DÉCRYPTAGE
Près de 700 000 personnes n’ont pas de logement personnel. Dans son rapport annuel publié ce mardi, la Fondation Abbé-Pierre montre vingt ans de changements.
C’est un rapport sur le «mal-logement» d’un peu plus de 300 pages, remis en mains propres à François Hollande lundi matin à l’Elysée, par les responsables de la Fondation Abbé-Pierre (FAP). De quoi nourrir largement la réflexion du chef de l’Etat sur un problème qui, par son ampleur, est devenu un sujet de société. Le nombre de personnes à la rue augmente (lire témoignage ci-contre) et de plus en plus de familles avec enfants vivent dans la précarité : foyers d’accueil, chambres d’hôtel, hébergement par des proches, logements de fortune et squats. «La dégradation du contexte économique et social […] a bien sûr joué un rôle d’accélérateur dans l’amplification des difficultés d’accès au logement, fragilisant de larges pans de la société et aggravant encore les situations les plus difficiles», indique ce 20e rapport de la FAP. Ou comment la crise économique aggrave l’exclusion par le logement.
Quels sont les symptômes de cette crise du logement ?
Prix de l’immobilier au plus haut, loyers au zénith dans les grandes villes, propriétaires très exigeants sur les garanties demandées aux locataires (emploi stable, revenu trois fois supérieur au loyer, caution, etc.), les conditions d’accès au logement se sont rigidifiées, tandis que les revenus et l’emploi n’ont cessé de se précariser depuis la crise financière de 2008 (hausse du chômage, développement des stages, de l’intérim, des CDD ou du travail à temps partiel non choisi). Ces situations ont «fragilisé de nouveaux pans de la population», qui restent à la porte du logement pérenne, ce qui entraîne un fort développement du «parc d’hébergement et de logement temporaire au fil des années».