Fini l’hôpital Charles Richet, place à l’hôpital
Adélaïde Hautval. C’est ainsi que l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris
(AP-HP) a rebaptisé, mercredi, l’établissement de Villiers-le-Bel. Celui-ci
faisait régulièrement l’objet de polémiques en raison de la personnalité de
Charles Richet. Prix Nobel en 1913, ce médecin a écrit plusieurs ouvrages aux
opinions eugénistes et racistes. L’AP-HP a donc décidé, en mars dernier, de
renommer cet établissement du Val-d’Oise.
Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
jeudi 14 mai 2015
Thérèse d’Avila nous revient, charnelle et incisive
LE MONDE DES LIVRES | | Par Sean Rose
Catherine de Sienne baisant les bubons des pestiférés, François d’Assise embrassant un lépreux, des exemples d’humilité légendaire émaillent la vie des saints, qui illustre cette voie de l’« abaissement » de Dieu fait homme, cette imitation de l’amour christique envers les plus démunis. La future sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), dont on célèbre le 500e anniversaire de naissance avec une nouvelle anthologie traduite par Aline Schulman et un essai biographique de Christiane Rancé, ne s’intéressait guère aux pauvres, ils lui répugnaient presque.
mercredi 13 mai 2015
Assistanat sexuel : passer le handicap
ANNE-CLAIRE GENTHIALON
ANALYSE
Le débat sur l’accompagnement sexuel tarifé est esquivé en France depuis des années. L’un de ses plus fervents défenseurs, l’essayiste Marcel Nuss, publie son autobiographie avec l’espoir de faire bouger les lignes.
Tour de force ou énième coup d’épée dans l’eau ? Vendredi sortira en librairie l’autobiographie de Marcel Nuss dans laquelle il revient sur la création de l’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (Appas). En mars, c’est lui qui organisait en Alsace la première formation d’assistants sexuels sur le sol français (lire page suivante). A grand renfort de caméras et de journalistes, l’écrivain, lui-même lourdement handicapé, souhaitait«mettre le débat sur la place publique». Plus discrètement, en février, cinq Français ont été certifiés «assistant sexuels» en Suisse, à l’issue d’une formation de dix-huit mois délivrée par l’association Corps solidaires. Avec, là encore, l’idée de faire «avancer cette question» en France.
Plaidoyer pour la France qui ne tombe pas
LE MONDE | | Par Gérard Courtois
Voilà
un livre revigorant et salutaire, écrit avec fougue, porté par l’élan
républicain qui a suivi le drame des attentats parisiens de janvier. Car
Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction de Libération, n’y va pas par
quatre chemins pour dénoncer tous les défaitistes, déclinistes et autres
prophètes de la décadence française, si prisés ces temps-ci : « Il arrive un
moment où le dénigrement de son propre pays passe les bornes, où la mauvaise
foi des réquisitoires crée l’écœurement. »
Saine
colère ! A la France moribonde ou supposée telle, il oppose donc une France
vivante qui agit et avance, aux fantasmes il répond par des faits, aux lamentos
dépressifs il réplique par une confiance réaliste dans l’avenir du modèle
républicain.
mardi 12 mai 2015
L’école face à l’aggravation de la détresse sociale
LE MONDE | | Par Mattea Battaglia
Certains enfants nous disent : à quoi ça sert d’apprendre ? Plus tard, je serai chômeur… » C’est l’un des témoignages d’enseignants que reprend Jean-Paul Delahaye, inspecteur général de l’éducation nationale, dans son rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire » révélé mardi 12 mai – une sorte de testament pour celui qui fut directeur général de l’enseignement scolaire du temps de Vincent Peillon, le bras droit de l’ex-ministre de l’éducation. En pleine remise en cause des réformes du collège et des programmes, ce rapport arrive comme un rappel : c’est d’abord pour les élèves les plus fragiles, dont le nombre n’a cessé de croître avec la crise, que la « refondation » de l’école a été engagée.
L’une des grandes qualités de ce rapport, rédigé après enquête dans dix académies et audition de plus de 120 personnes, est de donner la parole aux équipes enseignantes. Les premières, très souvent, à identifier l’état de grande précarité dans lequel vivent en France quelque 1,2 million d’enfants. Ce sont des indices que les enseignants guettent : le manque de vêtements, les problèmes d’hygiène, des factures de restauration scolaire impayées, les fournitures qui manquent… Il y aussi la faim : ces enfants qui se jettent sur le pain à la cantine. L’état de somnolence, de grande fatigue. La résurgence de la gale, la tuberculose…
"The Art of the Brick, L'incroyable Art du Lego" de Nathan Sawaya : le petit au service du monumental
27/04/2015
À partir du 14 mai prochain, les sculptures de Lego de Nathan Sawaya s'installent à Paris, Porte de Versailles, après avoir voyagé partout dans le monde.
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L'exposition met en scène plus de 100 œuvres d'art surprenantes créées avec les briques Lego, toutes pensées par l'artiste américain Nathan Sawaya. Sur 1500 m², c'est plus de 1 million de briques qui seront exposées.
90 % des Français ont une bonne image des infirmiers
par Aurélie TRENTESSE.
Plus de 90 % de la population française a une bonne opinion des infirmiers, selon les résultats de deux enquêtes, l'une internationale menée par Sanofi, l'autre menée en France par la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) à l'occasion de la Journée internationale de l'infirmière, ce mardi 12 mai 2015.
Tea time pour la dépression
06/05/2015
L’expression « tempête dans un verre d’eau » est rendue en anglais par « storm in a teacup », orage dans une tasse de thé. À la lecture d’un article paru dans The Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, on peut se demander si cette expression (ayant inspiré la chanteuse britannique Lynsey de Paul) [1] ne prendrait pas désormais une connotation inattendue, puisqu’elle serait d’ordre thérapeutique !
En effet, une équipe de l’Université Huazhong (à Wuhan, Chine) a consacré une méta-analyse au rôle protecteur du thé en matière de dépression.
Des comorbidités psychiatriques fréquentes dans le syndrome de Tourette
10/05/2015
Portant sur 1 374 participants avec un syndrome de Tourette (ST) et 1 142 membres de leur famille non affectés par cette maladie, une étude publiée aux États-Unis est consacrée aux comorbidités psychiatriques associées au ST, un trouble neuropsychiatrique « débutant dans l’enfance et caractérisé par des tics moteurs et verbaux » (dont la connotation volontiers grossière aggrave le retentissement social de la maladie).
Diverses comorbidités psychiatriques peuvent en effet se rencontrer dans cette affection et « entraîner une souffrance et des difficultés parfois plus marquées » que les symptômes propres au ST lui-même. Les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH) représentent la comorbidité la plus fréquemment associée au ST (54 % des cas), suivie sans surprise (vu leur parenté clinique avec les tics constitutifs du ST) par les troubles obsessionnels compulsifs (TOC, dans 50 % des cas).
Pour la gauche, la psychiatrie genevoise marche sur la tête
Par Eric Budry 12 mai 2015
SantéL'Alternative propose de repenser la prise en charge de la santé mentale en la coordonnant.
«La santé mentale est à la jonction entre le médical et la vie communautaire, qui inclut les structures intermédiaires et l'encadrement social. Or les moyens manquent pour coordonner tous les acteurs impliqués dans la prise en charge, qui ne se réduit pas à celle du milieu hospitalier.» Esther Hartmann, ancienne députée écologiste et psychologue, a fait partie du groupe de travail de l'Alternative, qui a élaboré un nouveau projet cantonal pour la psychiatrie. Présentée mercredi, cette «nouvelle vision» a pour objectif d'alimenter la réflexion du Canton lors de l'écriture de la planification sanitaire 2016-2020.
MICI : une première grande enquête sur la qualité de vie des patients
11.05.2015
L’Observatoire des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) vient de réaliser une étude inédite, en collaboration avec le CHU de Nancy, pour évaluer le vécu des patients atteints de ces pathologies chroniques invalidantes. Il en ressort que 50 % d’entre eux présentent des symptômes dépressifs et qu’un tiers est anxieux.
À l’occasion de la Journée mondiale des Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) du 19 mai, l’Association François Aupetit (AFA) et les laboratoires AbbVie lancent une campagne de soutien aux malades, pour mieux informer le grand public sur ces pathologies et « valoriser les défis quotidiens relevés par les patients ».
L’objectif est de faire comprendre au plus grand nombre la réalité des difficultés que rencontrent les malades dans leur vie de tous les jours, et de mesurer l’impact important de ces pathologies sur leur parcours scolaire et professionnel. Aujourd’hui, en France, près de 200 000 personnes sont touchées par la maladie de Crohn (120 000) et la rectocolite hémorragique (80 000). Chaque année, environ 6 000 nouveaux cas sont diagnostiqués pour ces deux maladies – soit plus de 20 nouveaux cas par jour.
Un quiz pour tordre le cou aux préjugés sur le suicide
le 12-05-15
PAPEETE, 11 mai 2015 - L’association SOS Suicide organise un jeu concours, du 11 au 31 mai, afin d’informer sur l’acte suicidaire et lutter contre les idées reçues au sujet des personnes qui passent à l’acte. Chez les 15-44 ans, le suicide est la 1ere cause de mortalité en Polynésie française.
Les personnes qui parlent de leur intention de se suicider ne le font-elles que pour attirer l’attention ? ; Une personne joviale est-elle vraiment à l’abri du suicide ? : Les idées reçues ne manquent pas lorsqu'on aborde la question du suicide. C’est pour les combattre que l’association SOS Suicide organise, du 11 au 31 mai, un quiz pour attirer l’attention du public sur un phénomène sanitaire auquel la Polynésie n’échappe pas. Le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-44 ans, devant les accidents de la route.
> Le quiz : ICI
L'opération vise plus particulièrement les 15-24 ans. "Il s’agit d’éveiller la conscience par rapport à ce problème", explique le docteur Stéphane Amadéo, psychiatre au Centre hospitalier de Taaone et président de l’association SOS Suicide. "Il y a une prévention possible. On peut préparer les gens à être plus attentifs, plus réceptifs, plus sensibles à cette situation. Si jamais ils croisent quelqu’un qui exprime des idées de suicide, ils n’en viendront pas à penser que c’est juste pour attirer l’attention".
Les personnes qui parlent de leur intention de se suicider ne le font-elles que pour attirer l’attention ? ; Une personne joviale est-elle vraiment à l’abri du suicide ? : Les idées reçues ne manquent pas lorsqu'on aborde la question du suicide. C’est pour les combattre que l’association SOS Suicide organise, du 11 au 31 mai, un quiz pour attirer l’attention du public sur un phénomène sanitaire auquel la Polynésie n’échappe pas. Le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-44 ans, devant les accidents de la route.
> Le quiz : ICI
L'opération vise plus particulièrement les 15-24 ans. "Il s’agit d’éveiller la conscience par rapport à ce problème", explique le docteur Stéphane Amadéo, psychiatre au Centre hospitalier de Taaone et président de l’association SOS Suicide. "Il y a une prévention possible. On peut préparer les gens à être plus attentifs, plus réceptifs, plus sensibles à cette situation. Si jamais ils croisent quelqu’un qui exprime des idées de suicide, ils n’en viendront pas à penser que c’est juste pour attirer l’attention".
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lundi 11 mai 2015
Hôpital de Bayeux. Une artiste en résidence dans le service psychiatrie
11-05-2015
Jusqu'à la fin de l'année, Anne Vilquin va installer son laboratoire dans le service de psychiatrie. Avec une cinquantaine de patients, elle va concevoir quatre expositions.
Dans son atelier installé dans l’unité de psychiatrie Nerval, Anne Vilquin va associer les malades à sa création. L’artiste y sera présente trois après-midi par semaine et impliquera les patients dans son travail.
Si « Le Généraliste » était paru en 1900 Les nouvelles doctoresses
11.05.2015
« Le titre de docteur vient d’être conféré par la Faculté de médecine de Montpellier à trois jeunes femmes, deux Russes et une Anglaise. Cette dernière, Mlle Hamilton, a envisagé dans sa thèse le rôle des infirmières dans les hôpitaux. La nouvelle doctoresse (qui a obtenu la mention Très bien) a insisté sur la nécessité d’une instruction rigoureusement scientifique pour les infirmières, reléguant les sœurs de charité, le plus souvent dépourvues de connaissances techniques, à la chapelle, les montrant inaptes à servir utilement les malades et plus préoccupées de leur salut moral que de leur santé. »
(La Chronique médicale, 1900)
Gestation pour autrui : « J’ai donné la possibilité d’être mère à une autre femme »
Le Monde.fr | | Par Gaëlle Dupont
Dans la maison parisienne de Sarah Levine, cinq enfants âgés de 10 ans à 1 an jouent autour de la table de la salle à manger. Elly, Addy, Darvin, Oscar, et Viviane pourraient être frères et sœurs, ou cousins. La réalité est plus compliquée. Ils n’ont pas tous de lien de famille, et pourtant ils en forment une. Biscornue, atypique, mais une famille tout de même. Son lien est le duo de femmes assises avec les enfants, qui se disent « comme des sœurs ». En fait, l’une a porté l’enfant de l’autre. Aimée Melton, 41 ans, a mis au monde Oscar, 4 ans, le fils de Sarah, 46 ans. Elles sont toutes deux américaines. Sarah est installée à Paris depuis dix ans, et mariée à un Français. Aimée passe une semaine chez Sarah avec ses trois enfants.
Du rugby pour réinsérer les personnes souffrant de schizophrénie à Saint-Egrève en Isère
ALPES Par Jean-Christophe Pain Publié le 08/05/2015
Le rugby peut être un outil de réinsertion sociale pour les personnes atteintes de schizophrénie. Des médecins et éducateurs du centre hospitalier psychiatrique Alpes-Isere l'expérimentent depuis un an. Une première en France.
Christophe, Cyrille, Arthur, Clara, tous sont diagnostiqués schizophrènes.Désorganisation, délire paranoide, ces symptômes peuvent les isoler socialement.
Pourtant, ils participent au tournoi de touch-rugby organisé par le centre de réhabilitation psychosociale de Grenoble. Ils viennent de Bourg en Bresse, de Lyon, et s'entraînent depuis plusieurs mois tous ensemble.
Les visages de la stigmatisation en santé mentale
Peut-être que les temps ont changé, peut-être que les gens qui souffrent osent enfin parler de leur mal de vivre, de leurs problèmes de santé mentale. Peut-être que le changement de mentalités face aux tabous de la maladie mentale s'est bien amorcé, grâce aux efforts de tous ceux qui se mobilisent pour informer et surtout sensibiliser, certains rémunérés, d'autres bien nombreux non, certains parmi des célébrités adulées qui veulent donner le bon exemple, d'autres anonymes, parfois appréciés, parfois incompris, et nombreuses fois des rescapés, témoins convaincus que la souffrance est humaine et qu'elle n'a rien d'une maladie honteuse.
Mais le danger est réel pour certains qui affichent leur maladie ou pour d'autres qui sont affichés malgré eux, comme le danger a été réel pour ceux qu'on a même poussés à se dire "malades mentaux", avec toute une charge négative liée à cela dans le contexte et l'environnement où ça s'est fait.
La psychiatrie de nos jours n'est pas ce qu'elle était du temps où l'on disait les femmes hystériques quand elles souffraient ou qu'on axait le traitement des psychotiques, des traumatisés ou des dépressifs, exclusivement sur la médication, bien que des résistances aux nouvelles pratiques plus proches de la réalité des besoins des patients existent encore, mais les changements ne se sont pas produits du jour au lendemain et des gens ont souffert le long des essais et erreurs en traitements et méthodes d'intervention.
dimanche 10 mai 2015
« Européens, soyez audacieux et innovants en matière d’immigration », exhorte Hubert Védrine
LE MONDE | Par Hubert Védrine (Ancien ministre des affaires étrangères)
Voir la Méditerranée transformée en cimetière marin pour tant de ceux qui cherchent la terre d’asile, ou de cocagne, européenne, est un tel choc qu’il va – peut-être – sortir l’Europe de sa longue léthargie stratégique et de ses abstractions généreuses mais éthérées et largement stériles sur l’humanité. En surmontant ses contradictions, l’Europe se métamorphoserait et se grandirait.
Que faire pour cela ? Il n’y a pas « une » mesure miracle, mais un ensemble d’actions à définir, à expliquer et à mener. Chacune nécessite de trancher entre pays européens ou entre institutions européennes, ou entre opinions et gouvernements, ou entre bureaucraties, et donc du courage politique. L’ensemble constituerait la politique européenne de l’asile et de l’immigration, crédible, assumée et durable, qui fait défaut.
JACQUELINE AYME : ELLE A VOTÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS IL Y A 70 ANS
Elle fut l’une des premières femmes à voter. Soixante-dix ans après, alors que le ministère de l’Intérieur célébrait l’obtention de ce droit, rencontre avec la truculente Jacqueline Ayme, 91 ans.
Elle a l’iris azur, les cheveux blancs, un sourire à requinquer un régiment de déprimés, l’esprit frondeur. Jacqueline Ayme adore dire : « Je suis un dinosaure, j’ai 91 ans, je n’ai même pas de téléphone portable. » Elle fume des cigarettes fines mentholées, ne rechigne pas devant un apéro, ne s’interdit rien. Elle écoute la radio non-stop, ses émissions favorites à la télévision traitent d’histoire ou de politique et, pour tromper la solitude, elle lit beaucoup. Allure trotte-menu sur ses petits talons, veste pailletée, legging noir et Shalimar. A l’épaule, elle arbore son sac à main des grands jours. C’en est un. Ce 29 avril, elle est sur l’estrade de la salle de conférences de la Place Beauvau, devant Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, et une centaine d’auditeurs. Ce n’est pas rien. Elle participe à la cérémonie commémorant le droit de vote des femmes. C’était pour les élections municipales le 29 avril et le 13 mai 1945. Il y a soixante-dix ans. Jacqueline Ayme votait pour la première fois à Verdun.
« Nos cœurs étaient tristes »
Entre quatre yeux, elle confie, désinvolte, que « voter ne [lui] a rien fait de spécial ». Elle rappelle le contexte, l’Occupation, les privations, les amis déportés dans les camps. « Voter n’était pas une joie, la Libération par les Américains l’avait été, mais nos cœurs étaient tristes. » Elle est née en 1924, à Verdun. Famille maternelle de paysans. « Catholiques mais pas bigots. » Aînée de trois filles. Seize ans d’écart avec la benjamine. Ses parents, natifs aussi de Verdun, étaient adolescents lors de la Première Guerre mondiale. Un champ de bataille. Pas d’école. Sa mère fait des ménages, son père travaille dans les chemins de fer. « Ils vivotaient, nous habitions avec mes grands-parents. J’étais une bonne élève. Après mon certificat d’études, je voulais devenir sage-femme. »
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