John Steiner appelle « refuges psychiques » les « espaces psychiques sécurisés dans lesquels un sujet se retire pour se protéger de tout contact émotionnel, éviter l'angoisse et la souffrance ». Steiner donne à ces refuges psychiques une connotation pathologique, mais Gregorio Kohon s'applique dans ce livre à démontrer qu'ils peuvent au contraire être utiles aux sujets : « la capacité de préserver un lien d'intimité avec soi-même, en excluant les autres, pourrait bien constituer le moyen par lequel l'enfant développe un sentiment de protection et de sécurité ». Dans les situations traumatisantes, le refuge psychique pourrait même devenir vital, ajoute Kohon, qui le distingue de l' « état de retrait psychique » décrit par Winnicott en termes de régression, qui lui, relève de la pathologie, et notamment de la pathologie des états-limites (voire de l'autisme).
« Je vous écoute » : ainsi commence le plus souvent une séance de psychanalyse. Mais ici, le patient n'est pas obéissant, il est plutôt vindicatif. En mal d'amour, il porte sur lui une petite bombe qu'il déclenche devant le jeune psy (Bénabar), qui ne sait plus très bien où il en est.
Dans les tuyaux depuis 2013, la nouvelle version du cahier des charges des groupes d'entraide mutuelle est sur le point d'aboutir. Reçu favorablement par le CNCPH, le projet de texte entend renforcer l'assise des structures à coups d'évolutions dans la constitution des statuts comme dans les rôles des parrains et gestionnaires.
Lancé en septembre 2013 par le Comité interministériel du handicap (CIH), le chantier de révision du cahier des charges des groupes d'entraide mutuelle (Gem) se formalise. Organisation, constitution, financements, gestion... le projet d'arrêté que s'est procuréHospimedia revient sur la batterie d'éléments réglementaires consolidés en 2011 et décline une série d'outils à même de faciliter le portage de ces dispositifs sur le terrain*. Un moyen pour le Gouvernement de leur donner les moyens de poursuivre leur développement, alors que Ségolène Neuville, secrétaire d'État aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion, plébiscitait en décembre dernier encore "le retour sur investissement social" (lire ci-contre).
À quelques semaines du renouvellement de la mandature du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), sa nouvelle présidente Dominique Gillot a entrepris de faire évoluer sa constitution. Avec deux objectifs : assurer l'inclusion sociale et renforcer le poids de l'instance dans les politiques publiques.
Hospimedia : "Demain, à votre initiative, le CNCPH se penchera sur un projet de décret venant réformer sa propre constitution. L'idée est de profiter de la parution prochaine du décret sur le renouvellement de la mandature du CNCPH pour réorganiser le fonctionnement du conseil ?
Dominique Gillot :Oui, il s'agit d'actualiser le fonctionnement de ce conseil en l'ouvrant davantage sur la société civile pour lui donner plus de force dans le respect de ses compétences. C'est un conseil consultatif qui a vocation à être consulté justement sur tous les textes, les règlements et les évolutions qui visent à l'organisation de la vie quotidienne des personnes handicapées. Dans cet esprit, je pensais qu'il fallait ouvrir un autre collège, faire entrer d'autres personnes ou d'autres associations qui ont une existence, des activités et une action reconnues ; des organismes aussi, qui contribuent à la prise en compte des problématiques des personnes à besoins spécifiques et qui sont en mesure de faire la promotion des aptitudes des personnes en situation de handicap. Consciente du manque de documentation scientifique réunie sur cette question-là, aussi bien en termes d'évolution des comportements, d'effets des dispositions qui ont été mises en place, d'évolution de la recherche sur la question du handicap, j'ai proposé à la ministre [Ségolène Neuville, secrétaire d'État aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion], que l'on mette en place un conseil scientifique. Il y aura donc de nouvelles associations et organismes, un collège de personnes qualifiées, et le conseil consultatif pourra s'appuyer sur les travaux de ce conseil scientifique. Le cabinet de la ministre viendra exposer le décret et présentera l'architecture globale avant la désignation des représentants au conseil, en fonction des manifestations d'intention et de l'analyse par la ministre de l'efficience de ces manifestations d'intention. La publication du décret devrait quant à elle intervenir avant la fin du mois de mars, cela pourrait être le dernier vendredi de mars.
|Le gouvernement vient d'officialiser par la parution d'uneinstruction la possibilité pour les praticiens hospitaliers de prolonger leur activité jusqu'à 70 ans. 23.02.2016
Cette mesure de la loi de santé doit permettre aux hôpitaux de faire face aux difficultés de recrutement médical. Aujourd'hui, un quart des postes de praticiens hospitaliers n'est pas pourvu. Concrètement, la prolongation d’activité, autorisée depuis 2004, est portée de 36 mois à 60 mois selon la date de naissance des personnes concernées.
« J’ai fait tellement d’heures que j’étais à bout. Un samedi, je suis parti de chez moi sans rien dire à personne. On m’a retrouvé en larmes, garé au bord de la route, au milieu de la campagne. Burn-out », se souvient Jean-Luc (les témoins ont souhaité rester anonymes), agent de maîtrise. Huit mois d’arrêt plus tard, le médecin de la Sécurité sociale lui a fait reprendre le travail contre l’avis de sa psychologue. Au bout de quatre mois, il « repète un câble ».
Près de 1 500 personnes, usagers, personnel hospitalier et syndicats, ont manifesté samedi 20 février pour défendre la qualité des soins et dénoncer les conditions de travail au centre hospitalier public du Cotentin (CHPC) à Cherbourg, en Normandie, à l'appel de l'association de défense du CHPC.
Depuis le mois d'août, habitants et personnel hospitalier sont sur les nerfs. La fermeture du service d'urgences de Valognes et d'une ligne du SMUR, à 20 km de Cherbourg, a sensiblement bouleversé les conditions de travail et l'offre de soins du territoire. « Le transfert d'activité des urgences de Valognes a conduit à un surcroît d'activité au CHPC et à un surmenage des équipes », explique André Jacques, secrétaire général de l'association, ancien cadre du secteur social. Ce n'était pas la première action de la population. En octobre dernier, l'association avait lancé une pétition ayant recueilli 26 000 signatures pour une réouverture du site de Valognes. En vain. « L'ARS Normandie a juste rouvert la ligne SMUR, ce n'est pas suffisant », poursuit André Jacques.
"L'Extase de Sainte Therese d'Avila (1515-1582)" dans la chapelle Cornaro de Santa Maria della Vittoria à Rome. Sculpture en marbre de Gian LorenzoBernini, dit Le Bernin . DE AGOSTINI / LEEMAGE
Vous voulez améliorer votre vie sexuelle ? Cessez cet obscène plan à trois avec votre partenaire et Dieu. Roulez-moi ce tapis de prière, balancez ce crucifix, revendez votre menora sur eBay. L’option semblera un peu brutale aux croyants, elle a pourtant été observée scientifiquement : la sexualité se porte mieux sans l’œil du Jugement dernier dans la chambre à coucher. Surtout quand le jugement est réprobateur, avec un potentiel aller simple pour l’enfer.
En ces temps de sextapes révélées et de fuite des données, l’idée d’un dieu voyeur hante nos cauchemars. Internet fête cette année les dix ans d’un de ses plus fameux phénomènes : le ceiling cat. Les spécificités de cet adorable matou du plafond ? 1) Il regarde quand nous nous masturbons, 2) justement parce qu’il regarde, il est considéré comme le dieu d’Internet (il possède sa propre Bible).
Alors posons la question qui fâche : la scrutation divine influence-t-elle notre vie sexuelle ? Pas au niveau des pratiques. Les enfants de chœur ne deviennent pas des oies blanches : qu’on parle de comportement sexuel, de fréquence des rapports ou de premières expériences, les plus pieux d’entre nous restent des créatures de chair. Ils regardent autant de pornographie que les autres, voire plus (les pays les plus restrictifs sont les plus pornovores). Ils sont aussi infidèles que le président de votre choix. Leur satisfaction sexuelle est bonne, d’autant que les mariages sont solides.
Recomposées, adoptantes, pluriparentales, monoparentales, homoparentales. N’en déplaise aux adversaires du mariage pour tous, nombre de familles détonnent avec le modèle traditionnel qu’ils défendent – un papa, une maman, des enfants, et tout ce petit monde qui avance uni dans la vie. Avec le développement des inséminations avec donneur, anonyme ou non, et de la gestation pour autrui (GPA), l’arbre généalogique, déjà bouturé par les divorces et remariages, gagne de nouvelles branches.
Psychiatre et psychanalyste, responsable de l’unité de thérapie familiale à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Serge Hefez est le témoin des secousses, doutes et interrogations qui accompagnent parfois ces tribus en construction. Dans son nouvel essai, il livre son analyse de spécialiste sur les mutations actuelles. Et appelle la société à les accepter « sans peurs », à « remplacer des choix trop souvent binaires par des choix plus ouverts ».
Le Monde.fr | | ParBruno Philip (Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est)
Lettre de Bangkok. Depuis environ un an, à Bangkok et dans les villes de Thaïlande, c’est la ruée sur les « poupées-esprits ». Ces luuk thep, mot thaï qui signifie « bébé ange », sont censées, après avoir été dûment bénies par des chamanes ou des moines bouddhistes, être animées par un esprit amical et bien luné qui apportera à son propriétaire richesse, bonheur et prospérité.
Etre le parent de cet ange à la physionomie irréellement humaine demande à peu près autant de travail que de s’occuper de son bébé, même si l’on n’a pas besoin de changer les couches de la poupée en plastique : on la baigne, la berce, la fait manger, on l’emmène se coucher.
« Mon enfant, c’est l’heure de se lever », murmure chaque matin à sa poupée Jirunya Supaorus, 27 ans. Depuis que sa luuk thep, baptisée Nong, est entrée dans sa vie, ses affaires se portent de mieux en mieux. Elle dit qu’elle a réussi à tripler son capital. Depuis, elle a totalement intégré Nong dans sa vie sociale, la transportant le week-end chez ses parents. Parfois, elle lui offre un massage thaï dans un salon… « Il y a des gens qui pensent que je suis folle, admet-elle, mais je m’en moque. Ils n’ont aucune idée à quel point cette poupée m’a aidée dans la vie. »
Cercle de réflexion libéral, la fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFRAP) distribue les bons et mauvais points aux hôpitaux en matière d'absentéisme de leurs personnels, médecins compris, dans un classement inédit.
Dans une série de photos intitulée La Grande et Épouvantable Histoire africaine : Dépression, [The Great African Horror Story : Depression] le photographe sud-africain de 29 ans Thembela Nymless Ngayi s’attaque à la stigmatisation associée aux maladies mentales, en particulier pour les hommes noirs de sa communauté.
"J’ai toujours su que les troubles mentaux existent, mais je n'ai jamais vraiment vu ou entendu des gens aborder la question publiquement. Au fil des ans, j'ai vu mes proches être affectés par des troubles mentaux [des problèmes d’ordre], plus spécifiquement par la dépression, et à l'époque je ne savais pas beaucoup de choses là-dessus. Je me disais que c’était un problème qui ne touche que les ‘Blancs’."
"J’ai changé d’avis l'année dernière quand j’avais le moral au plus bas, j’ai aussi découvert que peu de personnes savent comment réagir face à une personne qui souffre d'une maladie mentale. On a souvent tendance à ignorer ce qui se passe ou à accuser les esprits, la sorcellerie ou les ancêtres".
"L'homme pense qu’il ne sert à rien. Il se sent invisible et personne ne voit sa douleur"
Le nombre croissant des personnes présentant une psychose chronique dans les rues de Brazzaville devient un danger pour la population dont la quiétude est souvent perturbée par ces malades d’un autre genre qui déambulent dans des lieux publics.
Tous les jours, après avoir écumé les contrebas des ponts, ces débiles mentaux errent librement dans les rues comme des citoyens ordinaires. On les croise partout dans les abords des marchés, des hôpitaux, des ronds-points, des écoles, des lieux publics, ou à proximité des grands centres d’affaires parfois en tenue d'Adam et Eve.
Ils se nourrissent de ce qu’ils trouvent sur leur chemin. Certains sillonnent les mêmes quartiers depuis des années. D’autres, consommateurs de drogues sont venus grossir les rangs de ces laissés- pour- compte. Leur nombre a, semble t-il, augmenté.
Quant aux femmes, elles sont constamment exposées au viol par des hommes zélés, et peut-être aliénés. Ces actes aboutissent parfois à des grossesses.
« L’Etat doit trouver une solution pour cette catégorie d’individus dont le sort est très déplorable. Les familles incapables de contenir les violences et les comportement étranges de certains d’entre eux ont choisi de démissionner », s’est plaint Maurice Kangou, un habitant de Moungali. En effet, ces malades mentaux posent souvent des actes d'incivisme et d'agression envers la population.
Lettre de Tunis. Adnen Meddeb a été envoyé derrière les barreaux pour du papier à rouler. C’était à l’automne 2015 à la hauteur du Musée du Bardo à Tunis. Il était 21 h 10, quelques minutes à peine après le début du couvre-feu instauré aprèsun attentat djihadiste dans la capitale, fin novembre dernier. La police arrête la voiture d’Adnen qui transportait des films du festival Journées cinématographiques de Carthage (JCC) auquel le jeune homme, ingénieur du son et fou de cinéma, participait. Les policiers découvrent dupapier à rouler sur le siège arrière. Alors s’emballe la mécanique infernale. Alors s’abattent les foudres de cette fameuse loi anti-cannabis – dite « loi 52 » – qui nourrit la controverse dans la Tunisie postrévolutionnaire.
Le burn-out n'est pas un diagnostic médical en l'état actuel des connaissances et ne doit pas conduire à une prescription inadaptée de traitements médicamenteux, insistent les membres de la commission psychiatrie et santé mentale de l'Académie de médecine, dans un rapport rendu public ce 16 février.
Publié le jeudi 18 février 2016 par João Fernandes
RÉSUMÉ
Ce colloque constitue la troisième rencontre entre l’association l’Élan retrouvé et l’université Paris 7 Diderot pour que les praticiens en psychiatrie et les enseignants-chercheurs en psychanalyse puissent échanger leurs savoir-faire et leurs connaissances au sujet des différentes pathologies avec lesquelles ils travaillent. Pour cette troisième rencontre, il nous est apparu important de nous interroger sur la psychothérapie institutionnelle aujourd’hui, alors qu’un de ses représentants, Jean Oury, nous a quitté récemment. Dès sa création, l’Élan retrouvé s’est intéressé à ce mouvement novateur, notamment grâce à son fondateur, le professeur Paul Sivadon. Un demi-siècle plus tard, nous souhaitons donc nous interroger sur cet héritage et sur la manière dont nous pouvons concevoir et pratiquer la psychothérapie institutionnelle aujourd’hui.
La photographe française Julia Küntzle a mené avec des Marocaines et des Marocains un projet artistique pour dénoncer le machisme qui imprègne leur société.
Fini le temps des Miss Bikini sur les plages de Casablanca. A l’été 2015, nombreuses étaient celles qui préféraient se baigner en djellaba de peur d’être harcelées, insultées ou menacées. Ces derniers mois ont été marqués par des affaires de mœurs à répétition. Le film Much Loved de Nabil Ayouch,traitant du quotidien des prostituées marocaines, a été interdit et a provoqué un tollé, l’actrice principale, Loubna Abidar, a été agressée et battue dans la rue, avant de se réfugier en France.
Selon le dernier classement annuel sur les inégalités publié par le Forum économique mondial, le Maroc figure au 133e rang sur 142 pays en matière de respect des droits des femmes.
« Le Maroc est régi par une société patriarcale où les idées machistes prédominent »,dénonce Ibtissame Betty Lachgar, militante marocaine pour les droits des femmes et cofondatrice du Mouvement pour les libertés individuelles (MALI). En 2014, le premier ministre, Abdelilah Benkirane, issu du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste conservateur), a recommandé aux femmes marocaines de quitter leur emploi pour retrouver leur place « naturelle » au sein du foyer et redevenir « les lustres qui éclairent les maisons ».
Dans un contexte où l’infériorité de la femme est légitimée et justifiée par le chef du gouvernement en personne, s’exprimer en public peut donc se révéler très dangereux. Pourtant, 45 Marocaines et Marocains, de tous les âges et de toutes les classes, ont décidé de dénoncer masqués le machisme qui gangrène le royaume chérifien.
Cette galerie de portraits, souvent sous la forme de témoignages, dont certains seront présentés dans les rues de plusieurs villes marocaines, a été baptisée Macho Mouchkil. Une expression marocaine en arabe dialectal qui signifie « pas de problème » et banalise parfois les « petits accidents » du machisme quotidien. Le Monde Afrique a sélectionné cinq de ces personnalités.