PUBLIÉ LE 9 AVRIL 2019
Pour Docteur BB, les réformes de la santé vont toujours dans le même sens : la gestion et la rentabilité, sur un mode managérial, au détriment de la qualité et de l’humanité des soins.
Comment gérer la pénurie médicale et l’accès aux soins au vue des enjeux actuels de société (vieillissement de la population, prévalence des maladies chroniques, austérité budgétaire, mise à mal des services publiques, etc.) ? Les propositions examinées actuellement par les députés dans le cadre du projet de loi santé 2022 sont censées répondre à ces interrogations.
Que peut-on en penser au-delà des effets d’annonce ?
À mon sens, les réformes énoncées vont toujours dans le même sens : la gestion et la rentabilité, sur un mode managérial, au détriment de la qualité et de l’humanité des soins. Petit décryptage…
« Ma priorité, c’est que nous augmentions à court terme le temps médical disponible à nombre de médecins constant » (Agnès Buzyn).
On sait donc à quoi s’attendre… La perspective est donc bien de réguler un marché, des ressources temporelles et des actes, avec des injonctions gestionnaires, sans intégrer la pertinence des soins prodigués, du point de vue thérapeutique comme économique d’ailleurs. Car le type d’organisation préconisée par ces réformes ne prend pas en compte la spécificité des pratiques soignantes, de la relation médecin/patient, etc. On gère la pénurie sur un mode quantitatif, sans appréhender les éventuels coûts d’une telle approche, sur le plan de la qualité des soins, de la pertinence des actes prescrits mais aussi en ce qui concerne la réalité des dépenses collectives sur le long terme.
De surcroit, on peut légitimement s’interpeller sur la neutralité apparente de telles dispositions managériales : quelques intérêts privés ne seraient-ils pas susceptibles d’y trouver leur compte et d’exploiter le délabrement programmé depuis longtemps de notre système de santé ?
Depuis des années, les structures sanitaires à mission de service public sont méthodiquement mises à mal, soumises à des exigences intenables voire paradoxales. Une fois ce constat posé, les bonnes vieilles méthodes néolibérales sont alors appliquées : on démantèle, on privatise, on manage, on uniformise, on « lucratise »…