EUGÉNIE BARBEZAT 11 AOÛT, 2015
C’est un petit jardin, entouré de logements sociaux parisiens. Depuis une quinzaine d’années, les ateliers du Chaudron s’y installent chaque été.
Au programme, confection de masques, maquillage et histoires inventées ensemble, qu’ils interprètent chaque jour en fin d’après-midi. Sous un barnum au toit rayé bleu et blanc, une dizaine de bambins s’affairent à coller patiemment sur des matrices en terre glaise qu’ils ont sculptées les jours précédents plusieurs couches de lamelles de papier journal trempées dans une colle réalisée à partir de farine et d’eau… Une fois secs, peints et habillés de tissus, les masques d’animaux, de diable et autres personnages imaginaires seront investis par leurs créateurs, ou par d’autres qui se les approprieront le temps d’une courte pièce jouée dans la foulée.
Certains enfants arrivent par grappes, d’autres seuls ou accompagnés par un parent. À chacun, Tanith explique la marche à suivre ou propose de poursuivre le travail commencé la veille. Avec Lara, ils peuvent compléter la grande fresque peinte sur un bandeau de carton ou réaliser un dessin individuel qu’ils emporteront chez eux. « De plus en plus d’enfants souhaitent rapporter leurs œuvres à la maison, c’est bon signe, cela veut dire qu’ils donnent de la valeur à leurs productions », remarque Tanith. Dans le même esprit, certains masques seront exposés lors des portes ouvertes des ateliers d’artistes de Ménilmontant.
Ici, ni horaire fixe, ni inscription, le rendez-vous est implicite. La responsable de l’association a obtenu de ses partenaires financiers qu’ils renoncent à exiger le « fichage » des participants. « C’est trop intrusif, explique Tanith, c’est une démarche contraire à l’esprit des ateliers, qui cultivent l’autonomie et la liberté des enfants. » Chacun est accueilli en tant qu’individu. Jamais il ne sera demandé de peindre en cadence comme on marcherait au pas.