Rennes, le jeudi 8 août 2019 – Fin juillet, le comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (COPERMO) a donné son feu vert à la restructuration du CHU de Rennes.
Annoncé en janvier 2017 par la maire de Rennes Nathalie Appéré, ce projet de 535 millions d'euros a pour objectif de regrouper sur le site de Pontchaillou l'ensemble des activités de médecine, de chirurgie et d'obstétrique.
Un nouveau bâtiment d'hospitalisation doit donc être construit et des sites fermés (le CHU de Rennes en compte cinq à l’heure actuelle).
La disparition du grand psychiatre Roger Gentis doit nous interroger sur ce que sont les pratiques soignantes actuellement, alors que les idées de la politique du secteur son dévoyées pour justifier de la fermeture massive de lits. Il faut bien admettre la psychiatrie, actuellement en crise, ne parvient pas à organiser le dispositif de soins tel qu'il l'aurait souhaité.
"Je jure que si demain on parlait de liquider en France, par des moyens doux, cinquante à quatre vingt mille mentaux et arriérés, des millions de gens trouveraient ça bien et on parlerait à coup sur d'une œuvre humanitaire et il y en a qui seraient décorés pour ça, la légion d'honneur et le reste..."[1].
Cet ouvrage, de Roger Gentis, reçu par certains professionnels comme un cri de colère qu'il partageait, décrit les méthodes carcérales d'un "grand renfermement" qui perdurait dans les années 1970.
C'est cette publication qui a fait connaître Roger Gentis et lui a fait prendre une place essentielle dans un champ de la psychiatrie qui commençait à se médiatiser et dans un moment où, dans ces années de l'après mai 68, les méthodes thérapeutiques de réadaptation sociale faisaient peur à une partie de la population.
Sans doute, tout n'a pas débuté à St Alban, mais la rencontre intellectuelle, dans cet asile situé au milieu de la Lozère, des Drs Bonnafé, Balvet, Tosquelles, mais aussi Paul Eluard, puis après la fin de la guerre des Drs Gentis et Oury a constitué un élément déterminant pour construire le concept de "psychothérapie institutionnelle".
La psychothérapie institutionnelle va ré-humaniser les hôpitaux psychiatriques. Les gardiens de fous qui assuraient la surveillance des aliénés vont devenir des infirmiers psychiatriques.
"Il y a quelque chose d'extraordinairement faux, paradoxal et presque irréel dans cette situation de l'infirmier exécutant, considéré du point de vue de la psychologie médicale. Plus il obéit, moins il pense, plus il appauvrit son intuition, refoule ses sentiments, tient le malade pour un objet, plus il est bon "surveillant" moins il est bon "soignant". A la limite, il n'est rien, on peut le remplacer - on l'a souvent fait, historiquement - par des dispositifs matériels.
Je croise le bureau du psychiatre. Il en sort, me regarde brièvement et nous nous retrouvons côte à côte à marcher en direction de la salle d’attente. Il s’arrête au pas de la porte, et pendant que je m’élance dans la salle je l’entends clamer le nom de famille de sa patiente.
Moi (je serre la main de ma patiente et la regarde dans les yeux en souriant) :
Bonjour Marie, soyez la bienvenue
Marie (me regarde dans les yeux, sourit) :
Bonjour Thomas
La patiente du psychiatre n’a rien perdu de la scène, et je sens dans son regard un mélange de surprise et de jalousie, comme si elle disait « est-ce possible ? »…
Les incroyables capacités mnésiques de ce Russe né en 1896 ont inspiré auteurs de théâtre et réalisateurs de films. Mais Solomon Cherechevski est surtout à l’origine de travaux importants sur la neurobiologie de la mémoire, les processus cognitifs associés et les synesthésies. Pendant l'été, « le Quotidien » revisite les neurosciences à travers des cas cliniques célèbres.
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Solomon Veniaminovich Cherechevski est né en 1896 dans le village de Torjok, à environ 210 km au nord-ouest de Moscou. À la demande de son père, le jeune homme s’inscrit dans une école de musique afin de devenir violoniste mais un problème d’audition l’empêche de poursuivre dans cette voie. Il devient alors journaliste pour un quotidien moscovite.
Chaque matin, le rédacteur en chef distribue à chaque membre de son équipe les sujets à couvrir et donne de très nombreuses directives. Tous prennent des notes, sauf un : Solomon Cherechevski. Quand on lui demande la raison pour laquelle il ne note rien, le jeune reporter récite au mot près, l’intégralité des propos tenus par le rédacteur en chef. Éberlué par cette aptitude, ce dernier suggère à son journaliste, alors âgé de 29 ans, de se faire évaluer par un neuropsychologue.
C’est ainsi que Solomon Cherechevski fait la connaissance d’Alexander Romanovitch Luria, âgé de 24 ans, en juin 1926. Au vu des résultats obtenus, le patient à la prodigieuse mémoire occupera pendant plus de trente ans une place cruciale dans la carrière du jeune scientifique.
Pourtant, Cherechevski ne réalise pas que ses capacités mnésiques exceptionnelles sont différentes de celles des autres. Selon Luria, Cherechevski « pouvait facilement se souvenir de n’importe quel nombre de mots ou de chiffres » et « aisément mémoriser des pages entières de livres sur n’importe quel sujet et dans n’importe quelle langue ». Ainsi, il pouvait restituer, 12 à 16 ans plus tard, une information sans se tromper, notamment des tables de nombres et des lignes de mots n’ayant aucun sens pour lui.
Par AFP— Un mémorial, avec 58 croix en bois, a été érigé à Las Vegas en mémoire des victimes de la fusillade la plus meurtrière de l'histoire récente des Etats-Unis.Photo Ethan Miller. AFP
A chaque bain de sang, les Américains se divisent sur les explications du nombre record de fusillades dans leur pays, certains avançant des raisons alternatives à la présence écrasante des armes à feu.
Donald Trump, un partisan des armes, a ainsi tenu lundi «la maladie mentale», «la haine» et «les jeux vidéo» responsables des tueries qui ont fait 31 morts ce week-end au Texas et dans l’Ohio.
«Les gens ont des troubles mentaux dans tous les pays et les gens jouent aux jeux vidéo dans tous les pays. La différence c’est les armes à feu», a rétorqué son ancienne rivale démocrate Hillary Clinton.
L’étude du cerveau est en plein essor : les neurosciences, la psychiatrie et d’autres approches cernent son fonctionnement. Nous avons souhaité aborder les plus récentes découvertes de ce domaine. Ce soir avec Serge Perrot, rhumatologue.
Les quelques personnes qui naissent avec une absence congénitale du phénomène douloureux sont-elles plus heureuses dans leur vie ? Non, car elles sont en danger. Est-ce à dire que la douleur est nécessaire voire rédemptrice ? La douleur est dans le cerveau et nulle part ailleurs, nous dira le professeur Serge Perrot.
Cette histoire d’amour entre une jeune femme et un ami en fauteuil roulant questionne la place du handicap dans la société. Son autrice était de passage en France cet été.
Publié le 02 août 2019
A 26 ans, Tsugumi Kawana entame une carrière dans une entreprise de décoration d’intérieur à Tokyo. Lors d’un dîner de travail, elle retrouve Ayukawa Itsuki, son amour d’adolescence. Ses sentiments refont surface et leur naissante relation de couple devra résister aux épreuves de l’âge adulte. Le résumé de ce josei (manga à destination d’un lectorat féminin adulte) est particulièrement classique pour qui lit de la BD romantique japonaise. Mais Perfect World, qui paraît depuis l’automne 2016 en France, est loin d’être ordinaire. Parce qu’Ayukawa, devenu architecte, est sur un fauteuil roulant après un accident. Ce que Tsugumi découvre à l’issue de ce dîner.
« Vous sentiriez-vous capable de vivre une histoire d’amour avec un handicapé ? », demande dès la première case du tome I la mangaka Rie Aruga qui, au fil de sa série, va beaucoup plus loin en questionnant la place des personnes en situation de handicap dans la société.
« Le handicap est quelque chose d’assez invisible au Japon et il y a beaucoup de malaise à ce sujet parmi les gens qui ne savent concrètement pas comment se comporter avec les personnes handicapées. En général, soit ils sont trop prévenants, ils infantilisent ; soit ils ont un comportement froid et intolérant », explique au Monde l’autrice, de passage à la Japan Expo en juillet.
Permettez-moi de commencer cette chronique par un poème qui ne se trouve pas dans le livre dont je vais vous parler...
"Il l'emparouille et l'endosque contre terre ; Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ; Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ; Il le tocarde et le marmine, Le manage rape à ri et ripe à ra. Enfin il l'écorcobalisse. L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine. C'en sera bientôt fini de lui ; Il se reprise et s'emmargine... mais en vain. Le cerceau tombe qui a tant roulé. Abrah ! Abrah ! Abrah ! Le pied a failli ! Le bras a cassé ! Le sang a coulé ! Fouille, fouille, fouille, Dans la marmite de son ventre est un grand secret Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ; On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne Et vous regarde, On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret."
Ce poème, intitulé " Le Grand Combat ", est du Belge Henri Michaux, un des poètes les plus essentiels du vingtième siècle. Dans ce poème, et dans d’autres, il parvient à montrer, poétiquement, que le réel est toujours une trahison. Avec un vocabulaire totalement inventé, il crée des images que tout le monde peut saisir, comprendre. Le réel n’est jamais qu’une apparence, voilà un peu ce qu’il nous dit…
Ce n’est cependant pas lui qui est le personnage central de ce livre. Mais il est présent tout au long du récit de cet album, en arrière-plan, on cite son nom, on reproduit des extraits de ses lettres. Il est l’ami caché de l’héroïne de ce livre. Une héroïne sombre, au destin fait de folie, une femme schizophrène comme l’est l’art dont elle se revendique.
LE 31/07/2019 Depuis le début d’année, trois affaires de meurtre mettent en exergue des auteurs présumés souffrant de pathologies psychiatriques. En écho à ces affaires, Daniel Zagury, expert psychiatre à la cour d’appel de Paris, livre son analyse sur la dangerosité criminelle de cette population. Photo HDDaniel Zagury : « Les crimes commis par les malades mentaux émeuvent plus l’opinion publique. » Photo Ammah ASSOULINE
Zoom sur ces questions avec Daniel Zagury, expert psychiatre auprès de la cour d’appel de Paris, connu pour avoir examiné de grands criminels comme Guy Georges, Michel Fourniret et Patrice Allègre.
Après avoir consacré sa vie à l'étude de la psychiatrie, Roger Gentis s'est éteint, jeudi 1er août, laissant derrière lui ses travaux et ses combats.
L'hôpital Daumézon de Fleury-les-Aubrais est en deuil après avoir perdu l'un de ses anciens médecins, jeudi 1er août.
Né en 1928, à Saint-Étienne (Loire), Roger Gentis a dédié la majorité de sa vie à la psychiatrie et de la psychanalyse. Il a étudié à Lyon, sous la direction de Jean Guyotat.
En 1964, il devient médecin-chef à l'hôpital de Fleury-les-Aubrais où il exerce en tant que psychiatre. Au même moment, il commence à écrire ses premiers livres.
Il est, par la suite, devenu directeur d'un hôpital psychiatrique. Il participe au réseau européen de solutions et de remplacement à la psychiatrie.
En photographiant leurs repas et en partageant leurs expériences, elles cherchent un soutien susceptible de les aider à s’extirper de leur obsession morbide.
« J’ai ouvert mon compte pour m’en sortir. » En 2015, Eva Lecorvaisier, petite brune aux yeux bleus, âgée de 20 ans, s’est créé un alias sur Instagram (_littlepeanut) avec lequel elle postait ses repas et partageait ses réflexions sur sa maladie. Anorexique depuis la classe de troisième, la jeune femme est aujourd’hui « presque guérie » et elle en est convaincue : c’est « aussi grâce aux réseaux sociaux » qu’elle a pu surmonter le mal qui la rongeait.
Internet a longtemps été le terrain de prédilection du mouvement « pro-ana », dont les blogs faisant l’apologie de l’anorexie comme un idéal de beauté à atteindre florissaient en ligne. Cette tendance a nettement reculé ces dernières années, au profit de journaux intimes thérapeutiques sur les réseaux sociaux.
Alors que le poids des troubles mentaux va croissant, 45 % de la population mondiale vit pourtant, selon l’OMS, « dans des pays avec moins d’un psychiatre pour 100 000 habitants ! » Aussi cherche-t-on des solutions, face à cette pénurie. Soit des alternatives humaines, en confiant les patients à d’autres professionnels exerçant des métiers proches : médecins omnipraticiens, psychologues… Soit des alternatives technologiques, fleurant bon la science-fiction : avatars de médecins, logiciels dédiés… Ces méthodes encore (mais de moins en moins) futuristes commencent notamment à intéresser des établissements pour personnes âgées où l’essor des « robots parleurs » est censé répondre au manque chronique de personnel pour stimuler les résidents.