Le rapport consacre tout un chapitre sur les effectifs soignants. "La prise en charge de personnes, y compris lorsque celles-ci ne sont pas privées de liberté, est une fonction d'aide, indissociable d'une d'une grande disponibilité car elle suppose en premier lieu du temps de présence et une forme de relation dans laquelle la connaissance mutuelle, la capacité d'attention et la confiance sont des conditions du succès", explique-t-il.
« Les djihadistes sont-ils fous ? » C'est le titre – volontairement provocateur – d'un dossier que Le Point.fr, voici quelques mois, consacrait à la radicalisation. La série d'articles interrogeait des spécialistes du renseignement, des magistrats et des avocats, et bien sûr de nombreux professionnels de la santé, pour tenter de trouver des réponses au phénomène djihadiste. Enquêtes, analyses, interviews… Ce dossier, disponible ici dans son intégralité, est plus que jamais d'actualité.
Depuis plusieurs mois, les expressions de « course folle » et de « camion fou » nourrissent les gros titres des médias et agacent les commentateurs. Plutôt que de parler de « camion fou », ne devrait-on pas évoquer le terroriste qui se cache derrière le volant ? N'est-ce pas une manière de le déresponsabiliser ? Sauf que, les exemples récents le montrent (Marseille, Paris, Dijon, Sept-Sorts), de plus en plus d'attaques répondant aux codes terroristes de l'EI sont menées par des déséquilibrés.
Associer les hôpitaux psychiatriques à la détection de la radicalisation
Le phénomène inquiète dans les plus hautes sphères de l'État au point que Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, a proposé, au lendemain de l'attentat de Barcelone, d'associer les hôpitaux psychiatriques à la détection de la radicalisation. Des propos qui font polémique au sein de la communauté scientifique. Dans Le Monde, le psychiatre David Gourion met ainsi en garde contre l'idée selon laquelle les terroristes seraient « essentiellement des malades mentaux ». Aucune donnée ne permet de l'affirmer, écrit-il. Le psychiatre s'inquiète également des « protocoles » évoqués par Gérard Collomb et qui doivent être mis en place entre les ministères de l'Intérieur et de la Santé.
La réponse du corps médical au ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, ne s'est pas fait attendre après qu'il a déclaré hier 22 août sur BFM TV qu'il "souhaitait mobiliser le corps médical" au motif qu'"à peu près un tiers" des personnes signalées pour radicalisation "présentent des troubles psychologiques".
Dans un entretien accordé La Croix, le Dr Jean-Marie Faroudja, président de la section éthique et déontologie au Conseil National de l'Ordre des Médecins, rappelle que "la mission d'un psychiatre n'est pas de collaborer avec la police" tout en affirmant qu'un médecin est sensible à la nécessité de lutter contre le terrorisme.
Pour le psychiatre David Gourion, l’appel du ministre de l’intérieur aux médecins pour « identifier les individus radicalisés » est « aberrant ».
LE MONDE| | Propos recueillis par Henri Seckel
Lundi 14 août, un homme envoyait sa voiture contre une pizzeria de Sept-Sorts (Seine-et-Marne), faisant un mort. Une semaine plus tard, à Marseille, un autre homme tuait une femme en propulsant son véhicule sur des arrêts de bus. Dans les deux cas, les conducteurs présentaient des troubles psychologiques.
Vendredi 18 août, au lendemain des attentats à la voiture-bélier de Barcelone et de Cambrils (Espagne), Gérard Collomb disait vouloir « mobiliser les hôpitaux psychiatriques pour identifier les individus radicalisés » et « repérer l’ensemble de ces profils qui demain peuvent passer à l’acte ». Puis le ministre de l’intérieur pointait, mardi 22 août, les « esprits faibles pouvant se laisser aller à des actes de mimétisme ».
David Gourion, psychiatre libéral et ancien chef de clinique à l’hôpital Sainte-Anne, s’élève contre des mots qu’il juge « aberrants » et des propositions qu’il estime « inefficaces ».
Un psychiatre est-il capable de « repérer des profils qui peuvent passer à l’acte » ?
On voit à quel point c’est difficile puisque l’homme qui a foncé dans les arrêts de bus à Marseille avait passé récemment une visite psychiatrique et n’avait pas été signalé. Le psychiatre n’est pas infaillible, nous ne sommes pas de très bonnes machines à prévenir, d’autant qu’il n’y a pas de profil type du terroriste qui permettrait de prédire que telle personne a un risque important de commettre un acte, et telle autre n’en a aucun.
Paris, le mardi 22 août 2017 – Au lendemain de l’attentat perpétré à Barcelone la semaine dernière, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb avait évoqué son ambition de mobiliser les psychiatres et les hôpitaux psychiatriques afin qu’ils puissent participer à la lutte contre le terrorisme. Il évoquait la possible mise en place de "protocoles" afin de renforcer la détection des profils à risque, notamment des personnes développant des « délires autour de la radicalisation islamique ». Nous avons souligné les limites d’une telle proposition et la complexité des présupposés sur lesquels elle semblait reposer. Pourtant, aujourd’hui, Gérard Collomb a confirmé sa volonté d’impliquer davantage les psychiatres dans la « prévention » des passages à l’acte terroriste. A l’antenne de RMC/BFMTV, il a ainsi détaillé : « Dans le fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation (FSPRT), nous considérons qu’à peu près un tiers des personnes présentent des troubles psychologiques », précise-t-il. Face à cet état de fait, le ministre de l’Intérieur considère : « Il est clair que le secret médical, c’est quelque chose de sacré, mais en même temps, il faut trouver le moyen qu’un certain nombre d’individus, qui effectivement souffrent de troubles graves, ne puissent pas commettre des attentats ».
"Le suicide", publié en 1897, est l'un des ouvrages de référence de Durkheim. Pourquoi ce lien étroit entre le sociologue et le suicide ?
"Le suicidé" d'Edouard Manet• Crédits : Wikimedia Commons
Ceux qui ne connaissent rien à Durkheim connaissent son ouvrage sur le Suicide. Connaissent ou croient connaître, car ce tour de force scientifique ne se laisse pas aisément approcher. Ecrit il y a plus d'un siècle, il a profondément influencé notre vision, non pas seulement de la mort volontaire, mais plus généralement de la société. Aujourd'hui, il peut même nous aider à penser des phénomènes qui se situent au cœur de l'actualité, à l'instar des attentats suicides.
Michel Dabat, le délégué syndical de la CGT aux Hôpitaux de Lannemezan./ Photo C. S.
La prise en compte psychiatrique est de plus en plus essentielle dans notre société troublée. à Lannemezan, le sujet est tout particulièrement sensible.
Dans le contexte actuel de violence, de plus en plus de gens s'interrogent sur la présence en ville de personnes atteintes de troubles de la personnalité. Faut-il s'inquiéter de la situation ? Toutes les précautions nécessaires sont-elles prises pour ne pas avoir d'agression et de passage à l'acte ? Comment faut-il interpréter la fermeture de vingt lits en psychiatrie de court séjour à l'hôpital de Lannemezan à compter du 1er octobre prochain ?
«Les contraintes budgétaires ne doivent pas prendre le pas sur l'offre et la qualité de la prise en charge», rappelle Michel Dabat, de la CGT des Hôpitaux de Lannemezan, qui dénonce une nouvelle fois «la non-prise en compte de la part des tutelles de la lourdeur des missions de la psychiatrie.»
À l'instar des fermetures temporaires décidées à plusieurs reprises cet été pour les Smur de Castelnaudary et Quillan dans l'Aude, les urgentistes dénoncent de concert la "perte de chance" pour les patients que génèrent de telles décisions. Agnès Buzyn est directement interpellée pour enjoindre les ARS à changer de politique.
Le titre choisi pour ce numéro hors-série de Books n’est pas destiné à minimiser les extraordinaires progrès faits par les biologistes depuis l’époque de Darwin. Celui-ci n’était pas un spécialiste du cerveau, mais, dans son étude…
Publié en anglais en 2001, ce livre est le premier à proposer une analogie entre le spectacle populaire et l’hystérie à l’hôpital dans le dernier tiers du XIXe siècle. Il met en lumière un rapport direct entre la gestuelle des hystériques et celle des artistes du café-concert et du cinéma burlesque. De nouveaux genres sont créés : le Chanteur Agité, le Comique Idiot ou encore la Chanteuse Épileptique (dont Mistinguett). Ce livre s’attache aussi à repérer et à analyser les réactions physiologiques des spectateurs, proposant ainsi une nouvelle théorie de la réception du spectacle par le public.
Depuis 2004, à Évreux (Eure), une équipe mobile, composée d'un psychiatre, de plusieurs infirmières et psychologues, vont à la rencontre des patients les plus démunis.
Quand les patients psychiatriques ne peuvent pas se déplacer, une équipe mobile ébroïcienne vient à leur chevet. Objectif ? Mettre en place un suivi et démarrer, si c’est nécessaire, des soins à court ou long terme.
C’est parce que les détails de nos souvenirs s’effacent que nous pouvons agir, nous adapter au quotidien, acquérir de nouvelles connaissances.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| |Par Florence Rosier
« Dans sa chute, il avait perdu connaissance ; quand il était revenu à lui, le présent ainsi que les souvenirs les plus anciens et les plus banaux étaient devenus intolérables à force de richesse et de netteté. Il s’aperçut peu après qu’il était infirme. (…) Sa perception et sa mémoire étaient maintenant infaillibles. »
Cette fiction de Jorge Luis Borges (1899-1986), Funes ou la mémoire (1942), est inspirée d’une histoire vraie : celle d’un patient, « S. », suivi par le psychologue russe Alexandre Luria (1902-1977). Funes ou l’impossible oubli. Peut-être enviez-vous ce jeune homme pour sa capacité quasi illimitée de stockage et de rappel de ses souvenirs ? Eh bien, vous avez tort. Le cadeau était empoisonné.
Nous devrions bénir nos facultés d’oubli. Car une « bonne mémoire » doit certes nous permettre de retenir durablement l’essentiel de nos savoirs et de nos expériences. Mais elle doit aussi, et c’est primordial, parvenir à effacer l’accessoire, le superflu. Les Grecs anciens, déjà, l’avaient pressenti. Mnémosyne, déesse de la mémoire, n’a-t-elle pas enfanté les Muses, « qui procurent l’oubli des maux et la fin des douleurs », selon Hésiode dans La Théogonie ?
«En dehors du contexte très particulier des maladies de la mémoire, les deux termes “mémoire”et “oubli” sont loin de représenter deux fonctions antagonistes. Ils répondent aux mêmes objectifs, car l’oubli est indispensable au bon fonctionnement de la mémoire », résume Francis Eustache, neuropsychologue, directeur d’une unité Inserm (université de Caen-Normandie) et directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), dans Mémoire et oubli (Le Pommier, 2014).
Omniprésent, le numérique amplifie nos mémoires externes, au risque d’amenuiser nos mémoires biologiques.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| |Par Florence Rosier
Comment pallier les carences de notre mémoire biologique limitée, oublieuse, aussi labile et périssable que le tissu cérébral qui l’héberge ?
La question taraudait déjà nos ancêtres. En réponse, ils inventèrent des systèmes d’externalisation de leurs savoirs. D’abord sous la forme d’une mémoire collective, orale, transmise entre générations. Puis « il y eut les grandes ruptures comme l’écriture, l’imprimerie, la radio ou la télévision », résume Francis Eustache, neuropsychologue (Inserm-EPHE-université de Caen). Soit autant de relais externes pour préserver et amplifier nos mémoires.
Face à la matière molle du cerveau, les disques durs des ordinateurs et le cloud offrent désormais une capacité de stockage quasi illimitée. Nous assistons à « une explosion de l’externalisation de notre mémoire sans aucun équivalent dans toute l’histoire de l’humanité », relève Francis Eustache dans Ma mémoire et les autres (Le Pommier, à paraître le 11 septembre, 176 p.).
Extrait d’une discussion avec Jean Oury à la clinique de La Borde en 2001, où nous tentions une fois de plus de fonder l’intimité «épistémologique» de la pédagogie institutionnelle et de la psychothérapie institutionnelle.
On souffre avec Pierre Souchon au cours de ces 250 pages. Mais on a envie d’aller jusqu’au bout. Pour comprendre.
« C’est l’histoire d’un mec … » aurait dit Coluche , s’il avait eu a raconter celle de Pierre Souchon. Mais le petit Souchon n’avait que six ans et vivait quelque part en Ardèche quand Coluche s’est tué en moto en 1986. Pierre, on le voyait parfois dans les locaux de l’Huma-Dimanche, journal pour lequel il pigeait depuis sa région. On le lisait aussi dans le Monde Diplomatique et surtout dans Fakir, journal dans lequel ses histoires improbables tirées de rencontres entre des personnages déjantés nous offraient des dialogues à déclencher des successions de fous rires.
Et puis Pierre vient décrire un livre avec pour titre « Encore vivant ». En le lisant, une fois la surprise, voire un peu de malaise, surmontés, on se dit qu’il aurait pu mourir, non pas plusieurs fois, mais à de multiples occasions. C’est donc l’histoire d’un mec d’origine campagnarde qui vient d’épouser une jeune femme de la grande bourgeoisie. Son beau-père sympathise avec lui, tant il le voit comme un brillant sujet en dépit des différences de classe. Mais le brillant sujet est bipolaire et bientôt rattrapé par des crises maniaco-dépressives.
Le 25 juillet dernier, la revue "Human Reproduction Update" publiait un article démontrant que le nombre moyen de spermatozoïdes des hommes occidentaux avait diminué de moitié en 40 ans. L’occasion de s’interroger sur l’infertilité masculine et de ses potentielles causes.
L’article publié dans la revue Human Reproduction Update recense les résultats de 185 études réalisées entre 1973 et 2011 à partir d’un échantillon d’environ 43 000 hommes issus d’une cinquantaine de pays. Il ressort un constat inquiétant aux yeux des scientifiques : le nombre moyen de spermatozoïdes des hommes dans les pays occidentaux a décliné de moitié en près de quarante ans. Ainsi, la concentration de spermatozoïdes par millilitre est passée de 99 millions en 1973 à 47 millions en 2011. Parallèlement au déclin quantitatif, les scientifiques observent une dégradation dans la qualité du sperme seulement dans les pays les plus industrialisés.
Intervenants
René Frydman
Professeur spécialiste de la reproduction et du développement de l’assistance médicale à la procréation en France
Serge Hefez
Responsable de l'unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris
La famille d'un jeune détenu handicapé, qui s'est suicidé le 10 août à la prison des Baumettes, à Marseille, souhaite porter plainte pour «homicide involontaire».
Le jeune homme était âgé de 20 ans. Reconnu comme adulte handicapé, à un taux supérieur à 50%, Bilel Elabdani s'est suicidé le 10 août à la maison d'arrêt des Baumettes, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Ce dernier souffrait de troubles psychologiques sérieux. Cité par La Provence, son avocat, Me Jérôme Pouillaude, s'interroge : «Comment l'état de santé de leur fils a-t-il pu être déclaré compatible avec une garde à vue, puis une incarcération ?»
Comment Emile Durkheim, cet homme qui se pensait comme Français, juif, socialiste et sociologue, a donné corps à notre modernité républicaine depuis les convulsions du monde du travail jusqu'au problème de la laïcité ?
Emile Durkheim • Crédits : LEEMAGE - AFP
Toute personne initiée aux sciences sociales a déjà croisé le nom de Durkheim. Tout le monde le présente comme fondateur de la sociologie universitaire. Et cependant Durkheim reste largement méconnu. Parce que son œuvre la plus célèbre - le Suicide - est beaucoup plus souvent citée que lue. Parce que le projet qui était le sien – fonder une science du social – reste finalement peu clair.