Propos recueillis par Weronika Zarachowicz Publié le 16/07/2018
Le sommeil, une vie méconnue qui passionne la neurologue Isabelle Arnulf. Pour elle, nos cauchemars sont salutaires. Le cerveau s’y entraîne contre l’adversité, en toute sécurité. Enfin, presque…
Etudier ce que le jour doit à la nuit, telle est la fabuleuse et très scientifique mission que s’est donnée la neurologue Isabelle Arnulf, professeure des universités et directrice de l’unité des pathologies du sommeil à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Sa devise ? Observer, encore et toujours, précisément, sans interpréter. Aux côtés d’une équipe soudée de médecins, chercheurs, psychologues, infirmiers, elle observe avec acuité et bienveillance les petits et grands désordres qui envahissent nos nuits.
Somnambulisme, narcolepsie, hallucinations ou comportements violents pendant le sommeil paradoxal (phase au cours de laquelle les muscles restent atones tandis que l’activité cérébrale est intense, accompagnée de mouvements oculaires rapides)… autant de pathologies à comprendre et soigner, autant de portes d’entrée pour mieux explorer cette autre vie, onirique, fascinante, que nous vivons tous, nuit après nuit.
Comment est née votre passion pour l’étude du sommeil ?
Comme souvent, grâce à un super cours, en quatrième année de médecine. Le sommeil, c’était le continent inexploré, il y avait tant à découvrir… En choisissant mon orientation de recherche en neurosciences,
j’ai rencontré Michel Jouvet et je me suis immédiatement dit : « C’est avec lui que je veux travailler ! » Il était déjà auréolé de la découverte du sommeil paradoxal, pour laquelle il a longtemps été nobélisable. Il a passé sa vie à chercher, avec un intérêt encyclopédique, comme ces savants du XVIIe siècle qui connaissaient tout sur tout, et il savait transmettre sa passion en racontant des histoires, c’était fantastique.