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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 23 février 2011

EXIGEONS le retrait de ce projet loi qui va organiser le retour au "grand renfermement"

Nouvel appel des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

Masqué par une appellation toute séduisante : « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.

Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.

Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.

Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Adopté le 26 janvier 2011 en Conseil des Ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.

Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.

Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte.

Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.

En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l’hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes,à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.

Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.

La mystification est totale :

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique.

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité », ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.

Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage.

Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.

Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.

Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueuse des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne.

Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.

Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits-divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.

Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.

Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons au retrait immédiat de ce projet de loi.

SIGNER LA PETITION :
* Le Collectif des 39 s’est constitué le 12 décembre 2008, autour de l’Appel contre La Nuit Sécuritaire signé depuis par près de 30.000 citoyens. Il réunit des professionnels de la psychiatrie tous statuts confondus (en grande majorité), et des personnes du monde de la Culture et des citoyens qui nous ont rejoints.

De : Les 39 Contre la Nuit Sécuritaire
mardi 22 février 2011
Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’État

 « La liberté aussi est thérapeutique »
 Par Yves Gigou
Édition : Contes de la folie ordinaire
22 Février 2011

La justice, les magistrats, les professionnels du monde judiciaire sont attaqués, dénoncés comme coupables des crimes commis, dénigrés, comme jamais. L'école, les enseignants, les parents tout autant. La psychiatrie, les fous, les malades mentaux, les professionnels des soins psychiatriques ne sont pas en reste.

« La liberté aussi est thérapeutique »

Depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de mettre en œuvre son obsession : assimiler les malades mentaux à des délinquants. En février 2007, sous la pression de la mobilisation des professionnels, des associations de familles et d'usagers de la psychiatrie, il a retiré cette disposition de sa loi de Prévention de la Délinquance. En promettant qu'il y reviendrait ....

Ce fut chose faite avec son discours, prononcé le 2 décembre 2008 à l'hôpital Érasme d'Antony en tant que Président de la République. L'auteur de l'Éloge de la Folie qui a donné son nom à cet établissement psychiatrique a dû se retourner dans sa tombe. « Les malades mentaux sont, selon ce Président, potentiellement dangereux, voire criminels ».

Depuis ce discours, le grand renfermement a commencé. Augmentation des chambres d'isolement, construction de murs, élévation des grillages, installation de caméras dans les hôpitaux et même dans certains services! Un budget de 70 millions d'euros a été immédiatement débloqué uniquement pour ces équipements sécuritaires. Les moyens, pour lespersonnels soignants, pour l'amélioration des conditions d'accueil et de soins attendront.

Le pacte républicain qui soutient la séparation des pouvoirs, est rompu : les préfets discréditent les avis des psychiatres, décident contre leur avis. Si l'hospitalisation protège le patient pour des soins, celle-ci devient un enfermement arbitraire quand le préfet refuse la sortie demandée par le psychiatre.

C'est dans ce contexte, dans ce climat délétère et morbide que nous est proposée une modification de la loi de 1990, avec un projet de loi qui donne un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Masqué par une appellation toute séduisante :« Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adoptée au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011,et va être débattu au Parlement au printemps.

Ce texte s'inscrit dans le droit fil du projet sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Explicitement énoncé dans l'exposé des motifs :

« Divers événements dramatiques survenus ces derniers temps attestent de la nécessité, rappelée par le Président de la République, de mieux encadrer les sorties des établissements de santé et d'améliorer la surveillance de certains patients ».

Au sécuritaire, s'associent l'objectif strictement gestionnaire qui met le contenu des soins à l'arrière plan, et l'idéologie du principe de précaution appliquée en contre-point des risques encourus par tout un chacun.

Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l'égard de citoyens souffrants. Dans ce dispositif, seul le trouble à l'ordre public est pris en compte.

Ce projet de loi s'inscrit dans une stratégie de communication qui s'appuie sur l'amalgame « fou - dangerosité », utilisant le désarroi des familles, et la peur dans l'opinion publique. Le recours désormais facile à la disqualification des professionnels, et notamment de ceux qui ont développé des logiques de soins ouvertes et déségrégatives, est sous-jacent dans l'esprit de ce texte, organisé autour de la réduction des soins aux seuls traitements médicamenteux.

Le changement prévu par le gouvernement est une modification sans précédent, un bouleversement sociétal sous la parure d'une meilleure gestion de l'accès aux soins.

Au cœur de ce dispositif, un changement paradigmatique sans précédent : l'institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.

Depuis la loi de 1838, l'hospitalisation seule pouvait faire l'objet d'une contrainte identifiant les soins à un lieu.Ce projet de loi n'identifie plus l'hospitalisation, mais les soins eux-mêmes à la contrainte, les réduisant à une pure surveillance. L'obligation prend le pas sur le contenu même du soin. Cette dérive vers la surveillance, le contrôle des patients penche dangereusement vers des choix totalitaires, des choix «contrôlitaires ». C'est un lourd tribut : le monde de la psychiatrie, la société française sont-ils prêts à s'y soumettre ? à le payer ?

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Alerte sur la psychiatrie infantile

Guyane
18 Février 2011

Christiane Taubira, députée de la première circonscription de Guyane, a adressé un courrier à la Défenseure des enfants dans lequel elle l'alerte sur les conditions d'accueil des mineurs atteints de troubles psychiatriques.

Christiane Taubira indique que « faute de structures adaptées, les mineurs sont accueillis à Cayenne dans le même service que les adultes ». La députée rappelle qu'un bâtiment pouvant abriter quinze mineurs et dix adultes a été construit à Saint-Laurent du Maroni mais qu'il n'a toujours pas été raccordé au réseau électrique depuis sa finition en mars 2010. « Les mineurs sont nombreux à être en grande détresse par désarroi culturel, par addiction à l'alcool ou à la drogue, et les décisions judiciaires placent parfois ces jeunes en grande fragilité dans ces services psychiatrique », regrette Christiane Taubira. La députée réclame de la part de la Défenseure des enfants la tenue d'une expertise. « Je me fais auprès de vous le relais des médecins », précise la parlementaire
Orange news



L'Hôpital psychiatrique appelle à l'aide.

Caraibes

16 Janvier 2011

Le surintendant intérimaire de l'hôpital psychiatrique fait appel à l'aide de bonne volonté de la communauté des affaires locales et aussi aux citoyens privés.

Le directeur de l'hôpital psychiatrique, Marcus Hector parle de la difficulté à trouver un approvisionnement régulier et d'assumer à eux seuls la maintenance de l'établissement. « Non seulement cela fait fortement augmenter le coût de fonctionnement de l'hôpital, mais ces problème entravent sérieusement les efforts de réhabilitation des malades mentaux. » a t-il déclaré.
(The Antigua Observer)


Les ARS ont leur feuille de route

Xavier Bertrand pour la Santé et Roselyne Bachelot pour le Social ont signé les contrats d’objectif pluriannuels des Agences Régionales de Santé jusqu’en 2013. Entre autres objectifs, les ARS devront renforcer l’efficacité de la veille sanitaire, réduire les inégalités territoriales et sociales de santé et «optimiser la permanence de soins.» Des indicateurs ont aussi été adoptés, mesurant par exemple l’amélioration de la participation au dépistage du cancer du sein, le développement de la chirurgie ambulatoire ou la réduction du nombre d’établissements hospitaliers certifiés avec réserve.


Nouvelles psychanalytiques

Pierre Bourdieu et la psychanalyse

Bibliographie établie par : http://pierrebourdieuunhommage.blogspot.com/

Une classe objet, Actes de la recherche en sciences sociales, 1977, Numéro 17-18, pp. 2-5
Le mort saisit le vif, Actes de la recherche en sciences sociales, 1980, Numéro   32-33, pp. 3-14
Le Nord et le Midi : Contribution à une analyse de l'effet Montesquieu, Actes de la recherche en sciences sociales, 1980, Numéro 35, pp. 21-25
Les rites comme actes d'institution, Actes de la recherche en sciences sociales, 1982, Numéro 43, pp. 58-63
L'illusion biographique, Actes de la recherche en sciences sociales, 1986, Numéro 62-63, pp. 69-72 (ajout de José Luis Moreno Pestaña)
La domination masculine, Actes de la recherche en sciences sociales, 1990, Numéro 84, pp. 2-31
« Comprendre », in La Misère du monde, Seuil, 1993
et Jacques Maître, « Avant-propos dialogué » in L’autobiographie d’un paranoïaque, Jacques Maître, Paris, Economica, 1994, pp. V-XXII.
L'inconscient d'école, Actes de la recherche en sciences sociales, 2000, Numéro 135, pp. 3-5
L'objectivation participante, Actes de la recherche en sciences sociales, 2003, Numéro 150, pp. 43-58


L'Académie de médecine veut faciliter l'adoption nationale

© AFP - Bertrand Guay
© AFP - Bertrand Guay
L'Académie nationale de médecine propose de faciliter l'adoption en France, en particulier en accélérant les procédures d'adoption d'enfants en danger, selon un rapport rendu public cette semaine.
Environ 700 enfants sont adoptés chaque année en France tandis que 8.000 familles reçoivent un agrément en vue d'adopter. Sont adoptables les enfants dont les parents ont consenti à l?adoption et les pupilles de l?Etat recueillis par le service de l?aide sociale à l?enfance. Sont aussi adoptables les enfants déclarés abandonnés par décision de justice suite à un désintérêt de leurs parents depuis plus d?un an.
Constatant que l'adoption en France est "difficile", l'Académie de médecine déplore la "complexité" du système, réparti entre plusieurs ministères et les départements.
Ce qui entraîne une "lenteur" du processus: "ce n'est en moyenne qu'après cinq ou six ans de suivi que l'enfant en souffrance peut accéder au statut de pupille de l'Etat", déplore le rapport adopté mardi par l'Académie.
Cette dernière prône donc de "simplifier les structures administratives et judiciaires de prise en charge des enfants en danger et harmoniser leur fonctionnement".
En cas de sévices avérés, "un retrait des droits parentaux qui permet l'adoption doit être, même sans condamnation pénale, prononcé sans délai", poursuit l'Académie de médecine.
Elle estime aussi que "le signalement par le médecin de sévices avérés à l'enfant, laissé actuellement à son appréciation, devrait être obligatoire".
La notion de "désintérêt parental" de l'enfant placé devrait être évaluée plus rapidement, en "six mois".
La complexité de l'adoption avait déjà été pointée par le rapport de Jean-Marie Colombani remis en 2008 au gouvernement, qui avait ensuite promis un projet de loi, prévoyant notamment la simplification des procédures et l'accélération de la déclaration de délaissement.
L'association d'aide aux démunis ATD-Quart Monde s'est à plusieurs reprises montrée inquiète à l'idée que l'on retire trop vite et trop facilement leurs enfants à des familles pour la seule raison qu'elles sont confrontées à des difficultés économiques.
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Les Livres de Psychanalyse

Le livre de pierre. Psychisme et cancer
Louise L. Lambrichs

Mars 2011 – Seuil
La question des rapports entre médecins et psychanalystes dans la prise en charge des malades atteints de cancer conserve aujourd'hui, au-delà des malentendus et des polémiques médiatiques, toute son actualité.
De ce point de vue, Pierre Cazenave, psychiatre psychanalyste atteint lui-même de cancer, décédé en 1995, a permis de soulever une question qui doit demeurer présente aussi bien dans l'espace médical que dans la société. Ce livre, fondé sur des entretiens entre Pierre Cazenave et Louise L. Lambrichs, et qui fut la première pierre du Centre psychisme et cancer (Paris, XIIIe), met en lumière les enjeux théorico-cliniques qui animent la prise en charge de ces malades victimes de pathologies somatiques graves, possiblement mortelles.
Cette édition augmentée apporte au texte initial des éléments nouveaux (préface inédite, longue postface de Françoise Bessis notamment), destinés à nourrir la réflexion tant des malades que des médecins et des cliniciens du psychisme.
Les Livres de Psychanalyse

Masculinités : état des lieux

Daniel Welzer-Lang (dir.)
Mars 2011 – Erès
Historien, psychologues, psychanalyste, sociologues, musicologue, géographe, spécialistes de l'art et des sciences de l'éducation, philosophe, linguiste présentent un état des lieux des études de genre sur les " masculinités ".
Le livre aborde ainsi de vastes domaines des vies masculines : sexualités, vie scolaire, loisirs, musiques urbaines, paternité, homoparentalité, violences, prison, guerre, suicide, art, etc. Il questionne l'avenir des relations homme/femme dans notre société en transition rapide et aborde concrètement certains changements masculins, mais aussi certaines résistances masculines au changement.

L'Établissement public médico-social ouvrira le 1 er septembre - Bouvron

lundi 21 février 2011
Patrick Cornu, directeur général (deuxième à partir de la gauche) indique que des portes ouvertes du nouvel établissement auront lieu en juin. Mercredi dernier, lors d'une réunion publique d'information, Patrick Cornu, directeur général de l'établissement Le Littoral qui chapeaute la structure de Bouvron, a annoncé l'ouverture de l'Etablissement public médico-social (EPMS) pour le 1 er septembre : « Le centre va recevoir 24 résidents permanents et trois en hébergement temporaire. Ce sont des personnes souffrant de doubles inadéquations psychique pour qui, ni le secteur médico-social, ni la psychiatrie n'ont de solutions suffisantes. Ce sont souvent des personnes déjà admises et dont les troubles du comportement pénalisent la vie des autres ». Ces patients ont très peu de projets de sortie, d'où la mise en place de projets de vie à travers cette structure innovante qui répond à leurs besoins. « Ces personnes ont des soins en continu. Ils sont relativement autonomes, mais tous demandent un accompagnement rapproché ».

Christine Aubert, cadre administratif et psychologue, dirigera l'établissement. Elle insiste sur la capacité d'accueil qui va vers les besoins des résidents : « La première chose est de promouvoir la santé et la qualité de vie de ces personnes et s'apprivoiser avec la population, en intégrant, pourquoi pas, certains patients vers des associations locales. Toutes les sorties sont accompagnées et la fermeture du site est plus dirigée vers les résidents eux-mêmes. »


40 emplois


L'établissement qui s'étend sur 2 500 m 2 , se divise en trois unités de neuf chambres avec locaux communs. Une rue centrale intérieure relie l'ensemble. Un partenariat est assuré avec l'EPMS Le Littoral, le CHS de Blain et le centre hospitalier de Saint-Nazaire. Quarante postes seront présents sur place : un médecin psychiatre et un généraliste, des infirmiers, ergothérapeutes et personnel éducatif. Les recrutements auront lieu soit par mutation, soit sur candidature libre, mais les compétences demandées seront très spécifiques pour assurer la bonne marche de ce projet qui, selon Patrick Cornu, « s'annonce très particulier, tant par son échelle, sa situation et les résidents qui vont y vivre longtemps ».

Bilan Annuel du Pôle Santé et Sécurité des Soins

Voici maintenant 2 ans que le Pôle Santé et Sécurité des Soins a été créé au sein du Médiateur de la République. Chargé de renforcer le dialogue entre les usagers du système de soins et les professionnels de santé, il analyse et traite toutes demandes d'information ou réclamations qui mettent en cause le non respect du droit des malades, la qualité du système de santé, la sécurité des soins et l'accès aux soins.

Quelques chiffres pour 2010
• 11 880 contacts au centre d’appels
• 1 400 courriers reçus en cours de traitement
• 282 formulaires web traités
• 39 % des requêtes concernant un évènement indésirables médical ou chirurgical
• 20% des requêtes faisaient état de maltraitance ou de violence

A noter que pour l’année 2010 près de 18% des requêtes proviennent de professionnels, en situation de dialogue bloqué avec un patient, subissant un isolement professionnel après un accident médical, ou menacé dans leur activité… Ils sont à la recherche d’un interlocuteur indépendant et neutre. C’est pourquoi P3S a mis en place au cours de l’année une cellule d’accompagnement et de soutien des professionnels qui intervient dans la prise en charge du stress post traumatique de professionnels confrontés à des situations complexes et sensibles, associées à une rupture de dialogue avec les acteurs concernés sans perspective de solutions.

   *  Télécharger le bilan annuel (PDF - 429.5Ko)

Contact presseChristine Tendel : 06 74 22 75 62
Claire Lancry : 01 55 35 23 14
Nouvelle vague de thérapie cognitive

La troisième génération de psychothérapie cognitivo-comportementale basée sur la pleine conscience a le vent en poupe. Elle peut être proposée dans la prévention des récidives dépressives.


Dans la dépression, la rechute est le problème central car au fil du temps, les évènements de vie de faible intensité sont capables de déclencher des rechutes dépressives. La première hypothèse est que la dépression laisse une cicatrice cognitive qui pousserait à une attitude de dysfonctionnement concernant l’estime de soi. Mais ce modèle a été rejeté car cette hypothèse n’a pas été confirmée. En fait, une explication actuelle se base sur le concept qu’il existe une sélection préférentielle d’évènements négatifs, ce qui introduit un biais de mémorisation chez les dépressifs. Selon Teasdal, une petite humeur triste donnerait plus rapidement accès aux souvenirs négatifs chez les gens qui ont déjà fait un épisode dépressif. D’où un glissement rapide vers la rechute dépressive renforcée par le biais cognitif de l’enchaînement des pensées négatives. Sur cette base de vulnérabilité acquise, les patients ayant souffert de troubles dépressifs ruminent davantage les pensées négatives. « Ils pensent que ruminer servira à résoudre leurs problèmes » indique le Dr Frédéric Mélinand (Toulouse). L’idée des TCC de nouvelle génération est d’amener les patients à avoir une stratégie de coping et de prendre conscience de leurs ruminations mentales. La MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) ou pleine conscience est l’alliance de la pleine conscience et de sciences cognitives. Largement diffusée par Jon Kabat-Zinn (Université de Massachusetts, Etats-Unis), elle comprend des pratiques méditatives permettant de prendre conscience du fonctionnement en « pilotage automatique », des communications interpersonnelles, des ruminations mentales, des émotions en relation avec les sensations corporelles, des habitudes et des encodages comportementaux de la vie quotidienne. Elle se base aussi sur la méditation ancestrale de Vipasana et la pleine conscience. Schématiquement, la pleine conscience se pratique en portant son attention, intentionnellement, au moment présent, sans juger, sur l’expérience qui se déploie. Ces maîtres mots sont : attention, intention et attitude. Il ne faut pas attendre de résultat immédiat ni d’état de relaxation mais plutôt penser « Je m’autorise à faire l’expérience pour arriver à une re-perception ». Pour le Dr Frédéric Melinand (Toulouse), « Les pensées deviennent un simple sujet d’observation et ce qui est original, c’est qu’on ne discute pas le contenu de la pensée, c’est un simple procès mental à contrôler ». Le focus attentionnel a pour objectif de faire prendre conscience des pensées négatives et de générer un autre comportement. La MBCT ne traite pas l’épisode aigu mais elle est un axe de traitement pour la prévention des rechutes. Les meilleurs répondeurs sont ceux qui présentent des troubles anxieux car le programme s’inspire d’une thérapie à destination de ce type de patients. Ces patients s’approprient bien ce genre de programme puisque 43 % des patients qui le débutent ont une pratique régulière au bout de 48 semaines. En revanche, les patients déprimés ayant un ralentissement cognitif ont beaucoup de difficultés avec ce programme-là. « La troisième vague de TCC est un nouveau paradigme avec des notions importantes d’acceptation et d’engagement » a conclu le spécialiste.

Dossier réalisé par Muriel Gevrey

lundi 21 février 2011

cyberpresse.ca

L'électrostimulation demeure une pratique controversée


En un peu plus de 20 ans, plus de 75 000 patients souffrant de la maladie de Parkinson ont reçu un électrostimulateur dans leur cerveau, par l'entremise d'une chirurgie.

(Washington) La plus importante rencontre scientifique généraliste de la planète bat son plein. Plus de 6000 chercheurs du monde entier participent à 150 symposiums sur les questions de l'heure, du réchauffement de la planète à la lobotomie en passant par la crise alimentaire. La Presse couvre l'événement à Washington.

Depuis le début du millénaire, la neurochirurgie fait un retour en psychiatrie. Les temps ne sont plus à la lobotomie. Mais même si elles sont moins invasives, les nouvelles techniques sèment la controverse.

En un peu plus de 20 ans, plus de 75 000 patients souffrant de la maladie de Parkinson ont reçu un électrostimulateur dans leur cerveau, par l'entremise d'une chirurgie. La technique est utilisée expérimentalement depuis une demi-douzaine d'années pour des maladies psychiatriques allant de la dépression à la compulsion, en passant par le syndrome de la Tourette. Les autorités médicales américaines permettent même l'électrostimulation cérébrale depuis 2009 pour des patients sévèrement atteints de trouble obsessif compulsif (TOC).

«Nous devons tenir compte de l'histoire très négative entourant les traitements physiques des maladies mentales», explique Joseph Fins, spécialiste de bioéthique à l'Université Cornell de New York. «Le public n'a entendu que les histoires d'horreur. Mais dès les années 70, les comités gouvernementaux américains qui se sont penchés sur la neurochirurgie en psychiatrie ont dû admettre qu'il existait certaines indications de traitement.»

Le Dr Fins s'est aussi penché sur les électrochocs, signant dans le dernier numéro de la Revue canadienne de psychiatrie un éditorial en faveur de cette technique. Au Canada, l'électrostimulation cérébrale est utilisée pour le Parkinson, et des programmes de recherche sur son utilisation pour la dépression et l'alzheimer existent à l'Université de Toronto.

Améliorations


Au fil de 11 ans d'essais cliniques sur 50 patients souffrant de TOC, Benjamin Greenberg, de l'Univesité Brown, au Rhode Island, a vu des améliorations moyennes de 25% dans la sévérité des symptômes. «Il faut réserver l'électrostimulation aux patients qui ont tout essayé sans que ça ne fonctionne, et qui sont sévèrement handicapés. On parle de gens qui passent leur journée, de l'aube jusqu'à tard dans la nuit, à vérifier et réarranger l'ordre de certains objets pour calmer leurs anxiétés.»

Le taux de défaillances techniques - des électrodes qui se brisent - est d'entre 0,2% et 0,4% par année, selon le Dr Greenberg. Michael Okun, neurologue à l'Université de Floride, ajoute qu'environ 5% des patients ont des infections ou des hémorragies dues à l'implantation des électrodes.

Même portrait pour la dépression, selon Helen Mayberg, neuropsychologue à l'Université Emory à Atlanta. «Il faut que les patients aient tout essayé et il faut les surveiller étroitement par après, dit le Dr Mayberg. Il peut y avoir des effets secondaires négatifs, des tentatives de suicide. Il faut que les patients continuent à prendre leur médication. Et il faut s'occuper de réadaptation: ce n'est pas tout d'avoir moins de pensées négatives ou plus de pensées positives, il faut réapprendre à fonctionner socialement, tout comme un patient ayant une opération de la hanche après avoir passé des années en fauteuil roulant doit réapprendre à marcher. Les patients ont parfois des attentes trop hautes face au traitement.»

Le Dr Fins estime quant à lui que la recherche est trop dépendante du financement industriel. «Les organismes publics ne veulent pas toucher à ce domaine de recherche, dit le Dr Fins. C'est une erreur. La Food and Drug Administration (FDA) a autorisé l'électrostimulation pour les TOC avec un programme spécial pour les maladies «orphelines», qui touchent moins de 4000 patients aux États-Unis et qui n'attirent donc pas assez de financement de recherche. Cela limite les possibilités de monter des projets de recherches solides qui établiront l'efficacité de l'électrostimulation. Et il pourrait y avoir des problèmes de fiabilité, comme ça a été le cas pour d'autres appareils médicaux approuvés dans le cadre du programme des maladies orphelines.»
Mathieu Perreault
Publié le 19 février 2011






Il faut protéger la petite enfance du sécuritaire
18.02.11

Point de vue

Sept ans après son premier rapport où il avait "inventé" l'idée fallacieuse du dépistage dès la crèche des bébés agités pour prévenir la délinquance, Jacques-Alain Benisti récidive dans un second rapport sur la prévention de la délinquance des jeunes. On aurait pu s'attendre à des propositions qui aient atteint l'âge de raison. Malheureusement les mêmes présupposés erronés persistent, malgré un langage plus policé et des précautions oratoires. L'auteur se souvenant sans doute de la réprobation massive par la société de son premier rapport, et des 200 000 signataires qui, en quelques semaines, ont répondu à l'appel "Pas de 0 de conduite pour les enfants de trois ans".

Ainsi, finaud, M. Benisti concède que tous les enfants présentant "des signes de mal-être à 3 ans ne deviendront pas des délinquants à 15 ans". Mais ne cède pas quand il maintient qu'"on constate à l'inverse, parmi les mineurs délinquants, un certain nombre de points communs dès leur plus jeune âge". Dès lors il retombe in fine sur une proposition fleurant bon la détection précoce des futurs délinquants, en concluant : "C'est pourquoi il est fondamental de focaliser la politique de prévention de la délinquance sur la prévention précoce". Dans cet esprit, la philosophie du nouveau rapport de M. Benisti se résume entièrement à l'objectif affiché de "faire de la politique de prévention de la délinquance le carrefour de toutes les autres politiques : sociales, ville, judiciaire, protection de l'enfance, scolaire".

Depuis la publication de l'expertise Inserm sur "le trouble des conduites chez l'enfant" en octobre 2005, le gouvernement, se justifiant des spécialistes et scientifiques qui le conseillent, confirme sa volonté de mettre en application la logique de pensée et de politique de prévention préconisée dans ce rapport. Logique et récupération politique contre lesquelles le collectif Pas de zero de conduite s'est constitué en janvier 2006, et mène sans relâche depuis, actions et réflexions.

Nous nous élevons contre cette énième tentative, quelques mois après la publication du rapport de M. Bockel, de pervertir la prévention auprès des bébés et de leur famille en l'annexant à la politique de prévention de la délinquance. Mais que vient donc faire la prévention de la souffrance psychique et des difficultés de développement des jeunes enfants dans la galère de la prévention de la délinquance ? Et qu'ont à faire dans cette même galère le "développement de la capacité langagière d'un enfant", la "culture précoce de la parentalité et de la bientraitance dès les premiers mois de vie", ou la proposition de "rendre les écoles maternelles obligatoires pour les enfants de 3 ans" ?

En reprenant les propositions de "cours de parentalité" si proches des projets de "coaching parental" chers à M. Bockel, en proposant de subordonner la protection de l'enfance à la prévention de la délinquance, en appelant les professionnels à une "obligation d'informer les maires de tout ce qui peut porter atteinte à la santé et à l'équilibre des enfants", le rapport 2011 de M. Benisti nous rejoue la partition de son rapport 2004. Une partition fondée notamment sur l'infantilisation, la suspicion et la sanction à l'égard des parents, et sur une nouvelle tentative d'assigner aux professionnels une mission de pistage et de contrôle qui dévoie la pratique et l'éthique de leurs métiers.

La logique de toute cette soit-disant "prévention de la souffrance" n'est en réalité que répression anticipatoire à une délinquance annoncée. Le tout servant à professionnaliser la délation, le contrôle et la répression. On repère, puis on met au carré, puis on sanctionne si ça ne plie pas. Les enfants par les parents, les parents par les professionnels, les professionnels par les parents, le tout avec des élus et une justice instrumentalisés.

Cette illusion de "mise au carré" en guise d'aide aux enfants en difficulté tend à se décliner avec cohérence du côté des enfants, comme du côté des adultes. En direction des enfants par un effacement des frontières entre l'éducation et le conditionnement précoce. En direction des parents par un effacement des frontières entre soutien à la parentalité et contrôle, entre accompagnement dans les difficultés et sanctions. En direction des professionnels enfin, par un brouillage des repères, missions, métiers, services au profit de protocoles, programmes et procédures d'expertises imposées.

LA PRÉVENTION PRÉVENANTE

Nous réaffirmons que la prévention prévenante est une finalité en soi qui n'a pas à se nicher à l'ombre des politiques de sécurité. Pourquoi céder à une telle manipulation qui relève au mieux d'une erreur idéologique, au pire d'un mensonge stratégique visant à concentrer les ressources et les moyens publics dans des dispositifs sécuritaires au détriment des institutions de santé, d'éducation, d'action sociale ?

Faut-il encore le redire ? Le collectif Pas de zero de conduite œuvre pour faire reconnaître l'importance et l'urgence de la prévention prévenante en faveur des enfants. Mais pas n'importe laquelle, et à n'importe quel prix humain, social, éthique. Nous insistons sur l'importance d'une prévention psychologique prévenante qui s'adresse aux enfants et à leur famille pour éviter que la souffrance, l'inadaptation, la perte de confiance en soi ne nuisent à leur développement, à leur épanouissement, à leur liberté future. Nous ne partageons pas cette défiance à l'égard des jeunes, contrairement à M. Benisti qui se dévoile en citant en exergue de son rapport : "Ne tardez pas à vous occuper des jeunes, sinon ils ne vont pas tarder à s'occuper de vous". L'engagement des professionnels du social, de la santé, de la psychologie, de l'éducation pour la prévention vise à protéger les enfants contre les dommages occasionnés en eux par des violences subies dans la société et les relations familiales et non à protéger la société et la famille contre les enfants.

Nous demandons aux pouvoirs publics que les ministères de la santé, de l'éducation, des affaires sociales retrouvent leurs bébés, au lieu de laisser orchestrer une politique de l'enfance rétrécie à la prévention de la délinquance par les ministères de l'intérieur ou de la justice. Il est fondamental de protéger la petite enfance du sécuritaire, de faire échec au rapt des bébés par les politiques de lutte contre la délinquance.

Sylviane Giampino, psychologue petite enfance, psychanalyste, Michel Dugnat, pédopsychiatre et Pierre Suesser, pédiatre en protection maternelle et infantile, sont membres du collectif Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans.

dimanche 20 février 2011

Pas des auxiliaires de police....
18 février 2011

Un homme est admis un soir dans un service de psychiatrie à la suite d’une tentative de suicide en garde à vue. Il est sans papiers. La police est catégorique et quelque peu pressante : quand on sera sûr qu’il ne risque plus de salir de son sang les fauteuils de l’avion, il devra être immédiatement reconduit à la frontière. Laquelle ? On ne sait pas vraiment mais on trouvera… L’homme se montre à son tour insistant, déversant ses torrents d’angoisse dans le puits d’incertitude qui s’est ouvert devant lui. Vous allez me donner à la police ? Non ! répondent les consciences unanimes. Sachant ce qu’il risque, personne ici ne se voit assumer le rôle d’auxiliaire d’une telle barbarie.

L’attente, insupportable, se poursuit les jours suivants. L’infirmier renvoie au médecin, qui renvoie à l’administration, qui renvoie à l’agence régionale de santé... mais personne ne semble capable de prendre une décision. Parce que les établissements de santé ne sont pas là pour assumer la politique migratoire du gouvernement. Parce que la situation administrative de cet homme est visiblement au cœur de la problématique qui l’a conduit à vouloir mettre fin à ses jours. Parce que l’accès aux soins dans ce pays est universel et que les conditions faites à ce patient le privent de ce droit à bénéficier d’une prise en charge adaptée. Dans le silence assourdissant de l’administration dont les mécanismes de fonctionnement n’ont que faire de l’urgence de la situation, la possibilité d’une demande d’autorisation temporaire de séjour pour raison médicale est évoquée.

Bien sûr, aucune raison médicale ne justifiant l’isolement du patient, celui-ci passe son temps à explorer les failles du système de sécurité et il ne tarde pas à trouver, force une fenêtre et parvient à s’échapper en sautant du premier étage, vêtu d’un simple pyjama. Il n’a sur lui que son téléphone portable. Il prend tous les risques, soulageant tout le monde du poids de ce lourd fardeau d’avoir à choisir entre sa conscience morale et l’obéissance à la loi. Tous les risques ou presque… puisque face à la pression policière, les infirmiers présents dans le service ont dû tenir bon pour éviter que certaines informations en leur possession ne soient utilisées pour mettre fin à cette dangereuse cavale et ne conduisent à la mise en cause des proches du patients, eux aussi coupables de « complicité de séjour irrégulier sur le territoire français ».

L’importance des forces de police déployées et l’énergie mise par les agents pour continuer la traque ont laissé ce jour-là planer dans l’air une drôle d’impression… Serions-nous si loin de cet État de droit respectant l’être humain et la liberté de conscience de chacun ? Heureusement, un vide juridique donne 48 heures à l’établissement pour signaler la « sortie » du patient et rien n’oblige les soignants à révéler à la police des informations personnelles couvertes par le secret médical. La pression était la seule arme des agents et elle n’a pas fonctionné. Rien ne nous oblige à livrer nos patients à la police !

L’homme, lui, a repris sa course, sans papiers, sans argent, il ne peut compter que sur lui-même. Peut-être aurions-nous pu mieux faire si nous avions su lui garantir la sécurité dont il avait besoin mais nous avons en tout cas évité le pire, l’expulsion tant redoutée vers un pays qu’il ne voulait même pas nommer tant il avait peur d’y être renvoyé.

Cette histoire devrait au moins servir d’exemple à ceux qui, comme nous, se trouvent face à ce type de situation : avec un peu de bonne volonté et de coordination, nous pouvons éviter l’expulsion de nos patients sans papiers et leur délivrer les soins auxquels ils ont droit comme tout être humain.
Gilles

Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 90 (17/02/11)

samedi 19 février 2011

Bioéthique : Traduisons l'évolution du modèle familial dans le droit
16.02.11

Point de vue

La révision de la loi bioéthique est l'occasion de nombreuses confrontations. Au cœur des débats, c'est la place de l'individu dans la famille et celle de la famille dans la société qui sont interrogées. Dans la transformation de la société que permettent le progrès scientifique et la progression des libertés individuelles, les principes d'égalité, de solidarité, de laïcité doivent prévaloir.

L'accès à la contraception, la libération sexuelle et les progrès de la science ont profondément bouleversé le modèle familial français. L'arrivée de l'enfant est mieux préparée, parce qu'elle est le résultat de la volonté des parents. De nouvelles formes de vie familiale se sont banalisées. Les parents élèvent leurs enfants ensemble ou séparément, seuls ou avec leurs conjoints. Aux familles traditionnelles, monoparentales ou recomposées, s'ajoutent les familles devant faire appel à la procréation assistée, celles qui sont fondées par un couple homosexuel, ainsi que toutes les familles d'élection qui se constituent au cours de la vie, par nécessité ou par choix. La primauté de la filiation sociale sur la filiation biologique s'est ainsi imposée dans les faits depuis longtemps. Il revient aujourd'hui au législateur de la traduire dans notre droit.

C'est en application d'un modèle aveugle à ces réalités que notre législation n'ouvre la procréation médicalement assistée avec don de gamètes qu'aux couples hétérosexuels stables. Cette assistance est ainsi refusée aux couples de même sexe et aux femmes seules. Faut-il le rappeler ? L'assistance médicale à la procréation ne guérit pas de l'infertilité. Il s'agit bien de répondre à un désir d'enfant. De fait, le désir d'enfant n'est pris en charge par la société que pour les familles conformes au modèle traditionnel de la famille, composées d'un père et d'une mère. Il est temps de s'affranchir de cette définition naturaliste de la famille.

Bien loin d'obéir aux seules lois de la nature, les liens familiaux se tissent à travers l'engagement des parents et la reconnaissance de la société. Le projet familial résulte d'une volonté. C'est ce projet, cet engagement parental irrévocable, qui doit constituer le fondement du droit de la famille. Le parent est celui qui exprime une volonté de l'être, et de subvenir aux besoins matériels et moraux d'un enfant. On objectera que la société n'a pas à faire droit au désir d'enfant : "on ne fait pas un enfant comme on achète un sac à main !". Cette objection est inacceptable. Il ne s'agit pas de donner libre cours à un désir superficiel et passager, mais de permettre un projet parental, une décision profonde et souvent mûrie de très longue date. N'est-il pas dans l'intérêt de l'enfant de naître dans une famille aimante, une famille dont il est le projet ? L'intérêt de l'enfant justement, doit être apprécié dans le silence des préjugés : nous avons maintenant le recul nécessaire pour constater que l'orientation sexuelle des parents, par exemple, ne porte pas préjudice aux enfants, déjà si nombreux à vivre au sein de familles homoparentales. En revanche, tous les obstacles légaux qui se dressent devant les projets familiaux atypiques desservent gravement ces enfants en les isolant, en les privant de droits, en les stigmatisant.

PLUS DE LIBERTÉ ET D'ÉGALITÉ
Dès lors, la vraisemblance biologique ne doit plus servir d'obstacle à l'ouverture de la procréation médicalement assistée, cette réponse formidable que la science et la société apportent depuis quarante ans à la fatalité du sort.

Députés, sénateurs, vous avez, avec cette révision de la loi bioéthique, une occasion sans pareille de poursuivre, avec souffle et ambition, le chemin emprunté depuis un demi-siècle par le droit de la famille, vers davantage de liberté et d'égalité. Liberté de choix entre l'union libre, le pacs ou le mariage. Liberté de fonder une famille. Liberté de faire évoluer cette famille, au gré des séparations et des recompositions, sans renoncer à exercer tout ou partie de l'autorité parentale.

Liberté donc, mais aussi égalité. Égalité entre les parents, qui exercent conjointement cette autorité. Égalité entre les enfants, naturels ou légitimes. Et bientôt, égalité entre les familles dans toute leur diversité, hétéroparentales comme homoparentales. Liberté, égalité, deux valeurs cardinales de la République, sans lesquelles il ne saurait y avoir de fraternité, cette fraternité indispensable à la lutte contre toutes les formes d'exclusion et à la reconnaissance des différences.

A vous d'offrir la protection des lois de la République à l'ensemble de nos concitoyens qui espèrent en la procréation assistée pour construire une famille. Ce n'est pas de l'imprudence mais de la justice.

Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale du Parti socialiste (PS) aux questions de société




Coup de gueule. Maison des adolescents : un pas vers la privatisation de la psychiatrie ?
16/02/2011

L’Union syndicale départementale de la santé et de l’action sociale CGT, qui représente la grande majorité des infirmiers du département à travers sa douzaine de syndicat d’établissements hospitaliers (48 % des 1 468), souhaite à son tour s’exprimer sur le projet de Maison des Adolescents.

« Ce qui dicte notre position, c’est la défense du personnel des établissements. Donc la première question à se poser, ce n’est pas le lieu d’implantation d’une structure, mais plutôt quel statut elle aura, et surtout pour nous syndicat, quel est le statut des personnels ? Nous sommes très inquiets sur cette nouvelle structure financée avec des fonds publics et confiée au privé, aux fondations “Hôpitaux de Paris” et “Hôpitaux de France”, en clair il y a de grands risques que les personnels dépendent du droit privé et non pas du statut de la fonction publique hospitalière.»

« Car ce ne sont ni les mêmes garanties pour le personnel et pour les futurs adolescents pris en charge et leurs parents, sur les questions de prise en charge financière, de prise en charge au niveau de la compétence, la qualification et de l’effectif du personnel », estiment les militants de ce syndicat par la voix de leur secrétaire.

Jacques Berthault estime que ce projet porte le symbole de la privatisation engagée de la psychiatrie. Car « l’ARS [agence régionale de la santé] a déjà privatisé tout le nord Franche-Comté autour de la clinique privée de St Rémy de Haute-Saône (...) En 2011, l’ARS propose ni plus ni moins que de privatiser le centre hospitalier spécialisé de Novillars et tout le reste du département du Doubs, l’étape suivante étant le département du Jura et donc le CHS de Dole-Saint-Ylie.  Ceci au nom d’une volonté de sortir de l’enfermement ». Or le CHS, avec ses 35 unités de soins disséminées dans le département, prouve bien que « les murs sont déjà tombés », s’insurge Jacques Berthault.
La rédaction du Progrès


Nouvelles psychanalytiques

“A quel réel répond le discours psychanalytique ?“

Colloque de la Fondation européenne pour la psychanalyse à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, 28 et 29 mai 2011, amphithéâtre Raymond Garcin, entrées 2 rue d’Alésia ou 1 rue Cabanis, 75014 Paris

Cette question a un présupposé, qui ne va pas de soi aujourd’hui. Dans le climat idéologique contemporain, les discours sont jugés à l’aune de leur vraisemblance et de leur supposée efficacité, plutôt que d’être confrontés au réel dont ils procèdent ou à celui qu’ils pourraient éclairer.

Le réel auquel renvoie la psychanalyse, c’est d’abord celui de l’inconscient. Mais ce qui pour nous constitue une évidence ne peut être soutenu qu’à travers un discours qui permette de le rendre appréhendable. Ce n’est d’ailleurs pas là seulement une contrainte sociale. La pratique de la cure elle-même ne nous fait atteindre ce réel – fût-il situable hors chaîne de discours – qu’à travers une pratique de parole et de langage. C’est le cas par exemple dans l’analyse du rêve, où le déchiffrage d’un désir vient faire pièce à la jouissance muette du réel qui s’y inscrit.

Reste qu’aujourd’hui, moins encore que naguère, la psychanalyse ne peut se désintéresser d’un autre réel, le réel social dans lequel le sujet se trouve pris. Si Lacan a pu dire que « l’inconscient c’est la politique » c’est que l’écho des bouleversements du vingtième siècle résonnait dans les cures que l’analyste avait à conduire. La situation d’aujourd’hui est certes différente. Mais l’ultra-libéralisme et les idéologies qui l’accompagnent ne sont pas sans effets subjectifs.

Un dernier questionnement concerne ici la question de ce que nous désignons comme « discours de la science ». Peut-être sommes nous allés un peu vite lorsque nous avons, à travers cette thématique, contribué à donner l’image d’une forme de pensée qui entraînait nécessairement une « forclusion » du sujet. Mais si la science a son propre réel, auquel elle s’affronte, la frontière est parfois mince, dans le champ de ce qu’on appelle sciences humaines, entre science et idéologie. Et que dire de la psychiatrie contemporaine, qui se cantonne à une démarche empiriste et pragmatique ?

Responsables du colloque : Roland Chemama et Christian Hoffmann

Est déjà prévue la participation de : Sidi Askofaré, Graziella Baravalle, Gorana Bulat-Manenti, Roland Chemama, Marcel Czermak, Christian Hoffmann, Laura Kait, Jacques Leibowitch, Rosa Navarro, Gérard Pommier, Moustapha Safouan, Alain Vanier


Recherches en psychanalyse est une revue semestrielle, fondée en 2004, émanant de l’Université Paris VII-Denis Diderot. Elle propose une réflexion tant sur le plan théorico-clinique que sur celui des interactions de la psychanalyse avec d’autres champs du savoir et de la culture. Outre l’interdisciplinarité, elle privilégie la dimension internationale en publiant autant que possible des textes en langue originale et en traduction française.

Les numéros 1 à 6 de Recherche en psychanalyse sont disponibles sur le portail Cairn à l'URL suivante : http://www.cairn.info/revue-recherches-en-psychanalyse.htm

Dernier numéro en ligne
10/ | 2010
Politique du sexuel
Accessible en texte intégral ici

   * Présentation
   * Françoise Neau
   Questions à (plus d’) un titre [Texte intégral]
   Éditorial
   Questions of (more than one) title

   * Sandra Boehringer
   La sexualité a-t-elle un passé ? De l’érôs grec à la sexualité contemporaine : questions modernes au    monde antique [Texte intégral]
   Does sexuality have a past?

   * Monique David-Ménard
   1974. Autour de L’Anti-Œdipe [Texte intégral]
   1974. About Anti-Oedipus

   * Jean Allouch
   Jacques Lacan démantelant sa propre clinique [Texte intégral]
   Lacan’s dismanteling of his clinic

   * Kim Sang Ong-Van-Cung
   Le sujet a-t-il un genre ? [Texte intégral]
   Does the subject have a gender?

   * Laurie Laufer
   La fabrique du corps sexué [Texte intégral]
   The making of the sexed body

   * Vincent Bourseul
   L’expérience queer et l’inquiétant [Texte intégral]
   The “uncanny” and the queer experience

   * Éléonore Pardo
   L’asexualité, phénomène contemporain ? [Texte intégral]
   Asexuality, contemporary phenomenon?

   * Silvia Lippi
   Questions sur la simulation [Texte intégral]
   About the feminine simulation

   * François Pommier
   Les souffrances du dévoilement sexuel [Texte intégral]
   The pains of sexual disclosure

   * Sylvie Chaperon
   Les fondements du savoir psychiatrique sur la sexualité déviante au XIXe siècle [Texte intégral]
   The foundations of 19th-century psychiatric approaches to sexual deviance

   * Alice Pechriggl
   Droit naturel et « hétéronormativité » en psychanalyse et dans les sciences sociales : une critique  polémique [Texte intégral]
   Natural law and “heteronormativity”

   * Andréa Linhares
   Sexualité et défiguration : des théories médicales du XIXème aux théories sexuelles infantiles de la psychanalyse [Texte intégral]
   Sexuality and disfiguration: from 19th century medical theories to psychoanalytic’s infantile sexual theories

 * Varia
    
    * Katerina Malichin
    Le jouir d’un corps et la métaphore subjective dans le lien social contemporain : trois cas de maladie auto-immune et idiopathique [Texte intégral]
    The jouissance of the soma and the subjective metaphor in the contemporary social link: three cases of auto-immune and idiopathic disease

      * Michèle Benhaim
     Destins du corps et subjectivité dans une clinique sociale [Texte intégral]
Fates of the body and subjectivity in a social clinical

      * Lissy Canellopoulos
      Événement de corps, jouissance et sujet de la (post)modernité [Texte intégral]
      The body event, jouissance and the (post)modern subject

      * Yorgos Dimitriadis
      Éloge de la subjectivité en psychiatrie [Texte intégral]
      Praising subjectivity in psychiatry

      * Christian Hoffmann
      Le retour de la subjectivité [Texte intégral]
      The return of subjectivity


« La psychanalyse est une cure, la confession une promesse »

Selon Maryse Vaillant, psychanalyse et confession ne peuvent se confondre ni s’opposer

ENTRETIEN
Maryse Vaillant
Psychologue et écrivain


La Croix : Vous qui avez beaucoup travaillé sur le pardon, quelle différence faites-vous entre le psychologue ou psychanalyste et le confesseur ?

Maryse Vaillant : Tout les différencie, car le psychologue ou le psychanalyste, quand il est en position clinique, n’a pas Dieu. Il est seul avec l’analysant et avec son histoire, et n’a d’autres outils que lui seul. Le prêtre au confessionnal reste un homme, certes, mais lui, quand il écoute le pénitent, il est habité par la mission qui est la sienne. Et quand il parle, cela lui donne un tout autre statut.

Le psychologue va, au fil des séances, renvoyer l’analysant à lui-même. Par la manière dont il l’amène à s’exprimer, il lui fait entendre qu’il est au cœur de ce qui lui arrive. Il est le sujet. Et c’est en quoi une psychanalyse, qui peut aider à traverser sa culpabilité, n’est pas un voyage de tout repos.

Le prêtre, pour sa part, apporte une autre dimension. Loin d’être là pour culpabiliser les personnes, il montre qu’il y a un sauvetage et un Sauveur. La confession n’est pas du même registre que l’introspection parce qu’à travers l’écoute et la parole du prêtre, elle apporte la parole de Dieu, extérieure et transcendante.

En quoi les recours à l’une ou à l’autre ne sont pas incompatibles ?

Les démarches ne s’opposent pas. Le croyant peut faire une psychanalyse et être dans la confession, ou même dans la conversation spirituelle avec un prêtre. Moi qui suis athée, je crois que la spiritualité fait vraiment partie de l’être humain. Elle peut d’ailleurs s’avérer torturante. Et lorsque les souffrances en arrivent à ce point, pour le coup, le psychanalyste peut s’avérer plus efficace que le prêtre.

Qu’apporte exactement le psychothérapeute au patient qui a recours à lui ?

Un chemin, un accompagnement, un voyage en lui-même, une cure. Son outil principal est le transfert. C’est ce qui va permettre à l’analysant de vivre ou de revivre, d’affronter, de supporter des épreuves qu’il avait refoulé et ne pouvait assumer.

De la part du psychothérapeute, il s’agit d’une démarche ni scientifique, ni spirituelle, mais technique. Cette démarche suppose de croire à la circulation de l’inconscient à travers les mots, les phrases, les silences, les lapsus. Il n’y a pas là de promesse d’un monde meilleur, ni de béatitude, rien que le temps humain, et pas d’au-delà.

Le meilleur cadeau que puisse faire un psychanalyste à son analysant, c’est sa capacité professionnelle à l’écouter quoi qu’il dise, de ne pas se dérober ni empiéter. Ne pas sortir de sa place, mais la tenir. Sa promesse à lui, c’est son éthique.

Et selon vous, qu’apporte le prêtre, en tant que confesseur ?

La parole du prêtre qui dit, « Et moi, au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés, allez en paix », ne peut qu’être apaisante. Je crois à la force que peut apporter la religion à ceux qui croient. Je crois à la foi, vraiment. Celui qui a la foi et entend un homme mis en place pour être représentant de Dieu lui dire que tout ira mieux, ne peut qu’aller mieux. La place du prêtre donne à sa parole un poids de vérité. Il s’agit d’une parole symbolique agissante.

Je trouve magnifique qu’un prêtre puisse dire que c’est l’amour de Dieu qui va tirer le pénitent de son enfermement. Il postule ainsi que l’amour de Dieu peut le tirer hors de ses ornières, et c’est bien cela, la transcendance. Cette parole de résurrection est magnifique. Et moi, pour cela, j’adorerais avoir la foi…

S’agit-il alors de promesses sans fondement pour la psychologue que vous êtes ?

La foi est un cadeau qui n’est pas donné à tout le monde. Certaines promesses, néanmoins, peuvent se révéler très dangereuses lorsque ce sont des gourous qui les font, car cela leur donne un pouvoir énorme.

L’enseignement du Christ, lui, a fait ses preuves depuis deux mille ans, et les valeurs chrétiennes, comme d’ailleurs dans d’autres religions, sont extrêmement respectables. Mais l’honnêteté du psychanalyste l’oblige à ne jamais prendre la place de quelqu’un qui promet. Il n’en a pas le droit. Il ne le peut.

La pénitence et le pardon sont-ils des notions acceptables en psychanalyse ?

La pénitence peut être comprise comme un moment où l’on arrête d’aller de l’avant, et où on a besoin de regarder en arrière. Se priver peut avoir une fonction de limite et apaiser. Quant au pardon, même dépouillé de sa dimension grandiose et religieuse, il aide à se réconcilier, à sortir du cercle de la haine et du ressentiment.

C’est un mouvement vers l’autre fait de gratitude, et donc, lui aussi, d’apaisement. J’y crois beaucoup. Quand bien même il s’agirait d’un pardon provisoire, lorsque quelqu’un peut dire « je te pardonne », il fait un cadeau magnifique à la personne qui est pardonnée.
Recueilli par Louis de COURCY


Une structure pour la prévention de la délinquance sexuelle
Toulouse

Le CRIAVS Midi-Pyrénées a été inauguré aujourd'hui dans ses locaux du 7 rue du Colonel Driant. Le Centre de Ressources pour les Intervenants auprès d'Auteurs de Violences Sexuelles dépend du service médicopsychiatrique régional de l'Hôpital Marchant qui intervient notamment auprès des délinquants sexuels incarcérés à Seysses et à Muret. Dirigé par le docteur Walter Albardier, médecin psychiatre, le CRIAVS a une mission d'information, de formation et de mise en relais des professionnels sanitaires, judiciaires, sociaux qui sont appelés à prendre en charge des auteurs d'infractions sexuelles dans le cadre notamment de l'injonction de soins prononcée par le juge. Cette structure n'est pas dédiée au grand public mais aux professionnels. Le CRIAVS propose l'expertise d'un psychiatre, de deux psychologues et d'une infirmière et organise des formations gratuites sur place ou à l'hôpital Marchant ainsi que des conférences. Il est en réseau avec les autres structures identiques en France. Cette unité fonctionnelle de l'Hôpital Marchant se donne pour objectif de faciliter les prises en charge et l'accès au soin par une offre adaptée, d'augmenter le nombre des médecins coordinateurs, de spécifier la prise en charge de mineurs auteurs d'infractions sexuelles, d'améliorer les connaissances et les pratiques des professionnels, de clarifier l'articulation des différentes prises en charge. L'inauguration a eu lieu en présence de Claude Touchefeu, maire-adjoint de Toulouse, présidente du conseil de surveillance du centre hospitalier Marchant, Michel Thiruet, directeur de l'hôpital Marchant, le docteur Gérard Laurencin, chef du Pôle Psychiatrie et conduites addictives en milieu pénitentiaire.




Thomas de Quincey et la psychanalyse.
 par soleildanslatete
11/02/2011

D'emblée il faut l'admettre : il n'est pas à sa place. Thomas de Quincey restait pour le public l'auteur des "Confession d'un mangeur d'opium", et l'amoureux de la petite vagabonde qui traverse l'ouvrage. Il est pourtant un prodigue (presque graphomane) auteur de multiples publications relevant de divers sujets (philosophie, légendes, critiques littéraires). Après une enfance misérable il s'installe dans le voisinage des poètes qu'il admire (Coleridge, Wordsworth) et de retour à Londres collabore à de nombreuses revues.

Provocateur, il publie "L'assassinat considéré comme l'un des beaux-arts". A se demander pourtant si son ouvrage le plus important n'est pas son Autobiographie à laquelle il travaillera pendant  une quarantaine d'années, au fil de sa vie mouvementée.Le résultat : une prose d'une nouveauté inouïe, un récit labyrinthique.

La pensée de Quincey, précisait Baudelaire qui l'admirait, est naturellement en spirale. Sa prose échappe à toute rigueur, cette perspective linéaire qui conduit le récit vers sa finalité. Il s'étend  en cours de route sur des sujets qui sont insérés dans le déroulement, musardant dans sa prose comme un promeneur emporté par une histoire que jalonnent de multiples incidentes. Une prose rêveuse, avec la logique du rêve (le rêve a sa logique: c'est errer comme dans un labyrinthe) à quoi s'ajoute des petits bijoux qui s'enchaînent dans un verbe plein de nuances, de trouvailles, de références venues de tous les horizons. Jeux de métaphores, considérations morales ou philosophiques, tout entre dans le déploiement du texte porteur comme autant de chatoiements sur la trame d'un tissu.
C'est une version du soleil noir de la mélancolie (précédent Gérard de Nerval).

Se déverse alors une prose d'une incroyable vélocité, mêlant les métaphores, scrutant les abîmes intérieurs.  Ne sont-ce pas les prémisses de la psychanalyse ?
Quand le jeu vidéo fait du bien
11.02.11

"La pratique de certains jeux vidéo, jugés violents ou choquants, par des jeunes – public sensibles et fragiles – pose question. Ces contenus sont d'autant plus problématiques qu'ils font souvent l'objet d'une consommation solitaire, fragmentée, répétée et active, qui favoriserait une imprégnation plus forte et l'induction de comportements agressifs. Certains redoutent que l'intensification des pratiques ne débouche sur des formes d'addiction." Cet extrait d'une note datée de novembre 2010 du Centre d'analyse stratégique, organisme rattaché à Matignon, résume en quelques mots les principaux reproches faits aux jeux vidéo : violence, désocialisation, addiction… Au point que l'organisme d'Etat se questionne sur une possible régulation de ce loisir.

Pourtant, certains psychologues et psychanalystes estiment que les jeux vidéo ont des effets thérapeutiques bénéfiques pour leurs patients, enfants ou adultes. Tisser une relation de confiance entre le thérapeute et le patient, recréer de l'estime de soi, faire parler l'enfant renfermé, ou bien accéder à une partie de l'inconscient… Alors que certaines structures hospitalières, comme l'hôpital Marmottan à Paris, ouvrent des consultations pour soigner les "drogués du jeu vidéo", ces professionnels ont fait le pari inverse : celui du jeu vidéo qui fait du bien.

"UNE VOIE ROYALE D'ACCÈS À L'INCONSCIENT"

François Lespinasse, aujourd'hui à la retraite, a été le premier psychologue en France à utiliser les jeux vidéo en thérapie, en partenariat avec l'infirmier José Perez, et ce dès 1995 à l'hôpital de jour de Bordeaux. Il s'occupait d'enfants inhibés voire autistes, ayant des difficultés de communication. "Il faut les voir comme des enfants dans une bulle, mais avec des hublots. On ne va pas forcer l'ouverture de ces hublots, mais l'enfant peut décider de les ouvrir." Les jeux vidéo sont une manière d'y arriver. "Les jeux vidéo sont une source d'échange avec les autres, ils peuvent en parler avec d'autres camarades. On peut les socialiser par ce biais-là."

Si François Lespinasse utilisait les jeux Super Mario 2 et 3 pour créer un lien et socialiser l'enfant replié, Yann Leroux, psychologue à Périgueux, se sert de la console comme d'autres usent du dessin ou de la pâte à modeler pour "faire parler" le jeune patient. "Dans les thérapies avec les enfants, les jeux vidéo deviennent de plus en plus l'équivalent des rêves : une voie royale d'accès à l'inconscient", écrit-il. Une approche similaire à celle de Michael Stora, psychanalyste à Paris, pour qui "le jeu vidéo est un prétexte pour affronter des représentations".

Pour cela, les deux psychologues se servent principalement du jeu Ico, jeu japonais sorti en 2001 sur PlayStation 2. Dans ce dernier, un enfant, Ico, est enfermé dans une forteresse isolée par les habitants de son village, persuadés que les cornes sur sa tête sont signe de malheur. Ico rencontrera Yorda, une jeune fille mystérieuse et fragile, qu'il devra protéger à tout prix des ombres qui tentent de l'empêcher de fuir de l'édifice.

"La trame narrative d'Ico est inspirée du conte, explique Yann Leroux. L'abandon et la mise au ban du personnage principal permettent une identification facile pour l'enfant." Lors d'une séance, un jeune patient de Yann Leroux, qui souffre de troubles de l'apprentissage dus à de l'inhibition intellectuelle et affective, essaiera par tous les moyens de jeter dans le vide Yorda, qu'il ne supporte plus de devoir protéger tout le temps. En discutant avec lui après la séance de jeu, l'enfant évoque son petit frère et sa petite sœur dont il doit s'occuper. "Il m'explique alors qu'il a mieux à faire que de jouer au parent avec eux…" Yann Leroux met cependant en garde : "Ce n'est pas parce qu'on donne un jeu que l'on lit dans l'inconscient à livre ouvert. L'usage du jeu vidéo ne facilite pas forcément les choses."

LE JEU VIDÉO NE GUÉRIT PAS À LUI SEUL


Les professionnels qui utilisent ce média posent plusieurs garde-fous à l'utilisation du jeu vidéo en thérapie. Le premier, et probablement le plus important, est de casser l'idée selon laquelle le jeu vidéo va guérir à lui seul. Il fait partie d'un panel de supports thérapeutiques, dont l'ensemble va permettre au patient d'aller mieux. "Ce n'est pas le jeu vidéo tout seul qui va soigner, c'est un tout, affirme Philippe Gérard, infirmier en hôpital psychiatrique. Le jeu vidéo aide à la confiance, il permet de vivre des choses extraordinaires sans rien risquer."

Contrairement à ses confrères psychologues, Philippe Gérard a lancé un atelier jeux vidéo pour adultes dans un grand hôpital psychiatrique parisien. L'objectif premier est de "sortir les patients de l'isolement et les occuper car les journées sont longues". Mais le jeu vidéo permet également de créer une relation de confiance entre le soignant et des personnes abîmées, dépressives ou handicapées. "La confiance va 100 % plus vite qu'avec des médicaments. On leur a tellement menti, on les a tellement violentés… ils ne peuvent pas faire confiance facilement. Avec le jeu, on partage." Si les patients peuvent jouer entre eux, l'infirmier participe également aux parties de jeux de tennis, de foot ou de course…

Philippe Gérard n'hésite pas à parler de "nourriture spirituelle positive" dans le cadre de ces ateliers. "C'est très important de les féliciter lorsqu'ils réussissent, car ces patients n'ont aucune confiance en eux, le plus souvent car ils ont manqué d'amour enfant." Pas question pour autant de les laisser gagner  : "Ils n'ont pas envie qu'on leur mente et qu'on se fiche d'eux. Néanmoins, si le patient fait beaucoup d'efforts et que ça ne marche pas, je peux perdre volontairement."

CADRES ET RÈGLES

L'infirmier insiste sur le besoin de cadres et de limites pour que l'exercice soit efficace. "Le jeu peut être un anxiolytique, à condition que ça ne soit pas fait n'importe comment. Si tout le monde peut participer, il faut néanmoins discuter avant pour voir si la personne peut gérer une activité de trente à quarante-cinq minutes." Les ateliers ont également lieu un jour précis de la semaine, à une heure fixée. Le jeu vidéo n'est pas en libre service.

Ces règles sont également utilisées dans les thérapies pour enfants. L'atelier a lieu un jour dans la semaine – souvent le mercredi pour les hôpitaux de jour – et dure rarement plus d'une heure. Chaque séance est toujours accompagnée d'un moment de parole, avant ou après le jeu, selon les thérapeutes. Et pendant le jeu, les enfants, souvent en petits groupes de trois ou quatre, ne sont pas livrés à eux-mêmes. Un médiateur est là pour fixer un cadre, faire passer la manette si l'un des enfants refuse d'arrêter sa partie, aider en cas de difficulté…

Pour cela, "il est essentiel que l'animateur soit à l'aise avec les jeux vidéo, sinon cela ne sert à rien !" prévient François Lespinasse. Ce dernier précise qu'il n'aurait pas pu mener son atelier pendant dix ans sans l'aide de José Perez, infirmier et féru de jeux vidéo. "José avait plaisir à y jouer, et il faut avoir du plaisir à jouer avec les enfants."

RÉSISTANCE DES COLLÈGUES

Cette nécessité d'être soi-même joueur de jeu vidéo explique peut-être en partie l'isolement de cet outil de soin dans le paysage médical. En ouvrant le premier atelier jeu vidéo en 1995, François Lespinasse pensait que "les José Perez étaient nombreux, mais en fait, pas du tout !" La retraite du psychologue et le changement d'affectation de l'infirmier ont conduit à la fermeture de l'atelier de Bordeaux. Celui de Philippe Gérard, qui aura duré cinq ans, n'a pas non plus survécu à son départ dans un autre hôpital psychiatrique de la région parisienne. Et si Michael Stora se targue d'un taux de réussite de plus de 80 % lors des sept années durant lesquelles il a utilisé le jeu vidéo auprès d'enfants au centre médico-psycho-pédagogique de Pantin, il estime avoir été poussé vers la sortie après avoir été copieusement sifflé par des collègues alors qu'il expliquait le but de sa thérapie avec Ico. Aujourd'hui, il exerce en libéral.

Bien souvent, la première source de résistance à l'instauration d'ateliers jeux vidéo provient des confrères, et pas des parents. "En 1995, les jeux vidéo étaient assez neufs, et on n'avait pas beaucoup de recul dessus, se remémore François Lespinasse. Il y avait beaucoup de défiance au sein des collègues, qui avaient peur que le jeu vidéo ne devienne une source d'angoisse pour les enfants. Avec l'accord du médecin, nous avons commencé avec des enfants souffrant de pathologies moins lourdes, et ils ont vu que cela marchait."

Pourtant, près de quinze ans plus tard, les professionnels rencontrent toujours les mêmes difficultés. "Cela a été très dur au niveau des collègues et de la hiérarchie, soupire Philippe Gérard. Il y avait beaucoup de réticences et d'idées reçues : ça n'apporte rien, vous faites ça juste pour vous amuser, vous n'allez quand même pas leur faire tuer des gens…" L'infirmier insiste sur "l'énorme investissement" personnel que demande un tel atelier, qui se réalise en hôpital psychiatrique en sus des horaires de travail classiques à l'initiative de quelques soignants. "Tout le monde n'a pas forcément l'énergie nécessaire."

Philippe Gérard a renoncé à l'idée de monter un autre atelier jeux vidéo dans son nouvel hôpital, estimant que le personnel n'est pas assez motivé. Les choses changeront-elles avec la nouvelle génération, biberonnée au jeu vidéo ? Michael Stora n'est pas très optimiste : "Lors des stages en formation continue que j'anime sur le sujet, je constate que ce sont les jeunes praticiens qui sont les plus frileux."

Pour en savoir plus :

Un atelier thérapeutique jeu vidéo en hôpital de jour pour jeunes enfants, par François Lespinasse et José Perez.
Histoire d'un atelier jeu vidéo : Ico, un conte de fée interactif pour des enfants en manque d'interactions, par Michael Stora.
Le jeu vidéo comme support d'une relation thérapeutique, par Yann Leroux.
Chloé Woitier