Il est des nouvelles qui risquent de passer inaperçues sous le flot tapageur des événements médiatisés et qui pourtant ne laisseront de traces dans aucun livre d'histoire, et d'autres qui, sauf si bien sûr tout est fait pour que nul ne puisse les réfléchir, sont de nature a engendrer des effets profonds et durables.
Ainsi, le Pape François vient-il il y a quelques jours de prononcer devant l'Académie pontificale des sciences une intervention dans laquelle il reconnaît la compatibilité entre la foi et deux pans importants des sciences contemporaines : le « big bang » (terme absurde collé depuis des décennies à une série de découvertes physiques sur la formation et l'expansion de l'Univers actuel), et la théorie de l'évolution des espèces (irréversiblement fondée par Darwin en 1859, et profondément renouvelée et approfondie depuis). Bien sûr, la chose n'est pas radicalement nouvelle du côté de l’Église catholique, moins obstinément et irrationnellement attachée au créationnisme que les évangélistes américains ou les protestants anglo-saxons en général. Paul VI avait vu dans le « big bang » l'acte créateur de Dieu, et plusieurs papes successifs avaient admis le phénomène évolutif en tant que réalisation d'un projet divin, ce qui est connu aujourd'hui sous le terme de « dessein intelligent ». Du coup, le journal Le Figaro n'a rien vu de neuf dans le récent discours du Pape, tandis que des sites islamistes y voient au contraire une véritable braderie décadente des religions du Livre.
En réalité, lorsqu'on observe les termes précis de l'intervention du Pape François, il est évident que celle-ci représente une véritable révolution des rapports entre la doctrine officielle de l’Église catholique et le mouvement des sciences. Pour le comprendre, il faut revenir en arrière.
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