Ancien astrophysicien devenu démographe, le chercheur belge parcourt le monde à la recherche des secrets du grand âge.
Avec le temps, certains s’assagissent. Ou se fatiguent. « Moi, j’aurais plutôt tendance à en faire deux fois plus, confie Michel Poulain. Surtout depuis la retraite. » Professeur honoraire de démographie à l’université de Louvain-la-Neuve : le titre inviterait plutôt à l’étude paisible d’un paquet de vieilles données. Installé dans son appartement de Charleroi, le regard posé sur les anciens terrils, il peaufinerait l’analyse d’une cohorte d’écoliers belges des années 1970… Eh bien non ! Certes, Michel Poulain nous a bien reçus un mardi dans le salon de son huitième étage. Mais la veille, il était en Sardaigne ; le lendemain, il partait en Estonie. « Je repasse samedi, et dimanche, je m’envole pour Djibouti. »
A 71 ans, Michel Poulain court le monde à la recherche du très grand âge. Chasseur de supercentenaires, autrement dit d’humains ayant dépassé l’âge vénérable de 110 ans. Il valide les vrais, démasque les faux, parle avec les vivants, ce qu’il préfère, communique autour des morts. Qu’un doute s’éveille dans un recoin de la planète, on le sonne. « Il a une capacité incroyable à naviguer dans les archives, trouver les pièces manquantes, salue Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l’Inserm et spécialiste français des très vieux. Dans tous les pays, c’est pareil. Vous l’envoyez au Japon, où il ne connaît ni la langue ni la culture, et il vous trouvera l’erreur que tout le monde avait laissé passer. »