Les Années Godot. Lettres II 1941-1956 (The Letters of Samuel Beckett), de Samuel Beckett, traduit de l’anglais (Irlande) par André Topia, édité par George Craig, Martha Dow Fehsenfeld, Dan Gunn et Lois More Overbeck, Gallimard, 768 p.,
On se doutait que le brillant épistolier découvert dans le premier des quatre tomes annoncés de Lettres de Samuel Beckett (1906-1989) et couvrant les années 1929-1940 (Gallimard, 2014), sortirait changé des années de guerre. C’est une métamorphose, en vérité, à laquelle on assiste au long du deuxième volume, qui court de 1941 à 1956, années durant lesquelles Beckett opte pour le français comme langue d’écriture afin d’être « mal armé », écrit-il, après avoir réalisé qu’il lui fallait, à l’exact opposé de son aîné James Joyce tant admiré avant guerre, aller « dans le sens de l’appauvrissement, de la perte du savoir et du retranchement, de la soustraction plutôt que de l’addition ».