Opération « die-in » des salariés du
centre hospitalier du Rouvray, organisée
il y a quelques jours à Rouen
(photo Boris Maslard)
Un long silence de dix minutes, des corps allongés sur le trottoir, dont certains enveloppés dans une simulation de sac mortuaire... Des dizaines d’agents du centre hospitalier du Rouvray ont adopté le concept du « die-in » il y a quelques jours, en plein centre-ville de Rouen, pour dénoncer « la mort » progressive de leurs métiers. Ces mêmes salariés qui ont manifesté devant le CHU de Rouen à l’occasion de la venue d’Emmanuel Macron, jeudi dernier. Ces mêmes salariés qui ont acté la poursuite illimitée d’un mouvement de grève entamé il y a plus de deux semaines dans l’hôpital psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen. « Cela fait des mois qu’on dit à notre direction que ça va craquer », lâche Jean-Yves Herment, délégué CFDT, alors
Suroccupation des lits, effectifs insuffisants, manque global de moyens : « on tue le sens de notre métier », se désole Julie, qui pointe « la dégradation abyssale » constatée pour sa part à l’échelle de ses onze années de présence au Rouvray. Les mouvements sociaux n’ont certes rien d’inhabituel dans l’établissement. Celui-ci dégage néanmoins une impression de ras-le-bol inédite, caractérisée par la constitution spontanée d’un collectif fédérant les mécontentements au-delà du traditionnel champ syndical : celui des Blouses noires, dont les rangs grossissent peu à peu. « À l’origine, on a choisi ce métier pour son aspect relationnel, résume Hugo, l’un de ses fondateurs. Mais maintenant, on gère uniquement l’administratif, nous sommes devenus des distributeurs à médicaments. »