« On ne soigne pas avec des murs mais avec des hommes » rappellent les contempteurs des politiques sécuritaires prônant l’enfermement. Mais sans remettre en cause la prépondérance des moyens humains dans la prise en charge du malade mental, il est probable que le cadre contribue, peu ou prou, à favoriser ou au contraire à freiner la guérison, par son aspect « d’interaction dynamique entre les dimensions sociales et symboliques. » Dans son ouvrage Un lieu où renaître, Bruno Bettelheim explique ainsi que le patient « sait fort bien que le bâtiment lui-même –murs, portiques, allées– représente une structure permanente qui ne saurait être améliorée momentanément dans le seul but de l’impressionner favorablement. Puisque l’aspect extérieur d’un établissement est si éloquent qu’il n’a pas besoin de paroles, il revêt donc une importance capitale. »
LE FIGARO. - La capacité à espérer vous semble-t-elle en difficulté aujourd'hui? Et si oui, pourquoi?
Michel LEJOYEUX. - Il y a, je crois, un conformisme social à être pessimiste. Mais aussi des mécanismes psychologiques: les retombées successives d'informations négatives reprises sans cesse dans les médias, la tendance naturelle à dire plus facilement des choses décourageantes, la plus grande facilité à se remémorer des événements tristes… tout cela finit par éroder nos raisons d'espérer. Et les plus anxieux d'entre nous ont une réelle porosité à ce pessimisme ambiant. Ils s'attendent au pire en permanence, tentant ainsi de le maîtriser, mais, n'amenant aucune solution, ils ne font qu'augmenter leurs hormones du stress, ce qui est toxique. Aujourd'hui, la psychologie moderne montre que seul un mélange de foi, de volonté et d'espérance - des mots qu'employait le général de Gaulle pour motiver les recrues de la France libre - peut réellement changer les choses.