© Istockphoto/Kilav
Le tourisme ésotérique reprend du poil de la bête. La consommation d’Ayahuasca, une plante hallucinogène très puissante utilisée depuis des millénaires par les tribus chamaniques d’Amazonie, attire de plus en plus de personnes à la recherche d’expérience transcendantales et salvatrices.
Suite à la prohibition du LSD en 1966 par Ronald Reagan, les études portées sur les effets thérapeutiques des molécules hallucinogènes ont été entièrement bloquées. Après de multiples bras de fer entre les autorités étatiques et le monde scientifique, on observe depuis quelques années un regain d’intérêt pour les possibles effets bénéfiques des psychédéliques. Le 16 mai 2016, la revue Lancet Psychiatrie publie une étude démontrant l’efficacité des champignons hallucinogènes dans le traitement de la dépression. En quête d’une explication psychologique sur l’effet des drogues hallucinogènes sur la psyché, nous avons sollicité le docteur Alexandre Ahmadi, spécialiste de la pensée du psychiatre suisse Carl Gustav Jung. En se rattachant au monde visionnaire de l’âme dont Jung est l’auteur, il répond à nos questions.
En vous référant à l’œuvre de Carl Jung, en quoi la consommation de psychédéliques pourrait-elle améliorer une dépression?
Jung considérait la dépression comme une tentative de la psyché de s’autoguérir, ou plus précisément de s’équilibrer. Psychologue empiriste, il avait observé que dans la nature rien n’apparaissait sans raison. Nous faisons par exemple de la fièvre lorsque notre système immunitaire se bat contre une infection, nous vomissons pour évacuer un poison lors d’une intoxication alimentaire, etc. Il en va de même pour la dépression. Lorsque nous sommes déprimés, nous dormons mal, nous souffrons d’une mauvaise concentration, nous sommes tristes, démotivés, c’est comme si «la machine» ne fonctionnait plus: notre Conscient est ralenti. Mais l’énergie de ce Conscient ou de cette «machine» ne disparaît pas. Elle descend simplement dans les profondeurs de l’Inconscient. Elle part chercher des éléments qu’elle compte ensuite ramener au Conscient en vue de réparer un déséquilibre psychique. Pour Jung, le déséquilibre psychique serait dû à un fonctionnement trop unilatéral, donc non complet et non total du Conscient.