Le Monde Blogs Mara GOYET 28 novembre 2015
Les débats sur la place de l'histoire de l'immigration au collège sont toujours pesants dans la mesure où ils sont bourrés d'intentions : qu'on minimise, évacue, mette en valeur cette histoire, il s'agit toujours de dire quelque chose, de dessiner les contours d'une France, d'une nation dont la définition, la place nous échappe, ne fait pas consensus (Renan écrivait que la Nation "c'est ce qu'on aime"; je dirais qu'elle est "ce que l'on boit en terrasse, que ce soit un Mojito,un Spritz, un ballon de rouge, du Coca en canette ou un thé à la menthe" !), ne fait pas consensus. A vrai dire, je déteste ce type de discussion où, en définitive, il s'agit de savoir ce que l'on va foutre dans le cerveau de nos élèves.
Ça me met très mal à l'aise, ça ruine à mes yeux, le "contrat de confiance" que j'aimerais avoir avec eux. Le roman national me déplaît ; le cours, "néolithique, ère de contrastes et de métissages" me consterne.
Il n'empêche que nous avons affaire à une gros problème. Que l'on rencontre souvent au détour d'un cours d'éducation civique ou d'enseignement moral et civique.
Lorsqu'il est question de l'identité, de l'éducation, j'ai pris pour habitude de demander aux élèves de faire une interview de leurs parents. Comment était l'école à leur époque, quand ils avaient 11 ans, où étaient-ils, qu'aimaient-il, comment étaient-ils habillés (uniforme ?, pattes d'éph, Stan Smith et t-shirt large ?), quelles étaient les sanctions, quels sont leurs meilleurs et pires souvenirs, etc. (le premier réflexe des parents est, à l'occasion, de planquer leurs bulletins afin que leurs enfants continuent à croire qu'ils étaient TOUS premiers de la classe !).