A travers 160 œuvres, le musée de la Poste expose l’excentricité de Gaston Chaissac et de Jean Dubuffet.
Quand ils ne s’écrivent pas, Gaston Chaissac et Jean Dubuffet composent des œuvres sophistiquées, écologiques avant l’heure, ils n’ont pas peur de la récupération. Ou des «couleurs dégueulasses»,comme l’annonce Chaissac, «peintre de village» en action sur le couvercle d’une caisse d’imprimerie, ou même d’une lessiveuse, entre deux pots de confiture et la cuisson de girolles.
«Ciment». Le support ne fait pas l’artiste, trop facile, la fantaisie ne se nourrit pas de produits manufacturés. Ni l’un ni l’autre ne jouent aux tontons flingueurs, même s’ils se plaisent à se brûler la politesse et à s’échanger quelques impertinences chères aux gens d’expériences. «C’est incroyable qu’on a pas pensé plus tôt au ciment pour les tableaux», écrit ainsi Chaissac à Dubuffet (1947).
Nul affrontement, donc, au musée de la Poste de Paris, qui n’a pas cherché à établir d’inutiles alliances, plutôt à exposer chronologiquement les œuvres, 160 au total, un palmarès ensoleillé, avec des trésors qui font rosir de bonheur. Comme ce Paysage rosé avec petit animal (1949), une gouache signée Dubuffet, en provenance du musée Unterlinden de Colmar. Tout est si délicat, et l’on s’essaie à suivre la circulation de la main dans cette dentelle de traits, et l’on croit reconnaître la tête d’une biche, c’est possible, Dubuffet et une biche, faudrait pas perdre les pédales ?