Plusieurs anciens éminents experts sanitaires des agences publiques du médicament ont-ils, entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, touché de l’argent des laboratoires pharmaceutiques en échange de « conseils » peut-être décisifs ? Quarante-huit heures après la publication d’un article du site Mediapart faisant état de telles accusations, la Haute Autorité de santé (HAS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ont annoncé, jeudi 26 mars en fin d’après-midi, qu’elles déclenchaient des enquêtes administratives internes et qu’elles portaient les faits relatés à la connaissance du procureur de la République. Des démarches exigées la veille par la ministre de la santé Marisol Touraine pour qui, « si les faits rapportés sont exacts, ils sont inacceptables et même d’une gravité extrême ».
Dans son enquête, Mediapart rapporte qu’un « petit groupe d’amis » occupant des postes haut placés dans les commissions se prononçant sur la mise sur le marché des médicaments et statuant sur leurs taux de remboursement a « pendant plus de vingt ans (…) conseillé les laboratoires sur la meilleure façon de présenter leurs dossiers ». Des faits graves de conflits d’intérêts qui ne sont jamais franchement qualifiés de « corruption » dans la mesure où, semble-t-il, l’argent versé « ne garantissait pas une décision favorable » mais alimentait l’espoir pour les industriels que « le regard de la commission soit plus bienveillant » sur leurs demandes.