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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 26 février 2011

Comment choisir son psy ?
25.02.11

Gabriella Giandelli

Élodie : Bonjour, je suis suivie par une psychiatre depuis deux ans pour cause de dépression. Mais je ne m'en sors pas. Je fais du surplace depuis deux ans. Lors de mes séances avec ma psychiatre, elle ne me pose aucune question sur mon passé, et je n'ai entamé aucune psychothérapie. Elle me prescrit des antidépresseurs de l'efficacité desquels je doute, car j'ai toujours des angoisses et des insomnies malgré les somnifères. Je souhaiterais savoir si le rôle d'un psychiatre est de prescrire seulement des médicaments et de ne pas faire de thérapie (par manque de temps, je suppose). Merci de me répondre.

La question d'Élodie est pertinente, mais malheureusement trop fréquente, car nombreuses et nombreux sont ceux qui errent dans un "parcours psy" avec des médecins ou des thérapeutes trop "variables".

Pour répondre à cette question, il faut tout d'abord préciser quelques notions, que l'on connaît bien aujourd'hui, que j'ai récemment rappelées dans un livre intitulé Psy, mode d'emploi, sous-titré non sans une pointe d'acidité : "Pour les hommes et les femmes en difficulté de vie… et même les thérapeutes !" En effet de nombreux thérapeutes méconnaissent, ou ne connaissent pas, les règles essentielles des psychothérapies et les connaissances actuelles en matière de psychologie et de psychiatrie. Je ne me place en aucune manière en donneur de leçons, mais les errances des patients dans des parcours psy difficiles sont trop fréquentes.

PSY ET PSY

Il faut déjà distinguer "psy" et "psy", ce terme recouvrant aujourd'hui plusieurs réalités : d'une part, le psychologue, qui est un professionnel spécialisé dans la connaissance du psychisme, son fonctionnement, son évaluation et ses approches thérapeutiques. Il a suivi une longue formation universitaire, il est qualifié dans sa discipline, et, la plupart des psychologues cliniciens sont formés à une méthode psychothérapique, psychanalytique, comportementale ou cognitive. Le psychologue n'est pas médecin, il ne prescrit pas de médicaments.

D'autre part, le psychiatre est un médecin, qui a suivi la formation de médecine générale puis s'est spécialisé dans la connaissance du psychisme et des maladies mentales. C'est une formation universitaire longue qui lui donne une expérience clinique auprès de ses patients. La plupart des médecins psychiatres ont été formés à un mode psychothérapique ou à la psychanalyse. Le psychiatre fait un diagnostic psychiatrique, prescrit des médicaments si nécessaire et accompagne son patient par une psychothérapie appropriée. Il oriente donc le patient vers des traitements, des thérapies ou le plus souvent l'association des deux.

Le psychanalyste, enfin, pratique la psychanalyse. Il a été formé au sein d'une école de psychanalyse par une cure personnelle puis une analyse didactique. C'est une formation longue et exigeante, que suivent beaucoup de psychologues et de psychiatres.
Psychothérapeute n'est pas un titre, c'est plutôt le qualificatif d'un professionnel qui exerce la psychothérapie. En France, pour l'instant, il n'existe pas de réel contrôle de la formation des psychothérapeutes (cela commence à être mis en place), ce qui fait que tout un chacun peut se dire psychothérapeute.

QU'EST CE QUE J'AI ?

L'une des grandes difficultés dans le domaine psy est qu'un diagnostic est rarement fait en raison de la demande précise des patients: "je désire faire une psychothérapie" ; "je veux un traitement" ; "je suis dépressif (ve)" ; "j'ai des crises d'angoisse"… Or, le diagnostic est toujours important, car une part des difficultés personnelles, bien qu'elles aient en général toujours une origine psychologique, peuvent être le signe d'une phase biologique secondaire. C'est le cas de l'épisode dépressif, qui est une réalité biologique méconnue, car l'état de mal-être premier s'est progressivement dégradé et le fonctionnement cérébral n'est plus le même. Cette phase doit être soignée par des médicament appropriés, suffisamment longtemps et donc par un psychiatre. Mais ce diagnostic n'est pas toujours facile à faire. Ce n'est pas parce qu'une personne se dit en dépression qu'elle est dépressive. Le diagnostic de l'épisode dépressif reste donc à faire par un médecin psychiatre. En fonction de cela, il peut instaurer un traitement qui résout la plupart du temps l'épisode. Un travail psychothérapique est en général nécessaire pour permettre de dépasser la crise et de ne pas se retrouver dans les mêmes conditions qui ont amené la décompensation dépressive. Ces deux approches sont complémentaires et peuvent être réalisées par le même psychiatre psychothérapeute. Le travail d'analyse est un peu différent, il ne se fait pas dans une période de crise aiguë, c'est plutôt un travail de réflexion et de connaissance personnelle. Ce n'est pas une démarche réellement médicale.

L'ALLIANCE THÉRAPEUTIQUE

Toutes ces précisions répondent en partie à la question d'Elodie, à qui il faut rappeler encore deux points particulier :
1 - Le silence "total" d'un thérapeute a peu de justifications. Sans que la thérapie soit un échange "de café du Commerce", la réserve du thérapeute permettant au patient d'exprimer son ressenti, il sera tout de même guidé par les réflexions en retour qui lui permettront d'élaborer progressivement sa pensée.
2 - Il est enfin important pour le patient d'oser dire ce qu'il ressent à son thérapeute, notamment s'il ne se trouve pas bien dans les séances, s'il ne comprend pas la démarche psychothérapique. Un remarquable travail comparatif des différents modes de psychothérapies a été fait il y a une dizaine d'années aux États-Unis afin de comprendre quel mode psychothérapique était plus efficace et menait à une issue favorable. En réalité, aucun type particulier de psychothérapie ne s'est révélé être meilleur qu'un autre. Le seul critère de réussite que l'on ait trouvé est que, quelle que soit la méthode, le patient ait senti qu'"il se passait quelque chose" dans les deux ou trois premières séances. C'est ce que l'on appelle l'alliance thérapeutique, qui s'instaure très vite entre le patient et le thérapeute. Si vous n'êtes pas à l'aise avec votre thérapeute, que cela dure, et que vous n'arrivez pas à en parler, il faut réfléchir à la poursuite ou non de ce travail.

* Philippe Brenot, Psy, mode d'emploi. Éditions l'Esprit du temps/PUF, 2007
Le Monde.fr

La famille. Évolution des idées et des pratiques en psychiatrie de secteur

Journée d'étude


Résumé
S’il est impératif aujourd’hui pour la psychiatrie de prendre en compte les familles, il reste à savoir lesquelles et comment. En effet, s’agit-il de la famille agissante à l’intérieur du patient et/ ou celle réelle qui l’accompagne ? Que vient faire le psychiatre ou le thérapeute auprès des familles réelles ? Comment comprendre les liens entre famille et institution ? Quels aspects transculturels sous tendent certains fonctionnements familiaux ? Une journée de réflexion autour des familles, des différentes modalités de travail, des limites et des ouvertures…

Annonce

Argument


Famille lointaine ou trop présente, énigmatique ou accessible, elle sollicite en chacun des soignants représentations et affects. Psychanalystes et systémiciens interrogent la Famille :

   * les uns, à partir des imagos parentales, formations inconscientes qui se sont développées lors du développement du sujet. La mise en mot de ces représentations pourra se faire en traitement  individuel, en thérapie de groupe, en psychodrame.

   * Les autres, en thérapie familiale psychanalytique, où les fantasmes, les places des uns et des autres, les conflits, les représentations… peuvent être évoqués dans ce groupe qu’est la famille. Ce faisant, ils essaieront de dépasser les difficultés individuelles et groupales et de remettre en marche une symbolisation jusqu’alors bloquée

   * Enfin les systémiciens, dans l’interaction entre sujet malade et famille, afin que le regard sur soi et les autres de chaque individu composant le système se transforme. La souplesse retrouvée des échanges va de pair avec la réapparition de la dimension diachronique. Des liens entre l’histoire individuelle et familiale peuvent à nouveau s’opérer. Les interactions se « détoxifient » peu à peu et le symptôme du patient devient alors la métaphore d’une souffrance groupale.

S’il est impératif aujourd’hui pour la psychiatrie de prendre en compte les familles, il reste à savoir lesquelles et comment. En effet, s’agit-il de la famille agissante à l’intérieur du patient et/ ou celle réelle qui l’accompagne ? Que vient faire le psychiatre ou le thérapeute auprès des familles réelles ? Comment comprendre les liens entre famille et institution ? Quels aspects transculturels sous tendent certains fonctionnements familiaux ?

Une journée de réflexion autour des familles, des différentes modalités de travail, des limites et des ouvertures…

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vendredi 25 février 2011

Y aura-t-il un “scandale baclofène” ?

Y aura-t-il un “scandale baclofène”?


Le Dr de Beaurepaire constate que des benzodiazépines sont prescrites en alcoologie sur le long terme, hors AMM. Et n’empêchent pas les rechutes.
Photo Nadji


Malgré la communication intimidante de l'Afssaps, des médecins se sont lancés dans la prescription de baclofène à leurs patients alcooliques depuis la parution du livre d'Olivier Ameisen en 2008. Comme ce dernier, ils constatent l'extraordinaire efficacité de la molécule sur la dépendance à l'alcool et sur d'autres types d'addiction.
Vanessa Boy-Landry

« Un jour, forcément, quelqu'un écrira l'histoire du baclofène. Avec, en toile de fond, cette question, ou plutôt cette énigme: pourquoi des médecins ont pendant si longtemps regardé se dégrader et mourir devant eux des malades alcooliques, alors qu’ils avaient à portée de main un médicament qui les guérissait ? »
Renaud de Beaurepaire, chef du service de psychiatrie à Villejuif, ne mâche pas ses mots quand il renvoie ses confrères au serment qu'ils ont prononcé devant le buste d'Hippocrate! «Les traitements conventionnels n'offrent pas beaucoup plus de réussite, à un an, qu'un placebo. de l'ordre de 20 à 25%.» Le psychiatre a aujourd'hui un recul de deux ans et suit 250 patients. «Seulement 15% ne guérissent pas ; 50%, à un an, ne boivent plus du tout ou modérément. Et environ 30% ont largement diminué leur consommation d'alcool, se sentent mieux, mais boivent encore trop ; soit par manque d'une réelle motivation, soit à cause d'une pathologie psychiatrique.»

Le baclofène n'est pas prescrit par les alcoologues car il n'a pas trouvé grâce aux yeux de l'Afssaps. «Les données de sécurité sont insuffisantes aujourd’hui pour recommander aux médecins de le prescrire», martèle Anne Castot, chef du service de la gestion du risque et de l'information sur le médicament de l’Afssaps. Nous souhaitons qu'une étude démarre, mais nous devons trouver un cadre à sa prescription hors AMM, même dans un essai clinique.»


Annie Rapp: «Sous baclofène, les malades alcooliques retrouvent la liberté»

Pourtant, certains médecins sont passés outre : «Je peux enfin soigner des malades alcooliques», note Annie Rapp, psychiatre à Paris, qui ne travaillait plus avec les malades alcooliques depuis qu’elle avait quitté l’hôpital psychiatrique pour s’installer à son compte. «Je ne voyais pas comment je pouvais les aider. Ça ne marchait jamais, malgré les efforts des malades et des thérapeutes.» Quand elle a découvert l’existence du baclofène, elle a essayé, et n’a pas regretté. «Certains se sentent très soulagés par le médicament tout seul, y compris pour des alcoolismes sévères. Ils sont ahuris de voir tout d'un coup disparaître ce besoin d’alcool qui les a accompagnés toute leur vie! Pour d’autres, c’est plus long et difficile car ne plus absorber cet “alcool-médicament” qui anesthésie peut faire remonter à la surface certaines difficultés. Mais la plupart vont vraiment bien et rapidement! Au-delà de l’abstinence ou de l’indifférence, ils retrouvent la liberté.»

Depuis le jour où un ami proche lui a «avoué» l’alcoolisme de son fils en le priant de le soigner au baclofène, Bernard Jousseaume, médecin généraliste dans le sud-est de la France, est convaincu. Lui qui n’a «jamais sauvé un alcoolique en trente ans», suit aujourd’hui une soixantaine de patients sous baclofène, venus parfois des quatre coins de la France.
Quelles sont donc les réticences des alcoologues à prescrire le baclofène ?

Me Paoletti «Si sous prétexte qu'il n'a pas reçu l'AMM, un médecin ne prescrit pas à son patient un médicament efficace, sa responsabilité pourrait être aussi recherchée»

Est-ce son AMM (Autorisation de mise sur le marché) qui n'a pas pour indication l'alcoolisme? Pourtant, d'après Renaud de Beaurepaire, «les benzodiazépines et les antidépresseurs que prescrivent volontiers les alcoologues, sur le long terme, se font hors AMM. Et n’ont pas donné la preuve d’empêcher les rechutes». A ce sujet, Odile Paoletti, avocate au barreau de Paris, rappelle aux médecins qu’ils sont libres de prescrire hors AMM, sous leur entière responsabilité, et avec circonspection. Mais précise: «Si, sous prétexte qu’un médicament n’a pas reçu l’AMM, vous ne le prescrivez pas à votre patient, alors qu’il aurait pu améliorer son état de santé ou le guérir, votre responsabilité pourrait également être recherchée!»

Est-ce son dosage élevé, également hors AMM, et la crainte d'effets secondaires graves ? Sur ce point, Olivier Ameisen rappelle la longue expérience des neurologues américains qui administrent des doses élevées de baclofène sans jamais avoir observé d'effet secondaire grave ou irréversible. [Lire l'interview d'Olivier Ameisen]
Et si demain le baclofène était reconnu comme le traitement de routine de la maladie alcoolique ? On passerait d'une maladie exclusivement psychiatrisée à une maladie d'origine neurobiologique. Le malade alcoolique, délivré du poids de sa «faute» (celle d'absorber le poison qui le tue) bénéficierait de la même empathie que n'importe quel autre malade. Les médecins prescriraient probablement moins d'antidépresseurs et de neuroleptiques et les hospitalisations ne seraient réservées qu'aux cas les plus sévères. Mais le baclofène ne susciterait ni profit ni honneurs: générique depuis plus de dix ans, son efficacité dans l’alcoolisme a échappé à la filière classique de la découverte médicale. Pas de brevet possible pour les laboratoires ni célébrité qui revienne aux alcoologues réputés ainsi passés à côté de la découverte. Et si c'était cela, le plus vilain défaut du baclofène ?

Pr Michel Lejoyeux: “Ne stigmatisons pas le milieu de l’alcoologie”

Pr Michel Lejoyeux: “Ne stigmatisons pas le milieu de l’alcoologie”
Pr Michel Lejoyeux: « Un médicament ne peut à lui seul traiter un trouble comportemental. »
Photo Nadji




Pr Michel Lejoyeux, président de la Société française d'alcoologie et chef de service de psychiatrie à l'hôpital Bichat livre sa position sur le baclofène dans le traitement de l'alcoolisme.
Vanessa Boy-Landry 


Paris Match. La position de la Société française d’alcoologie (SFA) sur l’utilisation du baclofène pour soigner l’alcoolisme a évolué depuis 2008. Pourquoi ?
Pr Michel Lejoyeux.
Nous ne sommes pas autistes à la SFA ! Nous avons pris connaissance de cas de personnes soignées au baclofène et dont l’état s’est clairement amélioré. Mais on ne peut pas avoir un double discours
sur la pharma­co­vigilance, surtout pas dans le contexte actuel de l’affaire Mediator. C’est pourquoi la SFA souhaite qu’une étude contrôlée soit lancée rapidement. Nos malades, comme tous les autres, méritent une validation scientifique. Les médecins qui prescrivent aujourd’hui le font hors AMM (autorisation de mise sur le marché) et sans validation de la non-toxicité.


A l’inverse, quelle serait la responsabilité d’un médecin qui ne prescrirait pas, hors AMM, un remède, peut-être efficace, à un alcoolique sévère résistant aux traitements conventionnels ?

Je suis pris dans une double inquiétude : je ne peux pas condamner un médecin qui prescrit du baclofène, mais je ne peux pas non plus dire : “Parce qu’il y a eu quelques réussites, prescrivons-le.”


En attendant le lancement et les résultats d’une étude qui aboutiront dans plusieurs années, que faire ?

Il faut vérifier que toutes les techniques psychothérapeutiques et relationnelles, que tous les traitements médicamenteux ont été bien utilisés. Il serait inquiétant qu’un patient reçoive du baclofène en première intention, sans avoir essayé ce qui est validé et reconnu. Nous reconnaissons aujourd’hui un effet positif du baclofène sur la rechute des alcoolo-dépendants après sevrage, mais sans validation scientifique, sa prescription ne peut intervenir qu’après échec des traitements conventionnels et au cas par cas.


Que penser des témoignages qui décrivent cette notion d’indifférence à l’alcool due au baclofène ?
Si elle peut être prouvée par le placebo, je serai ­enthousiaste vis-à-vis du produit. Mais peut-on fonder des recommandations thérapeutiques nationales là-dessus ? J’ai un grand nombre de patients sous psychothérapie qui n’ont plus envie de boire parce qu’ils ont fait ce travail de compréhension des causes qui les ont poussés à boire.

Je ne voudrais pas qu’on oppose un groupe de malades guéris “miraculeusement” à un océan de malades qui se ­débattent dans une alcoologie qui ne peut rien pour eux. Je reconnais que certains malades résistent à tout et, pour ceux-là, on a besoin d’un autre traitement, mais ­intégrons les deux aspects.


« Secrets de nos comportements », Michel Lejoyeux, éd. Plon ;
« Du plaisir à la ­dépendance », Michel Lejoyeux, éd. de La Martinière. Point final



Point final


Un centre de soins ouvert sur la ville
accueil ddu nouveau service

Le 8 mars prochain, une structure originale de consultations et d’hospitalisation psychiatrique de courte durée ouvre dans une nouvelle aile de l’hôpital Saint-Vincent de Paul à Lille. Une avancée considérable des pratiques qui profitera en premier lieu aux usagers.


frédéric Wizla" L’image de la psychiatrie dans la population est associée, pour des raisons liées à l’histoire du traitement de la santé mentale en France, à l’enfermement dans un hôpital psychiatrique. Nous luttons contre cet a priori en inventant des dispositifs tels que les Centres médicaux psychologiques, les Centres d’accueil permanents d’admission, l’hospitalisation à domicile ou encore les familles d’accueil. Le Centre Psychiatrique d’Accueil et d’Admission (CPAA) s’inscrit dans cette évolution. " Pour le docteur Frédéric Wizla, psychiatre à l’Etablissement de santé mentale de l’agglomération lilloise et coordonnateur du CPAA, l’aboutissement de ce projet est une avancée remarquable de la qualité et de la pertinence des soins à la personne.

Banaliser le soin psychiatrique Fruit du rapprochement en un même lieu du Centre d'accueil permanent " Ilot psy " - situé jusqu’alors rue de Wazemmes à Lille - et d’une unité d’hospitalisation de courte durée de 24 lits, l’Unité Pessoa du nom du poète portugais, le CPAA assure deux missions : l’accueil permanent des usagers et, le cas échéant, l’hospitalisation de courte durée. C’est désormais le mode d’entrée privilégié des hospitalisations qui relèvent des quatre secteurs lillois (hormis quelques cas particuliers), une fonction assurée jusqu’alors par l’hôpital Lommelet à Saint-André. Situé au cœur de la ville, il est très facilement accessible. L’ensemble des acteurs impliqués dans les soins d’un patient peuvent s’y rencontrer aisément et rapidement. Implantée au sein d’un hôpital général, cette nouvelle structure contribue à banaliser en quelque sorte le soin psychiatrique.

" Le premier contact avec l’usager, si important pour les soins ultérieurs, ne se fera plus à l’hôpital Lommelet à Saint-André. Grâce au CPAA, des personnes pourront être hospitalisées brièvement, à plusieurs reprises si nécessaire, sans jamais être victimes du stigma de l’" HP ". Un lieu ouvert sur la ville véhicule beaucoup moins de fantasmes. " précise le docteur Wizla.

Une avancée notoire, on l’a compris, dans la pratique d’une psychiatrie " hors les murs ".

CPAA, hôpital Saint-Vincent de Paul, bd de Belfort à Lille. Tél : 03 59 35 28 00.

mercredi 23 février 2011

L'accouchement sous X est dans l'intérêt de l'enfant
08.02.11
 
L'accouchement sous X lèse-t-il les enfants concernés en les privant d'un "droit à connaître leurs origines personnelles" ? La conviction s'en est développée, que relaie un récent rapport parlementaire de Brigitte Barèges ; mais c'est pourtant inexact.
Certains enfants ainsi venus au monde attribuent à ce protocole la raison d'une souffrance qu'ils éprouvent ; or il n'en est pas la cause. La preuve en est qu'une minorité seule des jeunes ainsi nés clame sa colère, certes bruyamment et de manière démonstrative ; une grande majorité demeure cependant silencieuse, parce qu'elle a dépassé depuis longtemps, au sein de la vie familiale qu'a procuré l'adoption, la question suscitée par l'abandon premier.
Cette minorité protestataire n'est pas une avant-garde combative cinglant un préjudice social, comme se plaisent à le considérer des médias friands de causes dont se faire les hérauts ; elle est une fraction qui se débat avec la souffrance commune d'un débat tumultueux avec le milieu familial, identique à celle d'autres jeunes qui n'ont pas connu un abandon originel et donc connaissent leurs génitrice qui est aussi leur mère, mais sont en difficulté relationnelle avec elle.
L'accouchement sous X n'a en rien privé les enfants d'une information utile à leur épanouissement ; les fameuses "origines" se cherchent pour tout un chacun d'entre nous depuis les désirs de nos parents de nous avoir eus comme leur enfant, et non dans une attestation génétique. Il n'y a pas de spécificité au fait d'être "né sous X", et aucun préjudice dès lors qu'a été organisée l'adoption ; l'abandon fut une fracture sans doute, mais il fut un geste louable puisqu'il a donné sa chance à l'enfant et lui a ouvert une vraie destinée dans une autre famille, celle qui construit son identité et forge son origine : l'important est de l'aider à tourner cette page, ce qui est possible par l'aide psychologique, et non de l'y ramener par des décisions sociales inconséquentes, dont la moindre n'a pas été la création d'un Conservatoire national d'accès aux origines personnelles.

LA CONSTITUTION DU LIEN DE FILIATION

Un actuel courant d'opinion dénigre l'accouchement sous X, "spécificité française" taxée d'archaïsme, alors qu'elle est un principe d'inscription de l'enfant  dans sa famille dont la prise en compte, valorisée par la culture française, est un principe flatteur ; des conventions internationales sont convoquées pour plaider un "droit à connaître ses origines personnelles", alors qu'elles résument celle-ci au génétique. Ces appréciations éprises de mœurs anglo-saxonnes en matière familiale oublient les graves travers de celles-ci, n'accordant des droits à l'enfant que pour les avoir préalablement privés de l'essentiel ; la spécificité française est au contraire de se baser sur cet essentiel : la constitution du lien de filiation, qui le fait fils ou fille des ses parents, base de son identité parce que l'enfant grandit depuis les désirs d'être l'enfant attendu par ses parents.

L'"accouchement dans la discrétion" que fait miroiter le récent rapport entraverait cette constitution, en entretenant un fil factice, qui d'abord va gêner la femme qui doit renoncer à devenir la mère de l'enfant pour des raisons personnelles, mais surtout piéger l'enfant, non certes pas celui qui, cas heureusement le plus fréquent, trouvera sa voie dans sa famille adoptive, mais celui, pour qui sont faites les lois, qui s'y trouvera en difficulté : celui ayant du mal à se restaurer dans l'estime de soi mise à mal par l'abandon premier, qui va se précipiter dans le leurre que constitue "la recherche des origines personnelles", hanté du sentiment d'avoir quelque chose à attendre des "retrouvailles". Alors que son enjeu secret est ne parvenir à se pardonner de n'avoir pas été l'enfant attendu par la femme qui le mit au monde, alors qu'il n'y pouvait rien.

L'accouchement sous X, clé de l'adoption plénière, ne prive pas l'enfant ; il permet de l'orienter vers ce qui devient sa filiation effective, pivot de son "origine personnelle", qui repose pour chacun sur la romance, heureuse espérons-le, mais parfois plus irritante, d'avoir été attendu par ceux-là devenus nos parents par le destin. L'anonymat, pour l'accouchement sous X comme pour le don de gamètes, ne constitue en rien un détriment pour les enfants concernés, mais au contraire un facteur essentiel de leur épanouissement. Mais c'est vrai, ceux qui en sont la preuve ne prennent pas part au débat social tonitruant sur le thème. Cet article propose d'écouter leur silence éloquent, signe d'un apaisement propice, avant toute décision hâtive.

Christian Flavigny a publié Parents d'aujourd'hui, enfant de toujours (Armand Colin, 2006), Avis de tempête sur la famille (Albin Michel, 2009) et Et si ma femme était mon père – Les nouvelles familles-gamètes (Éd. LLL, 2010).
Christian Flavigny, psychanalyste, département de psychanalyse de l'enfant, hôpital de la Salpêtrière (Paris)

De la dignité dans l'adoption
22.02.11

Point de vue

Que m'évoque le plaidoyer de M. Flavigny publié le 8 février sur Le Monde.fr ? L'image d'une psychanalyse rétrograde stigmatisant comme pathologiques les revendications citoyennes d'un dialogue sur la pertinence des lois françaises au regard du droit international, des acquis des sciences sociales ; et surtout des voix et des droits de toutes les personnes concernées (parents de naissance, personnes adoptées et parents adoptifs).

Alors, "intérêt de l'enfant" ou intérêt (mal compris) des "psys" ? Ressurgit l'image d'une psychanalyse aliénante qui impute systématiquement au patient un sentiment de culpabilité que le thérapeute se chargerait d'absoudre. On y apprend ainsi que si l'accouchement sous X a constitué une "fracture", il suffit d'aider l'enfant à "tourner la page" (de son sentiment de culpabilité), pour que la fracture se révèle utile à son "épanouissement". Cela défie toute clinique du traumatisme. Enfin s'affirme l'image inquiétante d'une psychanalyse qui, dans le débat politique, prétend à l'expertise en écartant les voix qui s'expriment, pour parler en place de ceux qui se taisent.

De quelle expertise s'agirait-il ? Celle d'une psychanalyse occupée à nier ses fondements, interprétant désormais le silence comme un signe de bonne santé et la parole comme un signe d'égarement ? "Qui ne dit mot consent", dit l'adage populaire. Mais doit-on confondre résignation et santé ? L'expertise d'une psychanalyse aliénante qui donnerait à croire que l'identité du sujet se soutient du seul désir de ses parents – lequel n'entrave jamais la construction du sujet ?

D'une psychanalyse qui tiendrait pour négligeable au regard de la parenté la mise au monde les enfants, niant la dette de vie de tout un chacun ? L'expertise antisociale d'une psychanalyse qui voudrait faire reposer l'adoption plénière sur l'accouchement sous X (sa "clé") : on ne saurait donc plus adopter plénièrement des enfants d'abord reconnus par leurs parents de naissance – pour leur malheur ? L'expertise d'une psychanalyse obscurantiste et rétrograde qui semble ignorer le vrai ressort des conventions internationales – pour mieux en contester la pertinence ? Pourtant ces conventions ne visent nullement à réduire la parenté au génétique, mais à prévenir les trafics d'enfants favorisés par la réduction au silence des parents de naissance, et à organiser le transfert de droits qui fonde humainement l'adoption plénière (ce que la loi française peine à reconnaître).

Que cette image de la psychanalyse trouve la caution de la psychiatrie serait d'autant plus alarmant. Heureusement, la psychiatrie sait montrer un autre visage, et la psychanalyse a aussi un visage plus respectueux de la parole et du droit des gens.

Oui, la psychanalyse, comme tous les champs du savoir, est traversée par des idéologies, qui n'existeraient pas sans ceux qui pensent pouvoir y trouver leur bonheur. Le vrai et le juste peinent à se faire entendre : car ils supposent au moins de peser les arguments de toutes les parties. M. Flavigny reprend les siens à des auteurs que nous connaissons depuis quarante ans. Ils n'ouvrent aucune perspective nouvelle et s'appuient sur une déformation grossière des arguments des tenants d'une plus grande transparence des processus d'adoption au regard des désirs et des droits de chacun.

Nulle part l'adoption ne peut se réduire à des "protocoles". Rien dans l'attention portée à l'éthique de ce processus n'indique un culte quelconque du "génétique".

En fait l'idéologie raciale la plus meurtrière de tous les temps a fondé sa conception de l'adoption (plénière parce que substitutive) sur le déni de la maternité des mères d'origine et leur silence organisé : ce fut la pratique des Lebensborn. L'actualité, en Espagne, nous rappelle à ses conséquences.

Ces Lebensborn furent probablement aussi à l'origine de familles heureuses, mais sans aucun doute de familles silencieuses : ce silence n'ôte rien à l'indignité de ce "protocole", ce n'en est qu'un infâme résultat ! Qu'on se le dise : rien ne favorise davantage l'idolâtrie du tout-génétique que l'occultation des parents de naissance.
 
Pour conclure en deux mots :
 
- Parler de l'unité psycho-somatique dans la construction de l'identité de l'enfant demande de dépasser l'opposition grossière entre filiation génétique et filiation symbolique.
 
- Assurer à chacun le pouvoir d'agir dans la dignité : c'est ce que doit garantir tout protocole qui autorise l'adoption, c'est-à-dire un processus, appuyé sur des actes juridiques, qui engage tout le reste de la vie psychique et sociale de toutes les personnes concernées.
 
Corinne Daubigny est aussi l'auteur de l'ouvrage Les Origines en héritage (Paris, Syros, 1994).
 
Corinne Daubigny, psychanalyste




Les Livres de Philosophie

L'inhumain
Nicolas Grimaldi

Présentation de l’éditeur
Indéfiniment perpétré, le massacre des innocents n’a jamais cessé. Aussi l’histoire de l’inhumain est-elle coextensive à celle de l’humanité. Or le paradoxe de l’inhumain est que chacun croit bien faire en faisant aux autres tout le mal possible.
Il suffit pour cela de ne pas reconnaître son semblable dans l’autre. Car seul est notre semblable celui qui appartient au même monde que nous.
Propre à l’imaginaire de chacun, de chaque parti, de chaque religion, de chaque secte, ce monde intérieur est celui de nos croyances. Quiconque ne les partage pas en est exclu.
Comment aurait-on alors conscience d’être inhumain envers des êtres dont l’humanité ne nous paraît qu’une dérision, une provocation, ou un malentendu de plus ?
Rien ne paraît plus monstrueux. Rien n’est pourtant plus banal.

Janvier 2011 – PUF - Collection "Perspectives critiques" – 17 €


EXIGEONS le retrait de ce projet loi qui va organiser le retour au "grand renfermement"

Nouvel appel des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

Masqué par une appellation toute séduisante : « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.

Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.

Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.

Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Adopté le 26 janvier 2011 en Conseil des Ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.

Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.

Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte.

Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.

En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l’hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes,à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.

Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.

La mystification est totale :

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique.

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité », ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.

Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage.

Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.

Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.

Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueuse des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne.

Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.

Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits-divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.

Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.

Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons au retrait immédiat de ce projet de loi.

SIGNER LA PETITION :
* Le Collectif des 39 s’est constitué le 12 décembre 2008, autour de l’Appel contre La Nuit Sécuritaire signé depuis par près de 30.000 citoyens. Il réunit des professionnels de la psychiatrie tous statuts confondus (en grande majorité), et des personnes du monde de la Culture et des citoyens qui nous ont rejoints.

De : Les 39 Contre la Nuit Sécuritaire
mardi 22 février 2011
Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’État

 « La liberté aussi est thérapeutique »
 Par Yves Gigou
Édition : Contes de la folie ordinaire
22 Février 2011

La justice, les magistrats, les professionnels du monde judiciaire sont attaqués, dénoncés comme coupables des crimes commis, dénigrés, comme jamais. L'école, les enseignants, les parents tout autant. La psychiatrie, les fous, les malades mentaux, les professionnels des soins psychiatriques ne sont pas en reste.

« La liberté aussi est thérapeutique »

Depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de mettre en œuvre son obsession : assimiler les malades mentaux à des délinquants. En février 2007, sous la pression de la mobilisation des professionnels, des associations de familles et d'usagers de la psychiatrie, il a retiré cette disposition de sa loi de Prévention de la Délinquance. En promettant qu'il y reviendrait ....

Ce fut chose faite avec son discours, prononcé le 2 décembre 2008 à l'hôpital Érasme d'Antony en tant que Président de la République. L'auteur de l'Éloge de la Folie qui a donné son nom à cet établissement psychiatrique a dû se retourner dans sa tombe. « Les malades mentaux sont, selon ce Président, potentiellement dangereux, voire criminels ».

Depuis ce discours, le grand renfermement a commencé. Augmentation des chambres d'isolement, construction de murs, élévation des grillages, installation de caméras dans les hôpitaux et même dans certains services! Un budget de 70 millions d'euros a été immédiatement débloqué uniquement pour ces équipements sécuritaires. Les moyens, pour lespersonnels soignants, pour l'amélioration des conditions d'accueil et de soins attendront.

Le pacte républicain qui soutient la séparation des pouvoirs, est rompu : les préfets discréditent les avis des psychiatres, décident contre leur avis. Si l'hospitalisation protège le patient pour des soins, celle-ci devient un enfermement arbitraire quand le préfet refuse la sortie demandée par le psychiatre.

C'est dans ce contexte, dans ce climat délétère et morbide que nous est proposée une modification de la loi de 1990, avec un projet de loi qui donne un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Masqué par une appellation toute séduisante :« Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adoptée au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011,et va être débattu au Parlement au printemps.

Ce texte s'inscrit dans le droit fil du projet sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Explicitement énoncé dans l'exposé des motifs :

« Divers événements dramatiques survenus ces derniers temps attestent de la nécessité, rappelée par le Président de la République, de mieux encadrer les sorties des établissements de santé et d'améliorer la surveillance de certains patients ».

Au sécuritaire, s'associent l'objectif strictement gestionnaire qui met le contenu des soins à l'arrière plan, et l'idéologie du principe de précaution appliquée en contre-point des risques encourus par tout un chacun.

Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l'égard de citoyens souffrants. Dans ce dispositif, seul le trouble à l'ordre public est pris en compte.

Ce projet de loi s'inscrit dans une stratégie de communication qui s'appuie sur l'amalgame « fou - dangerosité », utilisant le désarroi des familles, et la peur dans l'opinion publique. Le recours désormais facile à la disqualification des professionnels, et notamment de ceux qui ont développé des logiques de soins ouvertes et déségrégatives, est sous-jacent dans l'esprit de ce texte, organisé autour de la réduction des soins aux seuls traitements médicamenteux.

Le changement prévu par le gouvernement est une modification sans précédent, un bouleversement sociétal sous la parure d'une meilleure gestion de l'accès aux soins.

Au cœur de ce dispositif, un changement paradigmatique sans précédent : l'institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.

Depuis la loi de 1838, l'hospitalisation seule pouvait faire l'objet d'une contrainte identifiant les soins à un lieu.Ce projet de loi n'identifie plus l'hospitalisation, mais les soins eux-mêmes à la contrainte, les réduisant à une pure surveillance. L'obligation prend le pas sur le contenu même du soin. Cette dérive vers la surveillance, le contrôle des patients penche dangereusement vers des choix totalitaires, des choix «contrôlitaires ». C'est un lourd tribut : le monde de la psychiatrie, la société française sont-ils prêts à s'y soumettre ? à le payer ?

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Alerte sur la psychiatrie infantile

Guyane
18 Février 2011

Christiane Taubira, députée de la première circonscription de Guyane, a adressé un courrier à la Défenseure des enfants dans lequel elle l'alerte sur les conditions d'accueil des mineurs atteints de troubles psychiatriques.

Christiane Taubira indique que « faute de structures adaptées, les mineurs sont accueillis à Cayenne dans le même service que les adultes ». La députée rappelle qu'un bâtiment pouvant abriter quinze mineurs et dix adultes a été construit à Saint-Laurent du Maroni mais qu'il n'a toujours pas été raccordé au réseau électrique depuis sa finition en mars 2010. « Les mineurs sont nombreux à être en grande détresse par désarroi culturel, par addiction à l'alcool ou à la drogue, et les décisions judiciaires placent parfois ces jeunes en grande fragilité dans ces services psychiatrique », regrette Christiane Taubira. La députée réclame de la part de la Défenseure des enfants la tenue d'une expertise. « Je me fais auprès de vous le relais des médecins », précise la parlementaire
Orange news



L'Hôpital psychiatrique appelle à l'aide.

Caraibes

16 Janvier 2011

Le surintendant intérimaire de l'hôpital psychiatrique fait appel à l'aide de bonne volonté de la communauté des affaires locales et aussi aux citoyens privés.

Le directeur de l'hôpital psychiatrique, Marcus Hector parle de la difficulté à trouver un approvisionnement régulier et d'assumer à eux seuls la maintenance de l'établissement. « Non seulement cela fait fortement augmenter le coût de fonctionnement de l'hôpital, mais ces problème entravent sérieusement les efforts de réhabilitation des malades mentaux. » a t-il déclaré.
(The Antigua Observer)


Les ARS ont leur feuille de route

Xavier Bertrand pour la Santé et Roselyne Bachelot pour le Social ont signé les contrats d’objectif pluriannuels des Agences Régionales de Santé jusqu’en 2013. Entre autres objectifs, les ARS devront renforcer l’efficacité de la veille sanitaire, réduire les inégalités territoriales et sociales de santé et «optimiser la permanence de soins.» Des indicateurs ont aussi été adoptés, mesurant par exemple l’amélioration de la participation au dépistage du cancer du sein, le développement de la chirurgie ambulatoire ou la réduction du nombre d’établissements hospitaliers certifiés avec réserve.


Nouvelles psychanalytiques

Pierre Bourdieu et la psychanalyse

Bibliographie établie par : http://pierrebourdieuunhommage.blogspot.com/

Une classe objet, Actes de la recherche en sciences sociales, 1977, Numéro 17-18, pp. 2-5
Le mort saisit le vif, Actes de la recherche en sciences sociales, 1980, Numéro   32-33, pp. 3-14
Le Nord et le Midi : Contribution à une analyse de l'effet Montesquieu, Actes de la recherche en sciences sociales, 1980, Numéro 35, pp. 21-25
Les rites comme actes d'institution, Actes de la recherche en sciences sociales, 1982, Numéro 43, pp. 58-63
L'illusion biographique, Actes de la recherche en sciences sociales, 1986, Numéro 62-63, pp. 69-72 (ajout de José Luis Moreno Pestaña)
La domination masculine, Actes de la recherche en sciences sociales, 1990, Numéro 84, pp. 2-31
« Comprendre », in La Misère du monde, Seuil, 1993
et Jacques Maître, « Avant-propos dialogué » in L’autobiographie d’un paranoïaque, Jacques Maître, Paris, Economica, 1994, pp. V-XXII.
L'inconscient d'école, Actes de la recherche en sciences sociales, 2000, Numéro 135, pp. 3-5
L'objectivation participante, Actes de la recherche en sciences sociales, 2003, Numéro 150, pp. 43-58


L'Académie de médecine veut faciliter l'adoption nationale

© AFP - Bertrand Guay
© AFP - Bertrand Guay
L'Académie nationale de médecine propose de faciliter l'adoption en France, en particulier en accélérant les procédures d'adoption d'enfants en danger, selon un rapport rendu public cette semaine.
Environ 700 enfants sont adoptés chaque année en France tandis que 8.000 familles reçoivent un agrément en vue d'adopter. Sont adoptables les enfants dont les parents ont consenti à l?adoption et les pupilles de l?Etat recueillis par le service de l?aide sociale à l?enfance. Sont aussi adoptables les enfants déclarés abandonnés par décision de justice suite à un désintérêt de leurs parents depuis plus d?un an.
Constatant que l'adoption en France est "difficile", l'Académie de médecine déplore la "complexité" du système, réparti entre plusieurs ministères et les départements.
Ce qui entraîne une "lenteur" du processus: "ce n'est en moyenne qu'après cinq ou six ans de suivi que l'enfant en souffrance peut accéder au statut de pupille de l'Etat", déplore le rapport adopté mardi par l'Académie.
Cette dernière prône donc de "simplifier les structures administratives et judiciaires de prise en charge des enfants en danger et harmoniser leur fonctionnement".
En cas de sévices avérés, "un retrait des droits parentaux qui permet l'adoption doit être, même sans condamnation pénale, prononcé sans délai", poursuit l'Académie de médecine.
Elle estime aussi que "le signalement par le médecin de sévices avérés à l'enfant, laissé actuellement à son appréciation, devrait être obligatoire".
La notion de "désintérêt parental" de l'enfant placé devrait être évaluée plus rapidement, en "six mois".
La complexité de l'adoption avait déjà été pointée par le rapport de Jean-Marie Colombani remis en 2008 au gouvernement, qui avait ensuite promis un projet de loi, prévoyant notamment la simplification des procédures et l'accélération de la déclaration de délaissement.
L'association d'aide aux démunis ATD-Quart Monde s'est à plusieurs reprises montrée inquiète à l'idée que l'on retire trop vite et trop facilement leurs enfants à des familles pour la seule raison qu'elles sont confrontées à des difficultés économiques.
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Les Livres de Psychanalyse

Le livre de pierre. Psychisme et cancer
Louise L. Lambrichs

Mars 2011 – Seuil
La question des rapports entre médecins et psychanalystes dans la prise en charge des malades atteints de cancer conserve aujourd'hui, au-delà des malentendus et des polémiques médiatiques, toute son actualité.
De ce point de vue, Pierre Cazenave, psychiatre psychanalyste atteint lui-même de cancer, décédé en 1995, a permis de soulever une question qui doit demeurer présente aussi bien dans l'espace médical que dans la société. Ce livre, fondé sur des entretiens entre Pierre Cazenave et Louise L. Lambrichs, et qui fut la première pierre du Centre psychisme et cancer (Paris, XIIIe), met en lumière les enjeux théorico-cliniques qui animent la prise en charge de ces malades victimes de pathologies somatiques graves, possiblement mortelles.
Cette édition augmentée apporte au texte initial des éléments nouveaux (préface inédite, longue postface de Françoise Bessis notamment), destinés à nourrir la réflexion tant des malades que des médecins et des cliniciens du psychisme.
Les Livres de Psychanalyse

Masculinités : état des lieux

Daniel Welzer-Lang (dir.)
Mars 2011 – Erès
Historien, psychologues, psychanalyste, sociologues, musicologue, géographe, spécialistes de l'art et des sciences de l'éducation, philosophe, linguiste présentent un état des lieux des études de genre sur les " masculinités ".
Le livre aborde ainsi de vastes domaines des vies masculines : sexualités, vie scolaire, loisirs, musiques urbaines, paternité, homoparentalité, violences, prison, guerre, suicide, art, etc. Il questionne l'avenir des relations homme/femme dans notre société en transition rapide et aborde concrètement certains changements masculins, mais aussi certaines résistances masculines au changement.

L'Établissement public médico-social ouvrira le 1 er septembre - Bouvron

lundi 21 février 2011
Patrick Cornu, directeur général (deuxième à partir de la gauche) indique que des portes ouvertes du nouvel établissement auront lieu en juin. Mercredi dernier, lors d'une réunion publique d'information, Patrick Cornu, directeur général de l'établissement Le Littoral qui chapeaute la structure de Bouvron, a annoncé l'ouverture de l'Etablissement public médico-social (EPMS) pour le 1 er septembre : « Le centre va recevoir 24 résidents permanents et trois en hébergement temporaire. Ce sont des personnes souffrant de doubles inadéquations psychique pour qui, ni le secteur médico-social, ni la psychiatrie n'ont de solutions suffisantes. Ce sont souvent des personnes déjà admises et dont les troubles du comportement pénalisent la vie des autres ». Ces patients ont très peu de projets de sortie, d'où la mise en place de projets de vie à travers cette structure innovante qui répond à leurs besoins. « Ces personnes ont des soins en continu. Ils sont relativement autonomes, mais tous demandent un accompagnement rapproché ».

Christine Aubert, cadre administratif et psychologue, dirigera l'établissement. Elle insiste sur la capacité d'accueil qui va vers les besoins des résidents : « La première chose est de promouvoir la santé et la qualité de vie de ces personnes et s'apprivoiser avec la population, en intégrant, pourquoi pas, certains patients vers des associations locales. Toutes les sorties sont accompagnées et la fermeture du site est plus dirigée vers les résidents eux-mêmes. »


40 emplois


L'établissement qui s'étend sur 2 500 m 2 , se divise en trois unités de neuf chambres avec locaux communs. Une rue centrale intérieure relie l'ensemble. Un partenariat est assuré avec l'EPMS Le Littoral, le CHS de Blain et le centre hospitalier de Saint-Nazaire. Quarante postes seront présents sur place : un médecin psychiatre et un généraliste, des infirmiers, ergothérapeutes et personnel éducatif. Les recrutements auront lieu soit par mutation, soit sur candidature libre, mais les compétences demandées seront très spécifiques pour assurer la bonne marche de ce projet qui, selon Patrick Cornu, « s'annonce très particulier, tant par son échelle, sa situation et les résidents qui vont y vivre longtemps ».

Bilan Annuel du Pôle Santé et Sécurité des Soins

Voici maintenant 2 ans que le Pôle Santé et Sécurité des Soins a été créé au sein du Médiateur de la République. Chargé de renforcer le dialogue entre les usagers du système de soins et les professionnels de santé, il analyse et traite toutes demandes d'information ou réclamations qui mettent en cause le non respect du droit des malades, la qualité du système de santé, la sécurité des soins et l'accès aux soins.

Quelques chiffres pour 2010
• 11 880 contacts au centre d’appels
• 1 400 courriers reçus en cours de traitement
• 282 formulaires web traités
• 39 % des requêtes concernant un évènement indésirables médical ou chirurgical
• 20% des requêtes faisaient état de maltraitance ou de violence

A noter que pour l’année 2010 près de 18% des requêtes proviennent de professionnels, en situation de dialogue bloqué avec un patient, subissant un isolement professionnel après un accident médical, ou menacé dans leur activité… Ils sont à la recherche d’un interlocuteur indépendant et neutre. C’est pourquoi P3S a mis en place au cours de l’année une cellule d’accompagnement et de soutien des professionnels qui intervient dans la prise en charge du stress post traumatique de professionnels confrontés à des situations complexes et sensibles, associées à une rupture de dialogue avec les acteurs concernés sans perspective de solutions.

   *  Télécharger le bilan annuel (PDF - 429.5Ko)

Contact presseChristine Tendel : 06 74 22 75 62
Claire Lancry : 01 55 35 23 14
Nouvelle vague de thérapie cognitive

La troisième génération de psychothérapie cognitivo-comportementale basée sur la pleine conscience a le vent en poupe. Elle peut être proposée dans la prévention des récidives dépressives.


Dans la dépression, la rechute est le problème central car au fil du temps, les évènements de vie de faible intensité sont capables de déclencher des rechutes dépressives. La première hypothèse est que la dépression laisse une cicatrice cognitive qui pousserait à une attitude de dysfonctionnement concernant l’estime de soi. Mais ce modèle a été rejeté car cette hypothèse n’a pas été confirmée. En fait, une explication actuelle se base sur le concept qu’il existe une sélection préférentielle d’évènements négatifs, ce qui introduit un biais de mémorisation chez les dépressifs. Selon Teasdal, une petite humeur triste donnerait plus rapidement accès aux souvenirs négatifs chez les gens qui ont déjà fait un épisode dépressif. D’où un glissement rapide vers la rechute dépressive renforcée par le biais cognitif de l’enchaînement des pensées négatives. Sur cette base de vulnérabilité acquise, les patients ayant souffert de troubles dépressifs ruminent davantage les pensées négatives. « Ils pensent que ruminer servira à résoudre leurs problèmes » indique le Dr Frédéric Mélinand (Toulouse). L’idée des TCC de nouvelle génération est d’amener les patients à avoir une stratégie de coping et de prendre conscience de leurs ruminations mentales. La MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) ou pleine conscience est l’alliance de la pleine conscience et de sciences cognitives. Largement diffusée par Jon Kabat-Zinn (Université de Massachusetts, Etats-Unis), elle comprend des pratiques méditatives permettant de prendre conscience du fonctionnement en « pilotage automatique », des communications interpersonnelles, des ruminations mentales, des émotions en relation avec les sensations corporelles, des habitudes et des encodages comportementaux de la vie quotidienne. Elle se base aussi sur la méditation ancestrale de Vipasana et la pleine conscience. Schématiquement, la pleine conscience se pratique en portant son attention, intentionnellement, au moment présent, sans juger, sur l’expérience qui se déploie. Ces maîtres mots sont : attention, intention et attitude. Il ne faut pas attendre de résultat immédiat ni d’état de relaxation mais plutôt penser « Je m’autorise à faire l’expérience pour arriver à une re-perception ». Pour le Dr Frédéric Melinand (Toulouse), « Les pensées deviennent un simple sujet d’observation et ce qui est original, c’est qu’on ne discute pas le contenu de la pensée, c’est un simple procès mental à contrôler ». Le focus attentionnel a pour objectif de faire prendre conscience des pensées négatives et de générer un autre comportement. La MBCT ne traite pas l’épisode aigu mais elle est un axe de traitement pour la prévention des rechutes. Les meilleurs répondeurs sont ceux qui présentent des troubles anxieux car le programme s’inspire d’une thérapie à destination de ce type de patients. Ces patients s’approprient bien ce genre de programme puisque 43 % des patients qui le débutent ont une pratique régulière au bout de 48 semaines. En revanche, les patients déprimés ayant un ralentissement cognitif ont beaucoup de difficultés avec ce programme-là. « La troisième vague de TCC est un nouveau paradigme avec des notions importantes d’acceptation et d’engagement » a conclu le spécialiste.

Dossier réalisé par Muriel Gevrey

lundi 21 février 2011

cyberpresse.ca

L'électrostimulation demeure une pratique controversée


En un peu plus de 20 ans, plus de 75 000 patients souffrant de la maladie de Parkinson ont reçu un électrostimulateur dans leur cerveau, par l'entremise d'une chirurgie.

(Washington) La plus importante rencontre scientifique généraliste de la planète bat son plein. Plus de 6000 chercheurs du monde entier participent à 150 symposiums sur les questions de l'heure, du réchauffement de la planète à la lobotomie en passant par la crise alimentaire. La Presse couvre l'événement à Washington.

Depuis le début du millénaire, la neurochirurgie fait un retour en psychiatrie. Les temps ne sont plus à la lobotomie. Mais même si elles sont moins invasives, les nouvelles techniques sèment la controverse.

En un peu plus de 20 ans, plus de 75 000 patients souffrant de la maladie de Parkinson ont reçu un électrostimulateur dans leur cerveau, par l'entremise d'une chirurgie. La technique est utilisée expérimentalement depuis une demi-douzaine d'années pour des maladies psychiatriques allant de la dépression à la compulsion, en passant par le syndrome de la Tourette. Les autorités médicales américaines permettent même l'électrostimulation cérébrale depuis 2009 pour des patients sévèrement atteints de trouble obsessif compulsif (TOC).

«Nous devons tenir compte de l'histoire très négative entourant les traitements physiques des maladies mentales», explique Joseph Fins, spécialiste de bioéthique à l'Université Cornell de New York. «Le public n'a entendu que les histoires d'horreur. Mais dès les années 70, les comités gouvernementaux américains qui se sont penchés sur la neurochirurgie en psychiatrie ont dû admettre qu'il existait certaines indications de traitement.»

Le Dr Fins s'est aussi penché sur les électrochocs, signant dans le dernier numéro de la Revue canadienne de psychiatrie un éditorial en faveur de cette technique. Au Canada, l'électrostimulation cérébrale est utilisée pour le Parkinson, et des programmes de recherche sur son utilisation pour la dépression et l'alzheimer existent à l'Université de Toronto.

Améliorations


Au fil de 11 ans d'essais cliniques sur 50 patients souffrant de TOC, Benjamin Greenberg, de l'Univesité Brown, au Rhode Island, a vu des améliorations moyennes de 25% dans la sévérité des symptômes. «Il faut réserver l'électrostimulation aux patients qui ont tout essayé sans que ça ne fonctionne, et qui sont sévèrement handicapés. On parle de gens qui passent leur journée, de l'aube jusqu'à tard dans la nuit, à vérifier et réarranger l'ordre de certains objets pour calmer leurs anxiétés.»

Le taux de défaillances techniques - des électrodes qui se brisent - est d'entre 0,2% et 0,4% par année, selon le Dr Greenberg. Michael Okun, neurologue à l'Université de Floride, ajoute qu'environ 5% des patients ont des infections ou des hémorragies dues à l'implantation des électrodes.

Même portrait pour la dépression, selon Helen Mayberg, neuropsychologue à l'Université Emory à Atlanta. «Il faut que les patients aient tout essayé et il faut les surveiller étroitement par après, dit le Dr Mayberg. Il peut y avoir des effets secondaires négatifs, des tentatives de suicide. Il faut que les patients continuent à prendre leur médication. Et il faut s'occuper de réadaptation: ce n'est pas tout d'avoir moins de pensées négatives ou plus de pensées positives, il faut réapprendre à fonctionner socialement, tout comme un patient ayant une opération de la hanche après avoir passé des années en fauteuil roulant doit réapprendre à marcher. Les patients ont parfois des attentes trop hautes face au traitement.»

Le Dr Fins estime quant à lui que la recherche est trop dépendante du financement industriel. «Les organismes publics ne veulent pas toucher à ce domaine de recherche, dit le Dr Fins. C'est une erreur. La Food and Drug Administration (FDA) a autorisé l'électrostimulation pour les TOC avec un programme spécial pour les maladies «orphelines», qui touchent moins de 4000 patients aux États-Unis et qui n'attirent donc pas assez de financement de recherche. Cela limite les possibilités de monter des projets de recherches solides qui établiront l'efficacité de l'électrostimulation. Et il pourrait y avoir des problèmes de fiabilité, comme ça a été le cas pour d'autres appareils médicaux approuvés dans le cadre du programme des maladies orphelines.»
Mathieu Perreault
Publié le 19 février 2011