les différents pavillons de l’établissement. Ce sont, en tout, près de 400 soignants qui se relaient pour que le quotidien soit adapté sans que les patients ne perdent leurs repères. Interview du Docteur Nicole Beydon, chef du pôle et de Corentin Basso, infirmier.

Coronavirus : « En France, l’obligation de porter le masque serait une révolution »

A Paris, le 18 mars.
A Paris, le 18 mars. FRANCOIS MORI / AP
Tribune. Une équipe de chercheurs de l’université de Hongkong vient de montrer dans un article publié dans la revue mensuelle Nature Medicine, le 3 avril, que le port du masque chirurgical réduisait de façon significative le risque de transmission du coronavirus par la toux ou par la simple respiration. Le même jour, l’Académie nationale de médecine en France recommande que le port du masque « grand public » ou « alternatif » soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement.
Si ces deux avis scientifiques étaient suivis, cela impliquerait une véritable révolution dans l’espace public en France. Le gouvernement français a en effet affirmé, au début de la crise du Covid-19, que les masques chirurgicaux devaient être réservés au personnel hospitalier et qu’ils ne protégeaient pas le reste de la population, celle-ci devant plutôt utiliser les « gestes barrières » comme se laver les mains ou tousser dans son coude.
Les responsables asiatiques, comme le directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, George Gao, ou le doyen de la faculté de médecine de Hongkong, Gabriel Leung, affirmaient depuis plusieurs semaines que cette position, partagée par la plupart des Etats en Europe et en Amérique, était une erreur. La position française sur les masques ne tient pas seulement à une pénurie d’équipements due aux coupes budgétaires dans la préparation aux pandémies.
Elle s’explique également par une définition de l’espace public comme un lieu dans lequel le citoyen moderne se présente à visage découvert. Cet idéal des Lumières réalisé par la Révolution française s’est construit contre les masques dont l’aristocratie s’ornait dans les salons. Il s’est ensuite renforcé lorsque les autorités coloniales de la IIIe République ont imposé le retrait du foulard sur les photographies d’identité en Afrique du Nord.

Coronavirus : « Il est arrivé à ma mère ce qu’elle craignait le plus »

   Séparation, solitude, annonce de la mort par téléphone, funérailles impossibles… Plusieurs proches de victimes de l’épidémie racontent leur sentiment d’impuissance.
Par  Publié le 7 avril 2020
SEVERIN MILLET
Tout est allé si vite. Nathalie Bourson se souvient pourtant de chaque scène, au quart d’heure près. De ce coup de téléphone reçu mardi 24 mars au matin, « à 6 heures moins le quart ». De cet infirmier qui l’informe alors de la mort de son père, Georges Caux, 89 ans, au centre hospitalier de Compiègne (Oise) : « Il l’a annoncé gentiment, comme il pouvait, pour dire qu’il l’avait trouvé décédé à 5 h 10. » De ce sac-poubelle contenant « les affaires » de Georges ; quelques vêtements qu’elle est allée récupérer, le jour même, à l’hôpital. Sans voir son père, « mis dans une housse, à la morgue ».
Nathalie se souvient aussi des premières quintes de toux de Georges, le jeudi 19 mars, moins d’une semaine avant. Lui, répétant : « De toute façon, c’est une bronchite, c’est rien, ça va passer. » Mais le samedi, la fièvre est apparue. « Je n’ai pas percuté tout de suite », dit sa fille. Assistante maternelle, 56 ans, Nathalie vient tous les jours chez ses parents. Eux habitent à Saint-Vaast-de-Longmont ; elle à Verberie, deux communes voisines, au sud de Compiègne. Ginette, 86 ans, la femme de Georges, souffre d’Alzheimer. En décembre 2019, elle se fracture le col du fémur. Georges prend soin d’elle, mais fatigue. Alors Nathalie multiplie les visites.

lundi 6 avril 2020

Téléconsultation : feu vert aux échanges téléphoniques tracés et élargissement de certaines cotations aux spécialistes

PAR 
LOAN TRANTHIMY - 
 
PUBLIÉ LE 06/04/2020

Crédit photo : PHANIE
Patients atteints du Covid-19 ou non, Olivier Véran veut faciliter l’accès aux soins des personnes soumises au confinement. Le ministre de la Santé a autorisé ce samedi 4 avril à titre exceptionnel les téléconsultations par téléphone. Cette décision vise « à améliorer le suivi médical dans un contexte de confinement et à permettre la détection de cas suspects ou le suivi de personnes particulièrement fragiles, lorsque les patients n’ont pas accès aux technologies numériques (smartphone ou matériel de vidéotransmission, connexion Internet ou mobile permettant l’échange vidéo…) », précise le ministère de la Santé. Ce frein à l'accès aux soins pour ces patients fragiles maîtrisant peu les technologies a été relayé par les syndicats de médecins libéraux depuis le début de la crise.

Covid-19 : une hausse des décès de 63 % en une semaine en Seine-Saint-Denis

PUBLIÉ LE 06/04/2020

La publication, vendredi dernier, des chiffres de la mortalité par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) fait apparaître une importante surmortalité en Seine-Saint-Denis, département le plus jeune, mais aussi le plus pauvre de France métropolitaine.
Dans ce département, le nombre de décès survenus dans la semaine du 21 au 27 mars, transmis par voie dématérialisée, est en augmentation de 63 % par rapport à la semaine précédente (du 14 au 20 mars). Dans les départements voisins, le Val-d’Oise et Paris, la hausse est significative, mais moindre, avec, respectivement, des hausses de 47 % et de 32 %, la moyenne régionale s’établissant à 34 %.

Excrétion virale confirmée chez les patients asymptomatiques, une preuve de plus en faveur de la transmission du SARS-CoV-2, selon l'INSERM

PAR 
CHARLÈNE CATALIFAUD - 
 
PUBLIÉ LE 06/04/2020

Crédit photo : AFP
Depuis le début de l'épidémie de l'infection Covid-19, la question se pose : les personnes asymptomatiques peuvent-elles transmettre la maladie ? Une équipe de l'INSERM*, dirigée par Xavier Duval, s'attelle à y répondre depuis fin janvier et l'apparition des premiers cas en France. Les premiers résultats tendent en effet à confirmer ce phénomène, et soulignent ainsi l'intérêt des mesures de confinement.

Coronavirus. Le « calme avant la tempête » en psychiatrie

Marion THORIN    Publié le 
En cette période de confinement, les patients souffrant de troubles psychiatriques doivent faire face à l’isolement. Des psychiatres craignent une aggravation des troubles.

https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMDA0ODJjMDQwNzAzM2NjN2VmMjU4ODM2ZjljNWExNTllZjU?width=1260&height=712&focuspoint=50%2C25&cropresize=1&client_id=bpeditorial&sign=3b5b9a6efa39cda990727370a933fdd00fb1dac6e190ed3a4634a69ec289a02b

Une unité spécifique Covid-19
À l’hôpital Guillaume-Régnier de Rennes, la psychiatre Elisabeth Sheppard témoigne de la réorganisation de son secteur psychiatrique, depuis l’annonce du confinement :  On a dû s’adapter à la pathologie ou à la capacité des patients à suivre, ou non, les règles de confinement. La plupart s’y adaptent très bien. D’autres, en pleine crise ou en pleine pathologie, ont plus de mal à les respecter. Pour le coup, il y a des interdits plus stricts pour ces personnes. 

Un numéro pour aider les familles à soutenir leur proche en souffrance psychique



Publié le 06/04/2020

Le 01 48 00 48 00 est un numéro gratuit, joignable de 13h à 21h 7/7, destiné aux aidants ou membres de l’entourage, quel que soit leur âge, et vivant en Ile-de-France, qui s’inquiètent pour un proche confiné ou en hospitalisation. 
En Ile-de-France, 60 000 personnes ont un parent, un conjoint ou un ami qui vit avec un trouble psychique. Chez certaines personnes, l’épidémie de Covid-19 peut générer une situation avec des effets importants sur la santé mentale : rupture de soins, difficulté à suivre son traitement, rechute ou encore apparition de nouveaux troubles. Les familles se sentent particulièrement démunies et peuvent avoir besoin d’aide pour les soutenir.
L’Agence Régionale de Santé Île-de-France, en partenariat avec l’AP-HP et le soutien du Psycom, a créé pour les familles, aidants ou proches, cette plateforme d’écoute régionale inspirée du call center « familles » du GHU Paris psychiatrie & neurosciences (1er acteur hospitalier des maladies mentales et du système nerveux en France) pour leur apporter une aide sur mesure.
La plateforme, dont les locaux sont installés sur le site Sainte-Anne du GHU Paris (14ème arrondissement), mobilise des professionnels infirmiers, cadres, psychologues, et médecins psychiatres du GHU Paris et de l’AP-HP. Des équipes bientôt renforcées par un appel au réseau sanitaire francilien créé par l’ARS Ile-de-France : www.renforts-covid.fr

Le "monde d'après" : la rupture aura-t-elle lieu ? (1)

Par Brice Couturier   05/04/2020

Tout ce que la planète intellectuelle compte de penseurs de l’histoire-en-train-de-se-faire s’essaie depuis quelques jours à un exercice risqué : tenter de prévoir les conséquences de l'épidémie de Covid-19 sur l'organisation de nos sociétés. Les hypothèses sont aussi nombreuses que contradictoires.
Le "monde d’après", tout le monde a sa petite idée sur la forme qu'il prendra...
Le "monde d’après", tout le monde a sa petite idée sur la forme qu'il prendra... Crédits : Valerie Pirri / EyeEm - Getty
Tout le monde a sa petite idée sur "le monde d’après" : personne ne peut imaginer que la mise en panne de l’économie mondiale pour cause de confinement de la moitié de la population humaine puisse rester sans effet sur la suite de notre histoire.
Et pourtant, nous n’avons aucune certitude concernant l’agenda de la sortie de crise. A cette heure, nous ne disposons ni de traitement efficace ni de vaccin. Et nous ne savons pas encore quelle pourra être l’étendue des dommages, tant sanitaires qu’économiques et sociaux, que risque de nous infliger, dans les mois, voire les années qui viennent, ce nouveau coronavirus. 

Rien ne sera plus comme avant ?

On repère vite un premier clivage entre ceux qui estiment que cette pandémie va créer des ruptures décisives avec le passé et ceux qui pensent, au contraire, que la crise va accélérer des mutations qui étaient déjà amorcées, amplifier des phénomènes préexistants. Les tenants du "Rien ne sera plus comme avant…" s’opposent à ceux qui voient dans la crise l'accélération "d'évolutions qui étaient en germe". C’est une opposition qu’on avait déjà perçue lors de la crise financière de 2008. 
Des tendances puissantes qui étaient déjà en cours seront amplifiées et des clivages préexistants s’aggraver écrit Michael T. Klare dans The Nation
"Le monde sera différent de ce que nous imaginions en temps normaux" écrit de son côté, le philosophe britannique John Gray dans The New Statesman. "Ce n’est pas une rupture temporaire venant créer un déséquilibre temporaire : la crise que nous traversons est un _point de bascule historique_." John Gray peut être considéré comme l’un des tenants les plus radicaux de la thèse de la rupture.

« J’ai peur d’être enfermé là-bas, y a trop de cas » : scènes de la justice ordinaire sous coronavirus

Malgré l’épidémie, les procédures continuent, parfois sans avocats, dans des prétoires largement vidés. Non-respect du confinement, trafic de masques… De nouveaux délits émergent, et de nouvelles règles d’audience.
Par  et  Publié le 6 avril 2020
SEVERIN MILLET
Moins d’un mètre sépare la juge et ses deux assesseures dans la trop étroite salle n° 7 du palais de justice de Bobigny. Alors l’audience se déplace, prend ses aises dans la vaste salle des assises, où les magistrates peuvent laisser un fauteuil d’écart entre elles. A Nanterre aussi, on migre vers la salle d’ordinaire réservée aux assises : le dispositif de visioconférence permet d’y faire comparaître certains prévenus confinés sans les extraire de prison. Toute la journée, dans le hall du tribunal de Paris, gigantesque fourmilière en temps normal, on n’entend rien d’autre que le ronron des escalators et les voix des vigiles postés à l’unique porte d’accès ouverte. A Créteil, l’audience s’achève à 20 heures quand, certains soirs avant le confinement, les débats peuvent s’étirer jusqu’à une heure du matin.
Malgré l’épidémie de Covid-19, la justice continue. Au ralenti, tant bien que mal, mais elle continue. Mercredi 1er avril, Le Monde s’est rendu dans quatre tribunaux d’Ile-de-France pour assister aux comparutions immédiates – l’un des rares « contentieux essentiels » que le ministère de la justice n’ait pas mis sur pause. Partout, le même constat : le coronavirus a vidé les prétoires et bouleversé les audiences. Cambrioleurs, pickpockets et petits trafiquants, habitués de ces procès expéditifs, représentent encore la majorité des dossiers. Mais les comparutions immédiates sanctionnent ces jours-ci de nouveaux comportements délictueux estampillés Covid-19 : non-respect du confinement, crachat sur les forces de l’ordre, trafic de masques, ou violences conjugales sur fond de forte promiscuité.