En peu d'années, la psychiatrie a changé. La logique comptable et les protocoles ont réduit l'activité du soignant à des gestes techniques, aseptisés et rentables. La psychothérapie a disparu. Les électrochocs et les attaches reviennent en force. On ne cherche plus à comprendre, à écouter mais à normaliser, à effacer le symptôme avec des molécules chimiques. La maladie y perd son sens et sa raison d'être.
Avant d’arriver dans le cabinet médical, la musique aime rappeler ses bienfaits en citant Aristote ou Pythagore. Mais quand on se demande les bien-fondés de l’effet Mozart, le mythe scientifique fait office de symptôme : la musique soigne, à condition de discerner le vrai du faux.
La santé psychologique des migrants suscite le débat en Suisse Forum /2 min. /lundi à 18:13
Au lendemain des attaques en Allemagne, la santé psychique des migrants suscite le débat. Lundi, le président des syndicats de police allemands a évoqué la nécessité d’examiner davantage l’équilibre mental des réfugiés.
Et la question préoccupe aussi en Suisse. Les médecins de l'Hôpital de l'Ile à Berne ont ainsi constaté que 14% des requérants d’asile qui arrivent au service des urgences présentent des troubles psychiques, comme le révélait dimanche la SonntagsZeitung. C’est même la troisième cause de consultation après les blessures et les infections.
Les médecins soulignent qu’un tiers des réfugiés du Proche-Orient souffrent de troubles mentaux, contre seulement 4% des migrants africains. Il est question de dépressions et de psychoses notamment. Et face à cette hausse des consultations, les urgentistes sont débordés.
La dépendance à Internet est en augmentation chez les quadras. Identifier les facteurs de risque permettrait d’agir plus tôt avant que les symptômes n’apparaissent. Pour la première fois, les auteurs de cette étude longitudinale, ont étudié les facteurs psychosociaux de l'adolescence à l'âge adulte qui interviennent dans l’apparition de cette dépendance à la quarantaine.
Les données issues d’une cohorte prospective de 548 hommes et femmes américains, suivis de l'adolescence à la quarantaine précoce (âge moyen = 43 ans ; SD = 2,8) ont été analysées.
Du tueur de Nice à celui d’Ansbac (Allemagne), plusieurs auteurs d'attentats récents auraient souffert de troubles psychiatriques. Ces actes ne sont pourtant pas à mettre sur le compte de la folie pour le psychiatre Samuel Leistedt.
Mohamed Lahouaiej Bouhlel, le tueur de Nice, présentait un profil ultra violent, et souffrait de "crises" au cours desquelles il "cassait tout", a expliqué son père dans différents médias. L’adolescent de 18 ans qui a assassiné 9 personnes à Munich le 22 juillet avait reçu un suivi psychiatrique, tout comme le réfugié syrien qui s’est fait exploser deux jours plus tard à l’entrée d’un festival de musique à Ansbach, en Allemagne, faisant 15 blessés. Ces passages à l’acte à visée meurtrière terrifient et sont parfois mis sur le compte d’un grave déséquilibre mental. Une analyse qui n’est pas forcément pertinente selon le docteur Samuel Leistedt, psychiatre et professeur en psychiatrie à l'Université libre de Bruxelles, à l'université de Mons et aux États-Unis, expert auprès des tribunaux, qui a beaucoup travaillé sur le terrorisme.
L'activation comportementale est une psychothérapie qui consiste à modifier le comportement du patient. Elle est aussi efficace que la technique de référence.
Des chercheurs de l’Université de Bordeaux (INSERM 1219 Bordeaux Population Health) pointent, dans une communication intitulée « Usage et mésusage des médicaments psychotropes : les antipsychotiques, nouvelle panacée pour les troubles psychiatriques ? », une banalisation des prescriptions d'antipsychotiques préoccupante au regard du profil de tolérance des antipsychotiques de seconde génération.
Selon les chercheurs, l'accroissement progressif de la population exposée aux molécules antipsychotiques (ou neuroleptiques) au cours de ces dernières décennies est devenu un problème de santé publique dans les pays industrialisés. La prescription de ces molécules était initialement restreinte aux pathologies psychiatriques les plus sévères, notamment du fait leurs effets secondaires neurologiques. La mise sur le marché de nouvelles molécules ayant une meilleure tolérance neurologique, et commercialisées dans de nouvelles indications, a contribué à cet élargissement. Celui-ci est particulièrement notable chez les enfants et les adolescents, où ces molécules sont souvent prescrites hors indication.
Information mise à jour : Le Ccecqa confirme à Hospimedia que cette campagne sera mise en œuvre dans d'autres régions par trois autres SRAE de la Forap "intéressées par le thème". Par ailleurs, la participation des établissements non adhérents à ces structures régionales "est possible mais les conditions sont à voir avec chaque SRAE de la région concernée".
Les professionnels de santé pourront bientôt s'interroger sur leurs pratiques de recours à la contention et à l'isolement des patients et des résidents dans le cadre d'une prochaine campagne eForap, à l'initiative du Comité de coordination de l'évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine (Ccecqa).
Elle est la huitième unité de ce type en France. L'unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) de Cadillac (Gironde) a ouvert ses portes le 18 juillet au sein de l'unité pour malade difficile (UMD). Elle est réservée aux patients détenus, hommes, femmes et mineurs. Leur prise en charge dans la région est organisée selon trois niveaux. Un premier niveau de soins de proximité, qui comprend l'intervention de personnels soignants en soins ambulatoires au sein des établissements pénitentiaires ; un deuxième niveau de recours qui correspond à la prise en charge au sein du service médico-psychologique régional (SMPR) en hospitalisation de jour ; et un troisième niveau qui consiste en l'accueil complète en UHSA.
Sept mois après le suicide du Pr Jean-Louis Mégnien, la mise en œuvre par l'AP-HP de son plan d'action pour la prévention et le traitement des situations particulières concernant le personnel médical se précise. Un courrier adressé début juillet aux groupes hospitaliers dévoile leurs obligations pour 2016-2017, ainsi que celles du siège du CHU.
Par le biais d'un courrier* adressé le 5 juillet aux directeurs des douze groupes hospitaliers (GH) et présidents de commission médicale d'établissement (CME) locale, l'Assistance publique-hôpitaux de paris (AP-HP) détaille la mise en œuvre pratique de son plan d'action relatif à la prévention et au traitement des situations particulières concernant le personnel médical. Présenté à la mi-mai, ce dernier fait suite notamment au suicide fin 2015 à l'Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris (15e arrondissement) du Pr Jean-Louis Mégnien (lire ci-contre).
Depuis la Conférence mondiale de l'Organisation des Nations unies sur les femmes, à Pékin en 1995, la lumière se fait peu à peu sur les violences au sein des couples (ou « entre partenaires intimes »), qui sortent du domaine exclusif de la police justice, pour investir celui de la santé publique. Ce notamment via l'épidémiologie, comme le révèle le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié ce 19 juillet par Santé publique France.
Sur le terrain, les progrès sont tangibles. Ainsi, une étude sur les victimes de violences conjugales s'étant présentées au CHU de Toulouse en 2013 montre qu'elles consultent davantage dans le service de médecine légale pour coups et blessures volontaires, que les victimes d'autres types de violences, « ce qui révèle peut-être d'une meilleure information aux urgences », supposent les auteurs Catherine Raux et coll.
La maman, Rose, mariée et élevant normalement trois autres enfants, avait expliqué peu après lors d'un entretien télévisé comment elle avait donné naissance, seule, chez elle, le 24 novembre 2011 à l'aube, à la fillette. La mère de famille, qui résidait à Brignac (Corrèze), un petit village situé à une vingtaine de kilomètres de Brive, assurait n'avoir pas pu parler de cette naissance, qu'elle avait donc gardée secrète, y compris pour son mari selon ses dires. «Pour moi, je ne l'ai jamais maltraitée, je ne pouvais pas m'en occuper comme je me suis occupée de mes trois premiers enfants, mais j'ai essayé de la maintenir en vie», avait-elle affirmé.
En octobre 2013, la découverte de cette petite fille, sale, nue, déshydratée et en carence manifeste de soins, dans le coffre d'un véhicule que sa mère déposait chez un garagiste en Dordogne, avait suscité l'émoi et soulevé de nombreuses questions sur cette dissimulation exceptionnelle.
Serena, fillette dont l'existence avait été cachée par ses parents durant près de deux ans et finalement retrouvée en octobre 2013 dans le coffre d'une voiture, souffre d'autisme causé par les privations qu'elle a subies, selon un rapport d'expertise cité mardi par le parquet de Brive. Les faits reprochés aux parents de l'enfant, mis en examen, sont donc désormais passibles de la réclusion criminelle devant une cour d'assises, indique dans un communiqué Laurent Czernik, procureur de la République de Brive.
Une malheureuse aliénée, hantée de l’idée fixe du suicide depuis plusieurs années, à la suite de la mort de son mari, avait tenté de mettre plusieurs fois son désir en exécution… Une surveillance discrète, organisée par la famille, avait jusqu’alors rendu vaines ses tentatives.
18.07.2016
Un jour, cependant, elle s’échappe, entraîne son jeune enfant sur un quai désert : « Vois, mon chéri, comme cette eau est belle », et pendant que l’enfant regarde du haut du ponton, elle le précipite dans la Seine et ne tarde pas à l’accompagner, mais de courageux sauveteurs ont été témoins du drame et, non sans dangers, parviennent à ramener sur la berge la mère et l’enfant. Ce dernier est heureusement sain et sauf. La mère est inanimée. On court chercher un médecin En attendant, les passants s’attroupent, tous savent ce qu’il faut faire : qui ne sait pas soigner un noyé ?
Une boîte de secours est là, providentielle, un flacon est dans la boîte de secours ; vite, un verre ; et l’on verse largement, dans la bouche inerte de la noyée, le liquide qui doit la ramener à la vie. N’est-il pas pour cela dans la boîte de secours ?
Pendant ce temps le médecin arrive, la victime est sans connaissance depuis vingt minutes, mais il se souvient que M. Laborde en a fait revenir de plus loin ; il prend une pince et s’apprête à pratiquer les tractions rythmées de la langue. Il ouvre la bouche de la noyée, saisit la langue qui aussitôt se dépouille de sa muqueuse. « La malheureuse s’est empoisonnée avant de se noyer, elle a la langue brûlée. » « Non, docteur, lui répond un des sauveteurs, peut-être est-ce dû à ce qu’on lui a fait prendre. » Le médecin voit un verre à demi rempli d’une solution incolore, il le sent et recule vivement la tête, à demi asphyxié : on avait donné de l’ammoniaque à la victime qui, malgré tous les soins, reste la proie de cette mort qu’elle avait tant convoitée.
« Conscience contre violence », de Stefan Zweig, 1936 ; traduit de l’allemand (Autriche) par Alzir Hella, Livre de poche, 2010.
Au moment où, dans le clair-obscur des crises, renaissent les monstres des fanatismes cruels, des nationalismes cyniques, des replis identitaires frileux, il faut relire Zweig ! Tout Zweig, l’écrivain des passions, l’Européen des Lumières, le citoyen du monde, le juif apatride, l’amoureux de la diversité brésilienne, seule « terre d’avenir » pour un monde chaotique qui a trop longtemps aligné le classement des peuples sur leur puissance industrielle, financière et militaire.
Il faut relire son éloge d’un Brésil, quelque peu imaginaire, transformé en modèle de communauté humaine où la culture naît du mélange des races, de la fusion des particularismes religieux, ethniques et historiques.
Est-ce une émotion ? Est-ce un sentiment ? Est-ce un affect ? Est-ce une passion ou des actions ? Est-ce un état ou une disposition, celle d’un sujet, l’amoureux ? Ou est-ce une relation entre deux sujets, les amants ? Beaucoup de questions et autant de réponses.
CC Kirsten Rudberg / Flicke
Francis Wolff, philosophe, professeur de philosophie à l'ENS, ancien directeur-adjoint de l'École (2000-2004) et de son département de philosophie (2004-2007).
Privilégier la marche, prendre le temps de cultiver des plantes, les regarder pousser... Ce sont des moyens parmi d'autres de se sentir exister ! Approches sensibles d'un philosophe, un paysagiste et un anthropologue. Et, ne pas oublier que "Pour faire un jardin, il faut un morceau de terre et l'éternité."
CC Alina / Flickr
Gilles Clément, paysagiste, enseignant, écrivain
David Le Breton, anthropologue et sociologue, professeur à l'Université de Strasbourg
Catherine Potevin, chef de la rubrique Livres de "Philosophie Magazine"
Frédéric Worms, professeur de philosophie à l'université de Lille III, directeur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine à l'Ecole normale supérieure.
Une intéressante question vient d'être résolue par M. Mirman, directeur de l'Assistance et de l'Hygiène au ministère de l'Intérieur. Les femmes pourvues du titre de docteur en médecine pourront désormais prendre part aux concours de médecin des Asiles d'aliénés. La logique et le simple bon sens s'accordaient à faire admettre que les femmes autorisées aujourd'hui à conquérir le diplôme de docteur en médecine et les fonctions d'externes et d'internes des hôpitaux et des asiles, qui peuvent à Paris, concourir pour devenir médecin de l'assistance à domicile, et sont agréées par nombre d'administrations, puissent devenir médecins des asiles d'aliénés Il n'en était pourtant pas ainsi. Il a fallu que Mlle Madeleine Pelletier, docteur en médecine et interne à l'asile de Villejuif, écrivît au ministre de l'Intérieur pour solliciter l'autorisation de prendre part aux concours des médecins des asiles jusqu'ici fermés aux femmes.
Professeur en psychiatrie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, Bruno Millet revient sur l'état psychologique des victimes.
Bruno Millet, professeur en psychiatrie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, exprime "[sa] tristesse et [sa] compassion devant cet évènement tragique" et estime qu'il faut "recevoir, accueillir, prendre soin, écouter" les victimes, car celles-ci "ont vécu des choses qui sont très traumatisantes" et vont "exprimer de la peur, de l'anxiété". Le médecin ajoute d'ailleurs qu'il"faut du temps pour cela" et qu'il faut que "des psychologues, des médecins-psychiatres soient là pour les entourer, pour les aider".
La notification des certificats médicaux, qui servent d’étai aux décisions des directeurs de maintenir des mesures de soins sur demande d'un tiers ou en cas de péril imminent, est obligatoire, à défaut la mainlevée de la mesure doit être ordonnée par le juge. C'est ce que dit la Cour d'appel de Versailles dans trois récentes décisions de mainlevée.
Psychiatre et anthropologue, le Pr Richard Rechtman, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), analyse les impacts psychologiques de la tuerie de Nice.
Le Quotidien du Médecin : Comment la société peut-elle réagir à cet évènement dramatique, qui entre en cruelle résonance avec la tuerie de « Charlie Hebdo » et les attentats du 13 novembre ?
Pr Richard Rechtman : Nous observons un double phénomène. Il n'y a pas une sidération semblable à celle qu'on a vue à la suite de « Charlie Hebdo » et du 13 novembre ; ce n'est pas le même effroi. En revanche, on constate une augmentation dans le degré d'insupportabilité. C'est psychiquement intolérable.
Victimes directes, spectateurs, endeuillés, ou encore téléspectateurs, les enfants n'ont pas été épargnés par les tragiques évènements de Nice. Comment écouter et prendre en charge leur souffrance ? Éléments de réponse avec le Pr Thierry Baubet, pédopsychiatre à l’Hôpital Avicenne (Bobigny) et responsable de la cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) du 93.
| 15.07.2016
Le Quotidien du médecin : Quel peut être l'impact d'un tel attentat sur les enfants ?
Pr Thierry Baubet : La notion que les enfants ont de la mort est différente de celle des adultes. Elle se construit progressivement : avant 6 ans, les enfants pensent que la mort est temporaire ; ils jouent à être morts. La pensée de l'irréversibilité intervient après 6 ans, puis vient à la préadolescence la conscience de la dégradation du corps. Ceux qui ont vu hier soir des morts, des corps très abîmés, des scènes d'horreur absolue, ne peuvent plus rester dans le « faire semblant ». Le trauma et le deuil peuvent affecter les enfants à tout âge. Il peut donc y avoir une prise en charge des bébés jusqu'aux grands adolescents ; seules les techniques changent, mais toutes doivent prendre en compte l'entourage familial.