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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 31 mars 2011

mercredi 30 mars 2011

Camille Moreau, juriste en droit de la santé. Réforme de la psychiatrie : quelles nouvelles responsabilités pour le directeur d'établissement ?
29.03.11 

Le projet de réforme de la loi de psychiatrie, récemment votée par l'Assemblée nationale et actuellement entre les mains du Sénat, devrait modifier les pratiques des établissements et donc de leurs directeurs sans pour autant transformer leur cœur de métier, ce qu'explique à Hospimedia Camille Moreau.

Hospimedia : "La réforme de la loi du 27 juin 1990 relative aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs conditions d'hospitalisation, récemment votée à l'Assemblée nationale, implique d'importants changements pour les directeurs d'établissement. Avant de revenir sur ces modifications, quelles sont les responsabilités actuelles des directeurs ?


Camille Moreau :
Concernant les responsabilités actuelles, le directeur d’établissement est avant tout le garant du respect des procédures pour les hospitalisations psychiatriques sous contraintes. Comme ces hospitalisations sont des mesures privatives de liberté, elles ont un caractère grave pour le patient, donc la loi fixe des conditions strictes à respecter tout au long de cette hospitalisation pour éviter d'éventuels abus. Le directeur est donc en charge de vérifier que l'hospitalisation est décidée et se passe dans des conditions qui respectent pleinement la loi, ce que l'on appelle le "contrôle de légalité" (avant d'admettre administrativement le patient, il doit par exemple vérifier son identité et que les certificats médicaux sont bien établis conformément au Code de la santé publique).

Le directeur est aussi responsable de la transmission régulière des informations aux instances de contrôle (préfet et Commission départementale des hospitalisations psychiatriques). En matière d'hospitalisations d'office (sur décision du préfet), il a également, à l'inverse, le rôle de réception des décisions du préfet et de leur application.

Enfin, outre ces contrôles des mesures individuelles d'hospitalisation, le directeur d'établissement est de manière générale responsable de l'organisation des soins et notamment du respect des droits des patients.

H. : Quels sont les changements qu'implique la réforme de la loi de psychiatrie ? Quels seront les impacts pour le quotidien des directeurs d'établissement ?


C.M. :
Dans la continuité de la situation actuelle, le directeur d'établissement est toujours envisagé comme le responsable de l'organisation générale des soins d'une part et comme le responsable de la légalité et des mesures individuelles d'autre part. Ces missions vont être impactées par l'évolution des procédures prévues par le projet de loi.

Par exemple, pour l'organisation générale des soins, le directeur d'établissement va devoir adapter l'organisation de son établissement aux nouvelles modalités de prise en charge des patients, telles que l'instauration d'une phase d'observation de 72 heures incluant un examen somatique complet du patient dans les 24 premières heures (nouveauté introduite par l'Assemblée nationale à l'article L 3211-2-2). De même, le renforcement des droits des patients et l'augmentation du nombre de certificats médicaux requis, notamment dans la première phase de l'hospitalisation (certificats initiaux, des 24 heures, des 72 heures, etc.) supposera des adaptations organisationnelles. Ces démarches, qui complexifient et multiplient les procédures, représentent une crainte réelle dans la mesure où l'entrée en vigueur de la nouvelle loi est annoncée pour le 1er août, ce qui ne laissera qu'un délai très court aux établissements pour intégrer la réforme. Il faut aussi savoir que si un délai n'est pas respecté et qu'un certificat n'est pas produit en temps et en heure, la sanction est en principe la levée automatiquement de la mesure ; d'où une responsabilité potentiellement importante du directeur d'établissement, puisqu'il est chargé d'organiser les soins pour faire en sorte que tout se déroule dans les délais impartis.

Par ailleurs, les "soins" psychiatriques sous contrainte ne se dérouleront plus obligatoirement sous la forme d'une "hospitalisation" à temps complet. Le projet de loi prévoit ainsi que le patient puisse être pris en charge sous des formes alternatives à l'hospitalisation physique telles que par des soins psychiatriques ambulatoires ou à domicile. À cet effet, le directeur d'établissement sera en charge de signer des conventions avec le préfet, les collectivités territoriales et le directeur général de l'ARS pour organiser ces modes de prise en charge et les collaborations de terrain, notamment lorsque le patient doit être réintégré en hospitalisation complète (nouvel article L 3222-1-2 adopté par l'Assemblée nationale).

En ce qui concerne la légalité des mesures individuelles, le principal impact résulte de l'introduction du Juge des libertés et de la détention (JLD) dans la procédure pour toutes les hospitalisations à temps complet de plus de quinze jours. Dans ce cadre, le directeur d'établissement est directement responsable de plusieurs éléments : saisir le JLD chaque fois que c'est nécessaire, réunir des avis médicaux avant l'audience du JLD ou, par exemple, vérifier que le patient ne s'oppose pas à une audience par télécommunication audiovisuelle (articles L 3211-12-1 et L 3211-12-2). Tous les établissements devront d'ailleurs avoir une salle spécifique équipée. Enfin, si le JLD prononce la levée d'une hospitalisation à temps complet et qu'un appel est formé contre cette décision, le directeur d'établissement peut, dans le cadre de soins à la demande d'un tiers, demander l'effet suspensif de l'appel.

H. : Dès la publication du projet de réforme de la loi de psychiatrie, un point a particulièrement suscité la polémique car il permettait au directeur d'établissement d'aller à l'encontre d'une décision médicale...

C.M. :
Sur les soins à la demande d'un tiers ou pour péril imminent, les termes employés dans le projet de loi pouvaient être interprétés comme donnant au directeur d'établissement une certaine liberté d'appréciation par rapport aux avis médicaux : il était indiqué que le directeur d'établissement "peut" maintenir les soins ou modifier la forme de la prise en charge. Il y avait donc un risque au départ qu'il puisse être reproché au directeur, en cas d'incident, de ne pas avoir tenu compte d'éléments autres que le certificat médical. De plus, cette nouvelle responsabilité du directeur étant implicite dans le texte, il aurait fallu attendre une décision de justice pour clarifier la situation et les champs de responsabilités.

Heureusement, un amendement voté par l'Assemblée nationale est venu régler en grande partie la question en indiquant que le directeur d'établissement était "tenu" de suivre l'avis du médecin (nouvelle version de l'article L 3212-4). Cette disposition concerne le choix de la forme de la prise en charge du patient. Dans le cas de soins à la demande d'un tiers ou pour péril imminent, à l'issue de la période de 72 heures d'observation, le psychiatre doit décider quelle est la forme la plus adaptée pour le patient et établir un protocole de soins pour définir ces soins. Des choix que le directeur devra suivre. En conséquence, l'esprit du projet de loi n'est plus de mettre le directeur dans une position de décision de soins face aux avis médicaux, ce qui constitue une évolution favorable du projet de loi pour les établissements de santé, dans la mesure où les champs de compétences de chacun sont respectés : administratives et d'organisation pour les directeurs d’établissement – médicales pour les médecins. Il ne devrait donc plus s'agir d'un point d'achoppement et une nouvelle modification par le Sénat est peu probable."
Propos recueillis par G
Enregistré
éraldine Tribault
Camille Moreau
Camille moreau est consultante senior pour Expert juridique santé (EJS). De formation, elle est juriste en droit de la santé, spécialisée en droit hospitalier et en droit de la fonction publique hospitalière.
G.T.

Réforme de la psychiatrie, le grand enfermement

Analyse
29.03.1

L'asile est de retour. Les murs d'enceinte des hôpitaux psychiatriques, qui avaient été abolis à partir des années 1970, font physiquement et symboliquement leur réapparition. En 2008, après un fait divers dramatique, Nicolas Sarkozy avait demandé la fermeture des établissements psychiatriques et le durcissement de l'internement d'office des malades, désormais considérés comme potentiellement dangereux. Deux ans après, ce programme est en passe d'être mis à exécution : la réforme de la loi de 1990 sur les hospitalisations sans consentement, qui a été adoptée en première lecture le 22 mars par les députés, parachève le virage sécuritaire imposé par les pouvoirs publics à la psychiatrie publique.

La psychiatrie était engagée,
depuis une trentaine d'années, dans un mouvement de désinstitutionnalisation pour sortir les malades mentaux des grandes structures asilaires et les réinscrire dans la cité. Dans la foulée du mouvement de l'antipsychiatrie, les soignants avaient reconnu l'effet néfaste et désocialisant de la mise à l'écart. Des structures plus proches des patients, tels les centres médico-psychologiques, qui les suivent en ville, ont été créées.


Mais ce mouvement, s'il tendait à déstigmatiser la maladie mentale, a eu ses effets pervers. La fermeture de quelque 50 000 lits d'hospitalisation n'a pas toujours été compensée par l'ouverture de structures alternatives. Le manque de places a conduit à la crise du secteur, créant des ruptures de soins pour certains malades insuffisamment pris en charge.


C'est dans ce contexte que la psychiatrie a vécu deux drames qui ont considérablement assombri ses perspectives. En 2004, à Pau, un patient schizophrène, qui n'était plus soigné par l'hôpital, a tué sauvagement une infirmière et une aide-soignante. Quatre ans plus tard, à Grenoble, un malade en permission de sortie a assassiné un jeune homme en plein centre-ville. La psychiatrie a été mise en cause pour ses manquements. Peu comprise dans son fonctionnement - le risque zéro existe en santé mentale encore moins qu'ailleurs -, elle a été attaquée dans ses fondements. En décembre 2008, dans un discours qui a marqué au fer les psychiatres, M. Sarkozy leur imposait un changement de paradigme : annonçant un durcissement de l'internement d'office, il faisait primer la préoccupation sécuritaire sur le soin.


Depuis, les portes des hôpitaux se referment
progressivement sur les malades internés. Dès 2009, 70 millions d'euros ont été débloqués pour bâtir ou rebâtir les enceintes des hôpitaux, créer des unités fermées et des chambres d'isolement, multiplier les dispositifs de surveillance (portiques et caméras). Les préfets ont ensuite reçu l'ordre de ne plus valider systématiquement les sorties des malades hospitalisés d'office, même si elles sont soutenues par les psychiatres. Une circulaire leur a été adressée, le 11 janvier 2010, afin qu'ils s'assurent "de la comptabilité de la mesure de sortie avec les impératifs d'ordre et de sécurité publics". L'avis "des services de police ou de gendarmerie" est requis pour étayer la décision des préfets.


Les effets de cette politique viennent d'être mesurés par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, une personnalité indépendante qui visite inopinément les hôpitaux psychiatriques. Dans un avis publié le 20 mars, Jean-Marie Delarue constate que les levées d'internement d'office ne sont plus accordées qu'au compte-gouttes. Tout se passe comme si, malgré les soins prodigués, le patient reste considéré comme "aussi dangereux pour lui-même ou autrui qu'au jour de son hospitalisation". Comme dans un mauvais film sont retenues en psychiatrie "des personnes dont l'état, attesté par les médecins, ne justifie pas qu'elles y soient maintenues contreleur gré".


Pis, cette situation fait "obstacl
e à l'hospitalisation de personnes qui en auraientau contraire besoin". Les hôpitaux prennent peu à peu une couleur carcérale : un "nombre croissant d'unités hospitalières sontaujourd'hui fermées à clé", ce qui a des effets sur les personnes hospitalisées de leur plein gré, également "privées de leur liberté d'aller et venir".


On comprend mieux, dans ce contexte, la très forte hostilité suscitée par la révision de la loi de 1990 sur les soins sans consentement. Alors que la réforme était réclamée depuis des années par les psychiatres, les patients et leurs familles, le texte n'est analysé qu'au filtre du souci sécuritaire du gouvernement. Des innovations, qui auraient pu être intéressantes comme l'observation du patient pendant 72 heures avant toute hospitalisation ou la possibilité de suivre un traitement sous le régime de la contrainte mais chez soi, sont considérées avec méfiance par les soignants.


L'instauration d'un fichier des antécédents médicaux des malades - véritable "casier psychiatrique", selon les psychiatres - et le durcissement des conditions de sortie des personnes internées ont achevé de catalyser l'opposition au projet de loi. La psychiatrie attendait une réforme sanitaire, elle voulait soigner plutôt qu'enfermer. La voilà confrontée au retour du refoulé asilaire.


prieur@lemonde.fr Cécile Prieur (Service France)




  Point de vue
"La loi sur la psychiatrie est absurde, incohérente et inapplicable !"

L
es députés ont adopté en première lecture dans la nuit du 16 mars, le projet de loi "relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge". Le vote solennel du projet a eu lieu mardi 22 mars, avant d'être envoyé au Sénat pour examen. Mais, il n'y aura pas de seconde lecture.

Le gouvernement ayant choisi la procédure accélérée, le texte, même éventuellement modifié par les sénateurs, pourra être adopté selon la première lecture de l'Assemblée nationale ! Pourtant ce projet de loi provoque un basculement radical de la pratique psychiatrie, une transformation démente et inquiétante de la psychiatrie !


Les équipes soignantes vont être transformées par cette loi en une "police sanitaire psychiatrique" dont le rôle va être réduit à "surveiller, contrôler, injecter" !


Cette loi a été voulue par le président de la République réagissant dans l'émotion et la précipitation au meurtre d'un étudiant par un malade. Cette loi devrait concerner les personnes actuellement sous contrainte, c'est à dire 70 000 personnes sur les 300 000 hospitalisées. Mais elle est organisée à partir des situations en hospitalisation d'office, c'est à dire 10 000 personnes ! Elle a pour socle, le présupposé totalement erroné sur le plan scientifique, énoncé par le président en décembre 2008 : "Tous les malades mentaux sont potentiellement dangereux, potentiellement criminels !"


Ainsi l'ensemble des personnes soignées en psychiatrie, celles qui choisissent librement de se soigner, c'est à dire 80 % des malades hospitalisés, mais aussi les trois millions de personnes ayant consulté et traités pour un trouble psychique vont se retrouver confrontés "par contamination" aux mêmes a priori, aux mêmes préjugés, aux mêmes risques, et tomber potentiellement dans les "soins sans consentement".


Ce message terrible, ravageant, faisant appel aux peurs ancestrales de la folie, désigne à la vindicte populaire ces personnes, amplifie la peur de l'autre, renforce la stigmatisation. La loi vient l'instituer de façon insupportable, indigne !


Les 23 000 signataires de l'Appel lancé par le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire : "Réforme de la psychiatrie : une déraison d'Etat", la totalité des syndicats de psychiatres – fait inédit – le syndicat national des psychologues, les syndicats de personnels soignants, des associations de psychanalystes, des associations de patients, des associations de familles, le Syndicat de la magistrature, plusieurs centaines de manifestants mardi 15 mars devant l'assemblée, rien n'y a fait !


DÉRIVES


Depuis deux ans qu'il s'est constitué, le Collectif des 39 dénonce la dérive des pratiques, des situations de maltraitance des malades, la banalisation des contentions, l'abandon des familles à leur désarroi. Les Etats généraux de la psychiatrie en juin 2003 avaient déjà réclamé vingt-deux mesures d'urgence pour tenter de lutter contre le péril menaçant l'ensemble de la psychiatrie !


Cette situation n'est en rien dû à la mauvaise volonté des soignants, à une indifférence au sort des malades et des familles. Elle est le résultat de plusieurs éléments : conception de la maladie mentale qui s'est imposée avec le scientisme dominant des dernières années, formation indigente des psychiatres réduite aux seuls traitements médicamenteux, absence quasi-totale d'une formation digne de ce nom pour les infirmiers, laminage des esprits par l'idéologie de l'hôpital-entreprise, de la gestion bureaucratique parachevée par la récente loi Hôpital, patients, santé, territoires, à la pénurie organisée, enfin absence de budget spécifique pour la psychiatrie.


Aux arguments étayés de toute la profession, tous statuts confondus, dénonçant une loi sécuritaire mais revendiquant l'urgence d'une loi sanitaire, aux appels au secours d'associations de patients, aux rejets par de nombreuses associations régionales des de familles de malades, le rapporteur du projet de loi n'a opposé qu'arrogance, falsification, mystification, ignorance. Falsification, lorsqu'il déclare que la loi va permettre de sauver les quatre mille personnes qui se suicident chaque année ! Mystification, quand il proclame que les 30 000 à 60 000 personnes sans domicile fixe qui souffrent de troubles mentaux, abandonnées par leur famille,vont pouvoir être prises en charge ! Ignorance de la pratique psychiatrique, quand il déclare que les patients qui dénient leur pathologie vont être enfin traitées grâce à ce dispositif !


De plus, avec ce projet de loi, force reste au préfet. La disqualification des professionnels est totale, la suspicion à leur égard comme à l'égard des magistrats est entérinée par le texte.


Pire, dans leur aveuglement politique, dans leur méconnaissance de la clinique psychiatrique la plus élémentaire, les députés de la majorité n'ont pas pris la mesure du plus grave : cette loi, si elle est adoptée, va aboutir à l'exacte inverse de ce à quoi elle prétend répondre : la sécurité et la prévention des passages à l'acte dangereux.


En effet, les personnes les plus perturbées, les plus en souffrance, sont aux prises avec une méfiance extrême, voire des sentiments de persécution, des sentiments d'être surveillés, épiés. Ces personnes lorsqu'elles sauront qu'elles seront dénoncées par leur psychiatre, leurs soignants au directeur de l'hôpital et au préfet, en cas de refus ou d'opposition aux soins et risquant un retour forcée à l'hôpital, vont tout faire pour échapper, pour se sauver. Et c'est dans un tel contexte, que des individus ayant le sentiment d'être cernés, pourchassés, forcés, risquent de basculer dans des passages à l'acte les plus graves…


La psychiatrie, dans une perspective thérapeutique, ne peut travailler qu'en favorisant la confiance, l'instauration d'une relation rassurante, le tissage d'un lien avec une personne malade. C'est dans ce cadre, et uniquement dans ce cadre, que nous pouvons imposer une contrainte parfois nécessaire, que la psychiatrie peut prétendre être thérapeutique.


Mesdames, messieurs les parlementaires, prenez conscience de l'immense responsabilité que vous prenez, de l'absurdité de ce dispositif législatif, de cette monstruosité qui est en train de se créer !

Paul Machto, psychiatre des hôpitaux, Marie Cathelineau, psychologue, Hervé Bokobza, psychiatre, pour le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire




Sampling completed at Wed Mar 30 2011 16:43:22 GMT+0200 (CET)

Réforme de la psychiatrie
L'ADESM souligne dans un rapport d'observations les difficultés d'application du projet de loi

02.03.11

A la veille de l'examen parlementaire du projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge*, l'Association des établissements participant au service public de santé mentale (ADESM) a regroupé ses observations
dans un document d'une douzaine de pages.

Tout d'abord, l'ADESM redoute que le futur dispositif trouve difficilement un équilibre entre la continuité et le changement mais aussi la finalité thérapeutique et sécuritaire. Elle relève également des difficultés d'ordre juridique notamment concernant la responsabilité des directeurs d'établissement sur le plan pénal. Le projet instaure deux modes d'admission en soins sans consentement sur demande de tiers (alternatif et dérogatoire).

Elle passe ensuite aux difficultés d'ordre organisationnel et pratique. Pour l'ADESM, "la mise en application réelle au 1er août est rendue d'autant moins plausible que le projet comporte des décrets d'application dont dépend l'applicabilité de la loi". L'association évoque "des procédures alourdies" citant les 5 et 6 certificats médicaux et avis émanant d'au moins 3 ou 4 médecins différents à présenter entre le 1er et 12e jour suivant l'admission du patient. L'ADESM suggère d'alléger le programme des visites des autorités en supprimant les visites du juge du tribunal d'instance et du président du tribunal de grande instance. Elle ajoute, "il est possible aussi de rendre certaines de ces visites (maire par exemple) facultatives".

L'ADESM regrette par ailleurs que la nécessité d'accorder des moyens supplémentaires pour la mise en œuvre de la nouvelle loi ne soit pas toujours cernée. Le projet n'évoque pas l'impact de la nouvelle réglementation sur le fonctionnement des bureaux des admissions et des secrétariats médico-hospitaliers du fait, en particulier, du renforcement des obligations légales d'informations données aux patients, aux tiers demandeurs, à la famille, indique l'association. Pour elle, d'autre points semblent rester très vagues dans ce texte comme par exemple la question du transport des patients. Enfin, l'ADESM signale que le nouveau dispositif aura des conséquences sur l'organisation générale de la santé mentale. Le ministère n'échapperait donc pas à une refonte de la loi du 27 juin 1990.
L.W.

* L'examen du projet de loi, inscrit à l'agenda des députés, doit débuter le 15 mars prochain.
Soins et privation de liberté sont-ils compatibles ?
Point de vue
30.03.11

L
es débats en France autour du projet de réforme de la loi du 27 juin 1990 qui envisage des "soins contraignants hors hôpital" en plus de l'hospitalisation sans consentement en psychiatrie ne suggèrent-ils pas la réflexion suivante ? Entendu qu'à l'exception d'un délit, toute privation de liberté est inacceptable, y aurait-il néanmoins des cas particuliers qui autoriseraient à ne pas respecter inconditionnellement la liberté d'autrui ?

Rappelons qu'en Belgique, l'article second de la "loi relative à la protection de la personne du malade mental" (26 juin 1990) stipule que "les mesures de protection ne peuvent être prises, à défaut de tout autre traitement approprié, à l'égard d'un malade mental, que si son état le requiert, soit qu'il mette gravement en péril sa santé et sa sécurité, soit qu'il constitue une menace grave pour la vie ou l'intégrité d'autrui". Ainsi, par exemple, l'anorexique ne constitue pas un danger grave pour autrui. Elle ne nuit gravement qu'à elle-même. A la différence de certains "malades mentaux" qui, en plus de nuire éventuellement à eux-mêmes, peuvent aussi nuire à autrui. Sur ces deux thèmes – nuire à soi-même ou à autrui – écoutons le philosophe John Stuart Mill (1806-1873).


Dans son Essay on Liberty (1859), John Stuart Mill pose un principe destiné à régler les rapports de la société et de l'individu dans tout ce qui est "contrainte ou contrôle". Ce principe veut que "les hommes ne soient autorisés, individuellement ou collectivement, à entraver la liberté d'action de quiconque que pour assurer leur propre protection". La "seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l'empêcher de nuire aux autres". Ainsi, "contraindre quiconque pour son propre bien, physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante". John Stuart Mill concède que les actes de cet homme sont certes de "bonnes raisons pour lui faire des remontrances, le raisonner, le persuader ou le supplier, mais non pour le contraindre ou lui causer du tort s'il agit autrement". Le seul aspect de la conduite d'un individu qui soit du ressort de la "société""concerne les autres".
est donc celui qui

Quant à "ce qui ne concerne que lui, son indépendance est, de droit, absolue. Sur lui-même, sur son corps et son esprit, l'individu est souverain". Selon l'éthique "minimaliste" de Mill, comme le résume Ruwen Ogien, le rapport de soi à soi est donc moralement indifférent. Et le fait de juste nuire à soi-même ne peut pas amener de privation de liberté à des fins de soins tant que, condition sine qua non
pour John Stuart Mill, cet agissement individuel ne nuit pas aux intérêts des autres. Dans le cas contraire, John Stuart Mill était aussi clair : nuire à autrui peut autoriser une privation de liberté.

LE DOGME DE LA NORME


Mais il reste qu'à la différence de John Stuart Mill – que certains taxent d'indifférence égoïste –, une éthique paternaliste verra au contraire dans la seule auto-nuisance d'un individu isolé un "état de nécessité". Et elle ne tiendra pas compte du consentement du sujet aux soins. Un proche, la famille ou le médecin traitent dès lors autrui – le sujet malade – conformément à ce qu'eux-mêmes estiment être le bien d'autrui. A cette condition, soins et privation de liberté s'avèrent, ponctuellement et temporairement, compatibles à l'égard d'un individu isolé. Des soins qui doivent, bien entendu, se révéler, au final, bénéfiques. Ce qui justifie a posteriori le choix de l'option paternaliste.


Certains feront toutefois remarquer à ces paternalistes (bienveillants) que, dans le cas d'agissements "marginaux" aux conséquences purement individuelles, leur intervention peut aussi s'apparenter à une "morale de commissariat". Les paternalistes répondront qu'il y a parfois de réels "états de nécessité" suite aux agissements "marginaux" du seul individu concerné. C'est, de fait, la redoutable question du consentement d'un sujet autonome à un "tort" auto-infligé sans conséquence pour autrui. Faut-il y répondre par l'éthique "minimaliste" de Mill (raisonner, persuader, supplier mais non contraindre) ou par un interventionnisme paternaliste bienfaisant ?


On demeurera en tout cas très vigilant face à l'injonction, qui semble de plus en plus présente, selon laquelle nous aurions tous un même devoir impératif de santé et de normalité. Sans tomber dans l'indifférence égoïste, ni dans la valorisation de la maladie (mentale), la liberté chère à l'éthique de Mill ne peut accepter le dogme de la norme qui, de nos jours, vise, peut-on craindre, à s'étendre au-delà du seul domaine de la psychiatrie. Comme le soutenait dès 1943 Georges Canguilhem, "le normal n'a pas la rigidité d'un fait de contrainte collective mais la souplesse d'une norme qui se transforme dans sa relation à des conditions individuelles".

Pierre-Frédéric Daled, philosophe, chaire d'éthique de l'Université libre de Bruxelles et membre du comité consultatif belge de bioéthique



Comité de Liaison Français de convergencia

Folie de l’institution
Création de la folie



Rebond du colloque du « Normativité, création, transmission dans la psychanalyse », nous vous proposons un cycle de films et de débats qui viennent donner corps à la question de la normalité, de la folie, et de la normativité. Là où les institutions, asphyxiées de gestionnaire et de sécuritaire, viennent engrillager la folie, des lieux d’accueil de la folie peuvent la rendre créatrice. La folie lieu de mort, mais aussi la folie lieu de vie, antidote à la mort psychique, à condition que …

SAMEDI 2 AVRIL de 14 à 18h
Faculté des Sciences Paris Jussieu, Amphi 45A –Tour 45
4 place Jussieu 75005 Paris
Inscription sur place: 10€

1ere séance
l’Atelier du Non-Faire
avec "La tête dans les toiles"
film de 52’ de Patrice Rolet
Présenté par Danièle Epstein
Suivi de débats, et de témoignages
Modérateur : Paolo Lollo


Avec Patrice Rolet (Réalisateur), Christian Sabas (peintre et musicien Fondateur de l’Atelier du Non-Faire), Ismaïl Konate (peintre et directeur général de l’Atelier du Non-Faire), Xavier Amar (peintre, musicien, comédien, écrivain de l’Atelier du Non-Faire), Fabienne Ankaoua, Guy Dana, Barbara Didier, Françoise Fabre, Nabile Fares, Caroline Gillier, Dominique Le Vaguerèse, (psychanalystes)


Une visite de l’Atelier du Non-Faire sera organisée,
sur inscription, Samedi 30 Avril 2011

"Comment d’un lieu de création peut-on faire un intermédiaire,
une porte ouverte sur l’extérieur, sur l’intérieur,
et un vivre “avec” notre folie?"
Christian Sabas

Lire la suite ici

La profession infirmière aux abois appelée à manifester

28.03.11

Les dernières réformes appliquées aux professionnels mais aussi aux étudiants infirmiers, qu'elles concernent la formation ou les retraites et les reclassements dans la Fonction publique hospitalière (FPH) suscitent diverses controverses.

La Coordination nationale infirmière (CNI) appelle ainsi le 31 mars les infirmiers à manifester leur mécontentement à Paris devant le Sénat contre la réforme des retraites et la transformation dans la FPH de la catégorie active en catégorie sédentaire. Cette dernière ne prend plus en compte la notion de pénibilité, déplore à Hospimedia, Nathalie Depoire, présidente de la CNI. La date choisie pour protester est symbolique, puisqu'elle marque la fin du droit d'option infirmier imposant aux professionnels de la FPH de choisir sans droit au remord, entre un passage à la catégorie A et un maintien en B. Les professionnels qui ne se seront pas décidés à cette date, seront maintenus en catégorie B. L'outil de simulation des retraites n'étant disponible que depuis le mois de février dernier, les infirmiers n'ont pas eu le temps de réflexion annoncé pour faire leur choix au regard de tous les éléments d'information nécessaires, estime Nathalie Depoire (lire aussi notre brève du 22/02/2011). "La revalorisation salariale consentie pour accompagner ce passage en catégorie A est aussi dérisoire qu'irrespectueuse au regard de notre niveau de compétence et de responsabilité", lit-on dans le tract du syndicat.

Par ailleurs, la réforme LMD de la formation des infirmières et en particulier les conditions de la mise en place du nouveau système sont épinglées par la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) qui appelle dans un communiqué les étudiants à dénoncer cette situation, le 12 mai prochain sur le parvis de la gare Montparnasse à Paris. La FNESI fustige en particulier les manques de moyens humains et financiers "nécessaires à la mise en place d'enseignement de qualité". Pour elle, cette réforme est "bâclée". "Le bilan de la deuxième année de mise en place s'annonce encore plus chaotique que la première", déclare la fédération qui relève peu d'évolution sur des points sensibles comme la formation des tuteurs, la qualité des enseignements universitaires et leurs évaluations, la reconnaissance du statut d'étudiant universitaire ou encore les conditions sociales étudiantes.
L.W.
Vous êtes fous ?!!!

Dimanche dernier, la 1ère partie de l’émission « 3d » de Stéphane Paoli (sur France Inter à midi), portait sur « La psychiatrie », sujet ô combien passionnant et, plus précisément, sur le « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», qui a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.
Le Dr Baillon, premier de ses invités est psychiatre des hôpitaux, il travaille en équipe de secteur dans le 93 entre l’Hôpital de Ville-Evrard et le secteur de Bondy. Il est également le cofondateur de l’Association "Accueils", membre du collectif des 39 - Contre la Nuit Sécuritaire
Jean-Marie Delarue, deuxième invité, est contrôleur général des lieux de privation de liberté
Le Dr Baillon rappelait une des données relevées par Jean-Claude Ameisen (cf. son émission « sur les épaules de Darwin » le samedi matin à 11h…) : les gênes ne sont pas tout, tout ce que nous vivons laisse des traces qui vont être constamment utilisée par la suite…
Jean-Marie Delarue, relevait, lui, que la maladie mentale est assimilée à la dangerosité or c’est d’abord une détresse pour la personne.
Marc Crépon, 3ème invité, est philosophe, directeur de recherches au CNRS, il a écrit des ouvrages sur la culture de la peur.
Et se pose la question : « comment dépasser la peur pour ne pas refuser l’autre ? »
La question de l’enfermement, au cœur de cette émission, est de deux ordres :

- Il n’y a pas de sécurité sans dignité, il faut donc la sauvegarder ; c’est elle qui fait de nous des êtres humains ;

- C’est assez facile d’enfermer les gens, la difficulté c’est de sortir des lieux de privation de liberté…

Il y a des malades « comme vous et moi » qui sont hospitalisés librement et décident eux-mêmes de leur sortie.

Et il y a ceux qui sont enfermés par décision administrative sur certificat médical de deux médecins avec signature du préfet derrière.
Et il y a l’hospitalisation d’office avec décision de police.

Le problème de la sortie : c’est le préfet qui la décide… ses motivations, c’est de savoir si le malade est toujours menaçant ou pas. Et comme on a tous envie de s’abriter derrière quelque chose et que le préfet n’est pas plus fort que les autres…


La réalité fondatrice du soin est qu’il y a eu basculement de l’identité.


Quand on est dans la peur, on est à l’extérieur de la pensée de cette personne.


La loi sécuritaire au nom de la supposée sécurité de tous fabrique de l’insécurité (par l’oubli de l’humanité et du droit des malades).

Le malade est une cible, comme on en a eu successivement un certain nombre. Quand un gouvernement en place est incapable d’assurer la sécurité de la vie, il fabrique des cibles de substitution et il désigne des cibles d’insécurité et ces cibles vont être elles-mêmes dans l’insécurité.

L’esclavage, c’est le foyer de nos peurs qui tisse une toile qui finit par nous enfermer.

Le propre de la démocratie doit être de ne pas développer la culture de la peur, or quand la frontière est proche, la démocratie est fragilisée.

Par ailleurs, le rôle d’amplification des médias est important : ils ont un rôle terrible dans une société qui est une démocratie car ils sont en principe porteurs de liberté or là ils deviennent un outil d’un système qui prend pour cible des situations et instrumentalise la peur…


La culture de la peur est une culture de l’incapacité : ne pas savoir comment affronter certaines difficultés.


L’insécurité existe dans plein de domaines de la vie, mais si on choisit une cible, on exclut les autres. Chaque gouvernement se construit sa propre définition de la sécurité.


Il ne s’agit pas de diaboliser la peur, mais il faut donner aux individus l’habilitation à prendre en charge individuellement ses propres peurs. Il faut une éducation dans tous les domaines pour pouvoir mettre un peu à distance ce qui fait peur.


Il y a une contradiction entre la logique du soin et la logique sécuritaire de l’enfermement.

Avec l’enfermement quasi systématique maintenant c’est un déni d‘humanité et ça relève d’un consentement meurtrier (cf. Camus)

Pour réécouter l’émission allez sur la page France Inter et podcastez ensuite (si vous pouvez !)

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/3D-journal/

voir le site du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire et cette page qui présente la réforme et une pétition :

http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=1392

Guy Baillon : « Psychiatrie : quel accueil pour la folie » Cet ouvrage prend part au débat national sur la place faite à la psychiatrie dans le champ de l'action sociale. Il questionne la position de l'Etat, et les conséquences d'une loi sur les usagers et leur famille. Éditeur : Champ social - parution : février 2011
Guy Baillon « Les usagers au secours de la psychiatrie : la parole retrouvée » Réflexion d'un psychiatre sur la loi du 11 février 2005 accordant un nouveau statut à la parole des usagers en psychiatrie et évoquant pour la première fois la notion de "personne en situation de handicap psychique". Cette reconnaissance du handicap psychique ouvre la voie à une simplification de l'accès aux soins et à une collaboration nouvelle de la psychiatrie et de l'action sociale. Éditeur : Erès, parution : 2009

Marc Crépon "La culture de la peur – Volume 1, Démocratie, identité, sécurité" (Galilée, 2008), et "La culture de la peur – Volume 2, La guerre des civilisations" (Galilée, 2010)

L'invocation de la peur fut le privilège des régimes de terreur. Face à une exigence de plus en plus grande en matière de protection et de sécurité, la question est posée concernant la part du besoin de sécurité humaine et celle de la sécurité de l'État

Un enfant sur dix se dit victime de violences à l'école


N
euf enfants sur dix se sentent bien à l'école, mais environ un sur dix (11,7 %) se dit harcelé, victime de violences physiques et verbales répétées, selon une étude de l'Observatoire international de la violence à l'école pour l'Unicef, publiée mardi. De fin 2009 à fin 2010, 12 326 élèves de CE2, CM1 et CM2 de 8 à 12 ans issus de 157 écoles de huit académies ont été interrogés sur le climat scolaire, la qualité des relations entre élèves et avec les enseignants, et sur leur sentiment de sécurité.

Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, doit installer mardi un "conseil scientifique contre les discriminations à l'école", chargé en particulier de la lutte contre le harcèlement scolaire, a annoncé le ministère. Il sera présidé par François Heran, un démographe, ancien directeur de l'Institut national des études démographiques.


D'après l'étude, le phénomène de "victimation" reste plutôt limité puisqu'en moyenne près de neuf élèves sur dix (88,9 %) déclarent se sentir "tout à fait bien" ou "plutôt bien" à l'école, et plus de 7 sur 10 ne sont "jamais" victimes de violences ou "très occasionnellement". Mais pour une minorité d'élèves, la violence se fait sentir souvent par de petites agressions répétées, allant du vol de goûters aux insultes et menaces mais aussi aux coups, racket ou violences sexuelles.


Le taux d'élèves victimes de harcèlement physique est estimé à 10,1 %, 71,8 % des élèves interrogés n'étant pas victimes de violences et 18 % l'étant occasionnellement. Dans le détail, 17 % des élèves disent avoir été souvent frappés par d'autres, et les violences à connotation sexuelle (voyeurisme, déshabillage ou baiser forcé) sont rapportées par 18 % des interrogés.


67 % des agressions physiques sont le fait de garçons, contre 20 % qui sont le fait des filles (groupes mixtes pour 12 %). Pour les violences verbales, près de deux tiers des élèves (65 %) se disent pas ou très peu concernés comme victimes, tandis que 14,4 % le sont modérément ou fréquemment. Par exemple, 16 % des enfants ont répondu avoir été affublés d'un surnom méchant, 25 % avoir été injuriés, et le racisme fréquent est rapporté par 7 % des élèves. Au total, 11,7 % des élèves interrogés sont victimes de violences répétées à la fois physiques et verbales.


L'étude met également en garde contre les conséquences scolaires (décrochage, absentéisme) mais aussi psychologiques à long terme. Une faible estime de soi et des tendances dépressives sont beaucoup plus fortes pour les adultes ayant été harcelés enfants, selon l'enquête.

La psychiatrie publique à l'épreuve des zones urbaines sensibles : contextes, enjeux et moyens, le 21 Septembre 2011

Le CH Alpes-Isère, celui du Vinatier et l'Institut d'études politique (IEP) de Grenoble organisent le 21 septembre prochain à Grenoble* une journée d'étude centrée sur la psychiatrie publique à l'épreuve des Zones urbaines sensibles (ZUS).

L'occasion pour les intervenants de s'interroger sur les particularismes éventuels de ces territoires urbains, notamment concernant la pratique des équipes soignantes en psychiatrie. Une épidémiologie particulière des quartiers vulnérables ? Des tableaux cliniques récurrents ? Des modalités particulières de prises en charge des patients psychiatriques et de leurs familles ? Etc. De fait, face à ces constats, la psychiatrie mobilise-t-elle des moyens adaptés en ressources humaines, en crédits financiers, dans l'organisation de son offre de soins et la formation de son personnel ?

Ci-joint, le programme détaillé et les modalités d'inscription.

Évaluation du dispositif d'injonction de soins, L'IGAS et l'IGSJ préconisent la création d'indicateurs
21.03.11

Dans le rapport sur l'évaluation du dispositif de l'injonction de soins co-signé par l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l'Inspection générale des services judiciaires (IGSJ), ses auteurs* préconisent que soient définis un certain nombre d'indicateurs de besoins, d'activités, de risques et de résultats. "Confrontée à la pauvreté des statistiques, la mission n'a pu mener qu'un audit de processus", relèvent-ils.

Cela ne les a pas toutefois empêché de présenter en première partie de cette étude le dispositif d'injonction de soins sous ses différentes facettes et de souligner son développement. "Un recensement effectué directement par la mission auprès des tribunaux de grande instance permet de conclure que le nombre d'injonctions de soins en cours d'exécution est d'environ 3 800, et que 10% d'entre elles sont relatives à des infractions autres que sexuelles." Si globalement le dispositif de santé mentale pour les personnes détenues n'est pas toujours adapté, les auteurs indiquent que le ministère de la Santé a toutefois, pour la prise en charge des auteurs d'infractions sexuelles, dégagé de nouveaux financements qui atteignent 18,5 millions d'euros depuis 2008.

Il est ensuite question des grandes étapes de l'injonction de soins, du prononcé de la décision, à la fin de la mesure en passant par sa mise en place. Il est indiqué, au passage, que l'offre de soins (dans le cadre des injonctions) repose sur le secteur public et demanderait à être spécialisé. "Les centres médico-psychologiques constituent le premier lieu de traitement des auteurs de violence sexuelle mais y accéder n'est pas toujours facile", déplorent les auteurs.

Au total, ce sont finalement 61 recommandations qui sont détaillées pour l'amélioration du dispositif d'injonction de soins.
L.W.

* Les auteurs du rapport sont : pour l'IGAS, Brigitte Joseph-Jeanneney et Gilles Lecoq; pour l'IGSJ, Patrick Beau et Philippe Gallier.

C’est la future unité psy pour détenus franciliens

Soixante prisonniers souffrant de problèmes psychiatriques seront soignés à l’horizon 2013 dans ce service unique en Ile-de-France.
CHRISTINE MATEUS
Publié le 29.03.2011
Ce soir, les responsables de l’hôpital Paul-Guiraud et de l’administration pénitentiaire, ainsi que l’architecte du futur bâtiment, répondront aux questions des riverains sur cette prochaine unité hospitalière réservée aux détenus des prisons de la région.
Ce soir, les responsables de l’hôpital Paul-Guiraud et de l’administration pénitentiaire, ainsi que l’architecte du futur bâtiment, répondront aux questions des riverains sur cette prochaine unité hospitalière réservée aux détenus des prisons de la région. | (DR.)

Si la structure est souvent qualifiée d’« hôpital prison », Henri Poinsignon, directeur de l’hôpital psychiatrique Paul-Guiraud, refuse l’expression pour désigner le futur équipement qui occupera une partie du site de Villejuif. Ce soir, à l’école des Hautes-Bruyères, il fera partie des intervenants — au même titre que l’administration pénitentiaire ou l’architecte du projet — chargés de présenter aux riverains (1300 foyers concernés) la venue d’une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) à l’horizon mi-2013. Une première structure en Ile-de-France de 60 lits permettant l’hospitalisation de détenus en psychiatrie.

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"Je croyais que les hôpitaux psychiatriques devaient s'ouvrir sur la ville"...

C’était débat, hier soir, à l’école des Bruyères de Villejuif, près de Paris. Un débat peu banal autour de la présentation de la nouvelle Unité d’Hospitalisation Spécialement Aménagée (UHSA), à l’hôpital Paul Guiraud, un des trois plus grands hôpitaux psychiatriques de France, qui sera opérationnelle dans un an et demi.


L’UHSA, ce n’est pas n’importe quoi : c’est la dernière nouveauté dans les rapports compliqués entre prison et hôpital. Comme l’a voulu la loi, c’est une unité d’hospitalisation de psychiatrie, uniquement dédiée aux détenus. La loi en prévoit à court terme 6. L’une a été ouverte à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, près de Lyon, il y a six mois. Et la seconde le sera, donc, à Villejuif. En plein retour de l’enfermement en psychiatrie, - symbolisé par la nouvelle loi en cours d’adoption sur l’hospitalisation en santé mentale-, ce débat public, se disait-on, pouvait avoir quelque chose de révélateur. Y aurait-il un peu de monde? Les psychiatres allaient-ils se montrer rebelles à ce projet pour le moins ambigu? Ou bien non, juste allait-on assister un débat comme si de rien n’était ? Extraits.

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L'Église reconnaît officiellement un miracle à Lourdes

Serge François souffrait depuis des années d'une hernie discale, d'une paralysie presque totale de la jambe gauche et de douleurs vives. Le 12 avril 2002, il s'est rendu à la grotte de Massabielle à Lourdes. Depuis, il est guéri.
L'Église reconnaît officiellement un miracle à Lourdes La grotte de Lourdes est connue pour ses guérisons miraculeuses... ©
Eric Cabanis
/ AFP

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L'Église catholique a reconnu, dimanche, la guérison inexpliquée d'un malade venu prier à Lourdes comme "remarquable" et pouvant représenter un don divin fait à cet homme par l'intercession de la Vierge, ont annoncé les Sanctuaires de la cité mariale. Serge François, un artisan angevin aujourd'hui à la retraite, souffrait depuis des années d'une hernie discale opérée deux fois, d'une paralysie presque totale de la jambe gauche et de douleurs vives quand, le 12 avril 2002, il s'est rendu à la grotte de Massabielle à Lourdes.

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Le Télégramme.comFinistère

Télémédecine. Quinze villes connectées jeudi
28 mars 2011

Une consultation de psychiatrie en visioconférence ? Cela existe déjà à Saint-Avé, dans le Morbihan! Il en sera question, jeudi, lors de Télésanté2011, dans 15 villes dont Brest, Rennes et Vannes.

U
ne consultation psychiatrique par visioconférence. Ce n'est pas de la science-fiction, cela existe déjà à l'hôpital spécialisé de Saint-Avé, dans le Morbihan, pour des patients isolés demeurant, par exemple, à Belle-Ile-en-Mer.

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Le sexe et la norme

Bruno Py et Nathalie Deffains


Le sexe et la norme,
Presses Universitaires de Nancy, 2011.

« Jouissons sans entrave ! »
Cette formule revendique en tant que réalisation de la libération sexuelle la disparition de la norme dans le domaine du sexe. La révolution attendue a-t-elle eu lieu ?

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Éloge des hasards de la vie sexuelle

Monique David-Menard


Éloge des hasards de la vie sexuelle,
Editions Hermann, 2011.


La vie sexuelle est faite de rencontres, mais toutes ne font pas événement. Lorsque l’une d’entre elles est décisive, elle comporte une part d’imprévisible qui constitue le ressort même de sa puissance : pouvoir transformer une vie n’est pas donné à toute rencontre.
Le bouleversement qu’apporte le désir d’une personne qui semble détenir le pouvoir de nous faire exister en nous faisant jouir, est un processus complexe : ou bien on déclare qu’il est irrationnel car immaîtrisable, ou bien on s’efforce de le penser en s’intéressant aux conditions de la vie amoureuse – importance disproportionnée accordée à certains détails, dissymétrie des attentes des partenaires, non-congruence du désir sexuel et de l’amour.

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samedi 26 mars 2011

La loi sur la psychiatrie est l'indice d'un État qui préfère punir que guérir
Daniel Zagury, psychiatre, médecin-chef au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy (Seine-Saint-Denis), expert auprès des tribunaux
21.03.11

Le projet de loi relatif aux "droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques" provoque à juste titre la colère et l'indignation des associations professionnelles. On dénonce la création d'un casier judiciaire psychiatrique ou d'une garde à vue psychiatrique. On pointe la dimension exclusivement sécuritaire du projet de loi, dont le vocabulaire et la logique relèvent plus du ministère de l'intérieur que de celui de la santé. Ce n'est pas tout à fait vrai. C'est pire : il est sanitaire pour les entrées et sécuritaire pour les sorties, ce qui rendra un peu plus infernale la situation sur le terrain, en engorgeant les unités d'hospitalisation temps plein et en entravant la réalisation des soins urgents, notamment pour les malades susceptibles de commettre un acte violent.

On critique l'absence de moyens qui rend ce projet irréalisable et la mauvaise foi de ceux qui feignent de l'ignorer. Tout cela est exact mais ces objections sont singulièrement naïves : comme si le projet du législateur était d'adopter une loi effective ! Il y a belle lurette que les lois ne sont plus faites pour être appliquées ou pour améliorer la situation de ceux qui auront à en subir les effets, mais pour afficher la force de l'Etat-gendarme.

En un mot, pour comprendre le contexte de ce projet de loi, il faut surmonter l'indignation, prendre la mesure d'un certain nombre de bouleversements et de changements de paradigme. On se donne alors une chance de saisir ce qu'il peut y avoir de commun entre des phénomènes apparemment aussi divers que la souffrance au travail, avec son lot de suicides, la plainte diffuse de corps professionnels comme les policiers, les enseignants, les chercheurs, les magistrats, les médecins hospitaliers... ou la recherche systématique de boucs émissaires.

Il est d'usage d'opposer l'Etat-providence à l'Etat-gendarme et de reléguer le premier à un passé révolu. Mais l'on n'a pas suffisamment pris la mesure des effets psychiques qui ont accompagné la façon dont s'est opérée cette mutation dans notre pays : c'est une chose de ne plus se sentir protégé par une instance bienveillante ; c'en est une autre de vivre dans toute leur cruauté les attaques de ce qui exerçait autrefois une fonction tutélaire. C'est ce retournement malveillant qui est au coeur d'un grand nombre de souffrances diffuses : le sujet ne se sent plus seulement "lâché", mais se sent attaqué violemment par l'Etat, qui se défausse sur lui. Pourquoi ?

C'est que les politiques doivent résoudre une équation singulièrement complexe : concilier le maintien, voire l'accroissement des attentes, la pression des lobbies associatifs et la diminution des moyens, sans déclencher la colère populaire avec ses conséquences électorales.

Force est de constater qu'il y a également des solutions perverses. Elles ne sont pas réductibles au mensonge. Elles reposent sur les mêmes mécanismes que ceux que l'on décrit dans la clinique des perversions et de la perversité : le déni ; le clivage ; la projection (on chasse le lampiste et on choisit le bouc émissaire, généralement parmi les plus vulnérables) ; le défi (on fustige tout argument critique) ; l'inversion des valeurs (les plus démunis deviennent les plus dangereux) ; la fuite en avant (tel un vulgaire escroc empêtré dans la course folle de sa cavalerie, l'Etat vole de loi inappliquée en loi inapplicable)....

En bout de course, ce sont les acteurs de terrain qui se voient désignés comme étant à l'origine du mal et qui en portent le poids. Qui dira la douleur de ceux qui ont choisi de donner un sens collectif à leur engagement et qui se voient, au coup par coup, au petit malheur la malchance, designés à la foule comme fauteurs de troubles à l'ordre public ; de ceux qui se débattent pour sauver ce qui peut l'être ? Policiers, magistrats, fonctionnaires de justice, enseignants, chercheurs, médecins hospitaliers... ils se reconnaîtront.

Mais là encore, pour bien saisir ces changements, il faut prendre la mesure de deux bouleversements de nos représentations. C'est sur eux que s'appuie la solution politique perverse : aujourd'hui, la question n'est plus "Que faire ?" mais "A qui imputer ?". Il ne s'agit plus tant de construire ensemble que de savoir qui est responsable des dysfonctionnements.

La bureaucratie managériale en est l'agent. Elle s'infiltre partout et nous commande ce qui doit être et comment faire plus avec moins. On réglemente. On établit des procédures. On impute. On communique. Mais il n'est pas certain que l'on construise ensemble l'avenir du pays.

Le second bouleversement est la désuétude de l'éthique de la responsabilité, qu'il ne faut surtout pas confondre avec la recherche permanente d'un responsable. Cette dernière relève d'une logique d'adjudant en quête de bidasse chargé de corvée. Comme Michel Foucault l'avait clairement pressenti, on a glissé du paradigme du sujet responsable (ou irresponsable s'il est malade) à celui de l'individu dangereux porteur de risques. Malade ou non, il est la nouvelle figure de la peur.

Le vrai responsable, celui à qui il convient d'imputer l'origine du crime, ce n'est donc plus celui qui l'a commis, mais le juge qui l'a libéré, le psychiatre qui a décidé de sa sortie de l'hôpital, ou l'agent de probation qui ne l'a pas suffisamment surveillé... Il suffit de réfléchir quelques secondes pour mesurer combien ce nouveau regard qui déresponsabilise l'auteur pour surresponsabiliser celui qui l'encadre est lourd de conséquences, puisque l'homme criminel n'est plus sujet de ses actes, transférant sur les acteurs du champ social l'opprobre de son geste.

On reconnaît la rhétorique habituelle de notre président : il n'y a pas de fatalisme ; il y a bien un responsable ; il faudra payer ; c'est la règle... Après le musulman, le Rom, c'est le tour du fou dangereux. C'est à lui d'incarner cette peur dont l'Etat sécuritaire a besoin pour s'auto-affirmer. Tous les pervers le savent : c'est aux plus faibles qu'il convient de s'attaquer si l'on veut être certain du résultat.

Dès lors, on comprendra que tous les arguments sensés, tous les développements sur notre histoire prestigieuse, nos valeurs de civilisation, soient de peu de poids. Au contraire, ils renforcent la détermination de ceux auxquels ces critiques s'adressent. Cette loi en discussion, si elle est votée, ne sera que le dernier avatar, affligeant, misérable, d'un système original qui avait fait ses preuves pendant près de deux siècles.

Elle sera appelée à être abrogée, pour ouvrir la voie à une judiciarisation des hospitalisations, comme dans tous les pays de développement comparable au nôtre. Les historiens se demanderont à quoi avait bien pu servir cet intermède législatif imposé contre le consentement de la profession. A des facteurs exclusivement conjoncturels. A pas grand-chose au regard des enjeux fondamentaux que sont, pour toute société, la façon dont elle traite les plus démunis de ses citoyens et l'équilibre fragile et délicat entre la nécessité de soins et le respect des libertés individuelles. C'est ce "pas grand-chose" qui semble caractériser la période que nous traversons.

La "philosophie" qui sous-tend l'ensemble de ce projet de loi est nauséabonde. Il faut le refuser.