Invité par la Société tunisienne de psychiatrie, Olivier Bouvet, psychanalyste et psychiatre franco-tunisien, a présenté à Tunis une conférence intitulée : « France-Tunisie : les sociétés doivent-elles passer par la dépression pour changer ? ».
Olivier Bouvet
A travers cette conférence, tenue devant un parterre de médecins, psychiatres et étudiants en psychologie, le professeur a essayé, en se basant sur les théories de Freud, de montrer l’aspect positif de la dépression dans le changement qu’a connu le peuple tunisien.
"Complément d'enquête" s'intéresse ce jeudi à 22h20 sur France 2 aux "sacrifiés du pétard". La journaliste Nathalie Sapéna a enquêté. Interview.
Que retenez-vous de votre enquête, intitulée "Une drogue pas si douce" ?
- Lors de notre première réunion avec Benoît Duquesne et la rédaction en chef, en tant que mère de famille, j’étais bien plus effrayée par les dangers de l’alcool que par ceux du cannabis. En enquêtant, j’ai tout de même été surprise de constater à quel point les jeunes fument. Au collège, 1 jeune sur 4 a été initié au cannabis. A 17 ans, 1 sur 2 a fumé ou fume régulièrement. On est allé, avec une caméra, devant 3 lycées. L’un d’eux se trouve dans le 15e arrondissement à Paris. Et je vous assure qu’on aurait pu acheter du shit en une demi-minute ! On a aussi tourné devant un établissement d’une banlieue favorisée, à Orsay (Essonne). Les jeunes sortaient leurs pétards sans problème. Ils avaient les poches pleines d’herbe ou de résine de cannabis. Ils fumaient sans retenue, face caméra, sans qu’on les piège. Et sans que les profs ne leur disent rien. Ça, on le verra ce soir dans le reportage.
David, 29 ans, et sa maman, Nathalie Prunier, présidente de Schizo-Espoir. David était un grand fumeur de cannabis dans les années où sa schizophrénie s’est déclenchée. Photo Hervé Kielwasser
Entre autres effets négatifs, le cannabis pourrait avoir celui d’aggraver les troubles de la schizophrénie, voire même de les déclencher chez les personnes à risques. Une maman et son fils, de Colmar, témoignent ci-dessous et dans une émission de France 2.
Fumer provoque le cancer, avertissent les paquets. Et fumer du cannabis, avertissent des spécialistes, aggrave l’évolution d’une schizophrénie et pourrait même être un élément déclenchant de cette maladie. « Plus on consomme du cannabis, plus il y a un risque de voir apparaître la schizophrénie » , estime le Dr Yann Hodé, psychiatre au centre hospitalier de Rouffach et référent du centre expert régional Schizophrénie pour le Haut-Rhin.
Quelle étrangeté que d’entendre, ce samedi 22 février 2014, les grandiloquents hommages à Antoinette Fouque,disparue jeudi à l’âge de 77 ans. Sans elle, si l’on croit ce qu’on nous répète en boucle, les Françaises ne seraient ni libérées, ni indépendantes. Horreur, sans Antoinette Fouque nous serions encore, malheureuses, toujours sans le droit à la contraception, à l’avortement, à la parité, harcelées sexuellement dans les ascenseurs... ? Ainsi de la ministre des Droits des femmes qui a donné le ton :«Sa contribution à l’émancipation d’une génération de Françaises est immense», affirme sans hésiter et sans modération Najat Vallaud-Belkacem, qui a l’excuse d’être née dix ans après le début d’un mouvement de femmes en France. Et c’est de ma génération qu’elle parle.
«Merci ! Merci !», tweetent les unes après les autres, les ministres femmes qui semblent dire qu’elles lui doivent leurs postes dans le gouvernement socialiste. Et même Valérie Trierweiller qui nous confie, dans un tweet aussi, qu’Antoinette Fouque est, pour elle, un «modèle d’indépendance pour nous toutes». Et vice-versa ?
Stockholm, le samedi 22 février - La Suède, présentée par beaucoup comme l’exemple à suivre, vient encore de se distinguer par une initiative plutôt étonnante. Ainsi, en marge des prochaines élections législatives, les principaux leaders politiques se livrent à une véritable psychothérapie télévisuelle puisque chacun à leur tour ils sont conviés à faire part de leurs états d’âme lors d’un entretien filmé avec un psychothérapeute.
La nouvelle exposition de la Maison Hospitalière est une« Rencontre ».Celle des Totems réalisés par les patients de la Maison Hospitalière et du reportage photos réalisé par le Centre André Baillon de Liège qui intervient dans le champ de la santé mentale.
Comme l’année précédente, le travail de notre atelier peinture s’est poursuivi en 2013 avec des créations originales, cette fois-ci sur des chutes de bois ! Ce chemin artistique nous a conduits vers une importante réalisation de Totems.Gaston Chaissac, entre autres, avait déjà exploré cette piste depuis longtemps.
Cet évènement est aussi une occasion de lui rendre hommage.
A cette approche artistique se conjugue celle du Centre André Baillon de Liège qui au travers d’un reportage photographique sur leur quartier, a pu favoriser la création de liens, la mise en relation des personnes qui fréquentent le service avec les habitants, les commerçants et les associations locales.
Riche de leur expérience et de photos insolites nous avons voulu les mettre également à l’honneur.
L'exposition"Rencontre"se tiendra donc à la Maison Hospitalière jusqu'au 12 Mai 2014 et sera chaleureusement célébrée :
Le JEUDI 13 Mars à 17h !
Ce vernissage est réalisé en partenariat avec le Lycée des Métiers Auguste Escoffier d’Eragny sur Oise. Nous espérons vous y croiser…
“Comment vas-tu aujourd’hui ?” C’est le genre de message envoyé automatiquement par une nouvelle application flamande pour mobiles, destinée à aider et à réconforter les personnes ayant fait une tentative de suicide, rapporte De Standaard. On Track Again leur propose des conseils et des liens multimédias personnalisés censés les dissuader de faire une nouvelle tentative, comme des photos, des vidéos et les coordonnées du centre de prévention et d’écoute.
En Flandre, “le taux de suicide est élevé, avec 1 152 cas en 2011” et les autorités sanitaires peinent à convaincre les personnes touchées de se faire suivre, surtout “les jeunes de moins de 19 ans, pour lesquels le suicide constitue la première cause de mortalité”. Un jeune Flamand sur dix aurait déjà essayé de se donner la mort.
PHOTO DU SGT JEAN-FRANCOIS NÉRON, FOURNIE PAR L'ARMÉE CANADIENNE
La Défense nationale a embauché sept travailleurs en santé mentale qui font partie de la vingtaine de professionnels que le ministère souhaite recruter dans la foulée d'une vague de suicides survenue l'automne dernier, a annoncé le chef d'état-major, vendredi.
Figure historique du féminisme français, la psychanalyste et militante Antoinette Fouque est décédée dans la nuit de mercredi 19 à jeudi 20 février à Paris, à l'âge de 77 ans.
Elle avait cofondé le Mouvement de libération des femmes (MLF) avec Monique Wittig et Josiane Chanel, dans la foulée de Mai 68, « en réaction contre le virilisme du mouvement étudiant », une aventure qui avait aussi constitué pour elle « une libération joyeuse ». Sans jamais cesser de lutter par la suite.
LETTRES ET PSYCHANALYSE
Née Grugnardi, le 1er octobre 1936 à Marseille, Antoinette Fouque, diplômée d'études supérieures de lettres et docteur en sciences politiques, fut d'abord enseignante, et parallèlement, à partir de 1964, critique littéraire et traductrice, notamment auxCahiers du Sud et à La Quinzaine littéraire.
Au sein du MLF, cette ancienne étudiante de Roland Barthes, qui suivit une psychanalyse avec Jacques Lacan, fonde et anime le groupe « Psychanalyse et Politique », l'un des courants majeurs du féminisme en France.
Dans la foulée de la création des éditions des Femmes, en 1973, elle ouvre trois librairies « Des Femmes » à Paris, Lyon et Marseille, dirige Le Quotidien des femmes, puis Femmes en mouvement (1978-1982), et inaugure la Bibliothèque des voix, composée de livres-cassettes.
Freud ne parlait pas des « Jeunes » comme on le fait aujourd’hui, créant ainsi une nouvelle catégorie sociale. Pour lui, cet adjectif caractérisait plutôt son invention, la psychanalyse. Dans « La question de l’analyse profane » (1926), il affirmait ainsi : « notre science est encore jeune » (Sigmund Freud, « Die Frage der Laienanalyse », in Gesammelte Werke . T. XIV, Francfort, 1972, S. Fischer, S. 218).
Il est vrai qu’aujourd’hui comme hier, beaucoup de jeunes gens font des analyses. Les quatre patients dont Freud a publié les cas avaient moins de 30 ans quand ils sont allés le voir : Dora et la jeune homosexuelle n’avaient que 18 ans, l’Homme aux loups 23 et l’Homme aux rats 27.
Le savoir inconscient livré à Freud par ces jeunes gens est devenu un paradigme pour la clinique psychanalytique. À cet égard, on peut être d’accord avec Freud : la psychanalyse est encore « jeune ». Lacan n’est-il pas allé jusqu’à souhaiter que des jeunes gens ayant fini leur analyse prennent les rênes de son école ?
Aujourd’hui, tout le monde veut rester jeune, mais on a pourtant beaucoup de mal à l’être quand c’est le moment. La crise économique rend de nombreux jeunes gens dépendants de leurs parents, même lorsqu’ils ont décroché leur premier emploi ou terminé leurs études, tant ils sont mal payés. On savait depuis longtemps que la jeunesse commence avec l’adolescence mais on ignore désormais quand elle se terminera. Du coup, la jeunesse, malgré son potentiel d’espoir et ses forces, devient aussi un âge de détresse.
Les patients psychiatriques qui ne payent pas leurs factures ou qui se montrent récalcitrants lors des consultations sont parfois refusés par certains hôpitaux et praticiens. Des listes noires circuleraient dans le secteur, peut-on lire vendredi dans le quotidien De Morgen.
Les travailleurs de rue à Gand, mais aussi à Bruxelles confirment que certaines personnes sont systématiquement refusées dans les services psychiatriques.
"Des listes noires doivent circuler", affirme même Gregory Cremmery, coordinateur de la Brussels Platform Armoede (plateforme pauvreté). "Personne n'a jamais vu ces listes, mais il est clair que certains patients sont toujours refusés."
Le rapport d’information la Santé mentale et l’avenir de la psychiatrie de la mission sur la santé mentale de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale, pilotée par Denys Robillard, présente un intérêt majeur car, pour la première fois, depuis le rapport Demay de 1982, Une voie française pour une psychiatrie différente, il est un débat porté par le politique.
De nombreux autres rapports ont été faits depuis 30 ans, dont la principale fonction semble d’avoir été d’effacer ce rapport Demay élaboré par un réel travail d’élaboration démocratique entre professionnels, resté dans les tiroirs du politique. Il se différencie également du rapport Piel-Roelandt qui, élaboré dans un cadre technique ministériel, est resté peu discuté par les professionnels de la psychiatrie.
Le premier intérêt de ce rapport Robillard est la relance d’une politique de secteur psychiatrique non segmentée en structures sans liens avec le social, les élus locaux et la médecine générale. Dans cette logique il appelle à la mise en place de comités de locaux de santé mentale comme un lieu clé pour le mettre en place et l’accompagner.
Le deuxième est de relancer la réflexion sur la place des associations d’usagers et des familles, mais aussi des GEMS et des pairs aidants, comme partie prenante des élaborations de santé mentale. Elle met également en évidence l’intégration réelle de l’accès aux soins des précaires, les soins en prison et les alternatives en logements.
Un troisième intérêt peut être relevé dans l’analyse qui est faite des dysfonctionnements de l’application depuis 1972 de la politique de secteur, moment où elle devient réglementaire.Ces dysfonctionnements sont référés au manque de pilotage de son application et aux résistances mêmes des acteurs administratifs et professionnels. Mais résistance à quoi ?
Si des conservatismes corporatistes sont réellement à l’œuvre, une réflexion critique ne peut s’arrêter là quand on constate :
Depuis près de deux ans, la direction de l'hôpital G. Daumezon de Fleury-les-Aubrais près d'Orléans, et l'ARS (Agence régionale de santé) voulaient imposer une « gestion du temps de travail » qui, sous prétexte de réduire la journée de travail, volait huit à dix jours de RTT par an au personnel, pour supprimer des postes !
La cour d'assises de Paris a reconnu l'ex-gynécologue André Hazout coupable de viols et agressions sexuelles sur cinq de ses ex-patientes et l'a condamné, jeudi 20 février, à une peine de huit années d'emprisonnement. La peine prononcée est inférieure aux réquisitions de l'avocate générale, qui avait demandé 12 ans de réclusion criminelle. L'ex-praticien – il a été radié de l'ordre des médecins – qui comparaissait libre, a été aussitôt arrêté à l'audience.
Dans la matinée, Mes Caroline Toby et Francis Szpiner, qui assuraient la défense d'André Hazout, avaient plaidé coupable pour les agressions sexuelles mais avaient demandé à la cour de ne pas retenir les accusations de viols et d'écarter la double circonstance aggravante de l'abus d'autorité de la part du médecin et de l'état de vulnérabilité des patientes. Les deux défenseurs avaient notamment mis en avant les déclarations ambivalentes de certaines des plaignantes, en soulignant que "la frontière entre l'admiration et la séduction est fragile". Ils ont annoncé que leur client ferait appel de sa condamnation.
Pendant ces trois semaines d'audience, la cour, les jurés, les acteurs et les observateurs de ce procès auront vécu la confrontation des stéréotypes masculin et féminin dans ce qu'ils ont de plus profond, de plus primaire. D'un côté, l'homme, le médecin, le "sachant", le Pygmalion, le "magicien", le "bon Dieu", seul capable d'aider ses patientes à procréer. De l'autre, des femmes qui se sentaient diminuées, amoindries dans leur féminité, coupables même, parce qu'elles ne parvenaient pas à être mères. Une dépréciation à leurs propres yeux – "je me sentais moche, stérile, avec un corps douloureux", a dit l'une – et à ceux de leurs proches – "tout le monde, mon mari, mes parents, attendaient de moi que je fasse un enfant", a confié une autre.
Environ 2 000 sages-femmes sont une nouvelle fois descendues dans la rue mercredi 19 février à Paris pour réclamer un arbitrage du gouvernement dans le conflit concernant la revalorisation de leur profession. Réunis place Denfert-Rochereau, dans le 14e arrondissement, les manifestants, qui avaient revêtu leurs blouses et des masques blancs, se rendaient vers le ministère de la santé.
Parmi eux, bon nombre de jeunes, arborant, comme leurs aînés, des revendications sur leur blouse : « 5 années d'études, droit de prescription, responsabilité médicale, 1 650 euros/mois : cherchez l'erreur » ou encore « gynécologie + obstétrique = 1er recours pour toutes les femmes en bonne santé !!! »
Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes a annoncé qu’il portait plainte devant l’Ordre des médecins contre la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM) et le Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (SYNGOF).
Une rumeur nourrie par une frange de militants conservateurs met en garde les parents d'élèves contre “l'enseignement obligatoire de la théorie du genre” à l'école. Cette rumeur n'a d'autre fondement que la peur du désordre social et moral. Mais pourquoi la prétendue “théorie du genre” sert-elle ainsi d'épouvantail?
« Le choix est simple: soit on accepte la “théorie du genre” (ils vont enseigner à nos enfants qu’ils ne naissent pas fille ou garçon, mais qu’ils choisissent de le devenir !!! Sans parler de l’éducation sexuelle prévue en maternelle à la rentrée 2014 avec démonstration...), soit on défend l’avenir de nos enfants. »
Voici le message reçu par des parents d’élèves sur leur téléphone, appelant au « boycott scolaire » le lundi 27 janvier 2014, en retirant leurs enfants de l'école pour protester contre « l'enseignement obligatoire de la théorie du genre » dès l'école primaire. L’enseignement de la « théorie du genre à l’école » ? Une rumeur. Elle enfle depuis qu’un « ABCD de l’égalité », a été mis en place par l’Éducation nationale à la rentrée dans plusieurs académies, afin de lutter contre les stéréotypes filles-garçons. Elle est avivée par des opposants à la supposée « théorie » du genre, des extrémistes ragaillardis depuis les débats autour du mariage pour tous, l’an passé.
Mais pourquoi la « théorie du genre » sert-elle d'épouvantail?
Parce qu'elle défendrait une idéologie ?
FAUX. Contrairement à ce que ces extrémistes conservateurs veulent faire croire, et comme l’appellation anglaise le signifie, les gender studies sont un domaine d’étude et non une « théorie » au service d’une idéologie. Cette discipline de sciences humaines est une « catégorie utile d’analyse d’historique », selon Joan Scott, l’une des pionnières de ces recherches aux États-Unis.
Pour déjouer les stéréotypes et interroger les inégalités entre les hommes et les femmes, des comédiens vont à la rencontre de collégiens. Comme à Vitrolles et à Marseille.
Depuis un moment, Chaneize se balance sur sa chaise en fronçant les sourcils. Elle écoute, réfléchit, puis résume :«En fait, c’est chacun sa part du marché. Dans un couple, la femme, elle s’occupe des enfants et l’homme, il ramène des sous.»On est à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), dans une classe de collège et la réplique ne fait pas tiquer les autres élèves. Seuls deux comédiens marquent un silence, puis repartent à l’assaut, demandent à Chaneize si elle se voit exercer un métier plus tard. La compagnie de théâtre Kartoffeln n’a pas attendu les ABCD de l’égalité pour travailler dans les établissements scolaires la question du genre et des relations entre filles et garçons. Depuis près de dix ans, elle propose des spectacles suivis de débats sur les rôles assignés à chacun, le désir, la réputation, les rumeurs, les différences salariales, les enfants, les tâches ménagères, l’égalité. L’idée est moins de convaincre que de faire comprendre les mécanismes de domination masculine, de construction des genres.Libérationa accompagné les comédiens dans un collège de Vitrolles, puis dans un autre des quartiers Nord de Marseille, et enfin dans un foyer des quartiers Sud, où des adolescents sont placés. A chaque fois, cela commence par une pièce, fausse conférence sur le thème des garçons et des filles, qui démarre sagement pour devenir plus trash, parler de virginité, d’insultes dans la rue, de violences conjugales, des enfants, des règles, des bimbos, de l’utilisation de la femme en objet sexuel dans les publicités, etc. Pendant la projection d’un montage vidéo de pubs où des femmes tirent la langue, se tortillent, se dénudent, se retrouvent les jambes écartées, beaucoup se cachent les yeux, regardent entre leurs doigts. Puis les élèves se rassemblent en classe avec deux comédiens pour le débat. Les discussions commencent souvent par une forte gêne.
Grâce aux témoignages de patients et de proches, on en sait plus sur des troubles du comportement, jusque-là très hermétiques.
C'est comme un nouveau continent qui apparaît. Cette terre dont on a encore du mal à dessiner les concours, c'est la maladie mentale, désormais dévoilée par les nombreux patients qui depuis quelques mois racontent dans leur livre le vécu quotidien avec des troubles relevant de la psychiatrie.
Jusque-là, celles-ci terrorisaient autant qu'elles désespéraient. Vous disiez «maladie mentale» et venaient à l'esprit des images d'Hôpitaux Psychiatriques, de camisole de force et autre Vol au-dessus d'un nid de coucou. Désormais, la schizophrénie décrite - entre autres! - par Polo Tonka (Dialogue avec moi-même, Éd. Odile Jacob) ou la Norvégienne Arnhild Lauveng (Demain j'étais folle, Éd. Autrement), l'autisme raconté par Hugo Horiot (L'empereur, c'est moi, Éd. L'Iconoclaste) ou labipolarité restituée par Marie Alvery et Hélène Gabert (J'ai choisi la vie, Éd. Payot), viennent donner des couleurs concrètes à ce qui était toujours décrit «de l'extérieur».
Une aide pour les soignants autant que les parents
Le premier impact de tels récits est sur les soignants. Dominique Willard, psychologue au Centre référent en remédiation et réhabilitation psychosociale du service hospitalo-universitaire du professeur Marie-Odile Krebs du CH Sainte-Anne (Paris), estime que «si les malades ont toujours décrit leurs souffrances, aujourd'hui, on leur prête encore plus attention». C'est alors toute la clinique qui s'en trouve changée. «Dans notre manière d'écouter les patients, nous évoluons, explique-t-elle. Exemple, nous savons désormais que des troubles cognitifs (mémoire, concentration…) se manifestent parfois avant même l'apparition de la maladie et perdurent même lorsque celle-ci est stabilisée. Nous nous positionnons donc différemment pendant l'entretien: si un jeune n'arrive pas à faire ses fiches en cours ou a d'importants oublis dans sa vie quotidienne, nous le notons car cela permet de repérer où il en est.»
La thérapeute explique à mots pesés qu’elle vit ici «quelque chose de très particulier» qu’elle n’avait pas imaginé quand elle s’est installée, et qu’elle ressent souvent le besoin d’échanger avec des confrères qui comprennent combien sa situation est exceptionnelle.
Elle peine à décrire la violence des disparitions à répétition qui laissent les proches KO: «C’est une brisure, une cassure, ça éclate, c’est très brutal… A chaque fois, ça vient toucher la personne au vif du sujet, et chacun réagit en fonction de lui-même, de son histoire. Ça s’organise dans le destin de chacun.»
Claire Jaccoux tente d’aider ses patients à surmonter le traumatisme. «La constante, dit-elle, c’est la violence du choc. Mais il n’y a pas une manière unique de réagir, comme s’il suffisait de les faire parler pour qu’ils s’en sortent. Oui, on va les faire parler, mais ce qu’il faut entendre, c’est comment ça résonne dans l’histoire du sujet.»
La thérapeute aide les proches d’alpinistes, et parfois les alpinistes eux-mêmes, à dépasser la stupeur et à surmonter leur culpabilité. Elle n’était pas préparée à ce qu’elle vit ici. Elle ne s’y habitue pas. Mais elle est mariée avec un guide, elle pratique l’alpinisme, elle comprend. Elle a de l’admiration: «La beauté du geste, du moment, la capacité à créer, à inventer des voies… C’est beau ce qu’ils font, ces gamins, c’est une beauté… Il faut y aller, il faut que l’élan soit là pour partir, inventer, réaliser, revenir…»
Pour contredire intelligemment le «French bashing» très en vogue dans la presse anglo-saxonne ces derniers mois, il faut lire le dernier ouvrage de Michel Foucher, l’Atlas de l’influence française au XXIe siècle. L’auteur profite de ses nombreux voyages pour enquêter sur l’image de la France, et, surprise, le résultat va à contre-courant de la rumeur ambiante. Loin de tout déclinisme, notre pays rayonne encore, pas seulement par l’art de vivre ou le luxe mais aussi pour ses idées subversives, de la Révolution du XVIIIe siècle à la crise financière du XXIe, de Tocqueville à l’idée de régulation.