Kyle Chayka (@chaykak) livre pour New Republic une intéressante défense de l’amitié en ligne. Pas tant celle qui nous agrège sur les réseaux sociaux, que cette intimité relationnelle que l’internet permet de forger avec de parfaits inconnus. “L’intimité se développe maintenant à la fois dans le numérique et le monde physique, traversant souvent librement les deux mondes. Si nous acceptons la valeur des amitiés virtuelles à l’égal des amitiés IRL, alors nous nous ouvrons à un éventail de nouvelles possibilités de connexion”, explique le journaliste en revenant sur le concept de “dualisme numérique” développé par le sociologue Nathan Jurgenson pour expliquer que cette opposition, entre réel et virtuel, n’avait plus lieu d’être.
Pour Jenna Wortham (@jennydeluxe) du New York Times Magazine, “l’internet représente un élargissement de la gamme des relations que nous pouvons avoir”. Les étrangers que nous rencontrons tous les jours de l’autre côté des écrans ne sont plus seulement des inconnus, mais également des gens que nous pouvons apprendre à connaître et dans lesquels nous pouvons apprendre à avoir confiance.
Dans les pages débats du New York Times, plusieurs spécialistes sont convoqués pour savoir si l’on peut se forger de réelles amitiés en ligne.
Pour la psychologue Sherry Turkle, l’auteur d’Alone Together (dont la traduction vient de paraître en français), l’échange en face à face favorise l’empathie, parce qu’il permet de faire l’expérience de toute la personne : le ton de sa voix, la façon dont elle se tient, la façon dont elle vous répond… En ligne aussi nos relations sont réelles : l’empathie qu’on y éprouve parfois nous réchauffe et le rejet qu’on éprouve à d’autres moments nous blesse. Mais la réalité de ces connexions dit peu de ce qui compte dans une relation : comment nous affectent-elles en tant que personnes ? Comment nous parlons-nous les uns les autres ? Quels qualités et défauts ces relations favorisent-elles ou découragent-elles ?