Comment est organisée la préparation à Ebola dans les établissements ? Pourquoi, une telle psychose, est-elle justifiée ? Quels sont les points faibles de cette préparation ? Guillaume Gandoin, infirmier aux urgences de l'hôtel-Dieu et un des référents sur les questions relatives à Ebola, nous répond.
Guillaume Gandoin, IDE au service des urgences de l'Hôtel-Dieu, référent pour les questions relatives à Ebola
Une psychose se développe chez les soignants. Sont-ils tous concernés pas le risque d'une prise en charge d'un patient atteint d'Ebola ?
Les soignants sont également des individus. Quand la psychose se développe, ils se posent des questions, d'ailleurs plus encore que les autres car ils sont soignants.
Mais il faut relativiser. Il y a plusieurs catégories d'infirmières, dans ce contexte.
Tout d'abord, celles qui travaillent dans les services infectieux des hôpitaux référencés peuvent se retrouver en contact d'un cas suspects ou avérés.
Elles ont l'habitude de prendre en charge des pathologies infectieuses hautement contaminantes et il n'y a pas de problème majeur de manque d'information ou de ressenti de manque d'information.
Ensuite, certaines travaillent dans des lieux qui sont des portes d'entrée potentielle de patients atteints, sans tri préalable. C'est le cas des urgences, des maternités ou des consultations de précarité.
Dans ces services, des procédures sont mises en place par les comités d'hygiène et de sécurité. A l'Hôtel-Dieu, la cellule de crise qui découle du déclenchement du plan blanc contribue à déployer les procédures dans les services.
Ensuite, la difficulté est de mettre en oeuvre ces procédures dans des services où chacun a déjà son travail quotidien. En outre, ces procédures arrivent souvent sans information complémentaire sur la pathologie, ses modes de transmission...
Enfin, il y a les services de psychiatrie, de chirurgie, par exemple, où les patients arrivent après un passage chez le médecin. le risque est alors mineur et proche de zéro.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| Propos recueillis par Olivier Dessibourg ("Le Temps")
Le rêve de John Donoghue est de mettre au point une technologie qui permettrait à des personnes paralysées de lancer des commandes à distance, à l’aide d’une simple pensée captée par une électrode implantée dans leur cortex et connectée à un émetteur sans fil. Pour faire bouger une prothèse de membre, par exemple. Professeur à l’université Brown, à Rhode Island (Etats-Unis), ce pionnier des interfaces cerveau-ordinateur a été choisi pour diriger le Centre Wyss pour la bio- et neuro-ingénierie, à Genève, sur leCampus Biotech, où s’installera en novembre le Human Brain Project (« Projet du cerveau humain ») européen.
Pourquoi avoir traversé l’Atlantique ?
Aux Etats-Unis, la science est excellente, mais les ressources limitées. Ici, il y a tout ce dont je rêvais : des spécialistes des neurosciences, du monde clinique, de l’industrie, de l’ingénierie, et des infrastructures libres de suite pour atteindre le but fixé : créer des outils neurotechnologiques au bénéfice de l’être humain.
Par exemple ?
L’objectif est de faire voir les aveugles, entendre les sourds, marcher les gens paralysés, à l’aide de systèmes neuroprosthétiques. L’idée ultime est de développer les parties d’un système nerveux artificiel susceptible de remplacer le modèle biologique. Pour ce faire, il faut d’abord comprendre comment fonctionne ce dernier. Puis il faut oser interpréter les signaux que génère le cerveau. Enfin, il faut de fins ingénieurs pour fabriquer les prothèses dont on parle. Toutes ces tâches sont très complexes.
C’est dans le secret de ses bureaux, au cœur du ministère de la santé, avenue de Ségur, qu’est fixé le prix de tous les médicaments commercialisés en France. Peu connu du grand public, le Comité économique des produits de santé (CEPS) négocie depuis vingt ans avec les laboratoires pharmaceutiques pour décrocher le meilleur « deal » possible pour l’Etat et les patients. Un savant dosage pour garantir aux Français l’accès aux meilleurs traitements sans ruiner davantage la Sécurité sociale ni se fâcher avec une industrie qui reste un important employeur dans le pays.
Son rapport annuel, publié mercredi 22 octobre, apporte un éclairage précieux, alors que la bataille autour du budget de la Sécurité sociale se poursuit cette semaine. Le gouvernement souhaite économiser 1 milliard d’euros sur sa facture de médicaments, en expliquant que la France dépense trop et depuis trop longtemps. En face, les laboratoires s’inquiètent du financement de leur recherche et menacent de couper leurs investissements industriels. Tandis que les deux camps affûtent leurs chiffres, voici ce que révèlent les statistiques compilées par le CEPS.
Les Français ont acheté en 2013 un peu plus de 2,5 milliards de boîtes de médicaments, soit un peu moins qu’il y a dix ans
Les médicaments sont-ils vraiment trop chers ? « Les comparaisons internationales de prix de médicaments restent relativement rares et d’interprétation délicate », souligne le CEPS, mais quelle que soit la méthodologie appliquée, la France n’apparaît pas au premier abord comme un pays de cocagne pour les laboratoires.
Une étude du très sérieux National Health Service (NHS) britannique, qui comparait en 2010 les prix des 250 médicaments les plus consommés au Royaume-Uni à ceux pratiqués dans dix autres pays européens et aux Etats-Unis, montre que les vignettes françaises sont plutôt raisonnables. L’équivalent d’un « panier » vendu 100 euros au Royaume-Uni coûte ainsi 103 euros en Italie, 142 euros en Allemagne, 254 euros aux Etats-Unis… mais 95 euros en France.
Une autre étude, réalisée à la demande du LEEM (le lobby des laboratoires) par Pierre-Yves Geoffard, chercheur à l’Ecole d’économie de Paris, s’intéresse au prix des médicaments en fonction de leur valeur thérapeutique. Elle compare les prix des produits lancés entre 2008 et 2012 en France avec ceux pratiqués en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni. Il en ressort que pour les molécules les plus innovantes (celles à qui la Haute Autorité de santé – la HAS – a attribué une « très bonne note », c’est-à-dire 1, 2 ou 3), la France est plus « généreuse » que le Royaume-Uni, mais beaucoup moins que ses autres voisins.
MACHINE À CASH
Pour les médicaments qui n’apportent aucun progrès thérapeutique par rapport aux traitements existants (ceux à qui la HAS – attribue un 5, la note la plus faible et la plus courante, puisque les trois quarts des molécules étudiées sont dans ce cas), la France se montre aussi plus économe.
Mais il ne s’agit pas pour autant d’un « cadeau » des laboratoires. Les rabais sont la contrepartie des volumes importants que leur achète le pays. Les Français ont acheté en 2013 un peu plus de 2,5 milliards de boîtes de médicaments. C’est un peu moins qu’il y a dix ans mais cela reste un record. Autre exception française :« Une prescription davantage orientée vers des médicaments nouveaux, au détriment de médicaments plus anciens et moins coûteux, mais pas forcément moins efficaces », note Dominique Giorgi, président du CEPS, dans l’introduction du rapport.
Une aubaine pour les laboratoires ! Ainsi, au palmarès des 10 molécules remboursables les plus vendues dans les officines françaises, chacun trouve sa machine à cash : Novartis a son Lucentis (dégénérescence maculaire) et son Glivec (leucémie), Abbvie son Humira (polyarthrite rhumatoïde), AstraZeneca son Crestor (anticholestérol) et son Symbicort (asthme), GSK son Seretide (asthme), Pfizer son Enbrel (polyarthrite rhumatoïde), Sanofi son Lantus (antidiabétique), MSD son Inegy (anticholestérol) et Gilead son Truvada (VIH). Au total, ces dix « blockbusters » totalisent plus de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, bien qu’ils n’aient pas tous été « bien notés » par la HAS.
À L’HÔPITAL, C’EST ROCHE QUI SE TAILLE LA PART DU LION
À l’hôpital, c’est le laboratoire Roche qui se taille la part du lion avec ses anticancéreux, Avastin en tête. L’américain Johnson & Johnson (dont le Remicade est très prescrit pour soigner des maladies inflammatoires) et son compatriote Bristol-Myers Squibb (dont le Yervoy est indiqué dans le traitement des mélanomes) font également de bonnes affaires en France. Ces molécules rapportent déjà plusieurs milliards et leurs ventes progressent très rapidement, constate le CEPS.
Au final, les grands noms de la pharmacie empochent ainsi une bonne partie des 24,7 milliards d’euros que la France dépense chaque année pour acheter ses médicaments (elle est le deuxième marché européen derrière l’Allemagne). Mais la « belle époque » est peut-être en train de s’achever : ce chiffre est en baisse pour la seconde année consécutive.
Depuis deux ans au CEPS, on renégocie à la baisse le prix des boîtes déjà commercialisées, et les nouveaux médicaments n’accèdent au marché qu’à « prix cassés ». Le message du gouvernement aux laboratoires est clair : « Nous consommons trop de médicaments de marque et trop de médicaments chers », martelait au printemps Marisol Touraine, la ministre de la santé.
Le remède ? Des ordonnances plus « lights » qui accordent davantage de place aux génériques, même s’ils restent bien plus chers qu’ailleurs, compte tenu de la marge élevée (plus de 60 %) appliquée par les pharmaciens sur ces médicaments. Ces économies sont le prix à payer pour que le patient « France » puisse à l’avenir s’offrir des médicaments « chers » mais au bénéfice indiscutable, ce qui n’est pas toujours le cas des molécules pour lesquelles l’Assurance-maladie débourse aujourd’hui des milliards.
Contrairement à ce qu’affirme le dicton, le ridicule tue – autant que la bêtise. Simplement, ce sont les autres qui en meurent. La preuve par la Lomidine, médicament présumé miraculeux, qui fut injecté massivement, à l’époque coloniale, aux populations africaines. S’il y eut miracle, il tient au nombre, relativement peu élevé, des victimes, décédées dans d’atroces souffrances à la suite de ces injections.
C’est l’incroyable et méconnu scandale que retrace Le Médicament qui devait sauver l’Afrique, essai féroce et solidement documenté de l’historien de la médecine Guillaume Lachenal.
De Londres à Brazzaville, de Gribi, dans l’est du Cameroun, au laboratoire parisien de la Specia (une branche de Rhône-Poulenc), le lecteur suit, pas à pas, l’épopée meurtrière de ce produit pharmaceutique, censé débarrasser les colonies françaises (mais aussi belges et portugaises) de la maladie du sommeil. Il faudra attendre le milieu des années 1960 – et la vague des indépendances – pour que la piqûre « qui fait trop mal », comme le chantaient des villageois camerounais, soit enfin abandonnée.
Ceux qui ont lu le roman de Paule Constant C’est fort la France !(Gallimard, 2012) ont déjà une petite idée des méfaits de la Lomidine. A sa lecture, le jeune chercheur a d’ailleurs cru, un moment, que la romancière lui avait volé son idée… Les deux livres sont pourtant fort différents. L’ouvrage de Guillaume Lachenal s’attache à reconstituer, travail d’archives et interviews à la clé, les errances d’une médecine « impériale », sûre de son fait jusqu’à l’aveuglement. Loin de prévenir la maladie, les piqûres de Lomidine entraînent en effet, dans certains cas, une « infection bactérienne évoluant en gangrène gazeuse ». Il faudra pourtant des dizaines de morts (et des centaines de mutilés), avant que ces campagnes répétées, fruit de la « bêtise coloniale », soient stoppées.
Comprendre la théorie du narcissisme et du stade du miroir grâce à des dialogues et des situations romanesques mettant en scène des personnages ayant participé à l'histoire du mouvement psychanalytique.
Ce livre est un essai de psychanalyse écrit comme un roman. Il raconte comment la théorie du narcissisme va trouver son sens dans la passion de l'image. André Breton, Sigmund Freud, Carl Jung, Sandor Ferenczi, Salvador Dalí et Jacques Lacan sont les acteurs principaux des échanges qui ont eu lieu entre 1909 et 1939 et qui sont restitués sur la base de faits tantôt connus, tantôt inventés. L’histoire de la théorie psychanalytique s’écrit à travers des dialogues et des situations romanesques.
Préface de Anne Joos Avec les contributions de Aline Briquez, Delphine Colin, Xavier Fourtou
L’irruption d’une maladie grave affecte tous les aspects de la vie des patients, les repères corporels, la vie sociale et familiale, le rapport à soi-même et aux autres. Mais aussi, nous dit Andrée Lehmann à travers les paroles des patients, de leurs proches et des soignants, une atteinte corporelle ne peut aller sans répercussions psychiques. Celles-ci vont bien au-delà de l’angoisse : les équilibres de vie sont déstabilisés, ce qui induit un retour sur soi et mène vers des changements dans les façons d’être.
Alors que les relations, qu’elles soient sociales ou privées, sont marquées par des interprétations suspicieuses et malveillantes, que l’ère du soupçon semble dominer, Charles Melman a choisi de parler des paranoïas. Avant que ce type de relations ne paraisse faire partie de la norme et de l’usage, il s’attache à isoler, à illustrer, les diverses formes existantes de paranoïas dont certaines n’ont pas encore été reconnues.
Cet ouvrage explore et défriche le terrain délicat des violences évitables de façon à la fois concrète et théorique avec l’espoir que professionnels et chercheurs s’en saisissent.
Les patients, leur entourage et les soignants sont souvent victimes de violences inhérentes à l’administration du soin, à son déroulé, au soin sans consentement, à la formation des futurs soignants, mais aussi à ce qui relève du tout-économique, du tout-évaluation dans le modèle hospitalier contemporain où se déploient des normes et des contraintes qu’il importe d’interroger. Cet ensemble de textes vise à identifier la part évitable de ces violences. Il dit aussi ce qui relève de l’impensable dans des lettres adressées par des patients ou des proches aux soignants, et aux institutions.
Naître du désir de ses parents s’impose comme une norme sociale. Tout ou presque est supposé affaire de choix, de décision individuelle. Rien ne va plus de soi, c’est une liberté et une responsabilité lourdes à assumer : les parents vivent sous l’injonction sociétale de performance. Alors, ils sollicitent les professionnels, recherchent écoute et soutien, attendent une réassurance sur leurs propres compétences.
Les deux fils qui arrivent raide saouls à l’enterrement de leur mère, la maîtresse éplorée qui croise la veuve «légitime» : franchement drôles ou tristes à pleurer le croque-mort Guillaume Bailly raconte dans un livre ses «perles d’enterrement».
Le célèbre aliéniste né à Jonquières, un petit village proche de Castres, restera à tout jamais dans l’histoire comme le libérateur des aliénés mentaux sous la Révolution Française. Précurseur de la psychiatrie française, il fut le premier à affirmer que les « fous » pouvaient être compris et soignés.
Après des études classiques chez les Oratoriens au collège des doctrinaires de Lavaur, Pinel, se destinant à la prêtrise, entra à l'Esquille à Toulouse, mais il se rétracte assez vite attiré par les mathématiques dans un premier temps puis par la médecine qu'il étudie dans la "Ville rose "et où il est l'élève de Barthez. Diplômé en décembre 1773, Philippe Pinel décide de compléter sa formation à Montpellier où il rencontre Chaptal. Disposant de peu de moyens financiers, il doit pour survivre rédiger des mémoires qu'il vend à des étudiants peu scrupuleux.
Philippe Pinel
Il n’est de médecin que de Paris !
Monté à Paris en 1778, Pinel traverse là encore une période de vaches maigres, complétant ses maigres honoraires avec des traductions, notamment celle des" Institutions de médecine pratique" de Cullen. Il y avait une bonne raison aux débuts difficiles de Pinel dans la capitale puisqu’avant la Révolution tout médecin diplômé d’une autre faculté de Paris avait l’interdiction d’exercer dans la capitale comme en atteste un arrêt du parlement de 1644 confirmé par l’Edit de Marly en 1707 : « Nul ne pourra exercer la médecine à Paris s'il n'est reçu docteur ou licencié dans la Faculté de médecine de cette ville et s'il n'y a été admis à la manière accoutumée et s'il ne fait pas partie du corps des médecins royaux, comme médecins du Roi très chrétien ou de sa famille » Un moyen comme un autre pour les médecins parisiens de limiter la concurrence !
Les 16èmes Rencontres Vidéos en Santé Mentale, organisées par l’hôpital Maison Blanche, l’Association l’Élan Retrouvé, la Cité de la Santé et les CEMÉA auront lieu les jeudi 20 et vendredi 21 novembre 2014 à l’auditorium de la Cité des Sciences et de l’Industrie (à Paris - La Villette). Adresse : - 30, avenue Corentin-Cariou - 75019 Paris
DESCRIPTIF
Comme chaque année, cette manifestation rassemble patients et soignants impliqués dans la réalisation de films, de vidéos, de courts métrages. C’est un moment fort en rencontres et échanges autour de films essentiellement réalisés par des personnes engagées, à un titre ou à un autre, dans un parcours de soins en santé mentale. Son objectif est de promouvoir la citoyenneté des personnes à travers leur pratique artistique, en offrant à des productions vidéo réalisées au sein des ateliers thérapeutiques de différentes institutions de soins en espace de diffusion valorisant et ouvert sur la cité (institutions provenant de la métropole et des territoires ultramarins, mais aussi de Belgique, Suisse, Italie et du Canada).
Un nouveau mode de gouvernement des hommes se répand
dans toute la société, et d’abord dans la sphère professionnelle : un
management par la rivalité et la peur qui, au nom de la dictature de la
performance et de la concurrence, impose partout les mêmes normes et le même
mode d’assujettissement. Qu’importent la qualité réelle et le sens des
activités, toutes doivent être réductibles à un chiffre parmi d’autres
chiffres. L’évaluation est l’instrument de la mise au pas des individus. En
faisant la loi, l’actionnaire transforme sans cesse le travail ; quand l’État
singe cette gestion, c’est pire encore, car totalement ubuesque et
contre-productif.
L’annonce faite à Ste Anne,d’un nouveau cours de déstigmatisation et de relance du secteur est comme une façade austère qu’on anime par des scènes ou des paysages colorés, tout en masquant l’architecture, l’espace et l’aménagement à l’arrière. C’est le principe du trompe l’œil, qui sous couvert de réhabilitation pérennise un discours de pouvoir dont les effets antérieurs ont été catastrophiques, pour les soignants, les usagers, la société et les protections solidaires. Elle est pourtant celle du discours de la ministre de la santé Marisol Touraine prononcé sur sa politique de santé mentale et de psychiatrie, dans une ébauche d’évolution de l’article 12 du projet de loi santé, dont la date vient opportunément le lendemain du 23 où s’est déroulé un rassemblement très combattif de la coordination des hôpitaux en lutte, dont un grand nombre d’établissements psychiatriques.
Ce discours donne effectivement du grain à moudre à la corporation des psychiatres pour l’inciter à apliquer une politique dénoncée par le reste des personnels le 23. Il a donc été propice à la tentation d’y déceler un contre-discours à celui prononcé par Nicolas Sarkozy à Antony en 2008, dans la réaction du représentant des présidents de CME, et d’au moins de 2 syndicats de psychiatres.
Or, ce discours est concrètement à analyser dans le réel de l’état actuel de la psychiatrie publique, dans la dégradation des dispositifs et des pratiques de soin qui entraîne colère et désespérance de nombre de soignants, mais aussi alimente l’inquiétude ambiante des usagers et de leurs familles et, au-delà, de l’ensemble de la société pour sa protection sociale solidaire. Son appel à un retour généraliste à la politique de secteur interroge : de quel secteur il s’agit-il ? De quelle déstigmatisation ? De quelles gouvernances ? Quelle politique de santé mentale et quelle loi spécifique ? Avec qui et comment construire nos réponses ?
A l'hôpital psychiatrique de Rouffach, les malades font passer un audit d'embauche aux nouveaux soignants.
Les patients posent les questions, les soignants répondent. «Pourquoi avoir choisi la psychiatrie ? Êtes-vous à l’aise avec les malades ? Qu’est-ce qui vous plaît dans votre travail ?» A chaque fois que l’équipe de professionnels s’agrandit, les malades suivis à l’hôpital psychiatrique de jour de Rouffach (dans la périphérie de Mulhouse) font passer un audit d’embauche à la nouvelle recrue. Ce matin, elles sont quatre, trois infirmières et une neuropsychologue, face à une douzaine de patients schizophrènes. «Il s’agit de donner la possibilité aux patients de reprendre le pouvoir sur leur propre vie, qu’ils aient la force, l’envie de décider par eux-mêmes, de faire», explique de Dr Yann Hodé, psychiatre du service. Il a imaginé cette expérience originale après avoir assisté à une conférence sur l’empowerment, de Marianne Farkas (center of psychiatric rehabilitation, Boston University). Comme elle, il n’aime pas le terme «patient», qui place d’emblée l’individu dans un rapport asymétrique à l’institution mais il en use quand même, faute d’alternative satisfaisante, écartant «client», «bénéficiaire» ou «usager».
Autonomie. Son service, le pavillon 12, suit une cinquantaine de «patients» donc, tous schizophrènes. «La mission d’un hôpital, même de jour, n’est pas de faire de l’accompagnement et du soutien. Ici, on s’est repositionné clairement sur le soin. Nous les entraînons à acquérir des compétences perdues ou qu’ils ont du mal à apprendre. L’objectif est qu’ils puissent avoir une vie stable, sans hospitalisation, qu’ils deviennent autonomes». Ils ne fréquentent jamais plus de deux ans le pavillon 12. L’étape suivante c’est le GEM, groupe d’entraide, une association de patients. Là, les malades s’organisent entre eux, élisent un bureau, décident, élaborent un planning d’activités. Les audits d’embauche de l’hôpital font partie de ce processus d’autonomisation. «On ne peut pas demander aux patients de se prendre en main et en même temps ne leur donner aucun pouvoir», relève le Dr Hodè, qui leur permet ainsi d’accéder à un «pouvoir symbolique» sur les embauches. «Ils ont un avis consultatif, un avis qui ne s’impose pas mais qui a quand même de la valeur, à l’instar de ce qui existe en démocratie, comme le Conseil économique social et environnemental, du Conseil d’Etat», décrit-il.
A Strasbourg, le Parlement européen a décerné, ce mardi 21 octobre, le prix Sakharov 2014 pour les droits de l'homme au gynécologue congolais Denis Mukwege, 59 ans, qui soigne dans sa clinique de Bukavu les femmes victimes de viols et de violences sexuelles dans les conflits armés de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le prix sera remis solennellement le 26 novembre à Strasbourg.
Avec notre envoyé spécial à Strasbourg, Tudor Tepeneag
C’est le médecin congolais, Denis Mukwege, qui a été finalement récompensé. Les chefs des groupes parlementaires se sont mis d’accord et l’ont décidé à l’unanimité. Ils ont souligné que le prix Sakharov pour les droits de l’homme lui est attribué pour le courage et l’abnégation avec laquelle il soigne les femmes victimes de violences sexuelles.
L'accès aux soins des femmes en situation de précarité diminue au fur et à mesure de l'augmentation de la durée de vie dans la rue.
Dolorès Pourette, du laboratoire d'anthropologie sociale de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et le Dr Bernard Guillon, de l'Association pour le Développement de la Santé des Femmes (ADSF) ont présenté les résultats d'une enquête menée à l'aide de questionnaires semi-directifs auprès de 30 femmes âgées de 20 à 60 ans fréquentant les centres d'hébergement du Samu social de Paris.
La diminution de l'estime de soi, la perte des repères et des habitudes de consommation médicale voire lesaddictions sont responsables de ce moindre recours au système de santé, a expliqué le Dr Guillon.
"Le fait de ne pas avoir d'espace intime altère aussi leur estime d'elles-mêmes", d'après Dolorès Pourette.
Depuis quelques années, les centres d'accueil du Samu social proposent des consultations gynécologiques, avec des femmes médecins car "les antécédents de violences sexuelles rendent difficiles les consultations gynécologiques", a indiqué le Dr Guillon.