Dans cette unité de l'hôpital de parisien, sont hospitalisés les gardés à vue nécessitant une surveillance médicale. A leur chevet, se croisent médecins, avocats et policiers.
Aucun panneau n'indique l'existence de ce lieu. Seule une lourde porte blindée face au service d'ophtalmologie de l'hôpital Hôtel-Dieu, au 6e et dernier étage, suggère son existence. Pour y pénétrer, il faut se soumettre à une fouille et attendre qu'un policier armé déverrouille une deuxième porte à barreaux. Qui se referme aussitôt. S'ouvre alors un long couloir d'une trentaine de mètres distribuant neuf chambres de 16 m2, où circulent, dans la promiscuité, policiers, médecins, avocats et parfois magistrats.
Ce mercredi, la pluie s'abat sur les vasistas condamnés de la salle Cusco, depuis lesquels on distingue à peine la cathédrale Notre-Dame qui fait face à l'hôpital. Le lieu tient son nom d'un professeur d'ophtalmologie de l'Hôtel-Dieu. Créée en 1943 par les Allemands pour y interroger des membres de la Résistance, cette « salle carcérale », qui dépend de l'unité médico-judiciaire, est officiellement considérée comme une annexe du dépôt du Palais de justice.
TRAFIQUANTS ET DÉLINQUANTS EN COL BLANC
Elle accueille de présumés hors-la-loi nécessitant une surveillance médicale. Ici se côtoient simples trafiquants et délinquants en col blanc. Abdelhakim Dekhar, l'homme soupçonné d'avoir tiré sur un photographe dans le hall d'accueil du quotidien Libération en novembre 2013, y a passé quelques heures. Bernard Tapie y a séjourné cinq jours et quatre nuits, en 2013, dans le cadre de l'affaire Adidas-Crédit lyonnais. Et l'acteur Samy Naceri est « un habitué des lieux », selon un policier. Toxicomanes, passeurs de drogues, diabétiques et cardiaques pour l'essentiel, ces gardés à vue vivent ici un moment charnière qui pourra déboucher sur leur remise en liberté. Ou sur des suites pénales pouvant aller jusqu'à l'incarcération.