Un accueil psychiatrique 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Un service d’hospitalisation d’urgence avec 24 lits. Des soins en réseau avec les autres centres spécialisés en santé mentale de l’agglomération lilloise. Le CPAA (Centre psychiatrique d’accueil et d’admission), adossé à l’hôpital Saint-Vincent à Lille, est unique en France.
On entre par la rue Desaix, à l’arrière de l’hôpital Saint-Vincent. C’est à deux pas du métro Porte de Douai, comme une main tendue en pleine ville. La conception du bâtiment, largement vitré, est aussi le symbole d’une nouvelle approche du soin psychiatrique. On pousse la porte du CPAA (dire CP2A) pour de multiples raisons. Du coup de blues aux pathologies les plus sévères. Beaucoup de jeunes dont un quart d’étudiants. « Souvent le stress de l’examen est un prétexte, un surplus d’angoisse qui, soudain, n’est plus tolérable. La carence en sommeil est aussi un vecteur qui fait basculer », explique Weil, médecin responsable du CPAA.
Paris, le samedi 24 mai 2014 – La fermeture annoncée du service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Raymond Poincaré défraie la chronique depuis plusieurs semaines. Beaucoup de familles des enfants traités ou ayant été soignés dans cette unité sont en effet opposées à cette décision. Interpellée à ce sujet, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) défend cependant son choix en soulignant que « la manière dont sont pris en charge les patients (…) fait l’objet de controverses depuis plusieurs années ». Dans un communiqué publié début mai, elle déplore entre autres une prise en charge « différente des traitements habituellement utilisés par les équipes françaises et européennes ». Or ce refus des protocoles établis est totalement assumé par le docteur Nicole Delépine, responsable de ce service. Sans revenir sur la situation particulière de cette unité et sur les actions judiciaires qui ont pu être initiées par une association de patients et au-delà de l’ensemble des controverses passées, le praticien revient pour nous, sans aucune concession, sur sa vision personnelle des dangers de la protocolisation. Une argumentation non manichéenne mais toujours intransigeante dont certains partageront sans doute plusieurs points saillants, même si d'autres regretteront que ses conclusions générales sur l'organisation de notre système de soins et de notre société diminuent la force de sa démonstration sur les risques de la protocolisation à l'excès.
De fait l’ensemble de la démonstration n’appartient qu’à Nicole Delépine.
Par le docteur Nicole Delépine *
Le serment d’Hippocrate nous enjoint à donner à nos patients les meilleurs soins en fonction des données actuelles de la science et de les adapter à chaque être humain. Quelle est la signification profonde de notre engagement ?
Le malade attend que nous le considérions comme l’homme unique qu’il est avec son passé, son histoire trans-générationelle, ses antécédents familiaux médicaux et personnels, son abord de la vie, son entourage, son métier, ses envies pour l’avenir... Chaque médecin a forcément réfléchi à cet aspect complexe mais si riche de son exercice qui fait de chaque rencontre avec un patient un moment unique.
La complexification des informations disponibles pour des affections simples autrefois diagnostiquées par un examen clinique soigneux et plus encore pour des maladies lourdes a conduit les facultés à synthétiser la littérature médicale pour guider le médecin tant dans sa démarche diagnostique que thérapeutique. C’est la justification de « l’evidence base medicine » (EBM). Initiée d’abord sous Hitler, elle a été ensuite développée au Canada à partir des années 60 pour étendre son emprise sur le monde entier depuis 1980.
Qui sait encore diagnostiquer un foyer pulmonaire avec un simple stéthoscope ?
Parallèlement, le développement rapide de la biomédecine a entrainé le déclin de l’examen clinique dans sa pratique, sa connaissance et le respect qu’on lui portait. Qui sait encore avec son stéthoscope diagnostiquer un petit foyer pulmonaire ? La synthèse des publications significatives à travers des méta-analyses fut une avancée réelle permettant de gagner du temps dans la connaissance et sa mise à jour. Importée en France sous le nom trompeur de « médecine des preuves », elle revêt de nombreux écueils. Son nom déjà, qui repose sur une traduction improbable induit trop de médecins, juristes, décideurs et citoyens en erreur.
Les maladies psychiatriques réduisent la longévité au moins autant que le tabac, selon une étude de l'université d'Oxford.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que cinq des dix pathologies les plus préoccupantes dans le monde relèvent de la psychiatrie: schizophrénie, troubles bipolaires, addictions, dépression et troubles obsessionnels compulsifs. Dans la revue World Psychiatry, des chercheurs de l'université d'Oxford renforcent la portée de cette mise en garde en rapportant dans une étude financée par le Wellcome Trust, une fondation britannique spécialisée dans la santé, que les maladies mentales sérieuses réduisent l'espérance de vie de dix à vingt ans, soit plus que le tabagisme.
Trois syndicats de praticiens hospitaliers (Avenir hospitalier, la Confédération des praticiens des hôpitaux et l’association des médecins urgentistes de France) et la CGT santé et action sociale s’insurgent contre la « chasse aux sorcières diligentée contre des praticiens par certains directeurs d’établissement ».
Les organismes appuient leur propos sur deux cas récents de « mise au placard » de « praticiens gêneurs », des affaires qui seraient« emblématiques de beaucoup d’autres cas, souvent issus de caprices de mandarinat d’un autre âge ».
Est-il possible, du jour au lendemain, de se détourner de ses goûts musicaux et complètement ignorer ses idoles d’hier pour ne plus écouter qu’un chanteur à l’exception de tous les autres ? La réponse est oui. Cela est arrivé à un patient néerlandais atteint de trouble obsessionnel compulsif (TOC) et traité par stimulation cérébrale profonde. Ce cas clinique exceptionnel est rapporté ce mois-ci dans la revue Frontiers in Behavioral Neuroscience.
Agé de 59 ans, Monsieur B. souffre depuis 46 ans d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC) extrêmement sévère, résistant au traitement médicamenteux et à la thérapie cognitive et comportementale, quand il est adressé en novembre 2006 au service des troubles de l’anxiété du centre médical de l’Université d’Amsterdam.
Son TOC se manifeste par des obsessions sous la forme d’une crainte incessante des choses incertaines et illogiques ainsi que par des compulsions se traduisant par des rituels précis et une accumulation d’objets. Il est associé, comme c’est souvent le cas, à d’autres affections psychiatriques, en l’occurrence à une dépression légère et un trouble anxieux modéré. Surtout, il est responsable d’un handicap considérable dans la vie quotidienne de cet ingénieur technique.
Les médecins néerlandais décident d’inclure ce patient atteint de TOC extrêmement sévère dans un programme de stimulation cérébrale profonde (SCP), un traitement habituellement utilisé pour des pathologies neurologiques (maladie de Parkinson) mais proposé depuis peu dans des maladies psychiatriques. Cette technique consiste à implanter des électrodes dans certaines régions du cerveau pour ensuite leur appliquer une stimulation électrique à haute fréquence.
Il est décidé de stimuler le noyau accumbens, une région impliquée dans le TOC. Deux électrodes sont implantées chirurgicalement dans le noyau accumbens dans chaque hémisphère cérébral et reliées sous la peau par une extension à deux stimulateurs implantés dans le creux situé sous chaque clavicule.
Dans un court récit, Christiane Alibar fait découvrir au quotidien un métier largement méconnu. “ Il est temps de nous connaître, nous infirmiers. ”
Le soir quand j'arrive chez moi, il faut bien une demi-heure pour réaliser que ne suis plus sur mon lieu de travail. Le temps d'entrer dans ma deuxième vie. « Une autre vie » est le titre d'un livre de Christiane Alibar. Cette infirmière psychiatrique travaille à l'hôpital de Niort depuis 2000.
A 54 ans, elle y témoigne de son métier au quotidien, largement méconnu du grand public. Quelle image en avons-nous, sinon celle de gros malabars à blouse blanche prompts à vous passer la camisole ?
Syndicat des psychiatres salariés CFE-CGC (SPSCFE-CGC), Syndicat National des Psychiatres Privés (SNPP), Syndicat des Psychiatres Français (SPF), Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH), Union Syndicale de la Psychiatrie (USP).
Invités permanents
AFFEP : AssociationFrançaise Fédérative des Etudiants en Psychiatrie
ASPMP : Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire
Communiqué 14 avril 2014
Les psychiatres français ont appris avec stupeur le projet de loi suisse qui prévoit d’abolir le secret professionnel des soignants à l’égard des personnes détenues afin de permettre de prévenir leurs éventuels comportements dangereux.
Les arguments aussi bien légaux qu’éthiques pour garantir le secret médical, une des modalités du secret professionnel, sont régulièrement avancés comme étant une garantie de la confiance accordée à tous les patients quelle que soit leur condition.
Malheureusement la rationalité de ces arguments se heurtant à l’aveuglement sécuritaire d’un pouvoir politique apeuré, il convient d’en appeler à des arguments plus pragmatiques. Les dirigeants politiques aimeraient pouvoir prendre des décisions concernant certaines personnes condamnées en étant assurés de leurs intentions exemptes de tout comportement répréhensible et en s’appuyant sur les confidences livrées aux soignants.
Aussi mystérieuses et marquantes qu’elles puissent être, les séries de suicides sont peu étudiées dans la littérature médicale. En réalité, l’épidémiologie se heurtait au problème statistique de l’identification des suicides liés entre eux. L’étude des épidémies de suicide est donc un domaine récent. On a pu, par exemple, préciser que les suicides en série, ou « par imitation » sont plus fréquents parmi les adolescents et les jeunes adultes. L’un des enjeux est aujourd’hui d’identifier les vecteurs de contagion à l’œuvre lorsqu’une épidémie de suicide survient.
L’effet néfaste des médias sur le taux de suicide global est un phénomène déjà largement connu. Il existe même des recommandations éditées à l’intention des journalistes sur la façon de traiter les cas de suicide (1). Dans le Lancet,MS Gould et coll. présentent une étude cas-témoins astucieuse destinée à étudier l’effet des médias dans le déclenchement des épidémies d’autolyses parmi les adolescents et jeunes adultes américains.
Chaque fait divers funeste impliquant un forcené (en particulier les meurtres de masse comme ceux survenant périodiquement aux États-Unis) renforce la « croyance en une dangerosité » systématique des malades mentaux, déplorent les auteurs d’une tribune publiée dans The Australian & New Zealand Journal of Psychiatry.
Pour certains, un « défaut de traitements alimenterait une hausse de cette conviction » sur le danger des sujets atteints d’affections psychiatriques. Quelques arguments sont avancés à l’appui de cette thèse : la plupart des passages à l’acte violents sont associés à une absence de traitement ; inversement, l’observance d’un traitement efficace « diminue les épisodes de violence ». L’agressivité de certains malades mentaux représente une cause importante de leur stigmatisation, généralisée de surcroît à la plupart d’entre eux par le public ; et à l’inverse, une réponse thérapeutique aux comportements violents permet de réduire cette stigmatisation, préjudiciable à tous les patients.
Les 171 656 patients de la Banque Nationale Alzheimer (BNA) 2012 ont été inclus dans cette étude transversale. Au total, 40,1 % avaient reçu au moins un psychotrope. Résider en institution multiplie par 1,5 la prescription d’anxiolytiques (OR [odds ratio] = 1,55 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,45 à 1,66 ; p < 0,001] ; d'hypnotiques (OR = 1,55 ; IC95 de 1,43 à 1,69 ; p < 0,001) et par plus de deux fois celle d’un antipsychotique (OR = 2,21; IC95 de 2,04-2,39 ; p < 0,001]. La prescription d'au moins 2 psychotropes est également significativement plus fréquente en EHPAD chez les malades Alzheimer.
Pourtant, les recommandations de la HAS ne sont pas favorables à la prescription de médicaments psychotropes chez les patients âgés en EHPAD, quelle que soit la sévérité de la démence.
« Les antidépresseurs paraissent réduire significativement la production d’amyloïde-beta et c’est encourageant. Cependant, même s’ils sont généralement bien tolérés, ils comportent des risques et des effets secondaires. Il faudra donc attendre de prouver définitivement qu’ils aident à ralentir ou arrêter le développement de la maladie d’Alzheimer. Il reste encore beaucoup de travail à faire », prévient le Pr John Cirrito (Université de Washington à St Louis) qui a co-dirigé, avec le Pr Yvette Sheline (Université de Pennsylvanie), l’étude publiée dans Science Translational Medicine.
La CME de l'AP-HP vient de finaliser le projet médical 2015-2019 du futur plan stratégique. Le texte, qui sera acté début juin, pousse à l'efficience par la qualité en augmentant le transfert d'activité vers l'ambulatoire. Une expertise censée repérer les lits en excès est annoncée dans chaque service en 2015 pour les fermer ou les réorienter.
En complément entre autres du livre vert "Une AP-HP unie, ouverte, innovante" mis en concertation publique début avril et du rapport Uzansur le plan Cancer 3 (lire ci-contre), la Commission médicale d'établissement (CME) de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) vient de finaliser une ébauche du futur projet médical du projet stratégique 2015-2019 du CHU francilien. Ce document compte une petite vingtaine de pages et sera, après échanges ces jours-ci avec la direction générale et le directoire, soumis à l'aval final de la CME le 10 juin*. Avec douze impératifs à satisfaire (décrisper les coopérations avec les hôpitaux franciliens et les médecins de ville, maîtriser les rivalités internes, rééquilibrer centre et périphérie, préserver une capacité d'investissement...), le projet médical entend clairement bannir tout hospitalo-centrisme pour une "parcimonie" du soin : éviter les hospitalisations inutiles, choisir systématiquement la solution hospitalière la moins coûteuse en préservant la qualité des soins et sortir du "modèle absurde" d'augmentation continue de l'activité.
La plus value des stratégies d'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins mises en place dans les établissements de santé a été scrutée dans le cadre du projet européen Duque. En substance, ce projet a abouti à un guide opérationnel fournissant 7 façons d'améliorer la qualité et la sécurité des soins dans les établissements de santé.
Sept pays européens parmi lesquels la France viennent de clore un projet de recherche baptiséDuque(pourDeepening our understanding of quality improvement in Europe, soit en français, mieux comprendre la qualité des soins en Europe). Son objectif : explorer les impacts des stratégies d'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins mis en place dans les établissements de santé en Europe depuis une dizaine d'années. Pour cela, un protocole approfondi a été établi pour prendre en considération toutes les composantes des systèmes.
Deux types de résultats découlent de cette recherche : scientifique d'une part et opérationnel d'autre part, indique Anne Depaigne-Loth, coordinatrice du projet Duque pour la Haute Autorité de santé (HAS), co-pilote de l'étude en France avec la Fédération des organismes régionaux et territoriaux pour l'amélioration des pratiques et des organisations (Forap).
La fin des fessées, ce n'est pas encore pour cette fois. L'écologiste François-Michel Lambert, qui avait déposé un amendement interdisant les punitions corporelles à la proposition de loi sur la famille, l'a retiré lundi 19 mai au soir après l'engagement du gouvernement de « reprendre la discussion lors d'une prochaine proposition de loi ».
Non seulement cette proposition ne pose pas la question de la PMA et de l’égalité des droits pour toutes les femmes, mais elle suit une logique parfaitement connue des associations de défense des droits des femmes impliquées au quotidien auprès des victimes de violences, qui restent très insuffisamment protégées dès qu’il s’agit de l’exercice de l’autorité parentale.
Selon un sondage, pour 92% des Français, avoir de l'argent accroît les possibilités de se faire soigner convenablement.
La France propose une médecine à deux vitesses, les patients fortunés ayant plus de possibilité de mieux se soigner, révèle lundi un sondage Ipsos sur l’égalité d’accès aux soins, réalisé pour la Fédération hospitalière de France (FHF). Seules 42% des personnes interrogées estiment que tous les patients sont traités de manière équitable.
Aux yeux de 92% d’entre elles, «ceux qui ont de l’argent ont plus de possibilités de se faire bien soigner», et 74% pensent que «les innovations et les meilleures traitements ne sont pas proposés à tous les patients», selon ce sondage réalisé pour la FHF qui représente 1 000 hôpitaux et environ 3 800 établissements médico-sociaux.
Le patron de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch «assume» le fait de «gagner de l’argent» avec les riches patients étrangers, des soins qui pourraient rapporter selon lui 8 millions d’euros en 2014, indique-t-il dans une interview à paraître dimanche dans le JDD.
Qu’il s’agisse du boulot ou de son petit ami, Léa en est sûre, c’est forcément le pire qui va se produire. La jeune femme, cernée par les pensées négatives, est atteinte d’un TAG selon son psychiatre.
Nuages noirs sur la Baltique, nord-est de l’Allemagne, mai 2014 (Bernd Wuestneck/AP/SIPA)
A première vue, l’acronyme fait sourire, puis laisse perplexe. Personnellement, lorsque l’on me parlait de TAG, je pensais street art et graff’.
Imaginez ma réaction lorsque mon psychiatre a posé son diagnostic, après plusieurs mois de psychothérapie.
« Mademoiselle, vous semblez souffrir de ce que l’on appelle, en psychiatrie, le TAG, le trouble de l’anxiété généralisée. »
J’étais circonspecte. Voire même un peu moqueuse. Après tout, qui n’a pas connu d’état anxieux au cours de son existence ?
Le docteur Yann Hodé, psychiatre au centre hospitalier de Rouffach (Haut-Rhin) et chercheur, est à l'initiative du développement du programme Profamille en France.
Pourquoi intervenir auprès des familles de schizophrènes ?
Rappelons d’abord que cette maladie mentale, qui apparaît le plus souvent entre 15 et 25 ans, touche 1 % de la population et se caractérise par plusieurs types de manifestations. Il y a des périodes de crise, avec une forte anxiété, associée à des idées bizarres ou des hallucinations. En dehors de leurs crises, ces patients ont de grandes difficultés à s’organiser dans le quotidien, avec une sorte d’apragmatisme et de « paresse » pathologique. Ils peuvent être négligents dans leur hygiène corporelle, vivre à un rythme très décalé…