Tel du vif-argent, il surgit dans la nef de l’immense cathédrale de verre dédiée au culte du système nerveux : l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Dans ce haut lieu des neurosciences, Lionel Naccache, cheveu rebelle et chemise bariolée, veille sans relâche sur nos états de conscience, dans un singulier mélange d’enthousiasme et d’humilité, de rigueur et d’humanité, d’exigence intellectuelle et de gravité. Non sans une certaine candeur, qui d’emblée désarme : un regard de douceur posé sur le monde.
« J’ai voulu développer ici mes travaux pour les ancrer dans une réalité clinique », explique le neurologue-chercheur, ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Paris. Les jeudis et vendredis, il prend en charge des patients à la conscience altérée, qu’ils soient victimes d’une maladie neurologique ou neurodégénérative ou qu’ils aient subi un accident cérébral. Autant de drames auxquels Lionel Naccache tente d’apporter des éléments rationnels de réponse diagnostique, voire d’offrir de nouveaux outils thérapeutiques.
« Lionel est un pionnier dans cette voie de recherche difficile, encore taboue il y a dix ans quand nous avons commencé à l’explorer, raconte le professeur Steven Laureys, qui dirige le fameux Coma Science Group du CHU de Liège (Belgique). Ses deux casquettes, celle du chercheur et celle du médecin, sont ici extrêmement précieuses. »