RÉCIT
Exclus de l’aide sociale, de plus en plus de mineurs isolés étrangers se retrouvent sans toit. Des enseignants se démènent pour les aider.
Au lycée Edith-Piaf de Belleville (XXe arrondissement), il a fallu rouvrir des sanitaires de l’ancien internat. A Hector-Guimard, dans le XIXe, aux mêmes maux les mêmes symptômes : «Les douches des ateliers et celle de l’infirmerie servent de plus en plus souvent», observe Benoît Boiteux, le proviseur. Confrontés à une hausse du nombre de mineurs isolés étrangers (MIE) exclus des dispositifs de l’Aide sociale à l’enfance (ASE, censée assurer leur prise en charge jusqu’à leurs 18 ans) et parfois contraints de vivre à la rue (lire ci-contre), enseignants et proviseurs des lycées professionnels de Paris improvisent pour assurer à leurs élèves des conditions d’éducation décentes.
Dans leur ligne de mire, l’ASE, qu’ils accusent de se dérober à sa mission de protection des mineurs. «L’Etat est divisé en deux sur cette question. D’un côté, l’Education nationale ouvre grand ses portes à ces jeunes et, de l’autre côté, l’ASE rechigne de plus en plus à tous les prendre en charge, prétextant des restrictions budgétaires», regrette Benoît Boiteux.