« Il faut qu’on arrête de prendre les gens de la rue pour des bouts de viande. De les prendre sans cesse le soir pour leur demander de partir le matin ! », tempête Philippe Fernandez, « clochard » pendant plus d’une dizaine d’années, aujourd’hui bénévole pour plusieurs associations d’aide aux sans-abris. C’est aussi l’une des recommandations faites par la Fondation Abbé-Pierre dans son 21e rapport annuel, publié jeudi 28 janvier : mettre un terme au renouvellement sans fin de l’hébergement d’urgence pour des SDF brinquebalés de foyer en foyer, sans perspective de trouver un logement stable. Face à ce constat, reformulé chaque année par les associations d’aide aux sans-abri, certains centres d’hébergement tentent d’offrir des solutions durables à leurs pensionnaires. C’est le cas des Enfants du canal, rejetons des Enfants de Don Quichotte, un mouvement né en 2006 de l’occupation des bords du canal Saint-Martin.
Dans leur centre de la rue Vésale, l’ancienne permanence de Jean Tiberi, ex-maire (UMP) de Paris puis du 5e arrondissement, les travailleurs sociaux accueillent une trentaine de pensionnaires « en CDI », selon les termes de Christophe Louis, directeur de l’association.« Tant qu’ils n’ont pas de solution d’hébergement durable, ils restent ici. Il n’y a pas de durée préétablie, c’est anxiogène pour eux. »
L’Ordre des médecins a proposé cette semaine qu’une note éliminatoire soit fixée dans le cadre des Epreuves classantes nationales (ECN). Si cette mesure ne répondra sans doute pas à l’ensemble des défauts de ces épreuves épinglés par beaucoup, de nombreux observateurs estiment cependant qu’elle pourrait constituer un premier point de départ pour éviter que des internes totalement incompétents ne débarquent dans les services. Ils seraient en effet de plus en plus nombreux et comptent notamment parmi les étudiants européens (qui pour certains ne parlent pas Français) et les jeunes Français ayant fait leur cursus en Roumanie après avoir échoué en première année.
Sur le site Egora, le Professeur Philippe Jaury coordinateur du DES de médecine générale signale ainsi comment en Ile de France avec le soutien de l’Agence régionale de santé (ARS) a été décidée "l’exfiltration" de ces internes des hôpitaux périphériques où ils étaient nombreux vers d’autres services où ils sont en surnombre et où les équipes ont accepté de les former lors de stages non validant. Cependant, alors que les autorités de tutelles semblent refuser de se saisir du problème (ne pouvant revenir sur la coopération avec les universités européennes), que l’ARS ne pourra longtemps maintenir son soutien et que le sort de ces internes reste difficile (sans compter que dans les services où ils ont été retirés, la pénurie d’effectifs se fait sentir), la situation est très difficile.
3 Français sur 4 jugent leur pays comme inégalitaire, le logement leur apparaissant comme la troisième source d'inégalités la plus grave et la deuxième la plus répandue. (sondage TNS Sofres - octobre 2015)
La Fondation Abbé Pierre analyse le logement comme un facteur majeur dans l'approfondissement des inégalités, au coeurdu processus de décrochage des couches populaires.
"Personnels et résidents des Ehpad en souffrance, d'autres choix sont possibles", clame dans son tract l'union syndicale départementale de la santé et de l'action sociale CGT du Loir-et-Cher. Depuis le 19 janvier dernier, elle a lancé une campagne sur cette thématique qui doit aboutir à une journée d'action régionale le 29 février, date de la conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA) à Orléans (Loiret). La fédération envisage alors d'interpeller l'ARS Centre-Val de Loire*. Mais auparavant pendant deux mois, elle va récolter le maximum de témoignages et distribue donc son tract sur la situation des établissements. Le département compte une trentaine d'Ehpad privés et publics accueillant entre 2 400 et 2 500 résidents. "Les salariés des Ehpad sont confrontés à l'insuffisance chronique et globale de personnel pour s'occuper sereinement des résidents et subissent quotidiennement les surcharges de travail, les glissements de tâches, les horaires découpés, les changements incessants de planning", indique la CGT.
Maladies cardiovasculaires, hygiène bucco-dentaire, obésité... Symptomatiques d'une absence de promotion et de prévention adaptées et efficaces, les difficultés d'accès aux soins des personnes handicapées sont renforcées, chez les personnes souffrant de déficiences mentales, par un manque d'implication marqué dans la prise en charge de leur santé. Pour y remédier, des chercheurs belges se sont penchés sur le concept d'autodétermination. Venue tout droit de la psychoéducation, la notion trouve les biais nécessaires pour responsabiliser la personne et l'aider à poursuivre au quotidien des gestes contribuant à une meilleure santé. À l'image des microcrédits pour le secteur de l'économie, Robin Bastien et Marie-Claire Haelewyck, du service d'orthopédagogie clinique de l'université de Mons, et Claude Renard, de l'observatoire de la santé du Hainaut à Havré, se sont penchés dans cette optique sur l'impact des "microdéfis".
Suite à une année 2015 marquée par l'assouplissement de la loi Evin, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) entend bien prendre sa revanche sur le lobby de l'alcool en 2016.
« Nous sommes sortis victorieux de la lutte contre le lobby du tabac mais nous restons modestes, rien n'est jamais acquis, il n'est pas un jour sans que je ressasse notre échec face aux industriels de l'alcool », a reconnu sa présidente, Danièle Jourdain Menninger, lors des vœux annuels de la mission. La loi Evin ayant été, selon elle, « vidée de son sens ».
L’agression au poignard, lundi, à Schaerbeek, pose la question de la formation des intervenants.
Le fait divers qui s’est produit lundi soir au centre Titeca à Schaerbeek a remis au-devant de l’actualité la problématique de la violence dans les soins psychiatriques. Armé d’un poignard, un patient de 19 ans y a grièvement blessé sept personnes, six membres du personnel et un autre patient. Mardi, leurs jours n’étaient plus en danger. Le front commun syndical du secteur non marchand a vu dans cet incident "malheureusement prévisible" - et qui n’est pas un cas isolé - l’illustration d’un manque de personnel et d’un besoin de formation adéquate.
Mais le personnel des institutions psychiatriques est-il réellement démuni face à la violence ? Il semble que la situation varie fortement d’un service à l’autre, et que tous les intervenants, qu’ils travaillent en hôpital, en centre d’accueil ou à domicile, ne disposent pas des mêmes outils.
"Chez nous, le personnel a reçu, il y a dix ans, une formation à la gestion de la violence, témoigne Michel Pluymers, assistant social à la clinique neuropsychiatrique Notre-Dame des Anges, à Liège. Depuis, plus rien, sauf pour l’un ou l’autre kinés ou certains infirmiers plus costauds. C’était un one-shot, malgré les demandes répétées du personnel."
Entre 2007 et 2014, la psychologue du travail Lise Gaignard rédige des chroniques à partir d’entretiens menés dans son cabinet. Elle souligne les phrases les plus affligeantes, les retape, et change les prénoms. Aujourd’hui réunis dans un ouvrage, Chroniques du travail aliéné, ces textes sont poignants : la psychanalyste a du mal à relire son livre. Elle n’est pas la seule : « On m’a reproché de dire du mal des travailleurs », raconte-t-elle.
Si son texte suscite des réactions vives, c’est qu’il critique la dépolitisation de la souffrance au travail : à ses yeux, le changement le plus frappant dans le monde du travail en France n’est pas « la transformation – pourtant importante – des modes de management, ni les catastrophiques techniques d’évaluation pipées, ni la mondialisation. Pour moi, la différence majeure, c’est qu’en France, quand on est victime d’une injustice épouvantable au travail… on demande à aller chez le psy ! ».
D’après la psychologue du travail, c’est en 1998 que tout commence, avec la sortie deSouffrance en France, de Christophe Dejours, et Le Harcèlement moral, de Marie-France Hirigoyen. Deux ouvrages qui connaissent un succès retentissant : « Soudainement, tout le monde est harcelé, tout le monde a un pervers narcissique dans son entourage ! Le ministère du travail va même introduire le harcèlement moral dans la loi de 2002. » Lise Gaignard n’a pas de mots tendres pour cette loi qui « arrange les entreprises : pendant qu’on consulte sur les risques psychosociaux, on ne s’interroge pas sur les modalités de production ».
« Le problème n’est pas médical, il est lié au travail »
Les risques psychosociaux auraient-ils été instrumentalisés ? En tout cas, de nombreux médecins se plaignent d’avoir à régler des problèmes qui relèvent du management plus que de la santé. « Quand on a commencé à parler de harcèlement, c’était miraculeux : finalement, on comprenait ce qui se passait, on pouvait s’en prendre au pervers narcissique », se souvient Fabienne Bardot.
Mais cette médecin du travail porte aujourd’hui un regard plus amer sur la question, et refuse de mettre ses patients en inaptitude médicale. « C’est ce que tout le monde leur dit de faire, et c’est grave ! Le problème n’est pas médical, il est lié au travail. Je préfère la rupture conventionnelle : au moins, c’est le salarié qui la demande, qui décide de mettre un terme à une situation qui ne lui convient pas. »
Une façon de lutter contre l’hypocrisie d’une société qui gomme les conflits sociaux pour ne pas avoir à les aborder : « On ne dit plus un salarié, on dit un collaborateur, comme si dans l’entreprise tout le monde était égal. On ne dit plus licenciement, mais plan de sauvegarde de l’emploi. Même après les attentats du 13 novembre, on ne parle que de la souffrance des gens ! On met en place des cellules d’urgence, mais personne ne se demande comment on a pu produire des monstres pareils. »
Etre mère, ce qui semble si simple et si naturel a besoin de l’approche psychanalytique pour faire face à ces nouvelles formes de maternité plurielle où s’additionne les mères biologiques (celles du noyau d’ADN, celles des mitochondries), les mères porteuses, les mères d’intention, sans oublier les mères symboliques…
Nous sommes en recherche de repères devant la puissance et l’aspect multiple du désir d’enfant. Sous la direction deChristiane Alberti, est paru récemment Etre mère aux éditions Navarin/Le Champs freudien. Dans ce livre des femmes psychanalystes témoignent des multiples facettes de la maternité à la suite du Congrès annuel du groupement la Cause freudienne qui s’est tenu en novembre 2014 à Paris.
Avenir Hospitalier et la CPH s'interrogent sur la « banalisation de la maltraitance institutionnelle » dans les hôpitaux publics, à la suite du suicide du Pr Jean-Louis Megnien sur son lieu de travail, à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), à Paris.
Réunis au sein d'Action praticien hôpital, les deux centrales syndicales reprennent les arguments du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP), très critiques à l'encontre de la direction de l'HEGP et de sa responsabilité dans le décès du cardiologue.
La nouvelle passe presque inaperçue suite au rejet partiel du tiers payant généralisé par le Conseil constitutionnel, mais l'article autorisant les salles de consommations à moindre risque a été approuvé par cette même institution. Le Conseil constitutionnel note qu'en« limitant le bénéfice de l'immunité aux personnes se trouvant à l'intérieur de ces salles, il a entendu inciter les usagers à s'y rendre afin de favoriser la politique poursuivie de réduction des risques et des dommages ».
25.01.2016
Saisis pour un contrôle de constitutionnalité, par soixante députés et plus de soixante sénateurs, à l'initiative du groupe Les Républicains (LR), les « sages » ont estimé que « le professionnel intervenant dans ces espaces ne peut être poursuivi pour complicité d'usage illicite de stupéfiants et pour facilitation de l'usage illicite de stupéfiants ».
Depuis près de vingt ans, le professeur Hugues Duffau opère certaines tumeurs cérébrales en éveillant les patients au cours de l’intervention, pour optimiser le geste chirurgical grâce à leur participation active. De son expérience unique, qui porte désormais sur plus de 600 personnes, ce neurochirurgien a tiré un ouvrage qui l’est tout autant, L’Erreur de Broca. Ce livre, dit-il, il l’a écrit pour ses patients et patients potentiels atteints d’un gliome de bas grade, une tumeur cérébrale d’évolution lente.
Mais sa lecture est à recommander bien au-delà. Modèle du genre pour ses qualités didactiques (en fil rouge, le cas très complet et concret d’une jeune femme), L’Erreur de Brocaest aussi le récit du combat acharné de ce médecin pour bousculer un dogme, et une réflexion passionnante sur le cerveau humain.
Par Olivier Roy, politologue spécialiste de l’islam
La France en guerre ! Peut-être. Mais contre qui ou contre quoi ? Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder. Daech puise dans un réservoir de jeunes Français radicalisés qui, quoi qu’il arrive au Moyen-Orient, sont déjà entrés en dissidence et cherchent une cause, un label, un grand récit pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L’écrasement de Daech ne changera rien à cette révolte.
Le ralliement de ces jeunes à Daech est opportuniste : hier, ils étaient avec Al-Qaida, avant-hier (1995), ils se faisaient sous-traitants du GIA algérien ou pratiquaient, de la Bosnie à l’Afghanistan en passant par la Tchétchénie, leur petit nomadisme du djihad individuel (comme le « gang de Roubaix »). Et demain, ils se battront sous une autre bannière, à moins que la mort en action, l’âge ou la désillusion ne vident leurs rangs comme ce fut le cas de l’ultragauche des années 1970.
La mort d’un volontaire sain, le 17 janvier, lors d’un essai clinique, à Rennes, qui s’est également soldé par l’hospitalisation de cinq autres personnes, dont quatre souffrant de troubles neurologiques – depuis, leur état de santé s’est amélioré –, risque-t-elle de freiner la recherche clinique ?
Tous participaient à un essai clinique de phase 1 (visant à évaluer la tolérance, le métabolisme dans l’organisme, et à vérifier l’absence de toxicité) mené par le laboratoire Biotrial, un prestataire de services, pour le compte de Bial, un laboratoire familial portugais. Cet essai, qui avait débuté en juillet 2015, un mois après avoir reçu le feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), portait sur une molécule antalgique connue sous le nom de BIA 10-2474, un inhibiteur des FAAH (pour fatty acid amide hydrolase ; hydrolase des amides d’acides gras).
C’est un slogan publicitaire bien connu des Rennais. « Vous êtes en bonne santé ? Vous avez entre 18 et 80 ans ? Participez à une étude clinique rémunérée. » A la radio, sur les panneaux publicitaires et dans la presse, le laboratoire Biotrial recrute des volontaires pour participer à des essais cliniques. Des tests rémunérés 100 à 4 500 euros non imposables, auxquels prenaient part les victimes de l’accident rarissime intervenu lors du test d’un nouvel antalgique.Un patient est mort durant un essai clinique de ce traitement développé par le laboratoire portugais Bial. Quatre autres pourraient avoir des séquelles neurologiques irréversibles. Un fait exceptionnel pour Biotrial, PME à succès créée à Rennes en 1989, et un drame qui a entamé, pour des raisons encore inconnues, l’image d’une structure à la réputation sérieuse.
Un projet de convention relative à l'organisation du DPC (Développement Professionnel Continu) fait vivement réagir les syndicats infirmiers. En cause notamment : la sous-représentation des infirmiers dans la composition des instances du DPC.
C'est un projet d'avenant à la convention du Groupement Public du DPC qui contrarie les représentants de la profession. Suite à une concertation en date du 15 janvier, la DGOS (Direction Générale de l'Offre de Soins) a en effet soumis un texte aux syndicats qui sous-représenterait la profession selon ces derniers.
Avec 4 sièges accordés - dans la constitution de la Commission Scientifique indépendante* des professions paramédicales du DPC - aux infirmiers et infirmiers spécialisés sur 38 sièges en totalité, l'ensemble des représentants de la profession s'indigne.
Lors de son 62e congrès, la Fédération nationale des infirmiers (FNI) a abordé la question du déploiement du dossier médical partagé (DMP, désormais aux manettes de la CNAM), en insistant sur la nécessaire collaboration étroite avec les médecins.
L'Assurance-maladie l'assure : le nouveau DMP ne sera pas une usine à gaz. Invitée du congrès infirmier, Mathilde Lignot-Leloup, directrice déléguée à la gestion et l’organisation de l’offre de soins à la CNAM, insiste sur l'accès rapide à « l’indispensable synthèse médicale, à l’historique des remboursements ». Elle évoque aussi l’intégration en un clic de cet outil aux logiciels métiers permettant aux différents professionnels de santé d’échanger via des messageries sécurisées. D’ici à fin juin, le déploiement et prévu dans 8 départements.
Pour passer à l’action, les infirmiers libéraux proposent d’ouvrir les dossiers à l’occasion des prélèvements sanguins. Plus de 4 000 dossiers auraient déjà été ouverts par 120 infirmières libérales volontaires en Bourgogne - Franche-Comté.
VIDÉO Un jeune homme de 19 ans a attaqué au couteau sept personnes dans le centre psychiatrique "Titeca" à Schaerbeek. Parmi elles, six membres du personnel et un patient. A l'heure actuelle, deux personnes sont toujours dans un état critique. Les autres pourront quitter l'hôpital dans les prochaines heures.
L'auteur, un certain Ricardo, patient de l'établissement psychiatrique, bénéficiait d'une permission de sortie. A son retour vers 20h lundi soir, il s'en est pris, pour une raison inconnue, à six infirmiers.