18/09/2018
Les professionnels de la psychiatrie, qui ne cessent de tirer la sonnette d'alarme, attendent beaucoup de la réforme du système de santé.
Le "parent pauvre" de la médecine se fait entendre. Alors que le gouvernement présente sa très attendue réforme du système de santé ce mardi 18 septembre, les professionnels de la psychiatrie ne cessent de dénoncer la situation critique et les conditions de soins indignes de leur secteur. Les prises de positions se succèdent et dressent toutes le même constat: "La psychiatrie publique est devenue un enfer."
Dans le sillage d'un monde de la santé en crise, les professionnels du secteur psychiatrique dénoncent depuis plusieurs semaines un manque criant d'effectifs, de lits et de temps. Des salariés des hôpitaux psychiatriques de Rouen et du Havre ont même mené des grèves de la faim au cours de l'été tandis que près de dix établissements repartis sur tout le territoire - de Saint-Etienne à Amiens - ont également été perturbés par des mouvement sociaux.
"Depuis des dizaines d'années, c'est le parent pauvre de la médecine", a admis la ministre Agnès Buzyn vendredi 14 septembre pour expliquer la situation, avant de promettre "des mesures pour la psychiatrie" dans sa réforme de l'hôpital. Un large défi pour le gouvernement alors que la situation alarmante décrite avec force dans de nombreux témoignages est le fruit de plusieurs facteurs. Le désengagement de l'État depuis des décennies en est un, mais il n'est pas le seul.
La psychiatrie à l'abandon
Si "la psychiatrie française traverse une grosse crise" comme le reconnaît la ministre de la Santé, "elle a des causes multiples", explique-t-elle. Les médecins et infirmiers du secteur, partagent le même constat mais pointent en premier lieu l'inaction des gouvernements successifs malgré une situation qui n'a cessé de se détériorer. "Depuis vingt ans, les rapports se succèdent pour au final très peu de plan... et les difficultés sont toujours là", juge au HuffPost le médecin psychiatre Pierre-Michel Llorca, auteur de l'ouvrage Psychiatrie, l'état d'urgence. Le spécialiste, chef de service au CHU de Clermont-Ferrand, pointe un manque de moyens accordés par l'État, mais également un "déficit d'investissement" dans l'organisation de la psychiatrie en France et la répartition des moyens à travers le territoire.