Stressé ? Débordée ? Oui, bien sûr, c’est une maladie de notre temps. Maladie prévue dès 1970 par l’économiste suédois Staffan B. Linder. Plus on s’enrichira, plus on aura le sentiment d’être sous pression, écrivait-il dans son livre La Ressource la plus rare. Pourquoi ? Parce qu’on se sentira obligé de consommer de plus en plus de biens par unité de temps. Keynes n’avait pas vu arriver la chose, lui qui prévoyait l’avènement d’une société où l’on travaillerait trois heures par jour. Ni l’un ni l’autre n’avaient anticipé l’avènement du réseau global. Nous voilà entrés dans l’ère de la « submersion » décrite par la journaliste Brigid Schulte dans Overwhelmed. Cela nous amène à réfléchir à deux questions distinctes. Il y a celle de l’overwork, en bon français la tendance à l’accroissement du temps effectivement consacré au travail. Une tendance fortement ressentie, mais très variable selon le profil professionnel, le sexe et le pays.
Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
mardi 8 mars 2016
La psychiatrie universitaire prône sa meilleure intégration "possible" dans des GHT polyvalents
Le Pr Pierre Thomas, président du Collège national universitaire de psychiatrie (CNUP), et le Pr Bernard Granger, président du Syndicat universitaire de psychiatrie (SUP), ont souhaité apporter leur contribution aux réflexions actuelles sur les groupements hospitaliers de territoire (GHT). Dans un communiqué du 7 mars, ils estiment que la mise en place des GHT "suscite des inquiétudes justifiées", notamment par le fait que la composition des GHT "est souvent définie par les ARS sans prise en compte de l’avis et de l’expérience des acteurs directement concernés". Pour rappel, ces inquiétudes sont notamment exprimées par les acteurs de la psychiatrie publique (directeurs, praticiens hospitaliers et usagers). Ces derniers ont récemment demandé des garanties aux tutelles, alors que le décret sur les GHT est toujours soumis à concertation (lire ci-contre).
Addictologie : publication d'un guide pratique des urgences
Damien Coulomb 07.03.2016
Le réseau de prévention des addictions (RESPADD) a publié un guide pratique à l'intention des professionnels de santé dédié à la prise en charge des urgences en contexte d'addictologie. Dans ce document de 44 pages signé par des praticiens hospitaliers, des membres de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies (MILDECA), de l'observatoire français de drogues et toxicomanie (OFDT) et du RESPADD, décrit les situations d'urgence les plus courantes (arrêt cardiorespiratoire, hypothermie, crise convulsive, urgence sociale...) et les différents types d'intoxication aiguë (alcool, stimulants majeurs, hallucinogènes...).
Syndrome de « Tako-tsubo » : un trop grand bonheur peut aussi briser le coeur
Roxane Curtet
| 07.03.2016
Des chercheurs de l'hôpital universitaire de Zürich ont découvert que des événements heureux peuvent déclencher des problèmes cardiaques.
Leurs travaux publiés dans « The european Heart journal » portent précisément sur les éléments déclencheurs du syndrome de ballonnisation apicale transitoire du ventricule gauche, dit de « Tako-tsubo ». Celui-ci se caractérise par une soudaine faiblesse des muscles cardiaques, donnant au cœur l'aspect d'un piège à poulpe japonais, auquel il a emprunté son nom.
Des consignes sont élaborées afin d'améliorer le codage des tentatives de suicide dans le Rim-P
La Fédération de recherche en santé mentale (F2RSM) du Nord-Pas-de-Calais (désormais nommée F2RSM NPDC-Picardie) notait en 2013 une "différence significative" du nombre de tentatives de suicide (TS) recueillies en 2011 dans la région entre le programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI, avec 9 327 TS recensées) et le recueil d'informations médicales en psychiatrie (Rim-P, avec 3 563 TS recensées). Face à ce constat, elle s’est engagée à améliorer les pratiques de codage de la TS en lien avec les départements d'information médicale (Dim) des établissements de santé de la région, informe dans un communiqué la fédération. Une étude a donc été conduite auprès des professionnels de psychiatrie (étude TS-Psy) en 2014 afin "d’analyser les représentations et les pratiques du codage" de la tentative de suicide dans le Rim-P. Cette étude a été suivie d’une double enquête auprès des Dim en 2015.
Le « dentiste boucher » de Château-Chinon face à ses victimes
Des dents saines arrachées ou dévitalisées, des mâchoires percées et infectées, des implants mal posés, des fragments de racine ou des morceaux d’instrument laissés dans la gencive. Le procès qui s’ouvre, mardi 8 mars, au tribunal correctionnel de Nevers devra déterminer ce qui a poussé l’ancien dentiste néerlandais Jacobus Marinus – dit « Mark » – Van Nierop, aujourd’hui âgé de 51 ans, à commettre de tels dégâts et à causer de telles souffrances chez plus d’une centaine de ses patients, à Château-Chinon (Nièvre), entre fin 2008 et juillet 2012.
Poursuivi pour « escroqueries », « faux et usage de faux » et « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente », celui qui a été surnommé le « dentiste de l’horreur » ou le « dentiste boucher » encourt dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Arrêté au Canada en 2014 et extradé vers les Pays-Bas, car il s’accusait du meurtre de sa seconde épouse quelques années plus tôt, il n’a été remis à la justice française qu’en janvier 2015.
Los Angeles. 37% des blessés par la police souffrent d'une maladie mentale
Plus d'un tiers des personnes blessées par des tirs policiers en 2015 à Los Angeles souffraient de maladie mentale
Leur nombre a triplé en quatre ans, selon un rapport interne de la police de la ville (LAPD).
Les policiers de la métropole californienne ont fait usage de la force près de 2 000 fois l'an dernier, et ont tiré sur 48 personnes dont 21 sont mortes, selon ce rapport.
Sur 38 personnes qui ont été touchées par des tirs policiers, 14 (37 %) montraient « des signes de maladie mentale », contre 5 seulement en 2011.
Aide médicale à mourir et santé mentale: une question complexe
CANADA SHERYL UBELACKER La Presse Canadienne TORONTO 06 mars 2016
L'une des questions les plus litigieuses soulevées par la future loi du Canada sur l'aide médicale à mourir est de savoir si les personnes atteintes de troubles de santé mentale devraient aussi avoir la permission de recourir aux services d'un médecin pour mettre un terme à leurs jours tout comme celles souffrant de maux physiques «graves et incurables» comme un cancer en phase terminale.
lundi 7 mars 2016
Enquête-Reportage : le rite « Ndeup » soigne-t-il réellement? Qu’en pensent les spécialistes de la santé mentale ?
SENEGAL
Il est 10h du matin, nous sommes à la plage terrou-bi située prés de la Cour suprême. Les occupants habituels de la plage semblent avoir déserté les lieux à cause de la fraicheur qui s’installe petit à petit à Dakar. Sur place, nous assistons à une scène peu familière. Tam-tam en bandoulière, de jeunes percussionnistes font danser un public visiblement possédé. Tour à tour, les 10 bœufs attachés au milieu d’une foule déchainée sont sacrifiés sur la plage qui verra son eau changer de couleur par l’effet du sang. Certains spectateurs de la scène entrés en transe sont ramassés en pleine crise au milieu de la foule. Nous assistons à une pratique appelée «ndeup». Quel est son soubassement? A t-il réellement des effets guérisseurs? Qu’en pensent les spécialistes de la santé mentale ? Bienvenue dans univers ésotérique peu connu du grand public…
Une pratique plus que centenaire résistant à l’effet du temps…
S’il y a une pratique que ni le temps, ni la modernité n’a pu arracher à ses thuriféraires zélés, c’est bien le rite «Ndeup». Ce dernier, a en croire la dame O.Ndoye, appartenant à la communauté lébou, est une pratique traditionnelle qui permet de soigner les personnes qui ont des perturbations pschychiques ou mentales.
La colère métaphorique de l'expert au procès de Claude D.
SUISSE Fati Mansour 9 mars 2016
Moment assez exceptionnel dans un prétoire. Mais il est vrai que tout est spécial dans cette affaire. Deux experts psychiatres, chargés de deux rapports distincts, font leur entrée pour être entendus ensemble. Leurs conclusions divergent. De quoi pimenter le débat.
Ils doivent décrire le profil inquiétant de Claude D., examiner sa responsabilité pénale au moment des faits, évaluer le risque de récidive et surtout prédire, ou pas, si le prévenu sera dangereux pour toujours.
Le premier, le Dr Philippe Vuille, spécialiste neuchâtelois, est celui qui a conclu ici à une incurabilité à vie, une espèce rare dans le milieu de la psychiatrie qui reste très hostile à ce genre de pronostic définitif. Le second, le Dr Lutz-Peter Hiersemenzel, installé à la tête d’un Institut à Soleure, est plus prudent sur le si long terme.
Ça démarre en fanfare.
samedi 5 mars 2016
“Merci Patron !”
François Ruffin, les patrons ne lui disent pas merci
Ce journaliste engagé réalise “Merci Patron !”, thriller social aussi offensif et jubilatoire dans lequel il piège LVMH et Bernard Arnault. Rencontre.
David contre Goliath, le Cheval de Troie, Robin des bois, le Colosse aux pieds d'argile : les figures de la littérature et de la mythologie se bousculent pour évoquer le cas de François Ruffin et de son documentaire, Merci Patron !, sur les écrans depuis le mercredi 24 février 2016. L'homme qui a fait vaciller LVMH nous reçoit dans les locaux parisiens de son distributeur, Jour2fête, les traits un peu tirés par une épuisante tournée d'avant-premières où les spectateurs, trop nombreux, se voyaient refuser l'entrée par dizaines, sinon par centaines.« Quand on n'a pas d'argent, il faut des gens », répète-t-il à qui s'étonne de l'efficacité du bouche-à-oreille. La quarantaine athlétique, il arbore son désormais célèbre t-shirt « I Love Bernard », signe d'allégeance ironique à Bernard Arnault, première ou deuxième fortune française selon les classements et bête noire du soldat Ruffin depuis que le patron se serait rendu coupable, « pour son enrichissement personnel, du démantèlement de plusieurs usines dans le Nord de la France ».
Avant de s'improviser cinéaste, ce natif d'Amiens appartient à la catégorie rare des journalistes de combat, qui mouillent la chemise pour défendre le prolétariat. Il n'a que 24 ans quand il fonde le journal Fakir, trimestriel picard « fâché avec tout le monde ou presque », qui dénonce à longueur d'enquêtes et de reportages les coups bas des puissants dans une région triplement sinistrée par la crise, les délocalisations et le déclin du mouvement ouvrier. Son passage au Centre de formation des journalistes (CFJ), prestigieuse école parisienne d'où sortent les futurs hommes-troncs du PAF (entre autres) lui inspirera un réjouissant pamphlet,Les Petits soldats du journalisme, où il explique, reprennant les thèses de Bourdieu, comment on fabrique une nouvelle élite de plumitifs à qui on apprend moins à réfléchir qu'à reproduire des mécanismes de soumission aux pouvoirs en place.
Des garanties sont demandées sur la place des communautés psychiatriques au sein des futurs GHT
Alors que le décret sur les groupements hospitaliers de territoire (GHT) est toujours soumis à concertation à ce jour, les acteurs de la psychiatrie publique* font savoir dans un communiqué du 2 mars que la définition des communautés psychiatriques de territoire (CPT), prévues par la loi, doit "être un préalable à toute réflexion sur les GHT en psychiatrie et santé mentale". Les organisations cosignataires tiennent en effet à alerter le Gouvernement sur le projet de décret "qui ne peut que conduire à l'échec de la mise en œuvre de la loi" de Santé pour la discipline. Selon eux, "le caractère excessivement intégratif du projet soumis à la concertation, la forte prééminence du rôle confié à l'établissement support réduisant les prérogatives et les marges de manœuvre des établissements partenaires en les cantonnant à un rôle supplétif sont aux antipodes de la souplesse initialement annoncée". Ces éléments "nourrissent dès lors de très grandes inquiétudes" au sein de la psychiatrie publique.
Les hôpitaux demandent un geste pour les soins de longue durée et la psychiatrie
Solveig Godeluck / Journaliste | Le 04/03
Les tarifs 2016 des établissements de santé tardent à être arbitrés dans un contexte budgétaire tendu.
Comme l'année dernière, les délais n'ont pas été tenus. Les établissements de santé publics et privés attendaient la publication de leurs tarifs 2016 au 1er mars, mais le ministère de la Santé et Bercy continuent à discuter. L'un des sujets les plus épineux est la « liste en sus » sur laquelle sont inscrits les médicaments innovants et coûteux que l'hôpital est autorisé à prescrire hors budget. Faut-il biffer automatiquement les molécules les moins efficaces, au risque de laisser des patients sans remède ? Ou bien juger au cas par cas, comme le souhaite la ministre de la Santé, Marisol Touraine ? D'un autre côté, le contexte budgétaire n'a jamais été aussi tendu pour les hôpitaux et les cliniques. Avec un objectif de progression de leurs dépenses limité à 1,75 % cette année, soit une enveloppe de 78 milliards d'euros, il n'y a quasiment pas de marge de manoeuvre.
Responsabiliser ou stigmatiser les patients ?
05/03/2016
Nous l’avons rapidement évoqué : l’Assurance maladie belge a récemment fait le choix de conditionner la prise en charge d’Ofev (indiqué dans la fibrose pulmonaire) à l’arrêt du tabac par les patients depuis au moins six mois. Ce sevrage sera vérifié par une analyse d’urine, ce qui exclut l’utilisation de substituts nicotiniques. Cette mesure de l’Assurance maladie belge suscite le débat Outre Qiévrain chez les professionnels de santé et au sein du grand public. Au-delà des critiques quasiment unanimes concernant le délai imposé et l’impossibilité de recourir à des substituts nicotiniques, sur le principe du conditionnement d’une prise en charge en fonction des habitudes de vie, les avis sont souvent à la fois tranchés...et partagés.
Responsable de tout !
Les opposants à un tel système établissent ainsi de longues listes des situations qui pourraient faire l’objet de restrictions similaires, listes destinées à révéler l’absurdité d’une telle mesure. « Et aussi plus de traitement pour les personnes qui souffrent d'hypertension ou de problème d'articulation à cause de leur obésité, elles n'ont qu'à maigrir, plus de traitement pour les anorexiques, elles n'ont qu'à manger, plus de traitement pour les cirrhoses du foie, faut arrêter de boire, plus de traitement pour les cardiaques, fallait faire 30' de sport par jour, plus de traitement pour les MST fallait utiliser le préservatif... et on peut continuer longtemps » s’insurge par exemple un lecteur du journal belge Le Soir. Une énumération à laquelle fait écho une réaction d’un professionnel de santé sur notre site qui propose : « Et la vieille dame et son col du fémur qui aurait dû faire attention de ne pas tomber, et celui avec son cancer du côlon qui s’est pas fait dépister assez tôt, et l’autre avec sa tentative de suicide pour licenciement, qui aurait dû trouver du boulot tout de suite », lance-t-il. Ces différents exemples tendent à rappeler qu’il est très difficile d’établir une limite raisonnable lorsqu’on tente de distinguer dans un état de santé ce qui relève ou pas de la responsabilité du patient.
CHANGER DE REGARD SUR LES MALADIES PSYCHIQUES
« Les maladies psychiques sont incurables », dit la rumeur. Cyril Barlet, psychiatre, praticien hospitalier, affirme et démontre le contraire.
27/02/2016
Tordre le cou à ces phrases assassines qui stigmatisent les malades psychiques, Cyril Barlet le fait d’autant plus volontiers qu’il est résolument optimiste sur le sujet.
D’abord, il faut l’admettre, certaines maladies psychiques sont incurables, mais pas celles que l’on croit. « Les démences, de type Alzheimer, ne se guérissent pas. On peut juste essayer de ralentir le processus démentiel et améliorer l’environnement du malade. » Mais quand la rue dénonce, elle ne pense pas à Alzheimer, elle pense psychoses : schizophrénie, ces pathologies qui font, exceptionnellement, tomber les malades dans les faits divers violents et incompréhensibles.
« On guérit de la plupart des maladies psychiques. Votre voisin a peut-être à un moment de sa vie été diagnostiqué schizophrène et vous ne le savez pas. Un quart des patients atteints de schizophrénie retrouveront un fonctionnement psychique tout à fait sain. Dans 50 % des cas, la maladie évolue vers une rémission prolongée permettant au patient de retrouver un fonctionnement satisfaisant dans son milieu social. En revanche, dans 25 % des cas, on note une aggravation progressive des troubles schizophréniques. »
Point commun à la plupart des maladies mentales, leur évolution est fluctuante, avec une alternance d’états de crises et de périodes de rémissions plus ou moins longues.
« Au CH de Novillars, les trois-quarts des patients sont suivis uniquement en ambulatoire. Ils sont soignés en hôpital de jour, en centre postcure ou en centre médico-psychologique. Un quart des patients seulement sont pris en charge à l’hôpital, pendant les périodes de crise psychique, et seuls quelques-uns sont potentiellement dangereux pour eux-mêmes ou pour autrui. La durée d’un séjour hospitalier n’est que de 25 jours en moyenne. »
Malgré la réalité des chiffres, dans chaque département, le nom de l’hôpital psychiatrique n’est pas anodin, il prête à rire, à menacer… « Tu vas finir à Novillars. »
vendredi 4 mars 2016
Un recours devant le Conseil d'État est déposé contre le décret réglementant les UMD
Le Cercle de réflexion et de proposition d'actions sur la psychiatrie (CRPA) a déposé le 2 mars un recours devant le Conseil d'État pour excès de pouvoir contre le décret du 1er février 2016 relatif aux droits des patients en psychiatrie. Paru au Journal officiel le 3 février dernier, ce décret précise notamment les conditions d'admission et de sortie des patients dans les unités pour malades difficiles (UMD).
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