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A l’Arc En Ciel, les malades mentaux se soignent eux-mêmes, ou presque. Créée en 2009, cette maison de Marmande, en Lot-et-Garonne, pousse les fêlés de la vie à se reconstruire, se resocialiser, se responsabiliser, par une gestion autonome du lieu. Une émancipation douce, inspirée par la psychothérapie institutionnelle. Bienvenue à l’asile, au sens premier du terme.
Les journalistes du Monde Académie ont rencontré 5 pensionnaires de cette maison inattendue.
Xavier, la particule de l’Arc En Ciel
Stephane, luttes intérieures
Tenir la route
Il est 8h, Michel, 53 ans, pousse la porte de la maison de l’association. Elle n’ouvre qu’à 9h mais lui est là pour les lève-tôt qui souhaitent prendre un café. Ce n’est pourtant pas le gardien mais le président de l’association. Son sourire charmant ne laisse pas entrevoir sa maladie mentale.
Au plus fort de ses crises et de son instabilité psychique, Michel fumait beaucoup, trente cigarettes par jour. A la Candélie (hôpital psychiatrique d’Agen), où il a fait des séjours entre 1985 et 1992, la seule occupation des patients était, raconte-t-il, “d’attendre”. Attendre pouracheter des clopes et des gâteaux. Et puis manger pour tromper l’ennui des nuits où il ne trouvait pas le sommeil. Plus tard, à l’hôpital de jour de Marmande où il se rendait plusieurs fois par semaine, l’ennui a continué à l’accompagner : « Là-bas ils ne proposaient rien du tout ». Le 30 août 1995, il écrase sa dernière cigarette avec le soutien du personnel de l’ASAM (Association du Sport Adapté Marmandais). Depuis 6 mois, il est président de la maison Arc En Ciel. Il s’est “vu renaître”.