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vendredi 23 février 2018

Vivre avec la démence

Le psychiatre Jean Maisondieu et la sociologue Laëtitia Ngatcha-Ribert sont les auteurs de deux ouvrages sur la maladie d’Alzheimer qui invitent à changer de regard sur les patients.

LE MONDE  | Par 

Les livres. Les livres sur la maladie d’Alzheimer ne sont pas une denrée rare. Rien de surprenant quand on sait qu’en France le ministère de la santé évalue à 860 000 le nombre des personnes atteintes et à 225 000 celui des nouveaux cas chaque année. Viennent de paraître deux ouvrages aux objectifs différents.

Avec « Le Crépuscule de la raison », Jean Maisondieu, psychiatre honoraire des hôpitaux, défend deux thèses.

« Le Crépuscule de la raison. En finir avec l’Alzheimer sans frontières », de Jean Maisondieu (Bayard, nouvelle édition, 432 pages 22,90 euros).
La première est que « les troubles démentiels si fréquents chez les personnes âgées ne sont pas exclusivement dus à des atteintes organiques du cerveau » mais « peuvent aussi résulter des difficultés relationnelles de la personne avec elle-même » (psyché), « et/ou avec les autres » (social) ou « encore témoigner de certains dysfonctionnements communications » (langage).

Sa seconde thèse est que « l’angoisse de la mort joue un rôle essentiel dans leur apparition. »

Jean Maisondieu livre une description sans fard de l’état dans lequel se trouvent les pensionnaires d’institutions. Néanmoins, le raisonnement par lequel, l’auteur étaye ses conceptions cliniques laisse parfois dubitatif.

L’apport de la vidéo


L’une de ses patientes âgée de 76 ans, Alice reconnaissait sur un écran les autres patients hospitalisés mais pas elle-même. Il en déduit, face à un « symptôme aussi fin » qu’il « faudrait une lésion bien extraordinaire pour le provoquer. » Il serait donc « plus raisonnable d’imaginer que la conduite d’Alice avait un sens, qu’elle était dictée par son psychisme avant d’être inscrite dans un trouble organique ? » Ne pas tout réduire au biologique est sage, mais récuser une base organique au motif de la finesse d’un symptôme n’est pas convaincant.
Jean Maisondieu invite à changer le regard sur les patients et souligne l’apport en cela de la vidéo pour « dépasser cette non-reconnaissance de soi chez le dément. »

Le propos de Laëtitia Ngatcha-Ribert est autre. Docteur en sociologique et chargée d’études senior à la Fondation Médéric-Alzheimer, elle aussi insiste sur la nécessité de changer le regard sur cette maladie qui fait à présent l’objet d’un écho médiatique important. Mais, c’est pour faire un plaidoyer en faveur des nombreuses initiatives, en France comme ailleurs en Europe, de rendre les villes plus amicales et accueillantes envers les personnes touchées par la maladie d’Alzheimer.

« Alzheimer : vers une société “amie de la démence” ? », de Laëtitia Ngatcha-Ribert (Le Bord de l’eau, 108 pages, 10 euros.
Parmi les nombreuses initiatives locales, l’auteure évoque des villes en Belgique, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre et au Pays de Galles. En France, le mouvement est plus balbutiant et Rennes entend être la première ville française « amie de la démence. » C’est par le « bien vivre ensemble et l’inclusion ; l’activisme, la participation et le militantisme ; et enfin la communication et la lutte contre la stigmatisation », estime Laëtitia Ngatcha-Ribert, qu’il sera possible de faire que les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer pourront « continuer de vivre normalement au sein de la société ».

« Le Crépuscule de la raison. En finir avec l’Alzheimer sans frontières », de Jean Maisondieu (Bayard, nouvelle édition, 432 pages ).

« Alzheimer : vers une société “amie de la démence” ? », de Laëtitia Ngatcha-Ribert (Le Bord de l’eau, 108 pages

Drogue : l'héroïne, catastrophe invisible

Par Guillaume Erner     23.02.2018

Superfail |Retour sur un mal invisible, celui de l'héroïne, qui cause des hécatombes dans le déni des pouvoirs publics.

Matériel d'un laboratoire de transformation d'héroïne, dans les locaux de la brigade des stupéfiants du SRPJ de Marseille le 23juillet 1999 découvert lors d'une opération policière dans le cellier d'un commerçant de Martigues, près de Marseille.
Matériel d'un laboratoire de transformation d'héroïne, dans les locaux de la brigade des stupéfiants du SRPJ de Marseille le 23juillet 1999 découvert lors d'une opération policière dans le cellier d'un commerçant de Martigues, près de Marseille. Crédits :PATRICK VALASSERIS - AFP

Notre invité aujourd’hui, Michel Kokoreff, est sociologue, professeur à l’université Paris 8 et co-dirige La catastrophe invisible, histoire sociale de l’héroïne aux éditions Amsterdam. Ils ont mené avec les contributeurs du livre une immense recherche collective sur l’héroïne, cette drogue inventée comme produit pharmaceutique miraculeux en 1892, au départ un anti douleur, mais hautement addifictif.
L’héroïne est devenu ensuite l’or blanc, objet de trafics à l’échelle la plus large entre le Moyen-Orient où est fabriqué le pavot transformé en morphine et un certain nombre de laboratoires qui fabriquent l’héroïne à destination du marché américain.
Aujourd’hui, la mortalité liée à l’usage de cette drogue est comparable à celle de la mortalité routière. Mais il existe un grand déni des pouvoirs publics face à cette question...


En Inde, les ravages du sexisme dès l’enfance

Dans sa chronique mensuelle, l’économiste Paul Seabright revient sur une étude publiée en 2017 pointant la discrimination pratiquée à l’encontre des filles, en Inde, en faveur des fils, notamment aînés.

LE MONDE ECONOMIE  | Par 

Recherches. Parmi les discriminations dont les femmes font encore l’objet dans le monde d’aujourd’hui, il en est une qui a reçu moins d’attention des médias ces derniers temps. Elle concerne la nourriture des petites filles dans les pays les plus pauvres.


Un enfant sur quatre dans le monde souffrait en 2014 d’un retard de croissance à cause d’une nourriture insuffisante, selon l’Unicef. Plus de 30 % de ces enfants habitent en Inde, un pays où l’on observe des retards de croissance chez 40 % des enfants, malgré la croissance économique impressionnante du pays ces dernières années.

Une étude récente met en cause la discrimination en faveur des fils, et notamment des fils aînés, comme un facteur majeur du maintien de ce ­lamentable état des choses (« Why are Indian children so short ? The role of birth order and son preference », Seema Jayachandran et Rohini Pande, American Economic Review, 107/9, 2017, lien vers PDF en anglais).

La mémoire aurait-elle une origine virale ?

Deux études ont établi que l’un des gènes-clés pour la formation de la mémoire était le cousin évolutif d’un gène de virus.

LE MONDE  | Par 

Carte blanche. A priori, il n’y a aucun lien entre une infection virale et la madeleine de Proust. Le romancier, bien que de santé fragile, n’a pas écrit La Recherche sous l’effet d’une forte fièvre, sinon une fièvre littéraire. Pourtant, deux études publiées dans la revue Cell en janvier ont établi que l’un des gènes-clés pour la formation de la mémoire était le cousin évolutif d’un gène de virus.

Avec la gestation pour autrui, revoyons la notion même de parentalité

Par Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste — 

Avec la GPA se pose la question du «devenir mère». Des études cliniques menées à travers le monde montrent aujourd’hui qu’après leur grossesse, les gestatrices vont bien, et que la relation de l’enfant à ses parents d’intention se met correctement en place.

A un moment où les invectives et sombres prophéties sur la gestation pour autrui (GPA) continuent de fleurir, il est intéressant de revenir sur ce que la psychanalyse a dit de la maternité. Qu’est-ce qui «fait mère» ?
En «langue psy», le «devenir mère» est un processus de maturation psychique qui est loin de se calquer automatiquement sur la grossesse ou l’accouchement. C’est donc un postulat simpliste de penser que la physiologie constituerait l’alpha et l’oméga de la maternité. Postulat pourtant souvent présenté par les détracteurs de la GPA comme une vérité incontestable en s’abritant derrière un vieil adage - complètement dépassé - du droit romain : mater semper certa est (la mère serait toujours certaine au motif qu’elle a accouché).

Après le commerce de vos données personnelles, voici celui de vos données génétiques


CHARLES-ELIE GUZMAN
 13 FEVRIER 2018

Le séquençage de l’ADN est devenu une pratique courante dans les laboratoires. Les méthodes s’améliorent chaque jour et permettent aux scientifiques et aux médecins des progrès considérables dans leurs recherches. Mais vous êtes-vous demandé d’où venait cet ADN ? La question n’est pas souvent posée mais pourtant, le commerce de l’ADN est une pratique qui enrichit plusieurs sociétés dans le monde. Elles se sont fait une spécialité de vendre des codes génétiques à leurs clients laboratoires ou industries pharmaceutiques. Un commerce juteux dans lequel le propriétaire de l’ADN ne voit rien passer. C’est ce que veut changer le professeur de Harvard Gorge Church, figure emblématique et parfois controversée de la génétique moderne. Il envisage d’associer une blockchain aux codes ADN afin de rémunérer, en cryptomonnaie, les propriétaires de ces données génétiques.































































































































Les antidépresseurs plus efficaces que le placebo, confirme « The Lancet »

22.02.2018
Largement prescrits à travers le monde dans les troubles dépressifs majeurs, les antidépresseurs ont suscité de longue date des doutes quant à leur efficacité et leur acceptabilité, rappellent dans « The Lancet » les auteurs d'une méta analyse incluant un total de 116 477 participants.
Tous les antidépresseurs font mieux que le placebo, mais avec une efficacité faible à modérée selon les molécules, conclut l'équipe dirigée par le Dr Andrea Cipriani, psychiatre à Oxford, d'après l'analyse 522 essais randomisés double aveugle.
Ce gros travail est une version actualisée sur 21 molécules couramment prescrites par rapport à leur analyse précédente qui portait sur 12 d'entre elles. Près de 80 % de l'ensemble des essais (n = 409) étaient soutenus par les laboratoires pharmaceutiques et cette récente analyse totalise la plus grande proportion de données non publiées (274 essais, 52 %).

Antipsychotiques : privilégiez les formes injectables dès le premier épisode ?

12/02/2018






Comment choisir le bon antipsychotique devant un premier épisode psychotique ? La connaissance fine des neurotransmetteurs peut guider le choix du traitement, mais la symptomatologie n’oriente pas toujours vers telle ou telle molécule. L’evidence based medicine nous aide dans le choix de l’antipsychotique, avec des essais contrôlés randomisés, et des méta-analyses d’essais, qui utilisent comme gold-standard l’intensité des symptômes après (généralement) 6 semaines de traitement. 


Seulement, dans la « vraie vie », les patients ne sont pas toujours les mêmes que dans les essais, et il vaut mieux savoir raisonner à plus long terme qu’à 6 semaines. C’est pourquoi des chercheurs finlandais ont conduit une large étude de cohorte pour tenter de répondre à cette question simple : quel est l’antipsychotique qui permet le mieux d’éviter les ré-hospitalisations ? 

Des médecins et des directeurs d'hôpital créent un super think tank

Anne Bayle-Iniguez
| 22.02.2018
Le Syndicat des managers publics de santé (SMPS) et MNH Group* – par l'entremise du Dr Philippe Denormandie, chirurgien orthopédique et directeur Relations santé de la mutuelle – lancent un cercle de réflexion pluridisciplinaire sur l'avenir de l'hôpital et du système de santé.  
« Il s'agit d'une démarche lancée par des hospitaliers pour des hospitaliers, impulsé par le SMPS avec le soutien de la MNH, a expliqué Jérémie Sécher, patron du SMPS, mercredi lors d'un point presse. L'enjeu est de présenter aux pouvoirs publics au mois de mai des propositions concrètes et opérationnelles, en adéquation avec le calendrier de la stratégie de transformation du système de santé lancée la semaine dernière par le Premier ministre. »

Urgences psychiatriques de Lyon : un documentaire diffusé le 11 mars sur M6.

Leblogtvnews.com  Publié par Pascal 22/02/2018

Un documentaire de Zaina Izabachene, présenté par Bernard de La Villardière le dimanche 11 mars à 23 heures sur M6.
En France, des millions de personnes souffrent de troubles psychiatriques. Schizophrénie, dépression, bipolarité... Quand ces pathologies se déclarent, les services d’urgences sont le premier recours.

A l’hôpital Edouard-Herriot de Lyon (Rhône), une équipe de psychiatres et d’infirmiers spécialisés accueillent 8 000 patients par an, majoritairement pour des crises psycho-sociales : des burn-out, des addictions, des coups de folie ou des tentatives de suicide. Les cas les plus graves sont hospitalisés au Vinatier, à Bron dans la banlieue lyonnaise, le plus grand établissement psychiatrique de France. Près de 6 000 patients y sont pris en charge chaque année.

Spécialisation des médecins et polypathologies des patients

  Univadis La référence en ligne des professionnels de santé 
  • Serge Cannasse
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  •  Univadis Actualités Médicales
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D’après une étude écossaise, la proportion de patients ayant au moins deux pathologies associées s’élève à environ 50% à l’âge de 60 ans et à 80% à l’âge de 80 ans. À cet âge, seuls 10% des patients n’ont aucune maladie, alors que 40% d’entre eux en ont au moins quatre et 15% au moins six. Aux États-Unis, du seul point de vue économique, les patients ayant au moins deux affections représentent les trois quarts des coûts du système de soins américain et 93 % des dépenses de Medicare, le régime santé des personnes âgées. Les données manquent pour la France, mais elles sont vraisemblablement comparables.

Pourtant, remarque le Dr Richard Smith, ancien rédacteur en chef du British Medical Journal , tout le système de soins repose sur un modèle donnant la primauté à la prise en charge d’une maladie et d’une seule, depuis la formation des futurs médecins jusqu’à l’organisation des soins, en passant par la structure des essais cliniques. Les médecins eux-mêmes abondent dans ce sens : la médecine générale est de moins en moins choisie par les étudiants et les autres poussent la spécialisation jusqu’à l’expertise dans un sous-domaine du domaine. Richard Smith donne deux exemples personnels. Un moment rédacteur en chef du British Journal of Ophtalmology , sa surprise fut grande de constater que le journal avait un rédacteur spécialisé dans chaque tunique de l’œil ! Et quand il a demandé à un orthopédiste pourquoi il ne lisait jamais le BMJ, la réponse a été on ne peut plus claire : « Aucun intérêt, je suis spécialisé dans l’épaule, le reste ne m’intéresse pas. »


Dépression post-partum : repérer au plus tôt pour limiter les répercussions chez l’enfant

Univadis


    • de Agnès Lara
    •   
    Netsi E.  
  •  JAMA Psychiatry   31 janv. 2018
    À retenir
    La dépression post-partum double le risque de troubles du comportement chez le jeune enfant. Les mères dont la dépression persiste au-delà de 8 mois après la naissance présentent un risque accru de dépression prolongée (risque observé jusqu’au 11 ans de leur enfant). Le risque de répercussion chez l’enfant est alors plus important, en particulier lorsque la dépression est d’intensité sévère. Les auteurs encouragent donc les praticiens à repérer et à prendre en charge ces femmes durant la période périnatale (période privilégiée de par la plus grande fréquence des contacts du couple mère-nourrisson avec le corps médical), mais aussi tout au long de la première année suivant l’accouchement, de façon à limiter les conséquences chez l’enfant.
    Pourquoi est-ce important ?
    La dépression post-partum (DPP) est un phénomène fréquent, affectant 10% des femmes dans les pays occidentaux. De nombreuses études ont montré qu’elle avait des répercussions sur l’enfant, augmentant notamment les troubles de comportement chez le jeune enfant et le risque de dépression chez l’adolescent, et réduisant le niveau de scolarité. En particulier, la chronicité et la persistance de la dépression de la mère apparaissent déterminants pour le développement de l’enfant. Mais les répercussions des dépressions post-partum associant ces deux caractéristiques ont été peu explorées. À partir de quel niveau de sévérité et de chronicité peut-on s’attendre à des conséquences sur l’enfant ? Une étude britannique vient de répondre à la question.