Portrait de Garance, ou l'arrestation d'une Femen.
Dans ses portraits en noir et blanc, l'artiste français rend hommage aux femmes, icônes féministes ou anonymes, les “fiancées du diable”.
Elle s'appelle Garance, comme l'héroïne des Enfants du paradis, qui chante « Je suis comme je suis » en arpentant le « boulevard du Crime » dans le film de Carné et Prévert. Soixante-dix ans plus tard, elle n'a rien perdu de son audace en quittant le grand écran pour réapparaître dans les dessins noir et blanc de Jérôme Zonder. Aux yeux de ce diplômé des Beaux-Arts de Paris, Garance incarne LA femme. Pour définir ce personnage, il mêle ses nombreuses influences (le cinéma et la bande dessinée de Crumb ou de Moebius) à l'histoire et l'histoire de l'art.
Sorcières et icônes féministes
Se télescopent ainsi des photographies extraites d'archives personnelles et des coupures de presse relatant les horreurs de la guerre. « J'aime le parasitage entre les souvenirs et les faits relevant de l'actualité, explique-t-il. Dans un même dessin, ce qui différencie ces niveaux de lecture, c'est l'utilisation alternée de matériaux : le papier brut, le tissu, la toile encollée... Ils me permettent d'inscrire le passé ici et maintenant. » Car Jérôme Zonder ambitionne de « toucher l'histoire du doigt ». Ce qu'il fait, littéralement, en le plongeant dans un bol de mine de graphite avant de l'appliquer directement sur le support.