Tout au long de son histoire, l’électrisation cérébrale médicale s’illustre par la violence de ses méthodes. Mettant à profit la collusion fusionnelle entre pouvoir médical et pouvoir politique à l’époque du Troisième Reich, la force délétère de ces techniques a fait ses preuves dans l’entreprise de destruction des individus considérés comme déficients lors de la mise en œuvre du sinistre programme Aktion T4. Cet ouvrage rappelle également que le projet MK-Ultra de la CIA s’est servi de milliers de cobayes à partir des années 1950 et a fait un nombre considérable de victimes aux États-Unis.
APPEL À LA MANIFESTION DES SYNDICATS DU SNIES-UNSA ET
SNICS-FSU
En parallèle à la mobilisation nationale, le Syndicat
national des infirmières éducatrices santé (SNIES-UNSA) et le Syndicat national
des infirmières conseillères en santé (SNICS-FSU) ont répondu à l'appel lancé
pour dénoncer les projets d'évolution de leur statut. Une trentaine
d'infirmières et infirmiers scolaires se sont rassemblés devant le rectorat ce
jeudi 22 mai 2014 pour s'opposer à la création d'une mission ministérielle
santé-social-éducation (MISSE) qui vise à réorienter la politique de la santé
vers d'autres ministères.
La documentariste Sophie Averty a réalisé un film sur le village de la solidarité d'Indre, près de Nantes, qui accueille plusieurs familles roms. Elle revient sur cette expérience.
C’est un film rare, retraçant plusieurs années de lutte pour l’intégration d’une cinquantaine de familles roms débarquées en décembre 2009 à Indre, en Loire-Atlantique. Une commune de 4 000 habitants, posée à quelques kilomètres de Nantes. Au début, Sophie Averty n’imaginait pas faire tourner sa caméra. «Je n’étais même pas très fière de passer à côté d’un campement», dit-elle. La documentariste décide de s’impliquer, avec d’autres habitants, pour accueillir les Roms. Un collectif se crée et, avec l’aide de la municipalité, décide de rompre avec la politique de la «patate chaude».
En 1995, au moment du plan Juppé sur les retraites et la Sécurité sociale, le philosophe Paul Ricoeur écrivait dans Le Journal du dimanche : « Ce qui me frappe (…), c'est l'énorme distance, le gouffre qui existe entre la compréhension rationnelle du monde, que ce soit l'économie de marché, les télécommunications etc., et le désir profond des gens. »
Deux ouvrages récemment parus témoignent du gouffre dont parlait Ricoeur, quoique dans des styles très différents. A l'heure où l'Etat-providence semble condamné à réduire la voilure, au moins à court terme, ils montrent que l'Etat et nos systèmes de protection sociale doivent d'abord innover et redessiner leurs missions.
Premier volet de la correspondance de l’Irlandais francophile.
On n’a pas l’impression que le jeune Beckett aurait été archiqualifié pour vivre à notre époque. En effet, contrairement à la plupart de nos artistes et écrivains, il avait l’intelligence de trouver ses œuvres nulles. Le 8 février 1935, à son ami et confident Thomas McGreevy :«Je me sens minable, sordide & incapable au-delà de toute description.» Il a 28 ans, est en train de ramer surMurphy,son premier roman proprement «beckettien». Il n’écrit pas encore en français. Les nouvelles deBande et sarabandeont été publiées en 1934. Egalement son essai sur Proust, qui le rend durant l’année 1930«impatient d’arracher les couilles de la pine critique et poétique proustienne».Mais Beckett n’était pas non plus archiqualifié pour vivre à son époque.Murphy sera multirefusé par les éditeurs, dont le sien, Chatto and Windus, qui lui écrit gentiment que son livre, exigeant«beaucoup de l’intelligence et des connaissances générales du lecteur, a moins de chances que jamais de s’attirer une audience».Finalement, le roman paraît chez Routledge en 1938.
En septembre 1935, au même Thomas McGreevy : «Je me suis forcé à continuer à travailler au livre, & il avance très lentement. J’ai fait environ 9 000 mots. C’est assez mauvais & je ne m’y intéresse pas. Les douleurs intestinales sont pires que jamais. Bion ne s’y intéresse pas.» Wilfred Ruprecht Bion est alors le psy de Beckett.
Une étude du Conseil de l’Europe, parue le 29 avril dernier, place la France au cinquième rang des pays européens où l’on se suicide le plus en prison. Comme pour donner raison à ce rapport, un homme s’est donné la mort au début du mois de mai à la prison de Vezin, près de Rennes. Surpeuplement, violence, surveillants en colère, récidive… la prison n’en finit pas de montrer ses faiblesses et ses limites.
C’est pour dénoncer ces dysfonctionnements que, depuis 1989, Radio libertaire, l’antenne de la Fédération anarchiste, diffuse chaque semaine « Ras les murs ». L’équipe milite sur les ondes avec un seul slogan : « La prison a fait son temps, qu’elle crève ! »
Tous les mercredis à 20 h 30, Jacques Lesage de la Haye et Pascal Matrat se retrouvent pendant deux heures pour parler de l’actualité carcérale et réfléchir aux alternatives à l’enfermement. Jacques sait de quoi il parle. A 75 ans, tee-shirt noir et veste en cuir, ce psychanalyste ressemble plutôt à un gaillard quinquagénaire. Comme s’il souhaitait rattraper les onze ans et demi, de 1957 à 1968, passés derrière les barreaux.
La politique d’austérité menée en Grèce sous l’égide de Bruxelles et du Fonds monétaire international laisse un système de santé exsangue, où faiblesse des revenus signifie absence de soins.
En apparence, tout va bien. Sous le soleil d’Athènes, les touristes sont déjà là, les terrasses de café regorgent de monde et, dans la douceur d’un début d’été, rien ne laisse deviner la crise ou les effets de la politique d’austérité. Lesquels seront pourtant au centre des préoccupations des Grecs lors des élections européennes de dimanche, marquées par la percée annoncée du vote contestataire. Soit en faveur de Syriza, le parti de la gauche radicale, soit en faveur des néonazis d’Aube dorée, les deux seules formations qui dénoncent ouvertement les exigences de Bruxelles et l’appauvrissement brutal qu’elles ont provoqué.
«Bébés fantômes».«Il ne faut pas se fier aux apparences, suggère l’écrivain Christos Chrissopoulos. La Grèce peut encore offrir une image séduisante. Mais, parmi tous les gens qui se trouvent dans ce bar ce soir, la moitié sont au chômage et n’ont plus de couverture sociale. La vie continue mais, pour beaucoup, elle est devenue très précaire, voire risquée.» Le jeune romancier votera pour Syriza, «seule alternative possible» à la politique d’austérité menée tambour battant par la coalition des conservateurs et des socialistes au pouvoir depuis deux ans.
Le psychiatre et psychanalyste, fondateur de la psychothérapie institutionnelle, est mort le 15 mai, dans sa clinique de La Borde.
Il n’avait jamais raccroché : à 90 ans Jean Oury nous a quittés. Brutalement, malgré la vraisemblance ou l’imminence de son décès. Cette manière de se tenir debout, un peu voûté, était devenue familière : il aurait pu tenir encore dix ans ! Jean Oury (1924 – 2014) était le dernier vivant d’une grande aventure qui avait pour épicentre la clinique de La Borde qu’il avait fondée en 1953. Retracer ici la généalogie de la psychothérapie institutionnelle dont il fut, avec d’autres et après eux, le fondateur, tout comme son frère Fernand le fit pour la pédagogie, ce serait écrire l’histoire de plus d’un demi-siècle de luttes contre l’enfermement, de désaliénation, en même temps que d’échanges, de polémiques, de croisements féconds avec la psychanalyse (Lacan indéfectiblement), la psychiatrie existentielle ou anthropologique (Jacques Schotte), la philosophie (Henri Maldiney, Gilles Deleuze), sans compter la coopération, parfois orageuse, avec Félix Guattari.
Quels sont les axiomes que la psychothérapie institutionnelle a su dégager et formaliser ? En quoi nous importent-ils encore aujourd’hui ?
Le postulat de base est pragmatique : quand on veut soigner des patients, accueillis ou pire enfermés dans un établissement (hôpital, clinique, CMP), on doit d’abord soigner l’institution elle-même.
C’est une écrivaine aux allures de divinité gothique. Une jeune femme à la bouche fardée de mauve, aux mains peintes au henné et aux immenses dreadlocks roses et noires qui lui dégringolent jusqu’au creux des reins. On l’a découverte en 2010 lorsque les éditions Stock ont publié Purge, son troisième roman (prix Femina étranger). Sofi Oksanen – qui est née en 1977 à Jyväskylä, à 270 kilomètres au nord d’Helsinki, d’une mère estonienne et d’un père finlandais – s’y emparait de l’histoire de l’Estonie pour dire la soumission forcée de deux femmes, les violences qui leur avaient été faites et qui avaient transformé leurs corps en objets de honte à vie.
Un peu plus tard, on a découvert son premier livre, Les Vaches de Staline (Stock, 2011), où l’auteure combinait de façon audacieuse les thèmes de l’histoire soviétique et de la boulimie. «Ce qui m’attire avant tout, a confié au «Monde des livres» Sofi Oksanen,ce sont les destins bâillonnés, les personnages muets, les histoires tues. S’approcher du non-dit et tenter de l’articuler, n’est-ce pas l’essentiel de l’écriture?»
Baby Jane, le livre qui paraît ces jours-ci, était le chaînon manquant entre ces deux ouvrages : son deuxième roman. On y retrouve tous les thèmes chers à Sofi Oksanen, le corps, la maladie psychique, la marginalité, la honte, le sexe – ici un tableau poignant de l’homosexualité féminine –, et aussi la jalousie, la culpabilité, la rédemption…
Un accueil psychiatrique 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Un service d’hospitalisation d’urgence avec 24 lits. Des soins en réseau avec les autres centres spécialisés en santé mentale de l’agglomération lilloise. Le CPAA (Centre psychiatrique d’accueil et d’admission), adossé à l’hôpital Saint-Vincent à Lille, est unique en France.
On entre par la rue Desaix, à l’arrière de l’hôpital Saint-Vincent. C’est à deux pas du métro Porte de Douai, comme une main tendue en pleine ville. La conception du bâtiment, largement vitré, est aussi le symbole d’une nouvelle approche du soin psychiatrique. On pousse la porte du CPAA (dire CP2A) pour de multiples raisons. Du coup de blues aux pathologies les plus sévères. Beaucoup de jeunes dont un quart d’étudiants. « Souvent le stress de l’examen est un prétexte, un surplus d’angoisse qui, soudain, n’est plus tolérable. La carence en sommeil est aussi un vecteur qui fait basculer », explique Weil, médecin responsable du CPAA.
Paris, le samedi 24 mai 2014 – La fermeture annoncée du service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Raymond Poincaré défraie la chronique depuis plusieurs semaines. Beaucoup de familles des enfants traités ou ayant été soignés dans cette unité sont en effet opposées à cette décision. Interpellée à ce sujet, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) défend cependant son choix en soulignant que « la manière dont sont pris en charge les patients (…) fait l’objet de controverses depuis plusieurs années ». Dans un communiqué publié début mai, elle déplore entre autres une prise en charge « différente des traitements habituellement utilisés par les équipes françaises et européennes ». Or ce refus des protocoles établis est totalement assumé par le docteur Nicole Delépine, responsable de ce service. Sans revenir sur la situation particulière de cette unité et sur les actions judiciaires qui ont pu être initiées par une association de patients et au-delà de l’ensemble des controverses passées, le praticien revient pour nous, sans aucune concession, sur sa vision personnelle des dangers de la protocolisation. Une argumentation non manichéenne mais toujours intransigeante dont certains partageront sans doute plusieurs points saillants, même si d'autres regretteront que ses conclusions générales sur l'organisation de notre système de soins et de notre société diminuent la force de sa démonstration sur les risques de la protocolisation à l'excès.
De fait l’ensemble de la démonstration n’appartient qu’à Nicole Delépine.
Par le docteur Nicole Delépine *
Le serment d’Hippocrate nous enjoint à donner à nos patients les meilleurs soins en fonction des données actuelles de la science et de les adapter à chaque être humain. Quelle est la signification profonde de notre engagement ?
Le malade attend que nous le considérions comme l’homme unique qu’il est avec son passé, son histoire trans-générationelle, ses antécédents familiaux médicaux et personnels, son abord de la vie, son entourage, son métier, ses envies pour l’avenir... Chaque médecin a forcément réfléchi à cet aspect complexe mais si riche de son exercice qui fait de chaque rencontre avec un patient un moment unique.
La complexification des informations disponibles pour des affections simples autrefois diagnostiquées par un examen clinique soigneux et plus encore pour des maladies lourdes a conduit les facultés à synthétiser la littérature médicale pour guider le médecin tant dans sa démarche diagnostique que thérapeutique. C’est la justification de « l’evidence base medicine » (EBM). Initiée d’abord sous Hitler, elle a été ensuite développée au Canada à partir des années 60 pour étendre son emprise sur le monde entier depuis 1980.
Qui sait encore diagnostiquer un foyer pulmonaire avec un simple stéthoscope ?
Parallèlement, le développement rapide de la biomédecine a entrainé le déclin de l’examen clinique dans sa pratique, sa connaissance et le respect qu’on lui portait. Qui sait encore avec son stéthoscope diagnostiquer un petit foyer pulmonaire ? La synthèse des publications significatives à travers des méta-analyses fut une avancée réelle permettant de gagner du temps dans la connaissance et sa mise à jour. Importée en France sous le nom trompeur de « médecine des preuves », elle revêt de nombreux écueils. Son nom déjà, qui repose sur une traduction improbable induit trop de médecins, juristes, décideurs et citoyens en erreur.