Avoir 20 ans en 2018 (1/5). Cinquante ans après Mai 68, « Le Monde » consacre une série d’articles aux jeunes d’aujourd’hui. Premier volet : leur rapport à l’engagement.
Militer. L’étymologie miles (« soldat ») subsiste, mais l’ardeur militaire (militare, « être soldat »), elle, est passée de mode. La marche forcée, l’embrigadement, l’encadrement ne collent pas avec l’individualisme en vogue. Le militantisme, lui, n’est pas mort. Il a juste fait sa mue. Les formes d’engagements ont été revues, la jeunesse s’est affranchie de la tradition, et milite à sa façon.
« A ceux qui pensent qu’il n’a plus de sens, je rétorque qu’au contraire, le militantisme pour un autre monde n’a jamais été autant d’actualité. Nous devons nous engager et ne pas laisser les autres décider de notre avenir sans nous bouger. » Léonard, 23 ans, ne supportait plus « de [s] e sentir impuissant ». « Réveiller la flemme de l’engagement » est un désir largement partagé par la jeunesse française. Demander « si les jeunes ont encore des idées qui leur tiennent à cœur » courrouce Pauline, 22 ans, militante en faveur d’une « meilleure transparence du débat politique ». Dans ce monde « trop souvent sourd à la parole des jeunes », Gratien, étudiant lillois, ne se reconnaît pas. D’après une enquête du Credoc menée entre 2015 et 2016 auprès de 4 000 jeunes âgés de 18 à 30 ans, près de la moitié (47 %) des jeunes estiment que leur avis ne compte « plutôt pas ».