Rosanne Mathot 15/12/17
Serions-nous tous en train de perdre la boule ? Le nombre de diagnostics psychiatriques explose, la consommation de psychotropes flambe et l'OMS estime que la dépression, en tant que maladie chronique, sera, d'ici à 2020, le trouble le plus incapacitant de la planète. Mais alors que la psychiatrie trône sur nos existences, elle se refuse toujours à définir son objet. Et si c'était elle qui était malade ?
" Peut-on devenir fou ? " :la question fait bafouiller les experts qui clopinent dans leurs petits souliers. Posée à dix praticiens (psychiatres, neurologues, experts-psychiatres, psychologues), l'interrogation a reçu dix réponses différentes, balayant tout le paysage des possibles, du " non " au " oui ", en passant par le " peut-être ", ou le " parfois ". En fait, depuis plus de deux mille ans, le monde s'excite autour de la notion de folie, vagabondant entre théories médicales vaporeuses et égarements théologico-philosophiques. En vain.
Force est de constater qu'en 2017, alors que les diagnostics de troubles psy explosent, la psychiatrie reste une science qui se refuse à définir son objet : la folie et son antonyme, la santé mentale. Les " troubles mentaux " bénéficient de vagues et troublantes définitions établies par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et l'association américaine de psychiatrie, APA, via son lexique, le DSM. Mais ces explications sont tellement alambiquées, contradictoires et frêles que le simple bon sens s'étonne que les psychiatres puissent les utiliser.