La tension monte dans les secteurs psychiatriques
25 février 2011Par david briand
Les personnels des secteurs psychiatriques entament une grève reconductible. Ils dénoncent une réduction budgétaire, synonyme de suppression de postes et de lits.
En l'absence du directeur Alain Debetz, c'est le DRH (directeur des ressources humaines) Rémi Karam (à droite) qui a dialogué avec les syndicalistes et les membres du service psychiatrique au cours d'une discussion animée qui s'est improvisée dans les couloirs de la direction. photo david briand
Les personnels des deux secteurs psychiatriques du centre hospitalier de Saintonge ont débuté, hier, une grève reconductible pour protester contre le plan d'économies de 250 000 euros visant leur secteur. Une mesure qui correspond à la suppression de huit à neuf postes (sur 116) et à la fermeture de neuf lits (sur 59). C'est un courrier envoyé par le directeur du centre hospitalier, Alain Debetz, aux médecins psychiatres, au début du mois, qui a dévoilé ces intentions.
« Casse-toi, pauvre psy ! »
Réunis le 17 février, les personnels des équipes des secteurs 4 et 5 de psychiatrie (1) ont exprimé leur « désaccord ». Le docteur Marie Napoli, psychiatre, juge la mesure d'autant plus « injuste » que les deux secteurs « sont déjà peu dotés au regard d'une moyenne nationale ». En conséquence, un collectif des professionnels du secteur de la psychiatrie a été formé.
Considérant que la situation était bloquée, le collectif a franchi un pas dans la contestation, hier, en investissant le hall du centre hospitalier, en début d'après-midi. Une soixantaine de membres du personnel se sont ainsi retrouvés, à 14 h 30. Sur leurs blouses, des draps, des écriteaux, bon nombre avaient écrit des slogans du type « fermetures de lits = patients en danger » ou plus caustique : « casse-toi, pauvre psy ! »
Le collectif a reçu le soutien des trois organisations syndicales représentatives des personnels non médicaux (la CGT, FO, et Sud) qui ont déposé le préavis de grève reconductible. « Tant que le directeur ne communique pas, le mouvement va prendre de l'ampleur », assurait Marina Lafond, de la CGT (lire par ailleurs), tandis que Philippe Lavalard (FO) stigmatisait « la politique comptable : la seule variable d'ajustement est la suppression des emplois, à raison de 35 000 euros par an pour un poste ».
3 millions d'euros de déficit
Mais davantage que le directeur de l'établissement, c'est l'ARS (agence régionale de santé) chargée de mettre en place la politique de la santé dans la région Poitou-Charentes, qui est dans le viseur.
À la différence d'autres activités hospitalières (la chirurgie par exemple) assujetties depuis 2005 à la tarification à l'activité, la logique de moyens prévaut toujours dans les secteurs de psychiatrie adultes et de pédopsychiatrie. Seulement, si l'ARS a affecté 10 millions d'euros en 2010, 13 millions ont été dépensés, occasionnant un déficit de 3 millions d'euros. C'est la résorption de ce dernier qui est à l'origine de la tension.
« Aucun licenciement »
En l'absence du directeur de l'hôpital, Alain Debetz, en déplacement à La Rochelle, les contestataires ont exigé de débattre avec Rémi Karam, le DRH (directeur des relations humaines) et des affaires médicales, en investissant l'aile de la direction. Ce dernier a ainsi fait face à une trentaine de manifestants dans un couloir.
Dans une ambiance par moments tendue, mais au cours de laquelle chacun a pu exprimer librement ses opinions, M. Karam a justifié l'économie de 250 000 euros, arguant que la direction avait négocié et obtenu de l'ARS l'attribution de lignes budgétaires supplémentaires, réduisant ainsi le déficit à 750 000 euros pour 2011. Il a aussi évoqué la baisse du taux d'occupation des lits, qui rendait « difficile » de ne pas réformer le système (lire ci-dessous). De son côté, le personnel en colère a répliqué que « l'hôpital n'était pas une marchandise ».
Quelques minutes plus tôt, M. Karam avait confié à « Sud Ouest » qu'aucun licenciement ni non reconduction de fin de contrat n'interviendrait. Ces huit ou neuf postes supprimés seront récupérés « dans les 6 à 8 mois avec des départs à la retraite et des redéploiements ». Dans un communiqué transmis à la presse, le directeur Alain Debetz souligne que « la situation financière du centre hospitalier s'est nettement dégradée en 2010, sans perspectives notables d'amélioration pour 2011 ». Et « c'est le manque de financement déjà ancien de la psychiatrie contribuant au déficit » qui a motivé la « recherche » de « pistes de rééquilibrage du budget ». Il devrait le répéter la semaine prochaine à l'intersyndicale et au collectif.
(1) Les secteurs de psychiatrie sont sectorisés autour de bassins géographiques auxquels correspond une équipe pluridisciplinaire (psychiatres, psychologues, infirmiers, assistants sociaux, secrétaires…) Le secteur 4 recoupe un bassin de vie de 56 000 habitants autour de Saint-Jean-d'Angély et le secteur à 70 000 habitants autour de Saintes.
« Casse-toi, pauvre psy ! »
Réunis le 17 février, les personnels des équipes des secteurs 4 et 5 de psychiatrie (1) ont exprimé leur « désaccord ». Le docteur Marie Napoli, psychiatre, juge la mesure d'autant plus « injuste » que les deux secteurs « sont déjà peu dotés au regard d'une moyenne nationale ». En conséquence, un collectif des professionnels du secteur de la psychiatrie a été formé.
Considérant que la situation était bloquée, le collectif a franchi un pas dans la contestation, hier, en investissant le hall du centre hospitalier, en début d'après-midi. Une soixantaine de membres du personnel se sont ainsi retrouvés, à 14 h 30. Sur leurs blouses, des draps, des écriteaux, bon nombre avaient écrit des slogans du type « fermetures de lits = patients en danger » ou plus caustique : « casse-toi, pauvre psy ! »
Le collectif a reçu le soutien des trois organisations syndicales représentatives des personnels non médicaux (la CGT, FO, et Sud) qui ont déposé le préavis de grève reconductible. « Tant que le directeur ne communique pas, le mouvement va prendre de l'ampleur », assurait Marina Lafond, de la CGT (lire par ailleurs), tandis que Philippe Lavalard (FO) stigmatisait « la politique comptable : la seule variable d'ajustement est la suppression des emplois, à raison de 35 000 euros par an pour un poste ».
3 millions d'euros de déficit
Mais davantage que le directeur de l'établissement, c'est l'ARS (agence régionale de santé) chargée de mettre en place la politique de la santé dans la région Poitou-Charentes, qui est dans le viseur.
À la différence d'autres activités hospitalières (la chirurgie par exemple) assujetties depuis 2005 à la tarification à l'activité, la logique de moyens prévaut toujours dans les secteurs de psychiatrie adultes et de pédopsychiatrie. Seulement, si l'ARS a affecté 10 millions d'euros en 2010, 13 millions ont été dépensés, occasionnant un déficit de 3 millions d'euros. C'est la résorption de ce dernier qui est à l'origine de la tension.
« Aucun licenciement »
En l'absence du directeur de l'hôpital, Alain Debetz, en déplacement à La Rochelle, les contestataires ont exigé de débattre avec Rémi Karam, le DRH (directeur des relations humaines) et des affaires médicales, en investissant l'aile de la direction. Ce dernier a ainsi fait face à une trentaine de manifestants dans un couloir.
Dans une ambiance par moments tendue, mais au cours de laquelle chacun a pu exprimer librement ses opinions, M. Karam a justifié l'économie de 250 000 euros, arguant que la direction avait négocié et obtenu de l'ARS l'attribution de lignes budgétaires supplémentaires, réduisant ainsi le déficit à 750 000 euros pour 2011. Il a aussi évoqué la baisse du taux d'occupation des lits, qui rendait « difficile » de ne pas réformer le système (lire ci-dessous). De son côté, le personnel en colère a répliqué que « l'hôpital n'était pas une marchandise ».
Quelques minutes plus tôt, M. Karam avait confié à « Sud Ouest » qu'aucun licenciement ni non reconduction de fin de contrat n'interviendrait. Ces huit ou neuf postes supprimés seront récupérés « dans les 6 à 8 mois avec des départs à la retraite et des redéploiements ». Dans un communiqué transmis à la presse, le directeur Alain Debetz souligne que « la situation financière du centre hospitalier s'est nettement dégradée en 2010, sans perspectives notables d'amélioration pour 2011 ». Et « c'est le manque de financement déjà ancien de la psychiatrie contribuant au déficit » qui a motivé la « recherche » de « pistes de rééquilibrage du budget ». Il devrait le répéter la semaine prochaine à l'intersyndicale et au collectif.
(1) Les secteurs de psychiatrie sont sectorisés autour de bassins géographiques auxquels correspond une équipe pluridisciplinaire (psychiatres, psychologues, infirmiers, assistants sociaux, secrétaires…) Le secteur 4 recoupe un bassin de vie de 56 000 habitants autour de Saint-Jean-d'Angély et le secteur à 70 000 habitants autour de Saintes.