Hilma af Klint l’avait pressenti : personne ne pourrait, en son temps, comprendre son art. Née en 1862, en Suède, la modeste peintre du dimanche s’était donc contentée de dévoiler à ses contemporains d’anodins paysages, de naïfs bouquets, des portraits tout bêtes. Mais dans le secret de son atelier, une révolution se jouait. Aventurière en chambre, Hilma dérogeait à toutes les règles apprises à l’Académie royale des beaux-arts de Stockholm, dont elle était sortie en 1887. Elle inventait, tout simplement, l’abstraction. Ni plus ni moins.
Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
jeudi 18 août 2016
Le retour en grande pompe des Shadoks
LE MONDE | | Par Philippe Dagen (Sète (Hérault), envoyé spécial)
Episode connu de l’histoire du journal Le Monde : le 15 mars 1968, Pierre Viansson-Ponté intitule une chronique « La France s’ennuie ». Les « événements » de mai 1968, comme on dit, commencent une semaine plus tard, le 22, à Nanterre, et prennent de l’ampleur à partir du 3 mai, date du premier affrontement entre la police et les étudiants autour de la Sorbonne. Entre ces faits s’en glisse un autre, que ne mentionne pas la chronologie politique. Le 29 avril, à 20 h 30, l’ORTF – la télévision d’Etat, la seule qui existe alors en France –, diffuse le premier épisode d’un étrange dessin animé, les Shadoks. Le créateur, Jacques Rouxel (1931-2004), est membre du « service de recherche » de l’ORTF, que dirige le compositeur Pierre Schaeffer.
Les Shadoks sont des créatures à deux pattes maigres, au corps plus ou moins sphérique et au long bec triangulaire. On dirait que ce sont des oiseaux, s’ils n’étaient incapables de voler et s’ils n’avaient des dents. Leur intelligence est nettement en dessous de la moyenne, leur langue se réduisant à quatre syllabes : « ga », « bu », « zo », « meu ». Leur maître à penser, le professeur Shadoko, est cependant l’inventeur de maximes philosophiques aux conséquences infinies. En voici deux : « Tout avantage a ses inconvénients, et réciproquement » ; « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. »
Machines célibataires
Cette dernière pourrait être de Marcel Duchamp, lequel meurt le 2 octobre de cette même année 1968 et a donc pu regarder la première série d’épisodes, au nombre de 52. Si tel est le cas, il aura soupçonné que l’activité principale des Shadoks – fabriquer des pompes et pomper tout le jour, car « Je pompe donc je suis » – n’est pas sans rapport avec les machines célibataires et inutiles qu’il avait lui-même conçues un demi-siècle auparavant.
On ne rappelle là ces quelques éléments qu’afin de permettre à celles et à ceux qui sont nés durant la longue absence des Shadoks, disparus en 1974 et très brièvement réapparus en 2000, de prendre la mesure de leur importance historique et culturelle. Une autre façon de l’éprouver est de se rendre au Musée international des arts modestes (MIAM), fondé à Sète (Hérault) par Hervé Di Rosa, où une exposition célèbre ces créatures et leurs inséparables rivaux, les Gibis.
L'hôpital de Châteauroux recherche des familles d'accueil pour enfants malades
Le centre hospitalier de Châteauroux, dans l'Indre, recrute des assistants familiaux. Quatre postes sont à pourvoir. Il s'agit d'accueillir, à la maison, des enfants ou adolescents atteints de troubles psychologiques, le temps d'une soirée, d'un week-end ou d'une semaine.
Appel à toutes les bonnes volontés ! L'hôpital de Châteauroux recherche quatre assistants familiaux pour s'occuper d'enfants malades, de manière ponctuelle, à la maison. Cette mission s'inscrit dans le cadre d'une démarche thérapeutique. Les enfants concernés sont tous pris en charge par le service de psychiatrie infanto-juvéline du centre hospitalier de Châteauroux.
Soulager les familles d'enfants malades
Ces enfants ou adolescents sont atteints de troubles psychologiques légers, ou souvent detroubles graves de la personnalité. Il peut s'agir d'enfants autistes, par exemple. L'accueil ponctuel de ces petits patients chez les assistants familiaux permettent de soulager un peu les familles. "Il ne s'agit en aucun cas de se substituer à la famille naturelle", explique Marinette AUBARD, cadre administratif au sein du service de psychiatrie infanto-juvénile, "parfois ces enfants malades sont difficiles, les familles peuvent être épuisées... Et puis on va travailler avec eux les notions de socialisation" en les accompagnant dans des familles d'accueil.
Que coûte et que rapporte l’entreprise libérée ?
Hyacinthe Dubreuil (1883-1971), le premier auteur français qui, dans les années 1930-1940 a postulé la liberté d’action de l’ouvrier comme le principe fondamental de l’organisation de l’entreprise, aimait citer un grand zoologiste du XIXe siècle : « Toutes les fois qu’un fait nouveau et saisissant se produit dans la science, les gens disent d’abord : Ce n’est pas vrai. Ensuite : C’est contraire à l’ordre et à la religion. Et à la fin : Il y a longtemps que tout le monde le savait ! ». En d’autres mots, il prévoyait que sa théorie de transformation radicale du lieu de travail serait d’abord reçue comme fausse ou dangereuse, et terminerait comme une évidence, voire, galvaudée (il considérait cette dernière possibilité comme la plus inquiétante).
mercredi 17 août 2016
La psychiatrie reconfigure son offre de soins entre l'Ardèche et la Drôme
Depuis le 1er juin, une nouvelle organisation de l'offre de soins en psychiatrie est opérante en Ardèche et dans la Drôme avec des soins désormais assurés par deux établissements spécialisés : le CH Sainte-Marie à Privas (Ardèche), établissement de santé privé d'intérêt collectif (Espic) qui relève de l'Association hospitalière Sainte-Marie ; le CH Le Valmont à Montéléger (Drôme). Ce maillage, évoqué par l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes dans un communiqué, s'accompagne sur les années 2017-2020 de la reconstruction complète de ces deux établissements de santé mentale sur leur site principal. Objectif affiché : "Offrir à terme aux patients de meilleures conditions d'accueil" en sachant que "dans l'immédiat, les sites d'hospitalisation complète de Romans et Saint-Vallier sont maintenus jusqu'à l'achèvement des travaux sur le site de Montéléger", ajoute l'agence.
Cette nouvelle sectorisation s'affranchit des limites départementales pour respecter les bassins de vie, ce qui conduit à rééquilibrer la population desservie par chaque établissement (396 500 habitants pour le CH Sainte-Marie avec quarante-neuf communes drômoises qui relèvent désormais de son territoire d'intervention, 438 000 habitants pour le CH Le Valmont avec vingt-cinq communes ardéchoises), ainsi qu'à répartir plus équitablement les ressources, souligne l'ARS.
mardi 16 août 2016
Il faut croire en nos enfants, par Marie Rose Moro
LE MONDE | | Par Marie Rose Moro (pédopsychiatre, psychanalyste, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à Paris-Descartes)
Notre monde se rétrécit malgré les moyens de communication qui devraient permettre de se parler, de voyager, d’échanger, d’apprendre les uns des autres, plus facilement. On évoque plus volontiers le djihadisme, le nihilisme, la violence, les bouleversements de la mondialisation que l’engagement, les valeurs, l’envie d’ailleurs.
Dans ce monde, quelle place pour notre jeunesse, pour nos enfants ? Quelles promesses faire à ceux qui naissent aujourd’hui et à ceux, adolescents qui, pour devenir adultes, ont besoin de désirer le monde et de vouloir le changer. Comment permettre à nos enfants de faire leur propre récit ?
Je m’inquiète de voir les rêves de notre jeunesse, détruits, ou moqués. Mais parfois, je m’inquiète aussi de ne pas la voir assez combative, de la voir renoncer devant un effort qui lui semble indépassable tant on lui a dit que le monde est injuste et inquiétant. Je m’inquiète de la non-convocation de la diversité de la connaissance et de celle des imaginaires.
L’obsession du déclin
Nous avons un rôle important à jouer auprès de la jeunesse dont nous sommes, pour l’heure, responsables. Parfois en la regardant, nous repensons à notre propre jeunesse : ne vivait-on pas mieux ? Les idéaux n’étaient-ils pas plus forts ? Tout cela n’est qu’une vue de l’esprit.
Nulle objectivité, juste un récit retravaillé par les yeux d’adultes et par ceux d’une époque. Le monde dans lequel nous avons grandi n’était ni plus, ni moins beau que celui dans lequel nous vivons actuellement. Il est, tout simplement. Mais de cette perspective naît l’obsession du déclin ou du retour en arrière.
Comment voulez-vous que jeunesse se fasse si on ne cesse de lui répéter qu’elle vit une époque affreuse et que nous courons à notre perte ? On ne peut accuser cette jeunesse de maux qui ne relèvent pas d’elle, ni briser ses rêves ou nepas croire en eux. Tel groupe de jeunes vient de créer une clinique du droit à Paris, remède à l’injustice, tel autre imagine un astucieux dispositif pour que les familles précaires puissent se grouper pour acheter de l’énergie…
Plutôt que d’avoir peur ou de perdre espoir, ce que nous demandent nos adolescents, c’est d’être authentiques et de leur transmettre des histoires et des outils de vie. Mais cette transmission ne doit pas être un fardeau, au contraire, il s’agit de liberté et d’optimisme.
C’est pourquoi nous devons apprendre à nos enfants à être libres de construire leur propre identité dans un monde qui leur donne parfois envie de ne jamais sortir de chez soi. Libres de vouloir changer le monde mais surtout de s’en donner les moyens.
« L’attention est un rempart contre la désolation »
LE MONDE | | Par Mara Goyet
Il faut se souvenir des retrouvailles avec les élèves quelques jours après les attentats du 13 novembre 2015. Ils comptaient sur leurs professeurs pour les rassurer, ils comptaient sur l’école et ses murs pour les protéger.
Nous, nous étions désemparés : nous ne pouvions pas leur affirmer que cela ne pourrait plus jamais arriver. Nous ne pouvions rien leur jurer, à peine pouvions-nous leur expliquer. Il a fallu improviser, et ce qui m’est venu, c’est de leur faire raconter. Le moment où ils ont appris qu’à Paris, on était en train de tuer des gens rassemblés.
Le récit de petites choses s’est ainsi déployé, comme en creux de l’affolement généralisé : des pizzas commandées, des familles sur des canapés, des disputes pour la télécommande, ou alors un réveil alarmé alors qu’on était déjà couché.
Comment résister
En filigrane, en creux, sous le tragique et l’apocalyptique, il y eut alors comme une poignante évocation du bonheur, des vendredis soir sans histoires. Puis du samedi assommé, dans un Paris déserté. Dimanche, la vie qui reprend, la quête du pain, la Seine qui coule. La vie, simple et tranquille. Celle qu’on ne voit pas passer.
Ne nous trompons pas, je ne plaide pas pour un enseignement du goût des petites choses. Ni pour une forme de repli sur l’infime par temps dépressif. Je ne veux pas devenir professeur de la délicate saveur du lait imprégné de céréales chocolatées, enseignante ès mignonnettes et historiettes.
Non, simplement je songe aux paroles sages de Sancho Panza à la fin de Don Quichotte :« Hélas ! Ne mourez pas, Monsieur ; suivez plutôt mon conseil et vivez encore longtemps. Parce que la plus grande folie que puisse faire un homme dans cette vie, c’est de se laisser mourir, tout bêtement, sans que personne ne le tue, et que ce soient les mains de la mélancolie qui l’achèvent. »
Et je me demande comment résister. Comment faire une place aux raisons d’espérer qui ne trahisse pas la réalité ? En novembre 2015, en classe, des détails apparemment insignifiants ont éloigné pour un moment ces mains.
La basse continue du tragique
Les « mains de la mélancolie », en classe, ne sont jamais loin. Sans que l’enseignement de l’histoire-géographie soit une leçon de ténèbres, force est de constater que nous passons l’année à évoquer des territoires dévastés, ségrégués, menacés (qu’un écoquartier peine à consoler), des individus morts, forcément morts. Tous morts.
lundi 15 août 2016
Hugo, plus que jamais d’actualité, par Elisabeth Roudinesco
LE MONDE DES LIVRES |
Lectures pour temps troublés.
par Elisabeth Roudinesco
« L’Homme qui rit », de Victor Hugo, 1868 ; multiples éditions disponibles.
Quand Jean Birnbaum m’a demandé de participer à cet ensemble, j’ai aussitôt pensé àL’Homme qui rit, le roman le plus fou, le plus baroque et le moins aimé de Victor Hugo, celui qui construit une épopée de la conscience de soi occidentale, incarnée autant par des sujets singuliers que par leur ancrage dans l’histoire des Lumières européennes. En un mot, Hugo, l’exilé de Guernesey devenu républicain, amoureux des familles, des animaux et des anormaux, orfèvre dans l’art des inversions identitaires, raconte ici l’Angleterre « d’après sa révolution et d’avant la nôtre ». L’ouvrage devait être inséré dans une trilogie politique, un premier livre traitant de l’aristocratie, un deuxième de la monarchie et un troisième de la révolution (Quatrevingt-treize).
Grande traversée : Frankenstein ! Bienvenue dans le monde des créatures artificielles
8 au 12 août
L'histoire de la naissance et de la croissance de Frankenstein, et l'exploration de l'univers des créatures artificielles : Golems, statues vivantes, automates, robots, jusqu'au cyborgs et autres humains augmentés.
C'était il y a deux siècles, en juin 1816, sur les bords du lac Léman. Cette année-là, sur fond de météo apocalyptique et dans le confort cosy de la villa Diodati, Mary Shelley et son compagnon poète qui randonnaient en Europe, avaient rejoint Lord Byron et son médecin John Polidori. Comme jeu de société, on décida, un beau soir, de se livrer à un concours de contes horrifiques. Si rien de déterminant ne sortit des plumes de Shelley et de Byron, Polidori, lui, conçut un « Vampire » appelé à une belle destinée, et Mary Shelley rafla la coupe avec la genèse d'une des plus formidables icônes fantastiques de tous les temps : la créature de Frankenstein.
Quand le Dr Tosquelles combat la faim à Saint-Alban
Par Philippe Artières, (historien) —
Le comprend-il immédiatement ou faut-il attendre quelques mois que les effets de la guerre se fassent ressentir jusque dans les gamelles ? Très vite en tout cas après l’arrivée, en janvier 1940, du médecin catalan François Tosquelles à l’hôpital de Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère), une urgence saute aux yeux, bien loin des traités de psychiatrie, une urgence aussi élémentaire que visible : nourrir les malades.
La tâche est immense, et elle l’est d’autant plus qu’en 1940, l’Etat français a réquisitionné 25 établissements psychiatriques en France, dont les malades se sont retrouvés expatriés vers d’autres hôpitaux. Saint-Alban, déjà bien rempli, a dû accueillir les patients de Rouffach (Haut-Rhin) et de Ville-Evrard, en banlieue parisienne.
Ils sont là, ils s’entassent dans le vieux château et ses dépendances. Sous-alimentés, pour certains enfermés en cellule. Le lieu, parfois, ressemble à un camp de concentration. Que faire ? Bizarrement, comme un trop lourd secret, il y a très peu de témoignages de patients, très peu aussi de témoignages de médecins ou d’infirmières sur la famine qui va régner dans les hôpitaux psychiatriques. La question de la survie avait beau être la première des préoccupations, c’est le silence qui prévaut. Et il faudra attendre 1987 pour que Max Lafont, un jeune médecin de l’hôpital du Vinatier près de Lyon, publie un ouvrage intitulé l’Extermination douce. Il évoque les 40 000 malades mentaux, morts de faim dans les asiles de l’Hexagone. Non pas une famine intentionnelle décidée d’en haut, mais voilà une foultitude de morts à petits feux, partout en France. Plus de 3 000 par exemple à l’hôpital psychiatrique du Vinatier où aucun des poilus internés depuis la Première Guerre mondiale ne survivra, et les cinquante malades mentaux juifs, convoyés depuis l’Alsace fin 1940 et qui avaient échappé à la déportation, mourront de faim.
PSYCHIATRIE La nouvelle « Déraillement amoureux » primée par Ascodocpsy
par Aurélie TRENTESSE.
Pierre Boyer a remporté la sixième édition du concours de nouvellesAscodocpsy pour son récit intitulé « Déraillement amoureux ». La septième édition, qui a pour thème « Un endroit où aller », est d’ores et déjà lancée.
Cette année, le prix du concours de nouvelles Ascodocpsy a été décerné à Pierre Boyer pour sa nouvelle intitulée « Déraillement amoureux » sur le thème « Vu de ma fenêtre ». Rappelons que depuis 2010, le réseau documentaire en santé mentale Ascodocpsy organise un concours de nouvelles qui traitent de la psychiatrie afin de sensibiliser le public à ce sujet. Le récit de Pierre Boyer a été choisi parmi les 129 nouvelles reçues par un jury composé de onze membres et présidé par Marie-Agnès Potton.
Pokemon Go : réenchantement du réel ? Le phénomène Pokémon Go vu par un psychiatre et un philosophe
05.08.2016
Le jeu "Pokemon Go" est arrivé en France le 24 juillet dernier déclenchant immédiatement l'engouement de nombreux jeunes et moins jeunes. Comment comprendre et analyser cette arrivée fracassante de la réalité virtuelle dans le monde réel ?
Depuis l’arrivée de POKEMON GO en France, le 24 juillet dernier, on assiste, dans nos rues, et dans nos parcs, au même phénomène que dans tout un tas d’autres pays du monde : des regroupements, des courses, parfois des affrontements entre chasseurs de POKEMON pour qui l’enjeu semble important : attraper (pour pouvoir les dresser), ces étranges créatures, qu’on peut trouver à tout moment, à peu près partout. Tout cela sous l’œil de témoins, qui, bêtement du coup, peuvent se sentir parfois un peu bloqués dans le monde réel.
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